Il existait de ces jours où la jeune fille se sentait perdue, parfaitement seule, et loin de tout ce qu'elle connaissait autrefois. Ces jours, c'était ceux où elle était loin de chez elle, ceux qu'elle connaissait depuis qu'elle avait quitté son monde pour tomber dans cette ville étrange, Seïkusu, où personne n'avait le moindre pouvoir, où tout se jouait à la force brute et la prudence. Elle l'avait apprise à ses dépends quand elle était arrivée ici, immédiatement attrapée par quelques porcs ignobles et violée à même la rue alors qu'elle n'avait plus la moindre force pour se défendre, dépossédée de ses plus simples capacités à réagir sans qu'elle n'en sache les raisons. Ainsi, depuis maintenant quelque jours, elle ne comprenait plus rien, et déambulait, perdue, dans les rues de la ville en évitant les lieux les plus dangereux, les plus vils de cette cité, tel que ce fameux quartier de la Toussaint où elle était apparue en arrivant dans la ville. Plus que tout, dans tout cela, elle expérimentait une chose horrible : elle était faible, extrêmement faible...
Et en tant qu'être faible, elle avait apprit à agir de manière à ne jamais se retrouver en danger ces derniers temps, ce qui n'était pas la plus simple des choses d'ailleurs, étant donné que le moindre abruti vivant dans cette ville était désormais capable de la dominer et de la faire agir selon son bon plaisir. Elle se méfiait de tout ce qui l'entourait, de tout ce qu'elle connaissait, et le simple fait de faire quelques petites courses devenait désormais un long jeu du chat et de la souris afin d'éviter les possibles dangers provoqués par le regard salace de la part d'un vendeur ayant remarqué qu'elle manquait de monnaie, ou encore les gestes équivoques d'un flic un peu fier ayant remarqué une pauvre demoiselle perdue dans les rues de Seïkusu. Par chance, en ayant fait ce qu'il faut pour ses cheveux et son habillages, elle ressemblait désormais
assez à un garçon pour que la méprise se fasse parfois, mais il restait que les gens de ces lieux semblaient quand même reconnaître la touche de féminité qu'elle arborait.
Du coup, les courses ce n'était pas sa tasse de thé, ni les longs voyages dans la ville pour découvrir un autre passage vers sa propre dimension. Elle se doutait qu'il devait y en avoir un pas loin de l'endroit où elle était tombée, mais elle préférerait tenter de survivre à une apocalypse masculine plutôt que de retourner dans ces rues sombres, malfamées et étroites où se cache toute la lie de la cité japonaise. Alors que pouvait-elle faire dans ce monde qu'elle ne connaissait que depuis quelques jours, et qui en plus avait eut le don de la rendre aussi indépendante et efficace qu'un bébé de quelques semaines ? Eh bien elle cherchait un moyen de s'informer sur celui-ci, et cherchait avant tout un traité sur les portails et autres technique de téléportation qui aurait été acquise par les différents chercheurs de ce pays. Force était de constater que ce pays était apparemment plus évolué que les états de Nexus, ou d'Ashnard, mais il n'avait pas pour autant la supériorité technologique écrasante de Tehkos, ce qui devenait bien gênant quand la jeune femme se mit à bouquiner les différents traités scientifiques du lieu ...
... Mais elle n'en démordait pas, il fallait absolument qu'elle découvre au moins quelque chose sur les emplacements des portails et pour cela elle comptait bien perdre des heures, des jours, des semaines, mais elle voulait rentrer chez elle, récupérer ses forces, récupérer ses armes. K'leir et Ter'er lui manquaient maintenant qu'elle ne pouvait plus les entendre la taquiner à tout heure de la journée, et sa mère qu'elle imaginait complètement paniquée par son absence suffisait à elle seule pour donner à la jeune femme cette rage de découvrir un moyen de retrouver la belle dimension de Terra. Et c'est ainsi qu'aujourd'hui encore, elle s'était enfermée dans la bibliothèque, avait accumulée nombres de bouquins sur une table, et les feuilletait-elle un à un, cherchant un mapping claire des passages entre Seïkusu et son pays d'origine, sans pour autant s'en trouver victorieuse. Rien de rien, que de la science approximative et des théories de science-fiction idiotes.
Posant le dernier livre qu'elle venait de parcourir, elle s'écroule sur la table, et enfonce sa tête entre ses bras, anéantie. Elle ne voulait pas pleurer, mais les larmes montaient doucement tant elle en avait marre d'être ici... Elle voulait tant rentrer.
