Dans un coin tranquille de la ville se tenait une grande librairie avec une devanture légèrement dépassé sur laquelle le nom de l’établissement était écrit de manière traditionnelle, réalisé au pinceau, on pouvait même distinguer en s’approchant de plus près de l’enseigne les traces de chaque poils qui constituait celui-ci. Les touristes pouvaient trouver cela kitch comme pittoresques, tout dépendait des mentalités et goûts de ceux-ci, mais pour les locaux c’était une devanture des plus classique dans les traditions japonaises, qui n’avait certes pas encore modernisé leur devanture avec des néons et lumières ou un habillage imprimé de l’enseigne, mais c’était une des meilleures librairies de la ville qui avait bonne réputation et cela depuis des années.
« Hon for everyone » était son nom qui était un mélange de japonais et d’anglais signifiant « Un livre pour tous ». Les propriétaires, un couple très âgé aujourd’hui, avaient décidés de donner un nom original à leur commerce afin de se démarquer de leurs concurrents et de montrer que la culture c’était le mélange des autres cultures, d’où le choix de ce nom mêlant deux langues. Ils étaient dans les âges de la soixantedizaine et avait un fils marié (Dieu merci pour sa mère qui commençait à désespérer de ne jamais avoir de petits enfants !) qui avait repris la boutique et était donc le patron de ce commerce connu de tous en ville depuis une bonne cinquantaine d’années maintenant.
La librairie était tenue tantôt par le patron ou par l’un de ses parents qui aimaient revenir travailler dans cette librairie qui était chère à leurs yeux, le tout avec toujours un ou deux employés, pour tenir la caisse, entretenir les lieux et gérer les stocks. Il y avait eu pas mal de vendeurs et vendeuses qui étaient passés entre ces murs entourés de livres mais une s’était démarquée parmi la longue liste que les propriétaires et le patron avait rencontrés : une jeune femme albinos, une étrangère, qui était belle comme un ange, douce et gentille mais également très polie telle une vraie petite japonaise, qui avait travaillé dans de nombreuses librairies et bibliothèques, dont l’intérêt pour les livres était une véritable passion et pas seulement un métier pour elle. Hormis son apparence physique pas commune pour le Japon, elle semblait être une personne tout à fait respectable qui aimait les livres comme les gérants de la librairie et qui partageait leur vision qu’il y avait un livre pour tous, même si les gens ces dernières années avec les technologies lisaient de moins en moins, trouvant même les livres parfois débiles. C’est tout naturellement qu’elle fut embauché chez eux il y a trois ans et depuis elle fait elle aussi partie des murs de cette librairie, connue de tous depuis quelques décennies.
Et depuis quelques années il y avait eu une augmentation de la fréquentation de la librairie par des hommes, jeunes comme vieux, qui venaient acheter des livres ou en emprunter car l’établissement permettait l’emprunt des livres comme une bibliothèque et il y avait même un coin bibliothèque pour s’installer et feuilleter tranquillement les ouvrages du commerce. Cela était dû par la présence de la jolie demoiselle, qui se faisait souvent aborder par les clients pour lui demander des conseils sur les livres mais pas que… Certains se la jouait russés et revenaient plusieurs fois avant de lui proposer un rencard, d’autres la jouait franc-jeu et d’autres encore se la jouaient discrète admirant la demoiselle mais sans trop lui parler n’osant sûrement pas lui demander son numéro ou si elle était libre ce soir.
Et parmi cette troisième catégorie il y avait un jeune homme plutôt discret, un mignon petit (enfin grand) brun, qui venait souvent depuis un mois et qui profitait de la bibliothèque en lisant avec assiduité. La jeune femme à la chevelure de neige l’avait bien remarqué, il aurait été difficile autrement de ne pas le remarquer vu qu’il venait tous les jours, mais en revanche elle n’avait pas remarqué qu’elle se faisait admirer telle une œuvre d’art par le jeune homme discret. Mais à un moment elle remarqua qu’il semblait lire le même ouvrage, ne distinguant pas vraiment le titre de loin et qu’il semblait marqué les pages par le marque-page en tissus qui étaient reliés au livre. Curieuse, elle se demandait bien quel type d’ouvrage ça pouvait être : roman, bd étrangère, manga, culture, apprentissage ou autre ? Cela l’intriguait tout simplement mais elle trouvait ça mignon de lire avec autant de sérieux un livre. Si elle savait quelle type d’ouvrage c’était, aller savoir si elle trouverait toujours ça mignon…
Un beau jour, lors de la mise en rayon de nouveaux bouquins qu’elle installait sur chaque étagère par type et ordre alphabétique, elle fini par découvrir l’ouvrage que lisait ce jeune homme avec tant d’assiduité et que fut sa surprise en découvrant les joues légèrement un peu rosées le titre de l’ouvrage. Elle haussa cependant légèrement un sourcil, intriguée, voyant le marque-page, puis par pure curiosité elle ouvrit le livre pour voir à quelle page c’était marqué et elle toussa doucement en découvrant le chapitre sur la sodomie alors que son visage s’enpourpra légèrement en lisant quelques lignes malgré elle. Par cette lecture dû par le plus pure des hasards, elle se fit la réflexion que ce qu’il disait là-dedans était différent de ce qu’elle avait connue personnellement avec certains hommes qui l’avaient obligé à faire ça et elle n’avait pas tellement eu son mot à dire sur la chose car le « client » est roi, que ce soit dans son second travail au bar avec son patron qui lui imposait certains soirs de devoir faire des extra en plus d’être une jolie serveuse ou bien encore les hommes avec qui son défunt (de connard) de fiancé la forcer à coucher (sinon ses doux poings lui faisait passer l’envie de refuser). À ces quelques pensées sur sa vie, actuelle comme passé, elle perdit la jolie couleur rouge qui était montée à ses joues et soupira doucement en fermant les yeux.
