Erwan n’aurait pas pû expliquer ce qu’il faisait là. Les yeux rivés vers un monde imaginaire sorti tout droit d’un lendemain de soirée brumeuse, il n’inspectait rien d’autre que des alentours dont il ne percevait que la silhouette, mais pas le sens. L’alcool qu’il avait – trop – consommé la veille lui tapait à l’esprit, laissant entendre qu’une migraine pourrait le poursuivre tôt ou tard. Mais pour le moment, ce n’était pas son inquiétude première. Il ne voulait que revenir à la vie. Ou, en tout cas, que le destin l’assomme d’un coup de chance. Que ce soit un billet trouvé au sol, un paquet de cigarette entier oublié, une jeune femme abandonnée …
Il fronça les sourcils, brusquement. Il avait l’étrange sensation de ne pas savoir où il était. Il s’était dirigé, sans trop y croire, vers le parc. Il poussa un vaste soupir, s’allumant une cigarette avec délectation et patience. Il continua de marcher, cherchant un endroit où se poser. Ses longues jambes lui faisaient un peu mal. Il se baladait, à dire vrai, depuis plus d’une heure. Et c’est en tournant, reconnaissant le chemin menant au bassin, qu’il la vit.
Une sculpturale créature, qui ne semblait qu’être un songe. Il vérifia sa cigarette. Non, celle-ci était normale ; ni drogue ni autres substances hallucinatoires. Il rayonnait de cette femme quelque chose d’intriguant … il resta immobile, la fixant un moment, avant de se diriger vers elle, la cigarette entre les doigts. Il n’eut pas d’autres idées que de s’asseoir prés d’elle, sur le même rebord du bassin, ses yeux fixant le lointain. Il reprenait petit à petit conscience qu’il était bien vivant. Il s’assura qu’il ne portait rien de risible ; non, juste une chemise blanche et un pantalon noir, chose habituelle. Et une veste, noire elle aussi. Et une cravate qui n’était pas à lui, et qui était accrochée négligemment.
Il se tourna vers elle, la fixant sans détourner le regard.
- Je ne vous avez jamais vu par ici, souffla t’il.
Il n’avait pas forcément un ton langoureux, mais une attitude qui se voulait séductrice. Comme d’habitude le concernant … Il eut un petit rire.
- Excusez-moi … Ne croyez pas que je vous veuille du mal …