Ashnard. Quelle bien triste partie de Terra. J’y ère en ce moment et je n’y vois que désolation, tristesse, de la peur…Mais par-dessus tout, dans l’air ambiant, on peut sentir l’odeur du sang et de certains corps en putréfaction dans les rues d’un simple village. Pourquoi je suis là déjà moi ? Ah oui, pour m’acheter à manger. Dans ce coin pourri de Terra, tout s’achète. Oui, tout. C’est d’ailleurs l’endroit rêvé pour se trouver des fem…esclaves. Enfin, ce n’est pas ce que je recherche.
Il fait déjà nuit quand j’arrive à Ashnard et je risque de ne plus trouver d’échoppes ouvertes où trouver nourriture. Alors pour la nuit, je devrais me trouver une auberge, où prendre le dîner et me reposer, pour que le lendemain, je n’ai plus qu’à me ravitailler en vivres pour une future route hors d’Ashnard. Je file dans les petites ruelles, histoire de ne pas trop me faire voir dans ma tenue d’indigène. Il ne faudrait pas qu’on me tombe sur le poil ! J’en profite qu’il n’y ait personne pour me vêtir, par magie, d’un jean noir, d’un tee-shirt banal. Pas de chaussures non. Je déteste ça.
Ainsi fait, je continue ma route dans des chemins que je ne connais point, et qui ne m’amène je ne sais où. Je ne peux même pas interroger des passants pour demander une possible auberge. Mes pas me dirigent vers une grande place, étrangement vide. À la lumière du jour, elle doit être noire de monde. Des blacks de partout ! …Ma blague est très pourrie, je sais. Bon bon bon -tousse- Je regarde aux alentours sous la lueur de la Lune : personne…En fait, si, il y a bien quelqu’un. En plein milieu de cette place s’érige une estrade dédiée à maltraiter n’importe quelle personne. Et là, il y avait bien une personne. Je m’approche doucement du corps alors tendu par des chaînes, montant sur l’estrade, tout en regardant autour de moi. Nom d’un…C’est une femme. Une terranide minette semble-t-il. Une brune, bien roulée d’ailleurs. Elle avait été posée, exposée nue à la vue de tous, y compris de mes yeux baladeurs, et avait fouetté de nombreuses de fois. Son dos, ses fesses, ses cuisses étaient marquées de coups sanglants. Le soleil semblait l’avoir affecté aussi…Depuis combien de temps était-elle là ? D’ailleurs, était-elle encore en vie ?
- Mademoiselle ? …
Pas de réponse. Je pose alors deux doigts dans son cou, histoire de sentir ou non son pouls. Ouf, c’est bon, elle est toujours vivante. Néanmoins, elle reste dans un sale état, et je ne peux pas la laisser ainsi un jour de plus. Je me place devant elle, alors qu’elle est encore suspendue par les chaînes. Deux petits claquements de doigts et les chaînes se brisèrent en silence, laissant le corps de la terranide tomber lourdement sur moi. Même si elle est inconsciente, je n’ose la porter comme une princesse. La douleur des coups et la morsure du soleil, accentuées par le frottement de mes bras dans son dos, la ferait souffrir, en plus de la réveiller. Pour l’emmener là où je pense, elle devait donc rester ainsi, portée comme un vulgaire sac à patates, sur mon épaule. Dis comme ça, ce n’est pas très respectueux, mais je fais cela pour son bien.
Tiens, c’est d’ailleurs un peu bizarre que je m’occupe de quelqu’un ainsi à l’article de la mort. Ce n’est pas dans mes habitudes. Mais elle devait être esclave, et pour une raison que je ne connais, elle a été maltraitée, montrée du doigt, insultée et que sais-je encore. Bon, tout compte fait, avec mon nouveau colis sur l’épaule, je ne peux décemment pas demander abri et nourriture dans une auberge. C’est pourquoi je retrousse chemin, quittant définitivement le village. Mes jambes m’aventurent sur des sentiers sombres mais qui ne m’inquiètent nullement. J’arrive enfin près d’un ruisseau, à la rizière d’une forêt. M’approchant du ruisseau, je m’accroupis et m’assoie, portant finalement la demoiselle dans les bras, ses fesses sur mes genoux. À l’aide de mon bras et de ma main gauche, je maintiens son dos droit et sa tête légèrement penchée en arrière. De mon autre main, je lui écarte doucement les lèvres, plongeant ensuite ma main dans l’eau du ruisseau, pour en faire couler dans la bouche de la jeune femme. J’espère qu’au moins, elle avalera, et qu’elle se réveillera…