Quand tout à coup, une voix se fit entendre à côté d’elle d’un ton jovial « Ma petite Rubis ! Vous sembler avoir trouvé quelque chose d’intéressant ! » ce qui fit sursauter légèrement la jeune femme qui ouvrit de grands yeux en refermant le livre d’un coup avant de tourner son visage vers la mère de son patron qui était là à côté d’elle, tout sourire, la regardant avec un regard brillant de taquinerie tout en tenant une pile de livres dans ses bras auxquels la jeune femme albinos jeta un regard avant de dire d’une voix inquiète « Madame Fuku, pourquoi vous ne m’avez pas appelé pour porter ça ? C’est lourd, vous risquez de vous blesser… » ce à quoi la propriétaire de la librairie lui répondit « Tut tut tut tut ! Ne noyez pas le poisson ma petite ! Alors, vous avez trouvé quelque chose d’intéressant ? » dit la femme avec une voix taquine avec un regard insistant sur le livre que la demoiselle aux yeux de pourpre tena entre ses mains.
Rubis suivit le regard de la femme a ses côtés puis se mit à rougir légèrement en voyant le livre entre ses mains dont le titre était bien voyant « Ce… Non ! Ce… Ce n’est pas ce que vous croyez ! Je, je, je… Je suis tombé dessus par hasard ! » ce qui fit glousser la vieille femme qui continua à taquiner la jeune demoiselle « Hohohoho ! Mais bien sûr, c’est le hasard ! Allons ma petite Rubis, vous savez, moi aussi j’ai été jeune et curieuse de bien des choses. Ne soyez pas si gênée mon enfant. » en lui adressant un clin d’œil taquin, ce qui fit rougir encore plus la jeune albinos qui se sentait horriblement gênée et qui secoua la tête à la négative, avec toujours le fameux livre entre ses douces mains « Mais mais mais… Mais je vous assure que c’est vraiment un hasard, je… J’ai trouvé ce livre en faisant la mise en rayon et je… Je l’ai ouverte par curiosité car j’ai remarqué qu’un client venait souvent le consulter donc… J’étais curieuse de quoi il s’agissait… » répondit Rubis tentant de rétablir la vérité mais cela fit encore plus glousser Madame Fuku qui était amusée de la situation « Mais oui mais oui petite coquine ! Quel heureux hasard n’est ce pas ? » insista la libraire en riant doucement amusée par la réaction de la jeune femme qu’elle s’amusait à taquiner de bon matin avant l’ouverture de la librairie.
Les joues totalement rouges la jeune femme regarda désespérément la libraire qui ne cesser de rire doucement amusé par la réaction de son employée, puis Rubis jeta de nouveau un regard à la pile de livres que Madame Fuku tenait dans ses bras « Vous… Ces livres c’est pour… ? » demanda la jeune femme pour changer de sujet mais pas seulement, elle était inquiète par le fait que cette vieille femme tienne autant de livres dans ses bras, ce à quoi celle-ci lui répondit avec un air enjouée « C’est pour la loterie ! On va organiser une petite loterie surprise et offrir un livre à tous les clients aujourd’hui ! Et nous donnerons le livre correspondant au ticket de loterie à chaque client selon son numéro de loterie ! » . En entendant cela la jeune albinos haussa un sourcil, ayant une idée « Prenez celui-ci aussi alors, on pourra le donner au client qui vient le consulter régulièrement… » dit-elle en regagnant son teint de porcelaine en posant le livre sur le dessus de la pile provoquant ainsi un gloussement de la part de la vieille femme « Hohoho ma petite Rubis, vous êtes une drôle de petite coquine ! » ce qui fit de nouveau rougir la jeune femme comme une tomate qui était terriblement gênée par les propos de la mère de son patron qui partit joyeusement ensuite en fredonnant vers le comptoir pour y déposer tout les livres alors que Rubis soupira de soulagement d’être enfin libéré de la taquinerie de Madame Fuku puis elle elle reprit sa mise en rayon doucement afin d’avoir fini tout ça avant l’ouverture.
Puis la journée commença comme d’habitude, Rubis faisait ses taches habituelles en conseillant les clients et en les encaissant ensuite pendant que Madame Fuku distribuait une partie des tickets de loterie de son côté aux clients. Puis elle prit ensuite une petite pause, fatiguée de rester debout et la jeune femme aux cheveux de neige proposa à la vieille femme de s’occuper de distribuer les tickets de loterie comme cela elle pouvait se reposer tranquillement pendant que Rubis commença à distribuer les tickets aux clients qui rentraient ou ceux qu’elle croisait entre les rayons quand elle y passait pour faire un peu de rangement ou bien encore quand elle alla dans le coin bibliothèque pour ranger les livres rendus qui avaient été emprunté, rencontrant ainsi d’autres clients à qui elle distribuait les tickets en souriant avec douceur comme à son habitude avant de bientôt y rencontrer le jeune homme brun.