Nouvelle escale chez le Vieux Joe [feat Lilly][Terminé]

Souvent, les musiciens avaient leur muse, les écrivains leur routine d'écriture, les athlètes leur aliment préféré pour un régime parfait... Amano, lui, était un voyageur, de ceux qui parcourent les mondes et qui continuent chaque jour de découvrir des territoires inexplorés. Sa petite habitude à lui, aussi mauvaise qu'indispensable, c'était l'alcool. Il n'avait jamais su pourquoi les liqueurs ne produisaient pas le moindre effet d'ivresse sur lui, mais il s'était habitué au goût fort et revigorant des boissons distillées. Lorsqu'il était seul sur les chemins, dans un désert ou sur les toits du monde au sommet d'une haute chaîne de montagnes, sa main finissait régulièrement par se reposer sur sa besace, et sur sa gourde. Bizarrement, cela lui évitait de penser à d'autres choses, à d'autres questions, à d'autres pourquoi.

Habituellement, lorsqu'il était à sec, il refaisait le plein dans quelques unes de ses tavernes préférées, sur Terra. Elles étaient très peu à savoir faire des préparations subtiles et intenses, suffisamment fortes mais sans perdre la nuance des saveurs.

Amano soupira. Contrarié, il regardait le fond de sa gourde et jura dans trois langues différentes. Aujourd'hui, il n'était pas sur Terra, et il fallait qu'il tombe à sec maintenant. Il pouvait donc attendre, ou trouver quelque chose ici, à Seikusu. Il soupira encore, referma sa bouteille et la rangea à sa place. Il n'avait aucune idée de où aller lorsque soudain, il se souvint d'un bar où il était allé il y a environ un mois, ici-même, dans cette ville. Il avait rencontré Lilly, cette barmaid étonnante, sympathique et extravertie. Il faut dire que son corps, tout comme son caractère, ne laissaient pas les hommes indifférents, ni peut-être les femmes, d'ailleurs... Amano n'avait pas fait exception et n'était pas resté de marbre. Si ses souvenirs étaient bons, la nuit s'était terminée de façon plutôt inattendue, mais après tout, Lilly lui était venue en aide, dans le parc, et lui avait proposé un verre.

Il hésita un instant, tourna la tête à droite et à gauche pour scruter les deux extrémités de l'avenue dans laquelle il se trouvait, puis parti finalement vers la gauche. Direction : le Old Joe.

Lorsqu'il poussa la porte des lieux, la pièce était bondée, comme à son habitude. S'il y avait du monde ici en pleine nuit, il se doutait de ce qui l'attendait en début de soirée, un week end. Il reconnut le style de la musique rock qui faisait sa distinction ici, à Seikusu.
Amano eut de la peine à se frayer un chemin entre les épaules serrée et les bras levés, mais il finit par arriver jusqu'au comptoir. Il vit deux serveuses enchaîner les cocktails et actionner frénétiquement le levier de la tireuse. Mais Lilly n'était pas là.
À l'autre extrémité du bar, il reconnut Noriko, une serveuse qu'il avait déjà rencontré. Celle-ci faisait face à une cohorte de mâles accoudés les uns sur les autres et prenait leurs commandes. Mais toujours pas de Lilly à l'horizon... Amano se retourna péniblement et encaissa un coup de coude dans le visage.

- Oh, désolé ! cria une jeune voix masculine dont il ignorait même la provenance exacte.

Il grogna et chercha entre les bras levés un fautif à punir, mais ne vit rien qu'une foule assoiffée qui riait et dansait. Durant un court instant, il regretta d'être venu. Non pas qu'il n'aimait pas la foule, ou la musique, mais s'il savait comment survivre et se défendre dans un monde hostile contre des soldats et des guerriers, il maitrisait moins la gestion des étudiants en recherche de sensations fortes...
Il soupira encore et tenta d'observer au loin les quatre coins du bar, mais il ne trouva pas celle qu'il cherchait. Et après tout, il ne connaissait pas assez bien Lilly pour la reconnaître dans la foule simplement à la couleur de ses cheveux.
Il n'était pas sûr de ce qu'il devait faire, mais en attendant, il devait sortir de là... sans se prendre d'autres attaques perdues. Le regard dur, il commença à forcer le passage en direction de la sortie...

