(et hop, un petit
thème aux paroles délicieuses, huhu)
Miya était une dure à cuire. Elle avait décidé de ne pas céder à Don, alors elle ne le ferait pas. C'était ce qu'elle s'évertuait à penser, en tout cas. Malgré l'effet des drogues de la nourriture qu'elle touchait à peine, la demi déesse refusa de se laisser approcher par ses deux colocataires ; elle n'était pas homophobe tant que ces saloperies de lesbiennes de l'approchaient pas. Elle pleurait souvent, roulée en boule dans un coin de la cellule, et pensait souvent à son frère. Selon l'humeur et le moment de la journée, ses pensées allaient de "Mais qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça, Jhun ?" à "Je vais le tuer, et tu ne seras pas là pour m'arrêter, cette fois, et PUTAIN t'es censé veiller sur moi, Jhun !!"
Alors, chaque jour, elle subissait, toujours en silence. Miya refusait de lui faire le plaisir de gémir ou de crier, quand bien même, à force, au bout de plusieurs jours - ou semaines ? Peut être même mois ? Elle avait perdu la notion du temps - il fallait avouer qu'elle l'attendait. Chaque fois qu'elle entendait ses pas, elle luttait contre l'envie -le besoin- de son corps, et se forçait à prendre une pose qui se voulait désinvolte, un brin rebelle. Mais il finissait toujours par gagner, elle avait rapidement compris qu'avec son immortalité qui jouait au yoyo, c'était toujours ça de pris d'éviter d'être rouée de coups. Miya pensait encore avoir le contrôle de tout, alors même que toute idée de fuite avait déserté son esprit.
Et puis, il y avait cette histoire de nausées matinales qui lui faisait une peur folle. Elle avait déjà donné dans cette histoire de grossesse, et elle refusait de tout go de subir ça. Il lui restait assez de haine envers l'esclavagiste pour ne pas se sentir heureuse de tout ça... Et peut-être n'était-elle enceinte que de deux mois, peut-être trois, son ventre restait encore sufisemment plat pour qu'il n'ait pas encore remarqué quoi que ce soit... Pourtant, il allait bien finir par le remarquer, et sans doute de la plus désagréable des façons.
C'était un matin comme les autres. Il était venu voir ses esclaves ; certaines partaient et ne revenaient jamais, de nouvelles venaient les remplacer. Et Miya attendrait qu'il vienne pour elle ; il finissait toujours par venir. Au moins arrivait-elle toujours à lui faire croire qu'elle ne lui était pas soumise parce qu'elle-même tentait de s'en persuader chaque jour. Pourtant, il fallait bien finir par admettre l'emprise qu'il avait sur elle. Lorsqu'enfin la porte de sa cage s'ouvrit en début d'après midi, Miya était assise par terre, bras croisés sur ses genoux pliés, son oeil doré si inexpressif le dardant à travers les mèches de ses cheveux emmêlés. Il l'avait saisie, sans douceur -elle aurait été folle d'en attendre de sa part, et on fond, elle aimait ça...- par le collier, plaquée au mur pour la prendre, peut-être un plus violemment que d'habitude... C'était peut-être aussi son corps qui devenait trop sensible... Toujours est-il que tous ces va-et-viens lui retournèrent le ventre, et pour la première fois depuis six mois, elle lui fit l'honneur d'ouvrir la bouche pour parler :
- Arrêtez.Sa voix était peut-être un peu trop suppliante, mais avec ce léger goût qui signifiait pourtant "encore". Elle se répéta une seconde fois, puis une troisième, les dents serrées. Elle connaissait l'endurence du Don, et il était vain d'espérer qu'il en finisse rapidement avec elle. Miya posa ses mains sur les épaules musclées, dans l'espoir tout aussi futile de le faire reculer, et tourna la tête sur le côté et vomir le peu qu'elle mangé. Après un "oh merde qu'est-ce qu'il va me faire", elle eut l'humour mal placé de penser : "A quoi bon appeler ça nausées matinales si ça me prend n'importe quand dans la journée ?"