Clyve souleva Cahir comme un sac de patates, sur son épaule, sans tenir compte de s ajambe endolorie, ce qui fit grogner Cahir. La douleur explosait dans sa jambe, et il finit par se retrouver à la cale, heurtant un mur en bois, sa jambe disloquée retombant mollement sur le sol, les morceaux d’os venant s’enfoncer dans ses muscles.
« Haaaa... »
Un faible soupir de douleur s’échappa de ses lèvres, et Clyve le laissa là, dans une petite pièce, une salle de stockage. Il l’avait balancé contre une grosse caisse en bois, et, sur la gauche, il y avait une étagère avec des pots et des objets. Une faible lueur venait d’une bougie sur le plafond, qui se trouvait au-dessus d’un filet arrondi. Epuisé, l’apatride soupirait lentement, luttant contre le sommeil... Ce en quoi la douleur l’aidait plutôt bien. Il crachait du sang, ce dernier maculant en partie son visage. Plusieurs mèches de cheveux crasseuses s’étaient abattus devant l’un de ses yeux, obstruant sa vision. Oui, notre homme n’allait pas fort, et la situation n’était pas prévue de s’arranger. Il entendait des rires, des bruits de pas, voyait des silhouettes danser devant lui, tout en se demandant ce qu’il avait bien pu faire de foireux, dans sa vie, pour se retrouver ici, dans la cale d’un bateau pourri, avec la jambe brisée.
L’apatride somnolait, la fièvre se mettant à se mélanger avec sa fatigue pour le faire délirer. Sa femme se tenait devant lui, avec ses enfants, dans chacun de ses bras, tous le regardant en souriant, goguenards, comme s’ils se moquaient de lui... Lui, le père dont ils auraient dû être fiers, et qui n’étaient maintenant qu’une honte... Lui, le Corbeau Noir, le grand guerrier ashnardien, devenu un renégat, un apatride, un traître à la Nation, et qui se retrouvait maintenant dans l’équipage d’un pirate. Il essayait de parler, de remuer les lèvres... Puis un jet d’eau lui éclaboussa le visage, et ses yeux se rouvrirent subitement.
Il vit alors, devant lui, le Capitaine Quen, et comprit qu’elle était venue pour le narguer. Cahir pencha la tête en arrière. Sa jambe gauche lui faisait l’effet d’être un poids mort, rendant impossible de déplacer son corps. Il soupira lentement.
« À... À charge de revanche, Princesse... »
Cahir peinait à la voir. Il continuait à voir flou, et pencha sa tête vers le bas, ses cheveux trempés filant devant son visage. Il baragouinait lentement.
« Ne... Ne le dites pas à ma femme... Mes enfants... Ils... Mieux vaut qu’ils continuent à me croire mort... »
Cahir soupira encore. Parler devenait difficile, et il finit par sombrer dans le coma. La fatigue était trop forte, tout comme la douleur, qui avait fini par l’anesthésier. Il s’écroula donc. Très clairement, l’homme avait besoin de soins, et n’était plus en état de tenir debout... Ni même de rester éveillé tout court.