Quoi que pouvait en penser Marine, Kal ne se moquait pas d'elle et ne la mettait pas en défaut. Non, cette curieuse histoire le titillait, tout comme le fait qu'elle s'y accroche autant. Quelque part, c'était aussi une question de sécurité car le flic se voyait mal laisser en liberté une gentille cinglée qui se prenait pour la petite soeur du Terminator, d'autant plus qu'elle voulait enseigner dans un lycée. Kalhenn restait un flic avant tout et ne perdait pas de vue la sécurité de ses concitoyens.
Par contre, la rousse semblait s'en foutre royalement, impossible à dérider qu'elle était. Froide comme la glace éternelle et aussi agréable qu'un coup de matraque derrière les genoux. Marine n'avait pas sourit, pas plus d'ailleurs qu'elle n'avait cherché à trinquer avec lui. Kal ne s'en était pas vexé, habitué à ce genre de réactions un peu primaires et tellement prévisibles... Bien des gens refusaient de se lier avec un flic, surtout si ces personnes avaient des ombres à dissimuler.
- Vous dire le contraire serait faux, c'est vrai. Mais je vous rappelle que si je suis là c'est pour vous laisser une chance de me convaincre.
Non, il ne la croyait pas. Kal était terre à terre malgré ses propres "particularités" qui le poussaient à croire que peut-être y avait il à travers le monde des choses dont la population ignorait tout. Aprés tout, Marine n'aurait peut-être jamais jamais cru que son interlocuteur pouvait agir sur ses propres os et même les extraire de son corps sans grand mal, ce qui aurait ramené les compteurs à zéro entre eux.
Pourtant, la rousse accepta de lui parler davantage de son camp, évoquant ainsi un endroit clandestin formant des enfants-soldats. Donc, si c'était vrai... Marine était une sorte d'Amazone des temps modernes pour qui tuerie et combats étaient choses aisées. Jettant un oeil à la part de pizza de sa voisine qui ne semblait pas vouloir y toucher, Kal la laissa continuer afin d'exposer trés froidement ses choix de carrière.
- Une combattante philosophe ? Interessant concept, même si je ne suis pas sans me demander comment cela peut vraiment se traduire.
Son hôte n'ajouta rien, préférant se lever en lui disant tout simplement qu'elle allait revenir. Kal haussa un sourcil mais se contenta d'acquieser d'un mouvement de tête, se demandant ce que la belle lui réservait alors qu'il dévorait avec appétit l'excellente pizza qui prenait un sacré coup dans l'aile. La bière se vidait elle aussi, accompagnant les aliments. Reparti dans ses pensées, Kal n'entendit pas Marine revenir avant qu'elle ne l'apostrophe afin de le faire se retourner.
- Hmm ? Oh, ben merde...
D'abord, ce ne fûrent pas les sillons des cicatrices qui le clouèrent sur place la bouche à moitié ouverte, mais la tenue légère qu'avait adoptée le morceau de classe qui se présentait à lui dans un joli ensemble noir de lingerie. Kal avala difficilement la bouchée qu'il avait encore dans le palais puis détailla plus avant la jeune femme, découvrant d'un sourcil haussé les courbes grossières qu'avaient laissé des lames, des morsures de fouet et d'autres instruments du même acabit. Les griffures sur la cuisse gauche étaient quant à elles plus qu'impressionnante et rappellèrent tout de suite au policier celles qui ornaient le buste d'un malheureux attaqué par un trigre au cirque de la ville. Marine avait du vécu, c'était certain, et le cuir solide.
La belle fît ensuite volte face, exposant à la vue de son invité son dos tatoué, lui aussi zébré. La tête encore sous le choc du spectacle un peu morbide, Kal tenta de répondre le plus intelligiblement qu'il le pût.
- Je... Faut admettre... Enfin... Y'a un fond de vérité, c'est... Certain... Merde alors...
Une femme ordinaire ne se faisait pas ce genre de blessure, non. Et d'ailleurs, une femme -où un homme- ordinaires n'y résistait pas facilement. D'accord, Marine n'avait sûrement rien d'une simple sans-papier. Et puis cette manière de présenter la chose... Pfiu, la rouquine était une drôle de nana, à n'en pas douter.
Kal la vit repartir, réalisant au passage qu'elle avait également de superbes formes généreuse et un fessier qui appellait à avoir les mains balladeuses. Quoi qu'elle aurait probablement tenter de lui briser quelques doigts si il avait eu un geste déplacé, c'était clair.
Lorsque Marine revint, ce fût Kal qui ne toucha plus à sa pizza, l'esprit noyé dans les questions générées par ce qu'il venait de voir. Que devait-il vraiment en penser, au final ?
- Une démonstration de... Combat ? Et bien...
Kal avala un bout de pizza et un nouveau trait de bière, avant de dégainer lentement son arme. Sans se presser et sans rien expliquer, le flic en ôta le chargeur qu'il posa sur la table de verre. Tirant sur le canon, une balle engagée sauta hors du magasin pour être récupérée en vol par l'inspecteur. Ceci fait, Kal déposa le revolver à côté de son chargeur.
Tout en remontant ses manches, le policier continua de parler.
- Je suis d'avis de dire qu'il faut se mouiller un peu pour prouver sa foi. Comme dans les croisades, ce genre de trucs.
Doucement, Kal coupa un dernier morceau de pizza qu'il enfourna sans se presser avant de reposer la fourchette, gardant le couteau en main.
- Marine ? Désolé pour ça.
Le geste parti comme une balle, sans prévenir. Le couteau dans la main de Kal vola vers la jeune femme dans un petit sifflement. Facile à esquiver oui, mais déjà le poing fermé de l'homme fonçait vers la mâchoire de son hôte. Visiblement, Kal savait comment frapper et n'était pas un simple bagarreur. Si Marine était celle qu'elle prétendait... Elle n'aurait pas de réelles difficultés à s'en débarasser, mais il était certain qu'il continuerait son petit jeu et ne s'arrêterait pas aux premiers échanges, prêt à bondir comme prêt à se défendre.