Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Des bijoux et des embrouilles. v. Eugene.

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Dany

E.S.P.er

Des bijoux et des embrouilles. v. Eugene.

vendredi 25 octobre 2024, 18:34:49

Dany : Vos hommes n'ont rien vu ?

Dans un bureau immense, bien plus grand que son propre appartement, Dany se tenait face à un homme d'une soixantaine d'années. Ce dernier, à la tête d'une des familles les plus riches du Japon, était assis derrière son bureau, les coudes posés dessus, visiblement embarrassé par les récents événements chez lui.

Monsieur Hyuga : Ils n'ont rien vu, et ils ne pourront plus jamais rien voir.

Dany haussa un sourcil derrière ses lunettes noires, devinant que les hommes de son futur client avaient probablement rejoint les poissons.

Monsieur Hyuga : Je n'aime pas m'encombrer de gens inutiles qui abusent de leurs privilèges. Au lieu de surveiller ma résidence secondaire comme il se doit, ils préféraient vider mes bouteilles et profiter de la compagnie de femmes qu'ils faisaient venir... en parler m'agace.

Dany : Ce n'est pas grave, de toute façon s'ils ne sont plus là, cela ne sert à rien. Et les femmes présentes ?

Monsieur Hyuga : Celles qui étaient sur place au moment de la découverte du vol sont avec mes hommes.

Au fond de l'océan.

Monsieur Hyuga : Il y en a probablement d'autres que nous recherchons en ce moment.

Il était certain que d'autres femmes, plus discrètes, avaient décidé de partir rapidement et d’éviter de s’éterniser dès que le vol avait été découvert.

Monsieur Hyuga : Vous pensez être à la hauteur, mademoiselle ?

Dany : Oui.

Bien sûr que Dany était à la hauteur pour cette mission ; retrouver des bijoux volés était dans ses cordes, même si ce n'était pas ce qu'elle préférait. Pour récapituler, Monsieur Hyuga, qui possède une maison secondaire à la campagne pour y organiser des réceptions, s'était fait vandaliser. Ne disposant pas de caméras de surveillance, il n'avait pas d’enregistrement pour identifier le coupable. Ses hommes, qui devaient surveiller la maison jour et nuit, avaient quitté leur poste, préférant vider les placards et leurs poches. Ils n’étaient plus là pour en parler, mais il était possible que certaines des femmes soient encore en vie ; Dany allait devoir les retrouver et les persuader de parler. Les objets volés, qu'elle devait retrouver en priorité, étaient des bijoux : un collier dont elle avait une photo et une chevalière de famille, transmise de génération en génération.

Monsieur Hyuga : Si vous n'avez pas de questions, je vous laisse commencer vos recherches.

Dany : À bientôt, Monsieur.

Dany se leva de son siège, salua l'homme d'une courbette, puis quitta la pièce avec son sac de travail, en direction de la gare sans attendre. Elle prévoyait de se rendre directement dans ce petit village de campagne pour interroger les habitants ; le lieu, isolé, lui permettrait peut-être de savoir si des étrangers avaient été aperçus dans le coin. Durant le trajet, elle contacta Charly, qui travaillait sur une autre mission. Tous deux travaillaient en solo pour gagner davantage d'argent, les missions devenant rares et chacun jouant sur plusieurs tableaux à la fois.

Arrivée au village, Dany ne se rendit pas immédiatement à la résidence de son client ; de toute façon, elle avait déjà été fouillée de fond en comble. Elle préféra se diriger vers le seul hôtel du coin.

Dany : Bonjour, Monsieur, je souhaiterais une chambre. Il vous en reste ?

Gérant : Bonjour, Madame, bien sûr. Une simple ?

Dany : Non, je vais prendre une double, s'il vous plaît.

Dany allait en profiter, puisque c'était Monsieur Hyuga qui payait les frais. Elle observa les environs : une salle vide pour les repas, une autre, d’où venaient des bruits d'enfants, qui semblait être une salle de détente.

Dany : Vous avez du monde à cette période de l'année ?