* Le premier qui met son bras devant mon visage, je le lui casse en deux... * pensa-t-il en avançant.

Seikusu était une ville en constante activité. De jour comme de nuit, ses rues fourmillaient d'une foule agitée mue par l'obligation bien nippone de tout faire vite et bien. De jour, les salariés et étudiants se pressaient pour rejoindre leur lieu d'exercice professionnel, et la nuit, les mêmes se lâchaient pour oublier la sévérité de la journée passée. Dès le service du soir, à 18  heures, une foule compacte d'assaillants assoiffés se pressait contre les portes du pseudo saloon moderne et s'y ruait une fois le passage libéré par la sécurité de l'établissement. Et derrière son bar, Lilly voyait cette masse humaine charger vers elle avec comme but ultime de pouvoir commander au plus vite la boisson salvatrice.

Ce soir là ne faisait pas défaut et en plus de la horde habituelle s'était greffé un collectif d'affaire qui fêtait une réussite du groupe. le bar avait été pris d'assaut et à quatre, les filles n'avaient pas eu une minute pour faire le point depuis le début des hostilités. C'était principalement la bière qui se vendait le mieux les premières heures. Facile à servir, pour les barmaid c'était la facilité la plus simple et la plus adaptée à la demande incessante. Par contre, quand un client venait commander au milieu de ce chahut un cocktail bien corsé et difficile à réaliser, c'est Lilly qui s'en chargeait et laissait ses trois assistantes faire le reste. Du coup, elle perdait pas mal de temps et la rentabilité du bar faiblissait tout autant. C'était un point que le patron du Old Joe saisissait difficilement et l'américaine passait des heures à lui expliquer le fonctionnement d'un débit de boisson. Lui, s'en foutait, il ne connaissait rien au fonctionnement d'un bar. Il l'avait acheté, attendait un retour sur investissement rapide et comptait sur l'équipe en place. Et quand il convoquait Lilly en plein service pour lui demander comment ça se passait, il ajoutait par là au chaos ambiant.

Justement, Lilly sortit de son bureau, passablement énervée après une énième explication. Elle avait une furieuse envie de fracasser une bouteille sur la tête de son employeur mais décidant que c'était une mauvaise idée, elle prit sur elle et fonça dans les coulisses du club pour rejoindre l'antre de Satan. Elle émergea par une porte de service dissimulée à proximité de l'entrée du club et se fraya un chemin au milieu des excités. Les amplis du club crachaient le "Welcome to the jungle" des Gun's n' Roses et les stromboscopes et autres jeux de lumières accompagnaient le rythme de la batterie et la voie éraillée et suraigüe d'Axl Rose.

Hormis une forêt de bras levés, elle ne voyait pas grand chose et fatalement, elle s'emplaffa dans le premier grand type qu'elle croisa. L'impact fut frontal et son visage s'écrasa contre un poitrail dur. Elle s'agrippa à ce qu'elle put pour ne pas chuter en arrière et saisit une boucle de ceinture à laquelle elle s'accrocha comme à une bouée. Son nouveau partenaire aurait la chance d'avoir pu profiter des mains de la barmaid sexy ... Lilly afficha son sourire la plus cajoleur.

"Alors beau gosse, tu ne m'as pas vu briller dans l'obscurité? Je suis vexée et ..."

