« Encore un peu… Un tout petit peu plus… » se répétait Ophelia en elle-même.
Ely s’était toujours flattée de savoir garder son calme en toutes circonstances. Et c’était vrai : elle conservait son (apparente) sérénité… jusqu’à ce que son caractère brûlant prenne le dessus. Mais ça n’arrivait pas souvent… pensait-elle. En tout cas, jamais parce qu’elle succombait à l’emprise de ses sens.
Avec sa sœur par exemple, elle avait fondu lentement. Sa sœur l’avait rejointe dans la nuit, Ely n’avait pas fini de préparer ses affaires (elle avait commencé à trier les livres pour savoir lesquels emmener quand bien sûr elle s’était mise à les feuilleter… à les lire même), aussi trouva-t-elle une distraction bienvenue dans la visite de sa sœur. La nuit était douce et ni l’une ni l’autre n’avait éprouvé le besoin de se couvrir plus que de raison. L’aînée lui avait fait ses yeux de cocker et « Je n’arrive pas à croire que ma petite sœur chérie va partir loin de moi » et de la prendre dans ses bras… Ely, bonne poire, n’avait rien vu venir : un instant elle frottant gentiment le dos de sa sœur qui s’accrochait à son cou, l’instant suivant…
Toujours était-il que ce premier contact avec sa sensualité, de (trop) nombreux mois plus tôt, avait été amplement provoqué ! Qu’avait fait la directrice pour lui faire perdre la tête si ce n’était poser ses lèvres sur les siennes ? Sa réaction était absolument disproportionnée ! Elle aurait du mettre un terme à cela et s’excuser d’avoir fantasmée sur la blonde aux formes, il est vrai, on ne pouvait plus alléchantes. Elle aurait du la repousser et lui sourire tranquillement… Elle aurait du… elle aurait du…
Mais quand la bouche de Shizuru abandonna ses lèvres (il n’y avait pas d’autres mots), ce ne fut pas le soulagement ou l’assurance de faire le bon choix qui l’envahirent mais une terrible sensation d’abandon. Un gémissement lui échappa tandis qu’elle ouvrait les yeux pour les fixer sur ces lèvres. Tandis que Shizuru lui parlait, Ophelia étudia son visage comme pour graver chaque détail de son exquise beauté dans sa mémoire. Alors qu’elle aurait voulu trouver la force de se retirer dignement, elle se surprit à répondre à sa saillie d’humour avec un lent sourire rêveur. Rapidement, comme les paroles de la directrice éveillait en elle un frisson d’excitation, son sourire se teinta de gourmandise et elle humecta ses lèvres, dans un geste machinal. Comme si inconsciemment, elle l’encourageait à recommencer, ou mieux : à aller plus loin.
Sentant la blonde vénuséenne serrer ses courbes contre les siennes, son corps tout entier se tendit comme pour la sentir plus près d’elle tandis qu’elle gardait son regard vissé dans les yeux bleus de Shizuru. Ce fut la suite qui la perdit corps et bien. Quand la directrice effleura sa joue du dos de la main, Ophelia ferma les yeux avec un soupir. Elle pressa son visage contre sa main comme pour prolonger le contact, la douceur de l’instant, comme pour absorber sa chaleur. Dès que la jeune femme posa ses lèvres sur sa peau, un gémissement lui échappa. Sa voix avait prit une teinte velouté qui trahissait ouvertement chacune de ses sensations.
Rapidement, elle participa. D’abord, sa main remonta sur la nuque de la directrice pour détacher ses cheveux, se glissant entre les mèches avec une volupté évidente. Elle se repaissait du contact de la matière dorée sur sa peau, portant les mèches à son visage pour sentir leur parfum. Son autre main, qu’elle avait un instant posée sur la taille de sa patronne remonta lentement vers sa poitrine. Ce fut d’abord un contact furtif, presque accidentel. Puis ses doigts se firent plus fermes, moulant son sein à travers le tissu. C’est là qu’elle prit en grippe le tissu sous toutes ses formes. Ely voulait sentir sa peau, elle voulait pouvoir dessiner chaque arrondi sans avoir à déjouer un quelconque obstacle. Shizuru devait partager son avis puisqu’elle commença à abaisser son haut sur son épaule. C’était un exemple flagrant de la raison pour laquelle, à ce moment elle détestait le tissu : elle voulait sentir la bouche de la directrice sur elle et si cela passait par retirer ce chiffon totalement superflu, le choix était vite fait !
Son haut était constitué de plusieurs morceaux distincts, apparemment reliés sans logique par des lacets. Mais en réalité, une des lanières, apparemment semblable en tous points aux autres permettait d’ouvrir le haut en deux en une sorte de ligne brisée qui dévoila d’abord une épaule, puis un sein couvert de dentelle d'un rouge sombre, une teinte plus foncée que celui de son haut… Ayant réglé ce problème, elle s’attaqua au second. A son grand regret, elle lâcha le sein de Shizuru pour ouvrir les boutons de son chemisier qui étaient encore fermés.
Cela ne lui prit qu’une poignée de secondes… Elle posa sa bouche contre l'oreille de Shizuru et la taquina des lèvres et des dents. Puis, après un petit rire de gorge, murmura :
- J’aurais mérité ma récompense…
Et tandis que le dessus de ses doigts caressait le ventre de la blonde, elle exhala un soupir de délice, reprenant le chemin de sa position précédente : elle souhaitait continuer son exploration. Ophelia frotta tendrement sa joue contre les cheveux de la directrice, l’encourageant à continuer les caresses de sa bouche, un peu comme un chat réclame l’affection de son maître…