Watari observait Sayuri depuis l'endroit où il se trouvait. Avec l'infime regret de n'avoir pas de palace sous la main pour pouvoir loger cette princesse a la place de ce taudis. Une si belle poupée de porcelaine a la puretée et a la fragilité évidente méritaient de se trouvant dans un chateau de verre et d'argent, et non assise sur la pierre froide et rustique d'une vulgaire chambre de curé. Ces lèvres douces et rouges comme une cerise méritaient de mordre dans les mets les plus raffinés et non dans de vulgaires poissons insipides et sauvage qu'il n'aurait su accomoder. Watari se sentait manquer a tous ses devoirs de Gentlemen et cette situation le prouvait...Ah, au diable les rois dans leurs palaces et au diable les gouverneurs dans leurs riches demeures, ces gens n'étaient que des loques inférieures en comparaison a la beauté toute divine qu'affichait Sayuri et ces personnes auraient tôt fait de déguerpir de leurs domaines, qui de toute évidence convenaient mieux a la splendide beauté que déployait la belle Geisha...Une beauté pour laquelle il se serait volonté damné si un démon en eut eu le choix...
Plus que de la beauté physique, c'était une aura, magnétique, superbe qui poussait Watari a abandonner la raison pour se noyer dans la folie de l'être parfait qu'était Sayuri, buvant chacune de ses paroles, et accrochant a chacun de ses gestes. Il était a présent clair que la Geisha le tenait au creux de sa main et pouvait le mener a la baguette quand celà lui chanterais. Des chaines que Watari était ravi de placer a son cou si c'était pour se rapprocher de cet ange superbe...Mais a sa demande suivit immédiatement...Le silence, un court silence qui glaça les os et le sang du démon.
*Qu'ais je fais?Qu'ais je dit?Me trouve t'elle prétentieux?Me trouve t'elle grossier?Oh, ce silence me pétrifie et me terrifie, je ne saurais l'endurer plus longtemps, parle, je t'en prie, met fin a mes souffrances!*
Le visage du ninja restait néanmoins placide...Il ne manquerais plus que Sayuri arrive a lire sur ses expressions ce qu'il ressentait véritablement. Et soudain elle se leva, Watari regarda le spectacle comme si l'univers se mettait en branle. Elle saisit alors contre toute attentes Watari, destabilisant completement les quelconques strategies que le démon avait pu établir et pulvérisant d'un coup ses projets de seductions sur du court terme...La main du démon était glacée...Celles de Sayuri, chaudes et douces...Elle posa sa main sur son coeur, et Watari ne put s'empecher de rougir comme une adolescente quand elle le posa sur le sien...Il pouvait les ressentir les pulsations, les batements de ce coeur, de ce cosmos grandissant qui emergeait devant lui, il les ressentirait même dans les trefonds de l'enfer...Watari était subjugué, comblé...Une goutte de sueur unique se mit a perler sur le frond glacial du démon, glissant sur sa tempe pour se diriger bers le bas, montrant que même lui supportait difficilement l'intensité du mouvement...Il la laissa parler, s'accrochant a ses paroles comme on s'accroche a des ailes pour mieux s'envoler, s'accrochant a ses dires pour mieux pouvoir décoler et partir vers la lune, ces mots, ce contact, ces yeux, cette respiration et ces pulsations continues. Il n'y avait rien de plus pour mettre Watari dans tous ses états.
Puis elle le lacha, et ce fut comme si il avait été déconnecté, coupé du monde, tiré par les pieds de l'éclatante lumière pour être projeté a bas dans les ténèbres les plus obscurs et les plus bas que la terre ait porté. Aspiré par le désespoir, d'une perte irremplaçable, d'un contact qui ne pouvait plus continuer...Watari sentait que son esprit s'effondrait aussi facilement qu'un chateau de cartes. Si Sayuri voulait obtenir une main, un homme prêt a tout faire et fanatisé jusqu'au bout pour réaliser ses quatres volontés, alors elle était bien partie. Elle était même déjà arrivée. Elle n'avait plus a faire grand chose maintenant, mis a part continuer a jouer ce jeu...Tout n'était pas si simple...De quoi refroidir les ardeurs du démon plus que nécéssaire...Il regarda le poisson dans sa main, allait t'il oser croquer ses lèvres a l'interieur?Bien sur que oui!Qu'est ce qui l'en empechait!Il commença a mordre délicatement dans celui ci, ne voulant pas manquer de respect a son invité...Leur regard se croisait la tension montait, et des frissons parcouraient l'échine du démon, qui était prêt a essuyer n'importe quelle humiliation pour réussir a convaincre Sayuri de l'honnètetée de ses intentions sur le moment...