Elle le reconnut, son bel étranger du parc, rencontré une belle nuit entre deux rangées de Sakura. Ils s'étaient plu et leur petit flirt s'était terminé par un plaisir mutuel donné à la va-vite dans un des box du club. Il n'était pas revenu ni le lendemain, ni les jours suivants. Lilly ne l'attendait pas spécialement mais elle aurait aimé découvrir un peu plus de cet homme discret. Maintenant, chacun avait sa vie et elle ne jugeait personne. Elle n'était pas le centre du monde.

L'américaine se colla contre lui et glissa une cuisse entre celles de son presqu'amant d'un soir. Sa poitrine s'écrasa sur le torse sec de Hate et elle lui fit un bisou sur la joue.

"Salut Hate! De retour au Old Joe pour voir ta barmaid préférée?"

Elle se dégagea de lui et se dirigea vers le bar tout en lui faisant face. Elle dégaina des révolvers imagina et visa le cœur de l'homme avant de presser la détente et de souffler sur la fumée des canons brulants. Elle hurla pour se faire entendre.

"Tu viens par là? Je bosse."

Elle passa derrière le bar et lui désigna la selle qu'il connaissait déjà. Elle fut aussitôt accaparée par les filles qu'elle chassa en pestant gentiment.

"Noriko! Demande à Tama de venir changer le fût de blonde. Miyako, t'en met partout! Range moi tout ça, quelqu'un va se couper! Hari, le blond platine là-bas attend depuis que je suis partie, fonce!"

Elle servit ensuite deux pintes de bière et en déposa une devant Hate et trinqua avec lui.

"Qu'est-ce que tu deviens?"

Près de la porte, la foule se faisait moins dense et Amano pouvait avancer presque normalement. Il entama une marche plus rapide mais à peine eut-il fait un pas qu'une jeune femme se retourna brutalement pour le percuter. Il remarqua l'opulente poitrine qui s'écrasa contre la sienne, mais vu son état actuel, il n'avait pas la tête à ça. L'homme grogna, puis les deux prirent la parole en même temps :

- "Tu ne m'as pas vu briller dans l'obscurité ? Je suis vexée et ..."
- "Désolé, je ne vous ai pas vu mais vous êt..."

Ils se reconnurent quand leur regard se croisèrent, et le Voyageur eut la confirmation qu'il s'agissait définitivement de Lilly lorsqu'elle caressa son entrejambe d'un geste de la cuisse. L'humaine feignit de dégainer des armes à feu, celles que ses semblables utilisaient, et lorsqu'elle tira à deux reprises en souriant, Amano joua le jeu et sourit à son tour. Il agita deux fois sa main devant lui, comme s'il balayait d'un revers du poignet les projectiles mortels.

- "Oui, on peut dire ça. Je suis simplement de passage. Disons que c'est la sécheresse qui m'amène..."

Lilly se retrancha derrière son bar, il s'avança vers elle et se résolu à s'assoir sur l'une des selles qui servait de tabouret.

- "Ce que je deviens ? Hmm, un client fidèle, apparemment. Je traîne un peu trop en ville, ces derniers temps..."

Autour de lui, le bruit des conversations et la musique étaient si forts qu'ils empêchaient les gens de s'entendre correctement. Mais étrangement, Hate commençait à apprécier ce bruit. D'une certaine manière, il était semblable au silence totale que l'on retrouvait dans les grands espaces sauvages, car malgré la présence de la foule, chacun était dans son propre monde, dans ses propres sujets, incapable d'entendre ou de parler à un voisin qui se trouvait trois mètres plus loin. Paradoxalement, le vacarme du Old Joe formait autour de lui un bouclier qui l'isolait du reste du monde.

Lorsqu'il en eut l'occasion, il demanda à Lilly de lui ramener quelque chose pour faire le plein d'alcool. Un verre, bien sûr, mais aussi de quoi remplir le conteneur qu'il portait sur lui. Il lui faisait confiance pour trouver quelque chose de fort, de très fort... Quelque chose de séduisant qui avait du goût et qui était capable de lui faire perdre la tête. Il savait bien qu'un tel liquide n'existait pas, mais c'est en formulant les choses de cette manière qu'il s'approcherait de la satisfaction.

