Après quelques mois de travail au sein de l'infirmerie du lycée Mishima, Shiro avait enfin trouvé ses marques, pris ses habitudes de travail, et connaissait toutes les filles qui venaient ici de manière répétée, parce qu'elles savaient qu'elles y trouveraient une infirmière douce, patiente, à l'écoute... et très affectueuse. Certaines ne venaient même que pour se faire câliner, comme des chats qui réclament des caresses. Et rien ne fait plus plaisir à Shiro que de voir ses jolies patientes venir vers elle naturellement, sans avoir besoin de les charmer. Même si cela enlève le plaisir de la séduction, le plaisir ressenti par l'acte est bien suffisant pour compenser. Mais, secrètement, l'infirmière espère que quelque chose ou quelqu'un viendra bouleverser un peu son train-train. Rien de trop méchant, mais juste assez pour la secouer un peu.
Shiro est en train de faire une vérification des dossiers médicaux des élèves, enregistrés sur son ordinateur, pour s'assurer qu'elle n'a pas oublié de faire une mise à jour de leurs informations médicales. Dans son travail, Shiro fait toujours preuve d'une rigueur immense et indéfectible auprès de ses patients. Ainsi que quand elle séduit les jeunes filles qui viennent la voir, et qui ne sont pas des habituées. Elle veut toujours faire au mieux, car elle a toujours l'impression qu'elle doit faire ses preuves. Et aussi un peu parce qu'elle espère que ses succès en tant qu'infirmière cacheront ses ''examens médicaux'' au proviseur du lycée et à ses confrères et consœurs du monde médical, incapables de comprendre le plaisir qu'elle prend et qu'elle offre à ses patientes. Focalisée sur sa tâche, il lui faut presque une dizaine de secondes avant de se rendre compte que quelqu'un est entré dans l'infirmerie. C'est seulement quand cette personne lui parle qu'elle se rend compte de sa présence.
B-bonjour, je m'appelle Lucien Halmirand. J'ai un léger soucis et j'aimerais vous en parler.
Shiro se retourne. Devant elle se tient un jeune garçon au physique agréable à regarder. Il est de taille normale, la peau lisse, les yeux bleus-gris, le visage fin, le corps assez peu taillé pour un garçon de son âge, les bras et les jambes fuselés, et surtout, une incroyable chevelure blonde, d'une longueur plutôt observée chez les filles du même âge. Tous ces petits détails, dont certains sont si peu masculins, comme ses lèvres, son torse et son bassin, n'échappent pas à l’œil averti de Shiro, qu'elle utilise sur chaque patient qui passe la porte de son domaine.
En temps normal, Shiro ne se soucie pas des garçons qui viennent la voir. Elle les soigne, mais sans plus. Cependant, la voix et l'expression timide sur le visage de Lucien, ainsi que son corps tremblant montrent bien qu'il a peur. Et une bonne infirmière se doit de rassurer ses patients, peu importe leur sexe.
« Bien sur Lucien. Je t'en prie, assieds toi. »
Shiro lui indique la chaise qui se trouve à côté d'elle. Lucien va s'asseoir. Il essaie de parler, mais aucun mot ne veut sortir de sa bouche. Quoi qui puisse l'inquiéter, ce doit être vraiment quelque chose de grave pour qu'il ne puisse même pas le dire lui-même. C'est alors que Shiro fait quelque chose qu'elle aurait penser ne jamais faire avec un garçon : elle parle à Lucien en utilisant ses pouvoirs d'E.S.P.er, pour réduire son stress.
« Tu n'as pas à avoir peur, Lucien. Quoique tu ais envie de me dire, je t'écouterai. Tu as ma parole. Et souviens toi que tout restera entre nous. »
En temps normal, Shiro utilise ses pouvoirs pour convaincre ses jeunes patientes de se laisser caresser, et de fil en aiguille, de lui faire l'amour. Mais face à une peur telle que l'infirmière peut la ressentir chez Lucien, il est nécessaire de le détendre pour qu'il accepte de s'ouvrir.
Cependant, malgré son intervention, le jeune garçon ne veut toujours pas parler. Il continue de se bloquer, d'hésiter.
« J'ai une idée. Peut-être qu'un cadre plus personnel t'aidera à te confier. Suis moi. »
Shiro guide Lucien jusqu'à l'un des lits de l'infirmerie, va fermer la porte et mettre le panneau « Je reviens dans 5 minutes », enfile ses oreilles de lapin, son arme infaillible devant les patients paniqués, avant d'aller rejoindre Lucien et de fermer les rideaux derrière elle. Elle l'invite à s'asseoir sur le lit, et vient s'asseoir à côté de lui. Lucien sourit un peu en voyant les oreilles sur sa tête.
« Voilà. La porte de l'infirmerie est fermée, et ces rideaux te protège des regards. Plus rien ne peut venir te déranger. Maintenant, dis moi... de quoi voulais-tu me parler ? »
Shiro appuie toujours ses mots avec ses pouvoirs, espérant que, peu à peu, la résistance de Lucien ne s'estompe.
C'est là qu'elle se souvient qu'elle n'a jamais lu son dossier médical. Pourtant, l'ancienne infirmière du lycée avait laissé beaucoup de notes associés à son nom en partant. Elle parlait de lui comme « un jeune homme hors du commun » et comme « un patient à traiter avec beaucoup de délicatesse ». Et la délicatesse, Shiro en a à revendre. Peut-être Lucien souffre-t-il d'une maladie grave. Mais quel genre de maladie peut être si embarrassante que l'on refuse d'en parler devant une professionnelle ?