Alors que son regard était piégé dans le sien elle défit alors ses cheveux, déployant un déferlement, une cascade de ces divins cheveux qui se deversèrent sur sa nuque. Un geste absolument anodin mais qui n'en finissait plus de ravir Watari et de lui faire se poser des questions...Etait t'elle en train de jouer avec lui?Quel jeu cruel...Quel jeu délicieusement cruel...La regarder manger ce poisson et réver d'être a la place de celui ci, d'être en contact avec des lèvres aussi délicieuses. Il échangerais la place du fichu animal quand il le voulait...Pouvoir se poser sur les lèvres de Sayuri...Entrer dans sa gorge pour se reposer au creux de ses reins...Tout comme ce poisson...Ces trois bouchées semblèrent une eternité et finalement elle lança a nouveau avec délice...Elle n'avait pratiquement pas touché au poisson, soit elle avait un appetit d'oiseau, soit la nourriture était infecte et Watari fut pris d'un sentiment de culpabilité, de ne pas avoir des mets plus rafinés a fournir a la belle japonaise. Elle se plaça alors dans un Seiza parfait et se mit a méditer comme le faisaient ces femmes...Il eut du mal a retenir un déglutissement qui eut facilement fait sortir un peu de vapeur de la bouilloire gigantesque qu'était son corps...Il avait l'impression que de la vapeur allait bientôt jaillir de ses oreilles et de son nez, suivi par un filet de sang, symbole de l'excitation dans les pays du soleil levant...
Sayuri était forte, de ce genre de force que le ninja n'arriverais jamais a battre...Soudain son cerveau sembla s'être légèrement refroidi et se mit a s'interroger.
*Encore une enigme, ô douce torture, encore un pas élégament placé sur le coté, encore un geste élégament effectué comme une aile de papillon brassant gracieusement les airs pour s'envoler un peu plus loin, désesperant le pauvre fou que je sus et qui tente désesperement de l'attrapper?Mais peu importe comment je manie mon filet, elle esquive magnifiquement, et s'envole un peu plus loin, me forçant a observer l'hypnotique danse de ses ailes et me poussant a la suivre jusqu'au bout du monde, est ce que pareil tourment n'aura jamais de fin?Est ce que mes efforts sont vains?Dois je souffrir de voir ce papillon s'envoler au dessus de ma tête sans que jamais mes mains puissent s'élever assez haut pour l'atteindre?*
Watari se leva et décida de se placer également en seiza, callant ses pieds sous ses fesses tout comme Sayuri, se posant devant elle, avec ce léger soupçon d'audace qui le carractérisait. Il joignit alors les mains et s'inclina aussi bas du sol qu'il put, signe d'éloge a une personne a laquelle il portait un puissant respect, le plus grand dont il était capable, ce genre de saluts étaient bons pour les seigneurs et les rois...Car il ne faisait aucun doute que Sayuri regnait a présent sans partage sur son coeur
"Merci pour le repas."
Fit il, comme il était d'usage avant de se relever. Watari en était arrivé a savourer les secondes de silences entre les paroles qu'ils échangeaient, la douce bise muette electrisant sa nuque comme la foudre. Il était vrai que dans la diplomatie japonaise, les choses prenaient un temps extremement long, également dans la séduction, aussi décida t'il de se calquer sur Sayuri et de lancer avec placidité
"Il est vrai, Commença t'il Il est vrai que la vie s'écoule en nous comme dans tout être et que l'existence est d'une rare complexité. Mais n'est ce pas cette difficulté qui rendent les choses si simples pour ceux qui en connaissent les usages?Et dans cet usage complexe, ne perdons nous t'on pas de vue les choses simples qui nous définissent véritablement?Vous êtes une personne dont la complexité autant que le raffinement me poussent a admirer de toute mon âme, car la votre est sans aucun doute travail d'orphèvre, et je crains malheureusement que rien dans ce que m'a enseigné ma famille au cours de ces années ne m'a préparé a me confronter a un tel déchainement de virtuosité, de magnificence dans la contemplation d'une âme."
S'inclinant a nouvea, il lança après une courte pause
"Et moi qui ait grandi parmi les nobles je peux assurer que la découverte de votre personne en cette soirée les a dépourvu de ce titre en votre profit."
Sayuri allait t'elle remarquer que Watari avait parlé de sa noble naissance?Après tout il était vrai que si il n'avait plus rien maintenant il avait été batard dans une prestigieuse famille d'Ashnard. Il se suspendit alors aux lèvres de la belle Geisha, attendant désesperement sa réponse, comme si sa vie en dépendait.