La porte du Old Joe claqua encore et une bande d'étudiantes déjà ivres entrèrent dans les lieux. Hate se retourna puis reprit le fil de sa discussion avec Lilly. Elle n'avait pas changé et était la même qu'à leur dernière rencontre, et c'était bien normal, en un mois de temps... Mais elle semblait aussi plus sereine, plus confiante, peut-être parce qu'en un mois, elle avait eût le temps de prendre son bar en main, de mieux connaître ses serveuses et son patron. En un mois, il pouvait s'en passer des choses...

- "Et toi ? Tu as l'air d'avoir pris tes marques, ici... Je n'ai jamais pu poser mes bagages où que ce soit, tu as mieux réussi ton atterrissage que moi..."

Au fond de lui, le Voyageur enviait un peu Lilly, même si n'avoir jamais atterrit lui permettait de garder son esprit dans les nuages.
Hate sourit en regardant Lilly dans les yeux, puis leva son verre et le vida d'une traite.

"Un client fidèle? Non, tu n'en ai pas là. tu le serais, tu connaitrais mon tour de poitrine et mon bonnet."

Elle s'amusa de ce commentaire inutile et provocateur. Elle le sortait souvent autrefois, aux Etats-Unis, mais depuis qu'elle était ici, elle restait prudente quand à sa manière de parler. Les japonais était d'une courtoisie insupportable et prenait ce genre de réflexion pour une vulgarité sans limite. Quand elle se lâchait, c'était avec des personnes de confiance qui la connaissait bien. Mais avec Hate, elle savait qu'elle n'avait rien à craindre eut égard à ce qu'ils avaient déjà partiellement partagé. Il n'avait changé en rien, vraiment, et son air renfrogné quand quelqu'un le pressait de trop était adorable. Un vrai ours mal léché dans un endroit qui ne lui allait pas ... Cependant il se détendit et Lilly en fut heureuse. Déjà, parce qu'il s'agissait de son bar et ensuite parce que cela signifiait aussi qu'il faisait un effort pour elle. Elle posa la question aux filles pour savoir s'il avait déjà été servi et elles répondirent non. Il s'en allait quand ils s'étaient percutés donc il était venu pour. Oh ... charmante attention ou désir de continuer ce qui s'était terminé bien trop vite la dernière fois?

Elle ne chercha pas à savoir ce qu'il avait fait depuis leur mini amourette, cela ne la regardait pas et le secret que dégageait cet homme imposait que lui seul décide d'en parler ou pas. Il demanda une boisson forte et séduisante? Euh ...... Lilly fit le tour de son inventaire, hésita entre plusieurs bouteilles pour finalement en sortir une planquée sous le bar et la brandir devant son visiteur.

"De l'absinthe verte!! C'est français, c'est super bon et ça t'arrache la gueule comme jamais!"

Un japonais en costume élégant, assis à côté de Hate tourna la tête vers la braillarde et s'exprima dans un anglais parfaitement maitrisé et absolument imbuvable de manières inutiles.

"Et bien, s'il est si exquis, vous m'en servirez un verre jeune fille."

"Jeune fille? Vous ..."

Elle se retint et servit un shooter qu'elle posa devant l'homme avec dans les yeux l'étincelle de la moquerie.

"Je vous l'offre si vous le buvez comme vous parlez, sinon, c'est 8000 yens."

L'homme sourit avec indulgence, porta le verre à ses lèvres et versa délicatement le liquide dans sa bouche pincée en cul de poule. L'instant d'après, il rendait l'intégralité du shooter sur le comptoir, passait d'un teint normal à celui d'un haut fourneau et tomba de sa selle pour foncer aux toilettes. L'éclat de rire de Lilly couvrit la musique une seconde et elle revint à son champion pour lui en servir un verre.

