Ses sens aigus permirent à Mélinda d’entendre le petit rire étouffé du Français.
*En quoi est-ce drôle ? Ces Français sont vraiment bizarres... L’abus de vin, sans doute.*
Il s’habillait lentement, enfilant les vêtements rapiécés de Matoko, et, quand ce fut fait, l’homme se retourna. Il lui expliqua qu’il n’avait pas compris ce qu’elle lui avait dit, ce qui justifiait peut-être sa crise de rire, puis l’informa qu’il ne voulait pas être hébergé, simplement trouver un moyen de sortir. Mélinda cligna légèrement des yeux, étonnée. Les Français avaient-ils des bâtiments différents des Japonais ? Pour sortir, il suffisait de suivre les panneaux et de descendre les escaliers. La vampire fronça légèrement les sourcils, intriguée par cette requête, mais sans y accorder plus d’importance.
L’homme désigna alors la fenêtre, comme s’il voulait passer par là.
« Je crois que ce sera plus court par là. » précisa-t-il donc.
Mélinda le regarda, légèrement surprise. Ce Français était-il suicidaire ? Elle l’observa brièvement, bras croisés, puis finit par hausser les épaules, tout simplement.
« Faites comme bon vous semble. »
La vampire se retourna ensuite, et sortit dans le couloir, suivie par son grand-frère. Bran n’accorda pas un seul regard à l’humain, se désintéressant totalement de lui. Non seulement sa sœur ne voulait pas qu’il le tue, mais il ne constituait nullement une menace. À cette hauteur, il ne se tuerait probablement en sautant, mais la vampire préférait passer par les portes, plutôt que se risquer à sauter dans tous les sens. Mieux vaut avoir les pieds sur terre qu’ailleurs, tout simplement.
Tout en descendant l’escalier, dans un lycée plongé dans l’obscurité, la vampire se demandait vraiment qui était donc cet homme, et dans quoi cette nouvelle histoire allait encore l’embarquer. Bien malgré elle, cette idée de forum français ne cessait de lui revenir à l’esprit. Pierre n’avait rien dit de plus. De quel forum voulait-il parler ? Mélinda essayait de se rappeler ce que l’homme avait dit, ce qui, dans la confusion dans laquelle elle était au moment des faits, n’était pas aisé.
*Ce devait être un propos incohérent, je ne vois aucune autre explication...*
L’idée qu’elle ne puisse être qu’une marionnette entre les mains de quelqu’un, ou qu’une sorte de mage omniscient puisse tout savoir sur sa vie, était proprement effrayante. Elle préférait ne pas du tout l’envisager, ne pas s’y risquer, plutôt que de l’évoquer. Elle en avait même un léger frisson dans le dos. C’était délirant, tout simplement.
Mais était-ce si délirant que ça ?
En tout cas, elle se retrouva rapidement dans la cour qui jouxtait le bâtiment. Il y avait un certain nombre de cours à Mishima. C’était un lycée plutôt grand, et, bien que les cours soient terminés, d’autres élèves se promenaient sur le « campus » du lycée, rejoignant les différents clubs ou les activités extrascolaires qui étaient organisées par l’établissement.