Gérant : Toujours, oui. Beaucoup cherchent à quitter la grande ville pour profiter du calme de notre village et de nos services. Ici, par exemple, nous proposons des massages, un onsen extérieur, des ateliers de préparation du thé...

Dany l'écoutait distraitement. Il y avait donc beaucoup de monde dans le coin, ce qui ne jouait pas en sa faveur. Elle était cependant persuadée que le voleur était toujours là : Monsieur Hyuga avait déployé de gros moyens après le vol, établissant des barrages pour fouiller quiconque souhaitait quitter la région.

Dany : Merci, je vais y réfléchir.

Gérant : Je vous compte pour le repas de ce soir ?

Dany : Je prendrai un bento pour manger dehors.

Après avoir finalisé les formalités, Dany monta dans sa chambre pour y déposer ses affaires. Elle en profita pour observer les lieux par la fenêtre, cherchant tout signe d’agitation à l’extérieur. Le crépuscule ne tarda pas à apparaître ; Dany récupéra son paquet à la cuisine, prête à effectuer son premier tour d'observation en extérieur.
La sœur.



Le chien.


Eugene Erik

Humain(e)

Re : Des bijoux et des embrouilles. v. Eugene.

Réponse 1 samedi 26 octobre 2024, 13:09:25

Délesté d’apparats dont il n’aurait jamais le moindre usage, clinquants et onéreux comme seuls pouvaient l’être les vains vestiges d’une opulence qui ne l’était pas moins, le père Hyuga avait dégraissé sec. À son âge, quel qu’il fut, peut-être canonique à deviner le crin blanchi, il n’avait très franchement plus rien à prouver. À mettre en perspective de ce qui fondait son capital mal acquis, on ne l’avait pas même soulagé d’un fond de poussière dans un porte-monnaie, personne à sa place n’y aurait regardé à deux fois.
Mais Hyuga n’était pas personne, il est était devenu monsieur Hyuga. La traque engagée n’avait en réalité pas grand rapport avec quelque orfèvrerie que ce fut. C’est à la chasse aux principes qu’il l’avait lâchée, la Dany, car tout cela, en définitive, n’était plus qu’une question de principe.

Il aurait pu et, les juristes concernés en témoigneraient, il aurait eu tout à gagner à ne rien entreprendre de drastique suite à cette menue mésaventure. Seulement, le respect ne s’imposait pas avec le sourire et de ce respect, Hyuga en fut trop lourdement tributaire s’il souhaita qu’on persista à l’appeler « monsieur ». Passer l’éponge, lever les yeux au ciel pour une bagatelle, c’eut été la solution de sagesse. Or, de sagesse, il n’en était point question dans les eaux troubles au travers desquelles il avait navigué des décennies. Les requins de son engeance ne grisonnaient jamais ; pas à moins d’être les plus voraces d’entre tous. S’il était là où il était, et s’il compta y rester, le Yak’ le devait à sa propension à la violence. Qu’on le dévalisa ainsi de ses effets au nez et à sa barbe reniflait aux naseaux des charognards de sa race comme un signe de faiblesse. Et parce que ce qui chancelle ne demande qu’à tomber, quelques concurrents – sinon amis douteux – de monsieur Hyuga auraient pu interpréter l’événement comme un signal ; le moment où le vieux perdait la main, le top-départ pour la course à sa succession précoce.

S’il se montra si épidermique dans ses châtiments, le barbon, c’était encore car il voyait déjà sa tête sur le billot, qu’il sentait respirer contre sa nuque le souffle rauque et puant d’ambitieux qui n’avaient attendu leur tour que depuis trop longtemps. Les bijoux étaient moins qu’accessoires dans la hiérarchie de ses présentes préoccupation. Faire appel à un « ami », c’était ratifier de lui-même le dernier volet de son livret de famille. Des « amis », dans ses eaux troubles, Hyuga n’en trouverait aucun. C’eut été se mettre en position de faiblesse que de confier son sort à qui s’empresserait de devenir son bourreau ; aussi avait-il tapé dans le Gaijin. Dany, taiseuse, avait peut-être déjà tenu compte de tous les paramètres de l’équation dans laquelle elle y alla de sa retenue. De loin, on pouvait voir poindre l’aurore d’une guerre de succession chez les mauvaises gens. Si les joailleries ne retrouvèrent pas leur écrin, quelques balles perdues iraient peut-être se loger dans son charnu. Le beau guêpier dans lequel elle avait mis la main lui apporterait alors moins de miel que de douleurs.

