La Bête ne comprenait pas... Elle avait toujours eu du mal à comprendre les humains, leurs paradoxes... Et, évidemment, avec la Bête, tout tournait toujours autour du sexe. La créature extraterrestre ne comprenait pas pourquoi les humains avaient une telle aberration pour le sexe, alors même que, parallèlement, ils adoraient le sexe, et en avaient besoin pour vivre et se reproduire. Toute la construction terrienne était tournée autour de la famille, autour du sexe, mais ils n’abordaient jamais cela en société... C’était comme s’ils s’amusaient à parler de tout, sauf du cœur de leur existence : les relations sexuelles. Ils essayaient de les marginaliser, tout en ne pouvant s’empêcher d’y penser. Leur culture était un appel entier au sexe, que ce soit les vêtements, les livres érotiques, les clips télévisés de musiques, les séries télévisées remplies de bombes sexuelles et de scènes de cul... Le sexe était omniprésent, mais jamais de manière explicite, toujours suggéré, avec plus ou moins de simplicité. Une telle logique était incompréhensible pour la Bête, et ce même avec l’aide de Nathan. La Bête n’était pas une créature hypocrite, mais relativement simple. Elle aimait le cul, et rien de plus. Elle était née pour engrosser des femmes, pas pour se poser des questions. Née pour procréer, née pour les défendre, et née pour mourir ainsi. Voilà la fonction de la Bête. D’un autre côté, et c’était là que les choses continuaient à devenir complexes, la Bête appréciait l’imagination humaine... Comme si, en un sens, cette frustration qu’ils s’imposaient renforçaient leur créativité. La sodomie, par exemple, était une chose simple, mais à laquelle la Bête n’aurait jamais pu penser seule... Tout comme la fellation, les préliminaires, la manière d’exciter son partenaire, de jouer avec ses zones érogènes, etc... La Bête était l’exemple-type du gros bourrin ne voulant qu’un rapport sexuel classique, à hauteur du coït, dans le but de la copulation. Plus simplement, en étant au contact des humains, le monstre avait progressivement appris que le sexe n’était pas seulement qu’un moyen en vue de procréer, mais aussi une fin en soi, le sexe étant alors un moyen d’obtenir simplement du plaisir, et se détendre.
Kelly avait peur d’elle. Cela, il le comprenait, mais il se disait que le meilleur moyen de la rassurer était de lui montrer qu’il n’avait pas intention de lui faire mal... En la baisant. Serait-ce un viol ? Peut-être... Mais il n’avait jamais compris le principe du viol. Partant de ce principe, il lui était difficile de se dire que ce qu’il faisait serait contraire à ce que la femme voulait. Avec Kenji, les choses avaient été différentes. La Bête avait vu ce type comme un rival, et la créature savait aussi que Kenji comptait la tuer, alors que lui voulait juste la consoler, et lui témoigner toute son affection. Il avait essayé d’employer la technique humaine, reposant sur les mots, mais avait visiblement échoué, vu que la femme, maladroitement, essayait de partir.
*Laisse-là partir...
Je ne t’ai pas sonné, Nathan ! Retourne dormir !
Tu ne crois pas qu’elle a assez souffert comme ça ?!
Mais c’est précisément pour ça que je suis là... Pour la consoler !*
Son hôte était en train de se réveiller, de l’agacer, et la Bête, elle, observait le postérieur de la femme. Diable, qu’elle était belle ! Sa verge l’élançait douloureusement, et il s’avança alors vers elle... Pour la voir se prendre les pieds dans le tapis, et s’écrouler sur le sol, inerte, cessant de pleurer et de gémir. Il se pencha vers elle, posa sa main sur son épaule, et la coucha sur le dos. Elle gisait sur le sol, et il tâta son pouls... Il le sentit, comprit qu’elle était encore en vie, et hocha lentement la tête, visiblement rassuré. Le monstre extraterrestre l’étudia un peu, admirant ses magnifiques seins lourds, sa chute de reins... Nathan déglutit, et caressa son ventre, puis se pencha vers elle, et embrassa poliment son estomac. Cette femme souffrait... Il fallait donc l’aider à aller mieux. Il lécha sa belle peau, puis se releva lentement, et l’attrapa entre ses bras, la soulevant délicatement.
Il remarqua alors qu’elle saignait. Elle avait heurté douloureusement le carrelage, et l’homme la posa sur le lit, puis s’approcha de la salle de bains de l’appartement. Il ouvrit les placards, mais ne comprit rien à ce qu’il voyait. Les étiquettes étaient obscures, et il ne pouvait pas appeler la police.
*Elle s’est ouverte ! Tu as entendu la manière dont elle a heurté le carrelage ? Appelle les urgences, elle va peut-être mourir !*
Mourir ?! Oh non... Il ne le permettrait pas ! La Bête rappela le symbiote, qui recouvrit à nouveau intégralement son corps, et il s’écarta rapidement de la salle de bains, retournant dans le salon. Pouvait-il laisser mourir une telle femme ? Non... Et il n’avait pas confiance envers ces humains. Cependant, la Bête avait un moyen de la soigner... Il se rapprocha d’elle, et posa son doigt sur sa tempe, puis se concentra... Et une infime portion du symbiote fila dans la plaie. Une portion insuffisante pour transformer cette femme en porteuse, voire juste en mutante, mais qui, éventuellement, pouvait avoir, à son réveil, des effets inattendus.
Endormie, elle semblait si paisible... Si paisible que la Bête ne savait plus quoi faire. Le monstre réfléchissait, mais, dans sa tête, Nathan continuait à le torpiller. Il observait ses talons, ses collants, sa silhouette de rêve.
*Pars...
Tu ne peux pas m’ordonner ça !
C’est ce qu’il y a de mieux à faire...*
La Bête retourna les arguments de Nathan contre lui. Si elle restait ici, quand la police arriverait, elle serait la principale suspecte. Il devait continuer à veiller sur elle. La Bête avait encore le contrôle, et se tendit vers la femme, puis l’attrapa...
« Debout ! »
Le seau d’eau éclaboussa la jeune femme. Où étaient-ils ? Difficile à dire... C’était un espace clos, hermétique, étroit, et des chaînes retenaient la femme par les poignets, tirant ses mains vers le plafond. Elle était debout, et la pièce se composait d’une petite lampe dans un coin et d’un matelas dans un angle. Nathan balança le seau d’eau sur le sol, et s’approcha légèrement d’elle, sa silhouette atterrissant dans la lumière de la lampe.
Kelly ne pouvait pas le savoir, mais ils étaient dans un container de la zone portuaire, sur un bateau qui s’apprêtait à partir d’ici quelques jours.
« Désolé de t’avoir attaché, Princesse, mais j’avais peur que tu recommences à te faire mal... »
Sa voix était douce... Mais la Bête était connue pour changer rapidement d’avis... Surtout quand elle était excitée, ce qui était toujours le cas. Toute la question, maintenant, était de savoir si la Bête avait profité du sommeil de la femme pour lui faire l’amour pendant qu’elle dormait.