C’était une planète très inhospitalière, froide, rocailleuse, et hérissée de multiples pics et massifs montagneux. Talon s’avançait lentement, sentant le vent siffler dangereusement. Elle sortit du canyon pour voir, en contrebas, un précipice épais et vaste. RS9 se trouvait juste en bas, mais elle avait une vue imprenable sur toute la région. Jusqu’à perte de vue, elle ne voyait que des montagnes escarpées, des massifs, et, au loin, une petite lueur orangée évoquant le soleil. Aucune grande plaine par ici. Le passé de LV-424 était aussi enveloppé de brumes que la tempête qui s’abattait en ce moment... Et, de toute manière, le passé géologique de LV-424 n’intéressait guère Talon. Tout en s’avançant, elle sondait la Force, mais ne trouvait aucune source de vie sur cette planète gelée. C’était une planète morte, avec, pourtant, une atmosphère respirable. La seule explication possible était que les colons avaient installé une usine pour terraformer la planète, afin de permettre la production de dioxygène dans l’atmosphère. Talon pouvait donc théoriquement retirer son masque, mais, avec le froid polaire qui s’abattait, elle préférait rester avec sa combinaison... MLais il était rassurant de savoir qu’elle ne suffoquerait pas si la combinaison était fissurée. Elle gèlerait sur place.
S’approchant du précipice, elle chercha un point d’appui, et balança une corde noire. La corde était surmontée d’un grappin qui se planta dans la roche, et elle s’en servit pour descendre en rappel. Elle bondit le long de la glace, puis arriva en contrebas. Elle appuya alors sur un bouton, et le filin se rétracta. Talon se retourna alors. Inhalant de l’air par le biais d’un respirateur artificiel équipé de filtres, sa respiration ressemblait presque à celle de Dark Vador. Talon marcha lentement, sentant la neige tomber d eplus en plus fort. Des vents terribles jaillissaient, et des flocons de neige recouvraient sa visière. Elle nettoyait alors cette dernière par le biais d’une sorte de pare-brise laser, formant un fin trait lumineux vertical allant de gauche à droite pour balayer la visière. Elle se rapprocha de la porte principale de la station, et alla voir le terminal à côté de cette dernière. Il était éteint.
*Évidemment...*
Talon s’écarta un peu. Elle aurait pu fureter, faire comme Abel (dont elle n’avait pas encore ressenti la présence), mais la Sith avait un autre projet. Elle leva la main vers les portes blindées, et invoqua la Force. Sur cette planète morte, la Force était bien moins présente, mais elle émanait de Talon. La Sith dut se concentrer un peu, et les solides portes blindées se mirent à grincer, vibrant sur elle-même, avant de lentement s’écarter, dans de sinistres grincements métalliques. Sans un bouclier pour les protéger, elles avaient été envahies par le gel, et la glace se fissurait et se craquelait au fur et à mesure que la Sith les écartait. Elle les écarta de quelques mètres, puis pénétra à l’intérieur, puis enclencha une lampe-torche située sur son front.
Sa torche ne tarda pas à capter plusieurs corps suspendus en l’air. Squelettiques et poussiéreux, ils étaient retenus par le col de leurs combinaisons. Des pendus. Elle avait débarqué dans la salle de vie, avec plusieurs tables, et d’autres cadavres. Talon les inspecta brièvement. Deux hommes s’étaient suicidés, et elle trouva, près de l’un d’eux, sur une table où son corps reposait, un petit disque de données. Talon le prit entre ses doigts, curieuse, puis le chargea dans son armure. Elle entendit un profond soupir masculin, tout en inspectant les casiers et les vestiaires.