Sans doute en était-elle déjà à brosser le portrait global des événements sans en laisser toutefois une trace dans un carnet. Qui avait bien pu lourder le vieux Hyuga de ces ornements qu’il destinait à ses maîtresses ? Une courtisane jalouse ? Un lieutenant aux dents longues, venu initier une étincelle dans une poudrière ? Peut-être même un gang rival, désireux de tumulte pour rafler le territoire ? Et si ça n’avait été tout simplement qu'un cambrioleur intrépide ? Sans compter que la thèse du génie criminel n’était pas à exclure.
À moins que ce ne fut Eugene Erik. Car parfois, la foudre tombait au mauvais moment sans qu’elle ne descendit du ciel pour une raison particulière, aussi on n’osa sans doute envisager que toute cette affaire partait d’un regrettable – très regrettable – malentendu.

Sur l’archipel, ce concentré d’imbécilité qu'était Eugene y avait atterri sans trop savoir comment ou pourquoi, ayant même oublié qu’il s’était égaré dans un container, ayant cheminé trois moins entiers à se nourrir de la marchandise qui s’y trouva jusqu’à ce que la cargaison fut déversée avec lui sur les rives de la baie de Yokohama. Son malheur – mais surtout de qui avait à le supporter – tenait à une malédiction dont il fit les frais pour le châtier de son intempérance passée. Le binoclard à verres noircis perdait en effet la mémoire des vingt-quatre dernières heures l’ayant précédé chaque fois que sonna minuit. Le problème n’en était que mieux gâté que son amnésie concerna tous ses souvenirs personnels à compter du berceau. Aussi vaquait-il en animal stupide, vagabondant sans le savoir vers un avenir de courte vue qui lui échapperait des yeux à compter du lendemain. Sisyphe l’avait heureuse en comparaison.

Ici au Japon – « terreuh perdue entreuh tradition et modérenité » comme aiment à le dire les commentateurs audiovisuel – c’était rien moins que l’affaire de Boucle d’Or et les Trois Ours que celui-ci, ce Eugene, avait rejoué. En badaud crédule, qui ne se doutait de rien car ignorant jusqu’aux risques qu’il prenait à chaque ineptie qu’il perpétrait allègrement, il avait, quelques jours auparavant, profité de la vacance d’une bien belle demeure pour s’en aller y sommeiller. Dans ses délires, car il se bricolait une identité à chaque matin en puisant dans un carnet de notes qu'il ne quittait jamais, Eugene s’était persuadé, et sans que ne ne s’esquissa ne serait-ce que l’ombre d’un doute, que la demeure qu’il s’en était allé investir avait été la sienne.

Aussi le frigo avait-il été mieux dévalisé que la boîte à bijoux avant qu’il ne piqua un roupillon et ne s’extirpa le lendemain des draps et cela, pour s’en aller dériver vers de nouvelles et improbables aventures. Les poches de son manteau bourrées de quincailles dorées et serties de joyaux – ce qu’il avait oublié – il avait repris sa route en vandale insoupçonné, pas même de lui-même.
Si le sang coula prochainement dans les rues de Tokyo du fait d’un règlement de compte en vue d’une usurpation d’un pouvoir criminel, la faute incomberait ainsi à un amnésique abruti et heureux de son sort à défaut de pouvoir d’en émanciper. Ça tenait finalement à peu de choses, une guerre de gangs.