"Si tu le bois sans transpirer, tu pourras me faire ce que tu veux après mon service."

L'ado qui venait de prendre la place de l'homme mourant à côté d'eux faillit défaillir quand il comprit ce qu'elle venait de dire. Le voyant rougir, elle corrigea presque le tir.

"C'est réservé aux adultes ..." puis à Hate. "Si tu prends la bouteille pour remplir ton tonneau, c'est 72000 yens. C'est pas donné mais ... tu es exigeant et tu sais choisir les bonnes choses ..."

Amano était fasciné par cette presque-inconnue qui brillait derrière son bar. Lilly, elle, s'amusait à parler aux clients, à les provoquer, les exciter, les chauffer, les frustrer... En un mot, elle était Lilly, et c'était ce qu'elle savait faire le mieux.
Elle lança une autre invitation brûlante à Amano, de celle qu'il ne pouvait pas refuser, en même temps qu'elle lui proposa un alcool rare. Alors, il prit la bouteille sur le bar, l'inspecta, puis il leva ses yeux vers la barmaid en souriant.

- Mmm, une bouteille si spéciale qu'elle mérite d'être cachée ?

Si elle aimait tellement jouer avec le feu, il allait lui donner ce qu'elle n'avait peut-être pas l'habitude d'avoir. Quelques sueurs froides... L'américaine explosive voulait jouer ? Et bien ils allaient jouer... mais pour une fois, les règles du jeu allaient changer.

- Ça m'intéresse, oui... Ok, je la prends !

D'un geste vif, il la glissa dans sa besace et se leva brutalement. Il recula dans la foule en la remerciant...

- Merci beaucoup, faire le plein d'un alcool rare, c'est exactement ce que je voulais ! À bientôt, c'était vraiment un plaisir !

Il se retourna et fut absorbé par la foule, disparaissant littéralement aux yeux de l'humaine. Hate entendit un cri féminin, peut-être était-ce celui de Lilly ? Ou de l'une des serveuses... Il savait bien que la sécurité au Old Joe était plutôt rigoureuse et il ne pourrait jamais échapper aux types qui gardaient l'entrée. Mais ce n'était pas dans son intention. Le Voyageur se baissa pour se faufiler entre les jambes des danseurs surexcités et son corps s'évapora dans l'Ether. Lorsque la barmaid vit la foule s'écarter sous les mouvements naturels de la musique, son "inconnu du parc" n'était plus là. Tel un esprit invisible, il slalomait pourtant à travers la foule, et réapparut plus loin, en se relevant juste devant la porte. Il se retourna et adressa un signe de la main à Lilly qui l'avait à nouveau repéré. Il hurla :

- Ah oui, et merci pour ça aussi !

Dans sa main, il agitait un petit rectangle de cuir noir. On pouvait voir des dorures sur les bords et un bouton argenté en son centre. En lui volant son porte-feuilles, il était à peu près certain qu'elle n'enverrait pas ses molosses à sa poursuite et qu'elle viendrait d'elle-même à sa rencontre. Sans attendre, il ouvrit la porte tranquillement, quitta le bar et la referma derrière lui.
Il passa entre les videurs qui commençaient à le connaître et leur adressa même un sourire cordial. À cette heure-ci, la circulation était infernale en centre ville, aussi Hate décida-t-il de réitérer son tour de passe-passe éthéré au milieu de la foule qui attendait au passage piéton, à quelques mètres du bar. Il traversa l'avenue et plana dans les airs sur tout le pâté de maisons, puis il réapparut juste avant de disparaître au coin de la rue. Il entendit au loin la porte du Old Joe s'ouvrir puis se claquer violemment, et prit soin de ne pas avancer trop vite.

