Le soir commençait à tomber, la nuit promettait une température clémente pour un ciel majoritairement dégagé, quoique parfois quelque peu voilé de petits nuages. Blancs, ils ne le seront pas dans la nuit. Ils seront plutôt gris, violets, noirs ou bleu marine. Couleurs éthérées, loin de ce blanc cotonneux qui leur a valu leur renommée. Et Alana et bien, elle flânait. Il y avait longtemps qu'elle n'était plus venue sur terre, ayant passé la majeure partie de sa vie depuis plusieurs mois dans les temples, d'Aphrodite évidemment, mais également des autres Dieux. Le travail et les occupations ne lui avaient pas manquées, grignotant plutôt les forces de la jeune femme petit à petit. Ce moment, elle l'avait attendu un long moment. La première vraie "pause" qu'elle s'autorisait depuis plus de quatre mois... La moindre des choses que l'on pouvait dire à propos d'Alana, c'est qu'elle n'était pas fonctionnaire... Sa nuque était d'ailleurs endolorie, raison pour laquelle la main de la rouquine alla s'y loger pour la frotter avec minutie. Une fois un peu soulagée, elle écarta ses longs cheveux roux de son visage, puisqu'il y avaient été poussés par un petit vent frais, et poursuivit sa marche.
Pour déambuler dans les rues de Seikusu, Alana avait cru bon de troquer ses robes de prêtresse pour des habits "normaux", à savoir un jean serré, du style de ceux que portaient les jeunes femmes de l'époque, un débardeur qui lui faisait un généreux balconnet, des bottes dont les talons claquaient au gré de ses pas et une veste en jean pour accompagner le tout. Elle passait parfaitement inaperçue. Ou peut-être pas, mais le fait était qu'elle avait l'air complètement "normale".
Ses tribulations la menèrent près de la pension où Sibylle avait sa chambre, et le hasard voulu qu'elle passa non loin de la jeune femme lorsque celle-ci quémanda à la cantonade du feu. Évidemment, les cris attirent l'attention, celle d'Alana également, qui, les mains dans les poches, s'arrêta une secondes pour fouiller dans ses autres poches. Celles de devant de sa veste, celles de son jean, sur les côté puis derrière... Elle trouva enfin ce qu'elle voulait: une petite boîte d'allumettes. Elle aussi brûlait beaucoup d'encens et elle trouvait que ces petites choses étaient très pratiques, elle avait donc pris l'habitude de toujours en avoir une boîte sur elle. Elle s'approcha donc de la quémandeuse, avec un aimable sourire aux lèvres.
"Je crois pouvoir satisfaire votre demande..."
La petite boîte dans les mains, l'allumette sortie et la tête prête à frotter contre le papier de verre pour s'enflammer, Alana suspendit son geste, reconnaissant l'odeur familière des effluves d'un bâtonnet d'opium qui se consumerait. Elle leva les yeux, et trouva l'origine de cette fragrance perdue dans les cheveux de la jeune femme à laquelle elle faisait face. Le sourire de la prêtresse s'élargit et, se hissant sur la pointe des pieds, elle ôta la brindille au bout légèrement rougeoyant des cheveux de Sibylle, faisant défaisant malheureusement sa coiffure.
"Pourquoi réclamer du feu si vous en avez? Si je puis me permettre, vos cheveux sont beaux, vous gagnez en attrait à les laisser flotter sur vos épaules. Et il serait dommage qu'ils s'enflamment à cause de ceci, non?"
Elle lui tendit le bâtonnet, ainsi que sa petite boîte d'allumette.
"Cela étant dit, je me plierai volontiers à votre préférence. Allumette ou non, le choix est vôtre."
Souriant toujours, son regard illuminé d'une petite lueur d'espièglerie, Alana haussa les épaules et laissa la jeune femme faire son choix.