Lorsque, sur le cheminement rigoureux de son enquête, Dany s’empara de son bento avant qu’elle n’œuvra sur le sentier de la traque, un inconvenant – et c’était peu dire du personnage – manqua de lui ébouillanter les paluches tandis qu’il abattit lestement une passoire sur la table de travail à présent trempée.
Après que le malséant eut accompli ses œuvres, il s’essuya le front d’un revers de bras et s’adressa à la bougresse du fait qu’elle fut sa seule interlocutrice environnante.

- Elle est mal foutue leur marmite. Jamais j’arriverai à faire cuire mes carottes là-dedans. En plus, c’est mal aéré, y’a de la vapeur partout et on crève de chaud. Comment tu veux qu’on fasse cuire ses pâtes là-dedans ? À moi ça m’a pris vingt minutes !

À situer sa provenance, de là où il fit son irruption fracassante, l’incongru revenait manifestement de l’onsen. À n’en point douter, cet illustre spécimen d’imbécile avait fait des bains une marmite de circonstance.
Pour sa défense, ce brave garçon, lui aussi pensionnaire de l'auberge, était très lourdement amnésique. Pour ne rien arranger à son malheur, il avait plus d’instinct que de réflexion en lui, aussi manquait-il de jugeote et de perspicacité à un point où chacun de ses choix, mal avisés pour la plupart, aboutissaient à une insanité comme le commun des mortels ne pouvait que difficilement en conjecturer.

Soufflant à force d’avoir eu à suffoquer tout habillé dans les onsens le temps de sa popote improbable, il réajusta le bandana blanc au-dessus de ses lunettes de soleil et annonça, avec allant et entrain :

- Bon ! Maintenant, au tour des carottes.

Ce fut sans compter les réserves d’ordre pratique que vînt formuler le propriétaire, lui aussi très porté sur les entrées brutales dans la cuisine. Lui avait au moins l’excuse de la colère pour motiver sa rudesse.

- Ma parole mais… mais… mais c’est vous qui avez laissé traîner des pâtes dans le Onsen ?!

Par confusion et par bêtise, Eugene interpréta le « vous » comme la deuxième personne du pluriel, ce qui contribua à attirer avec lui Dany dans les abîmes lorsqu’il se tourna vers elle pour lui demander :

- T’es arrivée à les faire cuire toi ? Les miennes sont encore croquantes.

- Qu’est-ce que c’est que ces Gaijins à la…, ravala le tenancier les dents serrées qui crut alors pouvoir les mettre dans le même panier de crabes, vous allez me foutre le camp de mon établissement et fissa ! Et croyez-moi que je vais téléphoner à tous les aubergistes et hôteliers du coin pour leur faire part de la nouvelle !

L’un ou l’autre n’eurent alors le temps d’expliciter leur plaidoyer que tout deux furent vertement foutu dehors dans le vacarme d’une vocifération furieuse. Eugene Erik était un paratonnerre dont il ne faisait jamais bon se trouver proche. Ainsi Dany fut privée de ses pénates temporaires, avec un bento en lot de consolation, par la faute cet improbable malheur qui l’accabla si tôt après son arrivée au Japon.

Tout en s’époussetant indolemment après avoir été viré en malpropre qu’il était, Eugene, qu’on savait bavard invétéré, ne put s’empêcher d’avoir le dernier mot ; ou même le premier du reste.

- Non mais tu l’entends celui-ci ? Le culot ! Y’avait des vieux qui barbotaient à poil dans sa cuisine, mais c’est à moi, à ce pauvre Eugene, qu’il va faire ses reproches. Ces sauvages, je te jure. Bon ! Reprit-il gaillardement comme si rien de notoire ne s’était passé. C’est pas tout ça, on à faire nous.

Parce que Dany et lui étaient les seuls étrangers du coin, et parce que l'aubergiste cru qu'ils étaient de connivence pour les loger à la même enseigne, Eugene n’envisagea pas la thèse du hasard, préférant imaginer opportunément qu’ils se connaissaient. Qu’elle ne partagea pas plus tôt sa chambre tendait à indiquer qu’ils n’étaient pas des proches, aussi en conclut-il, avec ce sens de la déduction approximatif qu’était le sien, que Dany et lui étaient collègues.