Il poursuivit son petit jeu ainsi durant de longues minutes, avant d'arriver enfin où il le voulait. Un immeuble désaffecté en bordure de centre-ville, condamné à être rasé tôt ou tard. Il l'avait repéré lors de son dernier passage à Seikusu et avait découvert ici une merveille que les humains, pressés et formatés par leur vie chronométrée, ne pouvaient même plus remarquer.

Il cru entendre au loin une voix appeler son nom, mais avec les bruits de la ville à cette heure-ci, il était difficile d'en être certain. Mais tout au fond de lui, Amano savait qu'il s'agissait bien de Lilly. Il en était certain. Il passa sous les chaînes qui barraient l'accès et sous les banderoles de chantier. Ici, les signalisation de danger était nombreuses. Il s'avança dans les ruines et monta un vieil escalier en pierre, très large. Auparavant, il devait s'agir d'une ancienne usine, d'une fabrique ou d'un entrepôt sur plusieurs étages. Effectivement, les étages étaient nombreux, mais il n'estima pas nécessaire de passer dans l'Ether pour monter en ligne verticale, directement.
Encore de longues minutes s'écoulèrent avant d'arriver au sommet de l'ancienne tour. Le Voyageur n'était pas essoufflé et s'avança sur le toit, à l'air libre.
Le plateau était un immense champ de béton où seuls d'anciennes cheminées et d'anciens conduits d'aération sortaient du sol. Et devant lui se trouvait l'une des plus incroyables et des plus belles vues qu'il avait pu observer depuis qu'il avait découvert l'existence de la Terre. Une nuée de lumières et d'écrans publicitaires stroboscopiques sous une ciel azur et infini. Il s'avança près du bord et jeta un œil en bas. Vertige hallucinant...
Ici, comme il aimait le ressentir sur les montagnes de Terra, le monde était à ses pieds. D'ailleurs, il entendit des pas arriver derrière lui...

Il soupira encore et posa le porte-feuilles, objet de son délit, bien en vue sur une caisse métallique. Il ajouta deux pièces d'Or tirées de son sac, sa rémunération pour sa dernière mission sur Terra. Là-bas, à Omara, les pièces d'Or étaient pures et faites à la main. Hate connaissait bien la valeur ridicule de la monnaie ici, et ces pièces correspondaient sans doute à ce que Lilly aurait gagné en plusieurs mois, peut-être même en une année. Et si jamais la barmaid ne s'en rendait pas compte par elle-même, son patron lui, ne manquerait sûrement pas de l'élire employée du mois, de lui octroyer une belle augmentation, et même de lui passer tous les congés qu'elle demanderait dans les prochains temps... Terre ou Terra peu importe, les avares reconnaissaient tous la couleur du Pouvoir quand ils la voient.

Hate laissa le porte-feuilles seul, en plein milieu du toit, cela ne risquait pas grand chose, personne ne venait ici... Il revint ensuite sur ses pas pour s'adosser au mur qu'il avait dépassé en arrivant, de sorte qu'on ne le remarquerait pas tout de suite en avançant sur le toit. Amano entendit les bruits de pas sur les dernières marches de l'escalier. Il sourit.

Ton service n'a pas de fin, Lilly... pensa-t-il. Tu ne l'aurais jamais quitté, ton bar...

Les choses ne se déroulèrent pas comme Lilly le pensait.

"Que? HEY MAIS C'EST A MOI CA!!!"

Hate disparaissait avec un sourire aux lèvres qui laissait pensé qu'il avait ourdi un plan diabolique. Visiblement et elle le comprenait tout à fait, il n'avait pas envie d'attendre la fin du service.

"NON!! REVIENS! JE PEUX PAS ...."

Rien n'y fit que la foule le happait et la barmaid le perdit de vue. Un peu stressée par ce revirement de situation, elle chercha du regard ce qui pourrait l'aider à ... ne rien faire. Derrière elle, le rire de Noriko la fit se retourner.

"Vas-y, je dirais que tu t'es sentie mal."

"T'es un cœur Noriko!"

