L’elfe, visiblement, semblait ravie de son cadeau. Alice en était contente. Elle était plutôt généreuse avec les autres, et, naturellement, aurait été très déçue que l’elfe n’apprécie pas ce collier. C’était la preuve qu’il devait être authentique. Quand elle tournait la tête pour voir Alleyne, elle pouvait voir que le pendentif du collier s’était délicieusement glissé entre ses deux confortables seins. Difficile, à partir de là, d’avoir une vue qui ne flanche pas. Alice rabattait donc rapidement la tête, en rougissant faiblement. Se rapprochant du château, les deux femmes atteignirent le long et vaste pont en pierre qui séparait ce dernier de la ville.
Ce pont se trouvait au-dessus d’un précipice. En contrebas, il n’y avait que de la terre aride et dangereuse, des rochers pointus en contrebas. Sur la gauche, on pouvait voir la limite de ce précipice, avec d’autres montagnes, et, à droite, dans un coin, on devinait la forme du grand lac de Sylvandell, qui était la source d’un vaste et long fleuve qui délimitait les frontières de Sylvandell. Alice et Alleyne s’avancèrent le long du pont, affrontant parfois des bourrasques de vent. Le pont étant dégagé, il ne fallait pas trop y rester, car l’endroit était très sensible aux attaques de vents.
On pouvait également voir des dragons voler dans le ciel. Ils tournoyaient parfois autour du château, et allaient se perdre derrière les montagnes. Alice n’était nullement impressionnée, étant habituée à ce spectacle depuis la naissance. Elle remonta le pont, et entra dans la petite cour du château. Ce dernier était recroquevillé sur une colline, présentant de hautes tours qui se dressaient fièrement. Il y avait plusieurs gardes devant la massive double porte d’entrée. Alice les salua, et ils regardèrent Alleyne en fronçant les sourcils.
« C’est une invitée », leur assura la Princesse.
Les gardes répondirent en hochant la tête, et les laissèrent passer. L’entrée du château comprenait une vaste et grande pièce en pierre avec de nombreuses cheminées dans les coins : la salle de réception, qui faisait aussi office de salle du trône. On entrait dans une espèce de petit vestibule, et il fallait ensuite grimper plusieurs petites marches pour rejoindre cette pièce. On voyait les armoiries de Sylvandell dans les coins, ainsi que la grande table, en forme de U. Le Roi siégeait par tradition entre les deux tables. Quand il rendait audience, le fauteuil était tourné vers la porte, et, quand l’heure de manger sonnait, on tournait le fauteuil vers la table. C’était l’une des rares règles protocolaires en vigueur au royaume. L’absence d’une salle de trône distincte de la salle de banquet témoignait du caractère très militaire de la royauté sylvandine : le Roi siégeait avec sa Cour, et sa Cour comprenait surtout des hommes d’armes.
Alice rabattit quelques mèches de cheveux derrière ses oreilles. Elle sentit immédiatement son corps se réchauffer, et s’approcha de l’une des cheminées entourant la salle de banquet. Le soir, lors du repas, on avait coutume de faire griller la viande ici, sous les yeux des convives, répandant une délicieuse odeur de grillade dans la pièce... De quoi ouvrir l’appétit de n’importe qui. La Princesse se réchauffa un peu, et se tourna vers l’elfe.
« Le Château n’est pas très grand, se confessa-t-elle, comme pour s’excuser à l’avance d’une remarque que l’elfe aurait pu faire. Alors, vous avez toujours envie de faire partie de ma Cour ? »
Parler de sa « Cour » donnait de petits frissons de plaisir à Alice. C’était techniquement faux, vu qu’elle n’était que Princesse, mais, dans la mesure où elle avait un rôle politique de plus en plus prononcé à Sylvandell, elle pouvait déjà commencer à recruter les dames qui la seconderont.
