Le sang. Les cris. Des bruits sourds, violents, qui retentissent. Bordel, qu'il se sentait bien. L'homme lève les bras, le sourire aux lèvres, et prend une profonde respiration, profitant de cet air frais, de cette cacophonie ambiante qui sonnaient comme une douce mélodie à ses oreilles.
Ah, la guerre.
C'était bien sur un champ de bataille que le mercenaire se trouvait. En haut d'une colline, seul, il observait avec plaisir des hommes s'affronter dans un pur combat à mort. Une véritable boucherie, où les lames s'entrechoquaient avec une violence rare. Les flèches pleuvaient, les hurlements retentissaient et le sang du protagoniste bouillonnait. Son rictus était empli d'une folie particulière. Bordel, ces sensations. Ce plaisir. Il sentait d'ici le sang gicler, les vies s'éteindre, les larmes couler. Putain, une petite guerre entre deux familles, rien de mieux pour remplir sa bourse et en même temps trancher quelques têtes ! Une multitude d'honneur allait s'abattre sur lui, à mesure qu'il enverra des âmes de l'autre côté. Putain, c'était ça, la vie. L'homme allait enfin se sentir vivre, sentir son être manqué de passer en enfer à chaque seconde, à chaque échange de coup, à chaque lame passant un peu trop près de son corps.
Il s'élança alors vers le champ de bataille, dégainant sa lame dans le bruit caractéristique de l'acier glissant contre le fourreau. La lumière du soleil se réfléchit sur l'épée, parfaitement entretenue et vierge de toute trace, n'attendant qu'à être souillée par le sang de ses adversaires. Le cœur battant, le regard pétillant, il n'attendait qu'une chose : rencontrer son premier ennemi et le décapiter d'un coup sec, rapide et brutal.
Et c'est avec plaisir qu'il repéra un soldat éloigné, un lancier. Ce dernier, qui devait très certainement tenter de fuir, hurla de terreur lorsqu'il remarqua le protagoniste s'élancer vers lui pour abréger sa vie. Sanzô, fidèle à son principe du "j'te vois j'te bute" s'apprête donc à faire tomber son jugement, et saute en direction de son adversaire, lame en avant... avant de traverser un portail, sans même s'en rendre compte.
Passant à travers les plans, quittant pour la première fois le monde confortable et fantaisiste de Terra, il arriva sur terre, en Angleterre plus précisément. D'une grande prairie où la mort était le plus proche ami des différents acteurs de cette guerre, il arriva dans un parc, en fin de journée, le soleil normalement destructeur se couchant lentement, dans un doux couché de soleil. L'homme tomba lourdement au sol, sa lame tranchant le vide, alors que ses yeux s'écarquillèrent. Où était l'autre enculé, putain ?! Il se releva d'un bond, observant ce lieu étrange qu'il ne connaissait pas. Bordel de merde, où était-il ?
Silence.
Comment ça, silence ? Putain ! Pas un bruit ? Pas une lame tranchant un corps perdant son essence ? Pas une lame traversant un cheval pour abattre son cavalier ? Pas de bruits de pas violents d'un groupe de camarades sautant sur un autre groupe ennemi ? Qu'un bordel de merde de silence, dans un endroit inconnu ? Mais, merde ! S'était-il téléporté, peut-être ? Un mage devait être dans leurs rangs. Un connard de lanceur de sorts, une tapette qui ne sait que se battre à distance, planqué derrière une rangée de boucliers. D'accord, c'était ça, obligatoirement. Un enfoiré en robe l'avait envoyé dans un endroit au hasard pour l'éloigner de la guerre. Lui, et peut-être d'autres malheureux qui devraient se passer du goût du sang.
« BORDEL DE MAGE DE MERDE ! »
Hurla-t-il, frappant le sol de son pied. Fallait que ça tombe sur lui ! Et où était-il, en plus ? Ses yeux furetèrent ainsi autour, observant les arbres et tentant d'analyser l'endroit pour comprendre où l'enfoiré l'avait envoyé. Son regard s'arrêta sur des bancs, en bois, signe de civilisation. Un parc ? Il avait fini en ville ? Peut-être à Nexus, qui sait. Au moins, Sanzô pourrait vite rejoindre une auberge pour noyer sa tristesse dans l'alcool. Grommelant, il pensa aussi que sa paye serait sucrée à cause de son absentéisme. Rah, sérieusement ! L'homme était dégoûté. Il n'a pas pu tuer une seule personne ! Sa lame était toujours parfaitement propre, blanche, brillante même. Il était frustré au plus haut putain de point.
D'un mouvement, le mercenaire rengaina son arme, avant de croiser les bras. Bon, maintenant il n'avait plus qu'à retrouver le chemin vers la sortie pour partir. D'autres contrats étaient peut-être disponibles, histoire qu'il profite de son temps pour réaliser un autre boulot. Sa bourse était malheureusement trop vide, et mis-à-part quelques repas chauds et nuits dans une auberge, notre protagoniste ne pouvait pas réellement s'offrir beaucoup d’extra.
La main sur la garde, il regarda ainsi autour de lui, avant de se préparer à partir.