Il est 16 heures, les premiers cours se terminent. Une belle journée ensoleillée, qui laisse prévoir une belle après-midi à ceux qui viennent de sortir de cette prison scolaire, et une bonne soirée pour ceux qui préfèrent se lover dans les ténèbres de la nuit. Il y a aussi ceux qui, malgré ce beau temps, préfèreront rester en intérieur, pour surfer sur le net ou bien jouer à des jeux vidéos. Il y a ceux qui se cachent des autres pour laisser libre cours à leurs pulsions primaires. Ceux qui trainent en bande, ceux qui font du sport, celles qui passent leurs temps à faire les boutiques, en profitant par procuration du regard des hommes sur leurs corps jeunes et en pleine éclosion. Ceux qui regardent, hypnotisés, ces jeunes demoiselles exhiber leur corps de femme naissant. Ceux qui broient du noir dans des coins isolés, ceux qui jouent au golf, dans un terrain vague près d'une rivière, en utilisant des canettes de soda comme balle.
En sortant de la jeunesse, il y a les nouveaux jeunes adultes, qui entrent, intimidés, dans le monde du travail, qui vont, avec des collègues, se détendre après une dure journée de labeur. Il y a les plus anciens, qui regardent d'un bon œil la fougue de la jeunesse. Ceux qui les regardent d'un mauvais œil car la jeunesse ne respecte plus rien. Il y a les vauriens, trop téméraires, qui arrachent à des jeunes femmes leurs sacs en pleine rue, car ils pensent qu'elle sont des proies plus faciles. Il y a ces jeunes femmes, qui à défaut de griffes, ont des bombonnes lacrymogènes. Même les animaux profitent de ce temps magnifique pour s'épanouir et entamer leurs danses de séduction.
Et au milieu de tout ça, une noisette qui pose des affiches, pour annoncer un tournoi de base-ball inter-scolaire. Noisette... Mais si. Ce jeune homme, d'à peine 13 ans. Plutôt bien bâti, légèrement bronzé, avec des cheveux bruns coupés cours, qui se disputent pour savoir qui sera le plus revêche, ainsi que de grandes pupilles vert menthe, dans des yeux en forme d'amande. Étudiant au lycée de Seikusu.
...
Disparu sans laisser de nouvelles pendant plusieurs jours...
...
Et bien il était de retour, et posait des affiches. En punition, lui avait-on dit, de sa disparition aussi brusque qu'entourée de mystère. Punition donc. Il devait coller sur les murs du lycée toutes les affiches qu'on lui avait confié, traitant du tournoi de base-ball inter-scolaire qui aurait lieu dans quelques semaines. Il s'en contrefichait de ce tournoi Noisette. Il voulait s'en débarasser le plus vite possible pour... Mais bon, plus vite il collerait ces affiches, plus vite il serait libre. Il était d'ailleurs en train de poser la dernière, et se félicitait du travail accompli.
Prenant une petite pose, il s'assit, dos au mur, où il venait de poser le morceau de papier, et réfléchit pendant quelques minutes à ce qu'il allait faire maintenant, absorbé par une tâche d'une matière indéfinissable du plafond, coincée entre le rouge bordeaux et le vert vomi. Il était seul dans le couloir, aussi personne ne lui fit remarquer qu'il n'avait rien à faire là, allongé par terre comme un miséreux. à côté de lui, il y avait une classe, visiblement pas occupée, dont l'emploi du temps était libre pour le reste de la journée, et dont la porte était mal fermée. Il y avait aussi des toilettes, vide pour le moment, où les seules décorations étaient des boules de papier mâché collées aux murs, et de tags sur les portes des cabinets. Les fenêtres donnaient sur le côté ouest du bâtiment. Un peu d'herbe, et quelques fleurs, voilà tout. Puis le grillage, élément indispensable d'une école digne de respect...
Puis, entendant quelqu'un arriver dans le couloir, Noisette se redressa, se demandant bien qui pouvait passer dans un endroit aussi désert, le couloir étant un cul de sac ne menant à aucune salle de cours, et où les toilettes n'étaient pas réellement utiles, car éloignées et sales.