Contre l'acier du couloir de la coursive, la tête de l'homme vêtu en treillis militaire claqua dans un bruit sec alors qu'un gémissement de douleur s'évadait de sa bouche. Il s'écrasa sur le sol dans un bruit mate, un filet de sang lui coulant contre la tempe. Celui là ne bougerait plus, déjà. Glissant le long du mur qui avait sonné le simili-soldat, Kal s'accorda quelques secondes pour souffler un peu alors qu'il extraiyait le chargeur de son arme de service pour en vérifier le contenu qu'il s'assura être encore complet. C'était déjà ça.
Réenclenchant le chargeur dans un "clac-clac" caractéristique, l'inspecteur soupira avant de se relever pour rapidement repartir vers sa destination qui se trouvait à quelques mêtres de là. Heureusement pour lui, le bateau ne tanguait pas énormément et cela lui facilitait la tâche sans qu'elle en devienne moins titanesque. Merde, Kal se faisait l'effet de John Maclane prit au piège dans la tour du Nakatomi Plaza dans Piège de Cristal. Il l'avait vu des dizaine de fois et espérait seulement que quelque chose lui soit utile dans cette fiction.... Parce que là, il faisait partie intégrante du scénario.
***
-Ferry touristique, au large de la baie d'Okinawa, 1H plus tôt-
Kalhenn avait embarqué pour des raisons professionelles. L'inspecteur avait des comptes à rendre à des supérieurs autres que ceux qui le dirigeaient habituellement et ça ne l'enchantait pas vraiment. L'homme ne connaissait pas Okinawa et préférait éviter de quitter sa circonspection normale pour ne pas laisser derrière lui des affaires en cours. Mais il n'avait pas le choix et devait se plier au règles parfois absurdes de la hierarchie. Il s'était donc porté sur un ferry qui le menerait à bon port en deux jours au vu des nombreuses escales. Bah, ça lui ferait voir du paysage et avec un peu de chance rencontrer une fille où deux. D'ailleurs, le flic n'avait pas été sans remarquer la prof qui semblait accompagner quelques étudiants, sûrement pour un quelconque voyage. Une jolie fille sacrément bien foutue et brun en plus, tout ce qu'il aimait ! Il avait chassé ses idées plus où moins perverses et séductrices au placard, comme à son habitude. Cette nana ne le remarquerait sûrement pas et avait certainement d'autres chats à fouetter. Toutefois, Kal l'avait saluée d'un mouvement de tête et gratifiée d'un sourire un peu bêta en pensant qu'a un moment elle l'avait regardé. Une impression, sans doute.
Tout avait dérapé un peu plus tard lorsqu'un groupe douteux était monté à bord à la dernière escale, un peu avant qu'une annonce du capitaine ne fasse se réunir tout les passagers dans la grande cafétariat qui faisait office de restaurant. Un plan que Kal avait senti puant, impression confirmée par les armes que dégainèrent les bandits montés en dernier dans le Ferry. Une prise d'otages, l'équipage n'avait pas été épargné. De là, celui qui semblait être le chef s'était exprimé à tous dans un japonais réhaussé d'un fort accent russe.
- Vous être monnaie échange. Vous être argent potentiel si gouvernement céder à exigences de nous ! Sinon...
Sans autre forme de procès, le lascar (un vraie montagne de muscle avec zéro cheveux et un bouc tressé terminé par une perle, un look dégueulasse) avait dégainé un 357 Magnum et avait tiré dans l'estomac du capitaine, faisant serrer les dents et les poings de Kal qui avait esquissé un mouvement, coupé par un coup de poing à la mâchoire et d'un "Pas BOUGER !" aboyé par un des soldats. Se massant le visage, le flic n'avait pût qu'assister à la "discussion" vidéo entre les terroristes et les autorités. Le prix était exhorbitant et les terro' prêts à tuer, comme ils l'avaient prouvés.
Rapidement, les passagers eurent les poings liés par des attaches de plastiques solides et emmenés à différents points du bateau en groupes disparâtes. Kal suivi la direction de la prof et de son groupe d'élèves, qui étaient amenés vers les cales arrières. Deux gardes seulement, un devant avec les étudiants et l'autre derrière avec Kalhenn. Rapidement séparés des jeunes et de leur instit', le flicaillon se retrouva en tête à tête avec son gardien. Suivant des yeux les autres victimes (et sans s'arrêter sur les courbes superbes de la brune, excercice difficile), Kal les vit se faire enfermer dans une pièce qui devait être la réserve de nourriture. Parfait, il ne les auraient pas dans les pattes.
Si les liens n'était pas faciles à briser, on pouvait les couper. Pour Kal, s'était simple... Il suffisait qu'il se fasse pousser un os de la main assez tranchant pour qu'il tranche le plastique et le tour fût joué. Par surprise, le jeune homme fondit sur son garde pour lui asséner un coup de poing violent sensé le terrasser. Mais finalement, un combat s'engagea et Kal ne dût sa victoire qu'a un mur providentiel qui rencontra puissament la tête de l'homme. Imbécile, il ne lui avait même pas ôté son arme portée sous sa chemise débraillée.
***
Kal poussa finalement la porte de la prison improvisée du groupe d'étudiants pour les tirer d'affaire. Bon, techniquement il aurait dû tenter sa chance tout seul, oui. Mais il ne comptait pas les emmener avec lui et envisageait de leur trouver un moyen de filer, un canot de sauvetage peut-être. Aprés il... Enfin, il ne savait même pas, dépassé qu'il était par la situation. Kal n'était pas un superflic non plus et se sentait dépassé par la situation.
Refermant la porte derrière lui pour s'assurer d'un minimum de tranquillité, il s'y adossa finalement et passa son regard sur le groupe en esquissant un sourire clairement comédien mais qui tentait de se vouloir rassurant.
- Police, ne vous en faîtes pas...
Sortant sa plaque de la poche de son jean, Kal la montra à la ronde avant de la ranger. Cette fois, il chercha le regard de la prof pour qu'elle l'aide à obtenir la confiance de ses élèves... Si elle même en avait en lui, au moins un minimum.
- Tout va bien ici, les enfants, mademoiselle ?