- Allez au boulot ! Attends, c’est moi ton chef ou c’est toi ma supérieure ? Je sais jamais.

La foudre, parfois tombait au mauvais moment sans qu’elle ne descendit du ciel pour une raison particulière. Si monsieur Hyuga et son aréopage en avaient récemment fait les frais, ce fut cette fois à Dany d’essuyer le cataclysme qui, sur un malentendu dont Eugene avait le secret, venait de s’ancrer à elle.

Dany

E.S.P.er

Re : Des bijoux et des embrouilles. v. Eugene.

Réponse 2 vendredi 13 décembre 2024, 21:16:49

Dans la cuisine, Dany se dirigea vers la table dédiée à la récupération des bentos. Dans un sac en tissu avec une étiquette portant son prénom, son colis l’attendait. Un papier accroché à la table détaillait son contenu, mais elle n’eut le temps de lire que deux lignes avant que la porte de la cuisine ne s’ouvre avec fracas, laissant entrer un homme. Le cuisinier ? Dany en doutait sérieusement. Peut-être un apprenti, à en juger par ses propos sur sa difficulté à cuire des pâtes et des carottes.

Dany : Vous devriez demander des conseils. Je suis certaine que des employés compétents seront ravis de vous aider avec vos… carottes.

Elle répondait par politesse, mais avait déjà pris son bento et se dirigeait vers la sortie quand le propriétaire força la porte à son tour, entrant avec rudesse. Vu son expression, il en avait gros sur la patate et semblait prêt à le faire savoir. Derrière ses lunettes de soleil, il était impossible de voir le regard perplexe de Dany. Seuls ses sourcils, légèrement relevés, trahissaient sa surprise. Elle se tourna vers l’homme au bandana.

Dany : Vous avez fait cuire vos pâtes dans le…

Puis elle regarda le propriétaire.

Dany : Attendez, vous ne le connaissez pas ?

Elle reporta son attention sur l’homme au bandana.

Dany : Non, moi, j’ai commandé un…

De nouveau vers le propriétaire.

Dany : Je ne suis pas avec lui. Je viens à peine d’arriver.

Mais parler était inutile dans cette situation. Le propriétaire, trop en colère, n’écoutait pas. L’autre homme, visiblement dans la lune, enchaînait des absurdités. Dany, de son côté, devait garder son calme pour éviter de faire des vagues. Faire sauter des têtes dès le premier soir n’était pas la meilleure solution pour rester discrète. Finalement, elle se retrouva dehors, son bento à la main, sa valise à ses pieds, avec l’inconnu à ses côtés, regardant la porte de l’auberge se refermer derrière eux.

Tout en écoutant l’oiseau pinailler à côté d’elle, Dany avait du mal à croire qu’il ne faisait pas exprès d’être aussi… ailleurs.

Dany : Des vieux qui barbotaient nus dans la cuisine ? Vous êtes sûr que c’était bien une cuisine ?

Elle se tourna vers lui, et du haut de ses deux mètres, pencha légèrement son visage vers le sien. Baissant ses lunettes, elle lui donna l’impression de le regarder de haut.

Dany : Vous êtes sûr que ce n’était pas plutôt un onsen ? Un bain public, où plusieurs personnes peuvent se baigner ensemble. Ce qui expliquerait les vieux nus, la vapeur, la chaleur, et le manque d’aération.

Autant lui expliquer directement. Il n’y avait pas beaucoup d’auberges dans le coin, et elle était certaine de le recroiser. Mieux valait éviter qu’il répète ses âneries.

Dany : Toi, chef ? C’est une blague ?

Elle se redressa, posant les mains sur ses hanches, imposant sa carrure impressionnante, bien au-delà des standards habituels.

Dany : Tu es mon larbin, mon commis. Pourquoi crois-tu que c’est toi qui étais aux fourneaux et pas moi ? Ici, c’est moi qui commande. Et à cause de ton erreur, nous voilà à la porte.

Elle décida d’entrer dans son jeu pour s’imposer comme la chef. Dany espérait qu’il allait l’écouter tout en gardant un œil sur lui. Elle n’avait aucune envie de se faire virer d’une auberge à cause de cet étrange énergumène.

