Huntress rigola. Un rendez-vous galant, hein ? Elle lui fit un clin d'oeil et lui envoya un baiser :
- Il faudrait déjà que tu gagnes. Ne vend pas la peau de l'ours avoir de l'avoir tué. Mais soit. Pourtant, il n'y a pas que toi qui doit gagner un bonus. Alors si je gagne... TU payes le restaurant.
Puis, avec un sourire, elle redressa sa moto, tel un destrier, et roula sur une roue. Par dessus le vacarme, elle cria à Oklan :
- Tic tac, tic tac !! Le temps passe !!
Et sans plus attendre, Huntress fonça vers le lieu de rendez-vous, le pont Shijo. Elle prenait volontairement des rues bondées, rien que pour la plaisir de voir Oklan la suivre, la doubler parfois, pour mieux reprendre le dessus. Une voiture freina brusquement devant elle, et Huntress s'en servit comme d'un tremplin pour narguer Oklan d'une nouvelle cascade. Ils arrivèrent en même temps sur le pont, freinant ensemble dans un parfait synchronisme. Huntress applaudit et regarda le yakuza dans les yeux, avant de dire une "Bravo" en français. Elle descendit de sa moto et resta appuyée dessus.
- Bravo, jeune homme. Finalement, tu ne roules peut-être pas en trottinette en temps normal...
Elle pointa la longue avenue où malgré l'heure matinale, des gens s'affairent déjà à monter des stands.
- Mais le plus dur est à venir. J'espère que tu seras assez habile pour éviter tout ce beau monde et leur marchandise - j'adore le Gion Matsuri, je ne voudrais pas qu'il y ait une fausse note parce qu'on a cassé quoi que ce soit - et j'espère que tu seras suffisamment honnête pour me dire si tu as cassé quelque chose.
D'un ample mouvement de la jambe, elle remonta sur sa moto, posa un doigt sur ses lèvres. Cinq heures du matin sonnaient au temple tout près, et elle leva le doigt posé sur ses lèvres pour qu'il écoute. Nul doute que le cinquième coup serait le coup de feu qui donnerait le départ. Et sans se soucier de lui, Huntress fonça au cinquième coup de cloche. Les premiers stands, vaguement organisés, étaient aisés à éviter. Il y avait ensuite cinq cent bon mètres où les caisses étaient disposées n'importe comment sur la route, contenant pour la plupart des fruits et autres délicieuses sucreries. Une fois de plus, l'héroïne se servit d'un toit pas encore construit pour faire voler sa moto à nouveau, et atterrir lourdement sur le béton, slaloma entre de nouvelles caisses et franchir la "ligne d'arrivée", marquée par ce qui allait être l'entrée du festival, une longue banderole à l'entrée de l'avenue. Huntress dérapa et rejeta ses cheveux en arrière, cherchant des yeux son adversaire.