Rahemar ne s’intéressa pas vraiment à elle avant d’avoir fin de la soigner, loin de là même, il s’en tamponnait même royalement ! alors qu’elle le touche ou pas, il n’y fit même pas attention, comme si elle n‘était rien, comme si elle ne pouvait rien lui faire, comme si elle n’existait pas hormis dans ses blessures, cruelle manière de voir les choses n’est-ce pas ? Et pourtant, c’était un peu ça….
Ses propos ne plurent pas à Rahemar… autant être honnête… elle ne comprenait pas bien sans doute la réalité de choses… il lui avait déjà expliqué cela, non ? Il ne souriait pas lui non plus, alors qu’il la regardait droit dans les yeux, encore presque bloquée sous la massue du troll pétrifié… elle aurait peut-être besoin d’aide pour bouger sans trop de difficulté… il la regarda alors qu’elle le remerciait… non, il ne voulait pas entendre de merci... où était la battante ? Où était celle qui rêvait de se faire un tapis avec sa peau ? Il trouvait cela… étrange… et au fond, ce revirement ne lui plaisait pas plus que cela… en fait il se demandait si c’était là tout ce que son ambition pouvait manifester ou pas… et si c’était cela il aurait été bigrement déçu… il lui sourit néanmoins comme pour l’encourager à agir comme elle le pensait… il leva les yeux au ciel, quand elle aborda le reste de ses propos… juste entrer dans un harem ? Il n’était pas un de ces abrutis qui ne juraient que par le pur plaisir charnel et sexuel… il jurait par un art érotique et lent qui était la danse sur le fil de la vérité, le doux murmure du complot, le bruissement de la révolte et le chuchotement du mensonge ! Il était Rahemar !
Il la fusilla du regard alors qu’elle essayait de le dire, qu’elle essayait de dire qu’elle était une insignifiante… mais elle ne pouvait pas le dire… clairement pas ! Mais en même temps, même s’il le lui avait déjà demandé de le dire, il n’espérait pas qu’elle puisse le dire tout de suite, sans comprendre ce que cela représentait… il ne le lui avait jamais vraiment dit, n’est-ce pas ? Au fond, elle ne comprenait même pas ce que c’était qu’une Insignifiante… il devait s’agir de cela… il était le dieu du mensonge et des apparences, alors les insignifiants étaient-ils réellement si insignifiants que cela ? On pouvait se le demander. Il ne choisissait que précautionneusement ses insignifiants, les élevant dans l’ombre depuis le berceau pour les modeler, pour faire en sorte qu’ils soient tels qu’il voulait qu’ils soient pour servir utilement et efficacement. Il ne s’agissait pas que de caprice… et ces insignifiants étaient souvent des puissants, des rois, des reines, des prêtres et des prêtresses… des gens d’influence qui pouvaient faire basculer une vie, un royaume, un monde… il y avait de tout et il avait gangréné de manière si souterraine toutes les civilisations que son culte était presque devenu normal, secret, défendu, parfois les gens, pour son plus grand plaisir, se trompaient dans son apanage… le dieu des mensonges voilà ce qu’il était et pas le dieu qui prévient des mensonges…le paradoxe lui plaisait beaucoup !
« Tu es si ignorante que ça en serait presque touchant… cela relèverait presque de la naïveté ! » [/i][/color]
Il lui sourit, un rien amusé, et un rien moqueur … il comptait bien s’expliquer, il comptait bien lui prouver qu’elle avait tort quand elle disait qu’elle n’était pas une Insignifiante… et elle douterait de tout, de son moindre mot… il était le dieu du mensonge, aussi, non ? Alors quand mentait-il ? Et même les trolls, son corps disloqué, n’était-ce pas possible que ce soit un mensonge dans son esprit dû à Rahemar ? A ce rythme on aurait même pu remettre en question sa propre existence… c’était presque métaphysique quand on y pensait, la réalité, l’illusion, le vrai, le faux, ou s’arrêtait l’un, quand commençait l’autre ? Impossible à le dire par avance ! Il soupira et regarda la jeune femme avec pitié, une pitié qui n’était pas bienveillance, loin de là, plutôt méprisante…
« Tu n’as même pas cherché à comprendre et tu as directement sauté à des conclusions aberrantes parce que tu ne connais la première chose, la plus basique à connaitre : les gens croient en des mensonges parce qu’ils veulent que ce soit vrai ou parce qu’ils ont peur que ce soit vrai... même en connaissant cette leçon de vie, on peut se faire avoir, le secret est que personne n’est à l’abri et donc que la méfiance est de rigueur en permanence. Tu as cru directement qu’être une insignifiante était n’être rien car tu as confondu réalité et imagination. Je n’ai jamais dit que tu ne serais plus jamais rien, comme Insignifiante, juste que tu serais souillée, salie, blessée, brisée, détruite. C’est tout… »
Il sourit, mais sans chaleur, une leçon qu’il venait de lui donner, mais était-ce une vérité ou un mensonge ? Pour être honnête, Rahemar perdait parfois le sens de la réalité et vivait dans son monde où mensonge et réalité étaient souvent une seule et même chose, aussi étrange que cela puisse paraitre ! Il s’agissait d’une réalité bien à part où lui-seul (et encore) pouvait s’y retrouver…pour tout vous dire il s’y perdait lui-même un peu…
« Quant à fuir, ne fuis pas, soit, attaque, mais alors fais-le avec des armes ni ne te réduisent pas en bouillie… comme ça, tu es incapable de faire quoique ce soit ou de m’être utile. C’est la dernière fois que je t’aide… profites en ! » [/color]
D’un seul coup, il sembla redevenir sec et se redressa.
« Je t’ai dit d’aller te nourrir. » [/i][/color]
Sans douceur il la souleva par les cheveux, la dégageant de sous la massue avant de l’attraper aussi par la peau des fesses et l’emmener comme ça jusqu’à cadavre du troll et l’éventrer pour ensuite la pousser dans l’entaille béante, menaçant de l’enfermer dedans si elle ne se dépêchait pas. Croyait-elle qu’il allait rester mièvre et doux ? Il avait expliqué ce qu’il devait. Mais c’était fini !
« Si tu manges bien tu auras un endroit chaud où dormir… » [/i][/color]
Le ventre de la bête. Elle y aurait chaud et de la nourriture – certes pestilentielle - pendant des jours sans doute… mais il ne comptait pas la laisser là aussi longtemps. Il avait d’autres projets. Il avait expliqué en douceur et maintenant le reste revenait au pas de charge. Les Insignifiants n’étaient pas aussi Insignifiants que cela… ils étaient les pions sur son échiquier… et il savait faire en sorte de ne pas en négliger…