Dany : Pour réparer ça, tu vas nous trouver une nouvelle chambre pour passer la nuit, avant que le propriétaire ne téléphone à ses contacts. Nous n’allons pas dormir à la belle étoile.

Elle n’en avait pas envie, même si elle aurait pu. Même une chambre miteuse ferait l’affaire. Mais pour l’instant, elle allait voir si son oiseau bavard allait l’écouter et croire en ce qu’elle disait. Un premier test.
La sœur.



Le chien.


Eugene Erik

Humain(e)

Re : Des bijoux et des embrouilles. v. Eugene.

Réponse 3 samedi 14 décembre 2024, 10:41:12

C'était être sage que de ne pas contrarier les fous, c'était être fou que de les seconder dans leurs inepties manifestes. La folle – car il fallait l’être au moins à demi pour seulement entrer dans son jeu – avait à présent glissé le doigt dans l’engrenage. Le reste suivrait et finirait broyé dans les mâchoires d’un destin facétieux ; celui qu’elle avait attiré sur elle en se compromettant avec le maudit. Elle ignorait encore tout de l’affliction que l’olibrius portait sur lui, mais à défaut d’en partager le sort, elle en ferait les frais collatéraux ; onéreux, ceux-ci. Ça coûtait cher de se négocier la compagnie d’un boulet de cet acabit ; on payait de sa personne jusqu’à s’y ruiner les nerfs.

- Mais auberge de quoi ! Fustigea l’imbécile d’un geste expansif et désinvolte comme les seuls cons les plus flamboyants pouvaient en commettre. Je suis riche patronne, faut croire que tu… pardon « VOUS » me payez bien. Faites pas la tête là, renchérissait-il en la devinant dubitative, même que c’est écrit dans le carnet.

Aussi lui placarda t-il presque le précieux calepin, condensé de sa mémoire de poche, en dressant le bras assez haut afin de lui faire parvenir sous ses carreaux teintés. Son employeuse fictive le surplombait en effet d’une tête au moins, et une sur laquelle s’affichait un visage sévère. Le minois lui trônait ainsi par-dessus une musculature qui, au-delà – très au-delà – d’une carrure vaguement athlétique, intimidait le commis. Ainsi conforté dans son rôle attitré de loufiat débonnaire et subordonné, le sous-fifre chercha dès lors à ne pas contrarier la cheffe, bien qu’il parut cependant tout faire afin d’attirer à lui son courroux. Il n’avait pas de mémoire Eugène, mais il lui arrivait d’avoir de l’instinct, tout notamment quand son interlocutrice avait sur la carcasse assez de muscles pour le pulvériser. Ce qui ne l’empêchait pas, au demeurant, au demeuré, de se confondre en gaffes et maladresses dont il n’était plus seulement coutumier mais maître-d’œuvre.

- Tiens ! Regarde-là, à la dernière adresse connue. 723 rue, Kakarumbaaaa… non… Nakamur… non.. Verlabaaaa… attends, je vais réussir à le dire. Agadez, y’a même une photo en plus.

Qu’il ne fut pas en mesure d’énoncer sa propre adresse eut matière à faire travailler soupçons et inquiétudes chez n’importe qui. Mais ce fut la mémoire de Dany qui se rappela à elle avant la consternation. Car cette adresse, elle la connaissait, de même que les deux statues – ou ce qu’on présuma comme telles – affichées sur la « photo » dessinée au feutre par ce qu’on espéra être un enfant déficient.

- Oui, voilà, Karakura. Je suis bête, elle sait où j’habite la patronne.

Cela ne se pouvait. Si on se refusa à suspecter le complot ou quelque conjuration que ce fut, la collusion fut trop improbable pour être accidentelle. Qu’un demi-débile lui brandit sous le nez la demeure même où elle laissait fureter son nez de limier ne pouvait tenir du hasard. Lui aurait-on mis un agent dans les pattes ? Et qui à la manœuvre, dans la coulisse, pour lui jeter l’impertinent ? Allié ou ennemi ? Cet improbable commis qu’elle se coltinait à présent ressemblait à un monceau de mystère avec une paire de lunettes de soleil par-dessus. La coïncidence ne pouvait être que fantoche, n’est-ce pas ?