« ...Nous avons été fous. Est-ce qu’on pensait vraiment avoir une chance ? Ils sont dehors, partout, rampants et grouillants comme des saloperies de cafards... Indétectables, invisibles à tous nos détecteurs. C’est ce putain de froid. Il gèle tous nos scanners, et ceux qui ne sont pas gelés peinent à les repérer. Notre système de sécurité automatisé a été activé, mais il ne réagit pas face à ce qui est mort... *Rire nerveux*... On a pendu Martinez et son équipe. Ils voulaient sortir, passer outre la tempête pour rejoindre la cache des contrebandiers... Mais cette porte blindée est la seule chose qui nous protège d’eux... Moi, je suis le seul survivant. J’ai tenu un journal de notre survie ici, mais... Je l’ai perdu. Les batteries se vident, le frigo aussi. Je suis le seul survivant. J’ai dû abattre Juan... Et il ne me reste plus beaucoup de balles dans mon chargeur. Jour après jour, je les entends taper contre les portes blindées, cherchant des entrées. Ils finiront par en trouver, ce n’est plus qu’une question de temps maintenant... »
Talon ignorait de qui l’homme parlait Le courant avait été désactivé. Est-ce qu’il en restait encore un peu ? Comment mettre en marche le système de métro s’il n’y avait plus de courant ? De quoi parlait-il ? D’ennemis se situant dehors ? Dans ce froid ? Nerveusement, Talon regarda par la porte d’entrée, s’attendant presque à les voir débarquer... Mais il n’y avait personne, absolument personne. Visiblement, les mineurs s’étaient enfermés ici, dans cette salle de vie, et avaient fini par subir les effets de la claustrophobie. Ils avaient perdu la raison, et s’étaient entretués.
« ...Il me reste deux options... Sortir, ou rester ici, et attendre des renforts improbables... Avec cette foutue tempête, les messages radio peinent à quitter la planète. Et quand bien même ? Ce message radio est un piège, un leurre... J’ignore si quelqu’un lira un jour ce message, mais, si jamais c’est le cas, entendez bien ce que je vous dis... Fuyez. Fuyez aussi vite que possible. Vous n’avez pas idée de ce que nous avons réveillé, et, et... Putain, je suis même pas sûr de pouvoir le résumer, alors que j’ai tout vécu de près. N’essayez pas de rejoindre la Colonie, bordel... Appelez les Gordaniens, ordonnez-leur de balancer une charge thermonucléaire sur la Colonie, et de pulvériser ce maudit caillou... »
Le message s’interrompit ensuite. L’homme avait visiblement fait son choix, et Talon entreprit de descendre un escalier. La Force lui soufflait pour l’heure qu’il n’y avait personne, et elle continua à descendre, s’engageant dans un couloir métallique, jusqu’à s’approcher d’une solide herse de sécurité. Là encore, elle se servit de la Force, l’ouvrit... Et sursauta en voyant un cadavre tomber de l’autre côté. Un véritable charnier se trouvait de l’autre côté, et la puanteur des corps avait depuis longtemps disparu. Du sang séché s’était incrusté dans les murs, et elle vit le reste de l’équipage de minage. Tous morts dans ce couloir, mis en pièce, déchiquetés, découpés, démembrés, sévèrement mutilés. Elle voyait des griffes le long des murs, des traces d’impacts, des balles sur le sol. Ils avaient été condamnés par la fermeture de cette herse, probablement décidée par Martinez et les autres colons dans la salle de vie. Une protection qui ne les avait faits que souffrir inutilement.
Talon continua à marcher, marchant parfois sur quelques os, provoquant des craquements. Elle était prête à sortir son sabre-laser. Même si la combinaison ralentissait ses mouvements, Talon pouvait toujours se mouvoir avec une rapidité exacerbée. Alors qu’elle marchait, elle sentit alors une petite perturbation dans le champ plat et vide de la Force... Une présence se trouvant en contrebas. Talon n’était pas seule... Et la présence ne semblait pas particulièrement hostile.
La Sith hésita quelques secondes, puis s’approcha d’un escalier, et entreprit de le descendre, se rapprochant ainsi de la station de métro...