C’était un petit village paisible perdu dans un royaume qui n’avait que peu d’intérêt aux yeux de White Rabbit. C’était un petit village de bûcherons et de fermiers, éloigné des routes principales. On s’y nourrissait de la plantation de betteraves, de l’élevage de porcs, et on y vivait de la scierie locale. Un tranquille petit village médiéval avec une église, des individus superstitieux... Et de nombreux cadavres. Ce fut la mort qui y attira White Rabbit. La mort... Et la femme puissante qui, depuis maintenant deux heures, massacrait avec ses poings et ses jambes, tous les habitants du village, sans distinction d’âge, d’origine, ou de sexe. Ils avaient beau la supplier, la prier, elle restait sourde à leurs supplications, et frappait. Les corps étaient brisés, massacrés, et les morts s’entassaient. Elle les tapait sur le sol, les empoignait, et cognait, cognait, brisant les os, les boîtes crâniennes. Une femme dangereuse, belle, et forte, une démone forte. Que les Anges n’aient pas encore intervenu s’expliquait très certainement par le fait que la femme n’avait pas recours à la magie, et qu’ils ne l’avaient donc pas encore repéré... Mais, si White Rabbit avait perçu cette présence, il était probable que d’autres l’aient ressenti.
Ce petit village n’avait probablement jamais fait de mal à quiconque. Et, pourtant, les quelques centaines d’âmes qui y vivaient avaient été progressivement décimées, avec une passion dévorante et meurtrière. Dans sa tenue de bunny girl, White Rabbit s’avançait le long des rues. Elle voyait de nombreux corps devant elle. Une femme avait été défénestrée, et ses yeux hagards fixaient le vide. Là, un vieillard avait eu les jambes brisées. Elle continuait à marcher, quand elle entendit des gémissements. Tournant la tête, elle vit qu’un homme avait ouvert une porte, et rampait sur le sol. Ses jambes avaient été brisées, et il était mourant. Elle se rapprocha rapidement de lui, ondulant ses jambes, faisant remuer son beau petit fessier, et fléchit les genoux devant lui.
« Pi... Pitié... » articula faiblement ce dernier.
White Rabbit le regarda en clignant des yeux, puis se releva, et pénétra dans la maison, évitant les traînées de sang que l’homme avait laissé dans son sillage. La tuerie avait eu lieu dans la cuisine et la salle à manger. Toute une famille. Ils fêtaient l’anniversaire de quelqu’un. Une femme avait eu la bougie plantée dans l’œil, une partie du gâteau étalée sur sa poitrine. En voyant un landau, White Rabbit comprit qu’il avait du s’agir de l’anniversaire d’un nouveau-né. Le landau était vide, et elle vit le cadavre du bébé, aux pieds d’un mur. La démone avait du le balancer contre ce dernier. Des mouches volaient près des cadavres, et elle vit un chien affamé, qui s’attaquait au cadavre d’un homme ayant inutilement essayé de se défendre avec une arme blanche. Elle s’avança dans la cuisine, évitant soigneusement les cadavres, et trouva ce qu’elle cherchait : une pomme. Elle l’attrapa, et mordit dedans, commençant à la manger. Elle sortit à nouveau, et l’homme leva faiblement un bras.
La femme suivit les traces de la démone, qui la menèrent à l’église, où les gens s’étaient réfugiés. Il y avait plusieurs cadavres devant cette dernière. Elle s’avança un peu, et croqua encore dans la pomme, en pénétrant à l’intérieur, se téléportant dedans. La démone était là, vêtue de vêtements verdâtres, et était en train de massacrer quelqu’un. Sûrement le prêtre. Il y avait une bonne quarantaine de cadavres. La porte était fermée, bloquée de l’intérieur. Elle s’assit sur un banc, croisant les jambes, jusqu’à ce que la démone arrive à la percevoir.
« Salut, ma belle ! J’ai perçu les cris de ces malheureux à une centaine de kilomètres à la ronde. Tu n’as pas peur que les Anges viennent te rendre visite, mon canon ? »
Et elle croqua encore dans sa pomme, avant de lui sourire.
« Mais je t’en prie, ne te dérange pas pour moi, il y a encore quelques survivants dans cette église ! »