Peut-être Dany ignorait-elle qu’un Japonais avait autrefois établi que les manieurs de stands étaient amenés à s’attirer les uns aux autres. Peut-être en allait-il aussi de même avec les emmerdes. Car c’en était une belle que celle dans laquelle elle avait mis le pied.

- Allez, on se dépêche ! J’ai encore des carottes à faire cuire. Parce que l’Eau Zen là, comme vous l’avez appelé, c’est clairement prévu que pour de la cuisson lente.

Prêt à entamer le sentier de son retour au bercail, d’un pas décidé et ferme, il s’arrêta net dans son élan impérieux puis interpela gauchement un passant en lui montrant de l’index le nom et l’adresse gravitant autour du terrible dessin inscrit dans son carnet cela, afin qu’on lui en désigna le chemin. Le mystère s’épaississait à chaque nouvelle agitation qui lui venait. Que ce fut chez lui ou non – et ça ne l’était pas – le 723 rue Karakura était apparemment une destination inconnue pour Eugene.
Rien n’avait de sens et, du sens, il ne fallait pas se tourner vers un spécimen pareil pour espérer n’en trouver ne serait-ce qu’une bribe.

Entraînée par cette bourrasque d’absurdité concentrée, Dany retourna ainsi sur les lieux du crime, désertés pour l’occasion, le propriétaire légitime s’en étant allé crécher en des lieux mieux désignés pour sa protection. Les compères, sur place y trouvèrent portes closes.

- J’ai sûrement oublié mes clés à l’auberge. Doit y avoir un double caché, faites-moi confiance, je sais ce que je fais. Assura t-il en démontrant le contraire.

Retournant jusqu’à la dernière touffe d’herbe du jardin, s’essayant même à l’apnée dans le bassin des carpes afin d’y trouver son inespéré Sésame, Eugène disparut des yeux de sa supérieure un instant, celui qui suffit à émettre un bruit de verre brisé avant qu’on l’entendit cavaler dans la baraque pour finalement ouvrir la porte d’entrée depuis l’intérieur.

- J’ai… hésita t-il avant de professer son grossier boniment, j’ai réussi à ouvrir la porte arrière – pas la peine d’aller voir, hein – vous pouvez entrer. Vraiment, pas la peine d’aller dans la pièce de derrière, c’est en… en rénovation. Tout ça, tout ça.

Même derrière ses lunettes bien noires, on devinait un regard fuyant et péteux de ne pas avoir été foutu d’entrer dans ce qu’il suspectait être son chez lui sans avoir eu à briser une fenêtre au passage.

« Faites comme chez vous » ne fut jamais une expression aussi tragique que dès lors où Eugène Erik investissait vos quartiers. Multipliant les bavardages épidermiques et incessants à l’endroit de ce qu’il suspectait sincèrement être sa cheffe, il avait retourné toute la cuisine se faisant, à la recherche de quoi cuire des carottes. Ce n’était alors plus pour lui une obsession mais un sacerdoce ; elles devaient être cuites, il en allait de son honneur à présent. Quel commis pouvait en effet s’esquiver devant pareille tâche ; sa supérieure ne l’aurait alors plus jamais respecté de sa vie.

Sans ménagement, pressé dans ses attributions – il faisait faim à la longue – il se saisissait de ce qui lui venait à portée de paluche et le bazardait aussitôt par la fenêtre dès lors où il n’en avait pas l’usage. Il était chez lui après tout, il pouvait se permettre.

- … et donc c’est pour ça que les pingouins font semblant de ne pas savoir voler. Conclut-il son énième litanie le temps qu’il accabla la costaude de ses babillages tout en vandalisant presque la cuisine. Ça me fait penser que j’ai pas mangé de pingouin depuis longtemps. Je crois ? Me souviens plus. Ah, tiens ! Pardon… « Tenez », le truc là, c’est un cuiseur ou je sais pas quoi, je sais même pas à quoi ça sert, et en plus y’a plein de fils qui dépassent. Qu'est-ce que je m'embarrasse avec des conneries pareilles, je vous jure.

