Persephone était bien sur le Mont Olympe. Le soleil lui chauffait délicieusement la peau et faisait briller ses cheveux. Une petite brise venait lui apporter un peu de fraîcheur et l'empêchait ainsi d'avoir trop chaud. C'était une journée idéale selon elle. Elle paressait, encore plus qu'une figure royale... Son altesse avait caressé aujourd'hui l'idée d'allée à la piscine. Mais il faudrait y aller. Et rien ne pressait en réalité, si? N'avait-elle pas l'éternité devant elle? Elle pensait bien que si. C'est pourquoi elle se retourna et passa de la position allongée sur le ventre à allongée sur le dos, faisant un pousser un épi de blé d'un geste simple de la main pour mieux pouvoir le cueillir et le mettre dans sa bouche.
Au dessus d'elle, le ciel était bleu. D'un bleu pur, sans nuages, sans oiseaux... Le vent venait d'en bas, et amenait avec lui les murmures de la villes, les discussions des meuniers, de leurs femmes, des habitants en fait et parfois des sons que Persephone ne reconnaissait pas. Ils ne lui étaient pas complètement étranger, mais ils sonnaient comme une musique que l'on a connue par coeur, il y a longtemps, et qu'en la réécoutant, les paroles sautent dans votre bouche, tellement que vous avez l'impression de la redécouvrir. Avec les sons venaient les odeurs également. Nombreuses et toutes différentes les unes des autres, elles formaient un bouquet garni qui ravissait la toute jeune déesse. L'odeur qui supplantait toutes les autres cependant était le parfum d'une plante verte aux multiples usages et dont le goût était recherché comme accompagnement de nombreux plats mortels: la menthe. Conjuguée avec la petite brise d'été qui courait occasionnellement sur sa peau, peau qui dorait lentement au soleil, Persephone gardait toujours une sensation de fraîcheur, elle ne pouvait s'en départir.
Ou alors, peut-être étaient-ce ses vêtements qui lui donnaient cette illusion? Il faut dire que, étant une déesse, Persephone n'aimait que peu devoir se vêtir. Dans ses souvenirs, ils erraient tous nus ou presque. Bacchus lui devait porter ses vêtements... Tout Dieu qu'il soit, son physique n'était pas des plus agréables. Héphaïstos également si sa mémoire était bonne. Et Triviia? Peut-être. Et Hadès...? Les sourcils de l'apparente jeune femme se froncèrent. Elle n'en gardait aucun souvenir. N'avait-elle jamais été confrontée au Dieu des morts par le passé? Peut-être pas finalement. C'aurait été grottesque pour la fille de la Déesse qui faisait figure de mère nourricière, fertile et donneuse de vie que de même converser avec le Dieu qui symbolisait son parfait contraire. Toujours est-il que pour le coup, elle ne portait que le minimum syndical. Une bande de riche tissu pour couvrir sa poitrine et une bande plus large nouée en paréo pour dissimuler son intimité. Pas de bijoux, seulement un bout de lierre passé et emmêlé dans ses cheveux, à l'arrière de sa tête.
Forte de ses déductions, Persephone retrouva le sourire. Elle se rallongea et pivota de nouveau, se remettant sur le ventre, une main sous son menton alors que la seconde caressait doucement les nuages pelucheux qui passaient par là, en dessous d'elle, et les écartait avec lenteur afin de pouvoir observer les mortels. Aux pieds directs du Mont, les temples. Un soupir de désolation lui échappa. Celui construit à la gloire de sa mère était un peu vide... Celui de la déesse de l'Amour en revanche avait l'air très animé. Persephone se mit à songer à l'idée d'aller y faire un tour... Mais plus tard. D'abord, son tour d'horizon. Elle voulait jouer les voyeuses et s'inspirer, se trouver des choses à faire en pompant des idées dans ce qu'elle pourrait voir des Terranides.
Elle fut vite déçue cependant. les terranides n'étaient pas très intéressants. Ils travaillaient, volaient, forniquaient ou se promenait... Mais aucun d'entre eux n'apporta à Persephone l'idée géniale qu'elle attendait. Lui vint alors une idée. Peut-être pourrait-elle créer un peu d'agitation dans ce monde si ennuyant de par sa monotonie? Méditant la question, sa main se mit à tournoyer lentement sur un nuage, qui sans qu'elle ne s'en rende compte, noircissait de plus en plus. Persephone elle, était plongée dans une intense réflexion.
Comment lui avait-on dit qu'on déclenchait les tempêtes déjà? Un geste simple de la main, qui consistait à emprisonner le vent, et l'ouverture de la paume au niveau de la bouche avant de souffler dessus? La puissance du souffle devait déternier la violence de la tempête. De la simple brise au cyclône, tout dépendait de l'humeur du Dieu ou de la Déesse à l'origine de cette démarche. Elle hésitait malgré tout à se lancer... Et si elle faisait une bêtise?