De sous l’îlot central d’une cuisine impeccablement rénovée, il avait ressorti le fait-tout le plus chaud de l’histoire, puisque celui-ci était alimenté au C-4. Dans ses fouilles agitées, Eugène, sans qu’il le sut, avait trouvé une bombe destinée au réel propriétaire de la casa. Ce qui ne l’empêcha pas de la bazarder aussitôt par la fenêtre avec le reste, persistant dans ses conversations stériles tandis qu'il pillait les lieux.
L’engin, fort heureusement, n’explosa pas, ne pouvant qu’être activé à distance. Une proche distance.

***

Quelques instants plus tôt, à une proche distance, dans la voiture suspecte garée en face du 723 rue Karakura, deux hommes à l’allure implacable patientaient derrière les vitres teintées d’une Toyota dernier cri.

- C’est qui encore des deux zigotos qui entrent chez Hyuga ?

- Miss musclor, là, on l’a vue sortir tout à l’heure. Ça ressemble à du conseil extérieur si tu veux mon avis, ce fumier de Hyuga fait pas confiance à ses hommes.

Et il n’avait pas tort, car c’étaient précisément deux des « fidèles » du père Hyuga qui surveillaient ombrageusement l’édifice.

- Et le couillon qui est av… le sbire n’eut le temps d’investiguer qu’il bondît presque sur le siège passager où il était campé, mais je rêve où cet abruti a pété un carreau en pleine journée ?

- Ce serait quand même pas un des hommes de Ouchi ?

- Naaaah. Même derrière les binocles de soleil, ça se voit que c’est un gaijin. J’entends sa grande gueule jusqu’ici, il est pas du pays.

Eugène était un mystère pour qui posait les yeux sur lui. D’un regard atterré, le plus souvent.

- Ils sont entrés. Tu crois que eux aussi ils veulent le buter ?

- Avoue que ce serait drôle qu’on soit deux équipes à venir plastiquer chez lui.

Le rire qui leur remua à la gueule à tous les deux fut de courte durée alors qu’ils tressaillirent de concert à observer la riche bicoque de l’extérieur. Les événements improbables n’en finissaient pas de s’enchaîner.

- Mais je… que… il est en train de balancer quoi par la fenêtre, là ? Tu crois quand même pas qu’il…

- Merde, on s’est gouré, s’agita le plus balaise du duo tandis qu’il se défaisait maladroitement des étreintes de sa ceinture, il cherche à se débarrasser de la bombe. Ce mec est un pro, ça crève les yeux.

Ce ne pouvait que crever les yeux d’un aveugle alors que ce qu’ils prirent pour du génie tenait en réalité de la connerie pure. Mais sur un malentendu…
Contrariés qu’on les délesta de l’attirail qu’ils eurent bien l’intention de faire sauter quand leur chef reviendrait au bercail, les deux gaillards, pressés par l’improbable tournure des événements, se ruèrent par la porte – ouverte cette fois – chacun armé d’un calibre .45 avec lequel ils alignèrent les primo entrants.

- Vous levez les mains et vous nous suivez ! On a des questions à vous poser.

- Non mais… se scandalisa aussitôt Eugène sans plus jamais prendre conscience de la gravité des événements, pareil à un éternel nouveau-né qui ignorait tout des dangers de ce monde. Qu’est-ce que c’est que ces gens qui entrent dans une baraque qui est même pas à eux ? Ah je… n’en finissait-il alors pas de vitupérer, je suis désolé patronne, j’aurais dû vous dire que je vivais dans un quartier mal famé. Et ce cuiseur que je trouve toujours pas… tu parles d’une journée.

Et il n’était pas au bout de ses peines. Dany encore moins, car les peines se partageaient quand on se liait – même par inadvertance – à un boulet qui vous coulait au fond des abysses.


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