Lilly contourna le comptoir en toute hâte et se faufila vers la sortie où elle avait cru voir son tourmenteur faire un signe à ces maudits vigiles qui ne servaient à rien bon sang! Dans la rue, elle le chercha des yeux, ne sachant où donner de la tête. Des gens, partout, et des néons par millions pour brouiller la vue. AH! LA!

"HATE! ATTENDS!"

Mais bien évidemment il ne l'attendit pas et elle s'élança dans sa direction. Aujourd'hui, elle portait des converses basses aussi elle put courir. Elle bouscula des passants, s'excusa, fut aussi bousculée, mais elle ne s'arrêta pas. Elle accéléra même, se surprenant et crut le rattraper avant qu'il ne s'échappe de nouveau.

Mon vieux, je vais te le faire payer ...

Elle s'essoufflait malgré tout et faillit le perdre complètement un peu plus loin, près d'un chantier. Elle arracha une drisse de sécurité et s'emmêla dedans, manquant tomber.

"Merde!!"

Mais il venait de passer par là et après une dernière course effrénée qui la vit grimper un escalier interminable, elle émergea sur une plate forme qui dominait la ville. Les mains sur les genoux, elle tenta de reprendre sa respiration. c'était dur et la fine pellicule de sueur sur son front prouvait son effort. Elle renifla, se passa le dos de la main sur le visage et frissonna quand une bise fraiche vint l'enlacer. Elle en eut la chair de poule et croisa ses bras devant sa poitrine pour se protéger bien inutilement. Elle fit quelques pas et chercha Hate. Elle ne le vit pas et continua à avancer. Son porte monnaie était là, posé comme un appât avec ... un truc doré? Elle verrait après. Elle cessa son avancée  à quelques centimètres de la rambarde.

"OOooooooooh ..."

Il ne suffisait de pas grand chose pour émerveiller un humain: un firmament étoilé et les lumières d'une ville magnifique en contrebas. Lilly contempla cette œuvre d'art universelle et sourit alors que dans son dos, un gentil prédateur se rapprochait.

"Tu me l'aurais demandé, je serais venue. Regarde moi maintenant, je n'ai plus rien de sexy."

... à part ses jolies jambes moulées dans son jean et son corps de folie à peine caché par un top toujours trop court.

- Regarde moi maintenant, je n'ai plus rien de sexy...

- Elle te ressemble beaucoup, cette ville, répondit-il simplement en s'approchant derrière elle et en admirant la vue, et à plus d'un titre d'ailleurs. Et puis, il regarda au loin.

- Si tu parcours ce panorama des yeux et que tu lui cherches des défauts, oui tu en trouveras sans doute. Et pourtant, il est parfait comme ça, exactement tel qu'il est maintenant. Tu ne trouves pas ?

Il tourna les yeux vers elle en prononçant cette dernière question. Lilly avait beau ne pas se voir sous son meilleur jour, elle resterait toujours la fille explosive et provocante qui l'avait accosté par hasard dans un parc. Ses cheveux courts se laissaient balayer doucement par le vent, son top la mettait si bien en valeur qu'il faisait littéralement partie d'elle, et pour une fois, elle n'avait plus son bar derrière lequel se retrancher. Il avança encore d'un pas et franchit les derniers centimètres en se plaquant contre son dos. Puis il la rassura.

- Ne t'inquiète pas pour ça, je crois tu resterais sexy dans des situations bien plus compliquées que celle-là...

Hate réalisa qu'il avait peut-être légèrement abusé. Il l'avait fait courir dans toute la ville, et même prendre des risques, traverser des avenues à la circulation bondée, entrer dans un vieil immeuble dangereux et condamné... La respiration de la barmaid était encore rapide et la brise du soir frôlait sa peau.
Lentement, il ôta alors son manteau et le déposa sur les épaules de l'américaine. Il descendit ses mains le long des fermetures pour l'ajuster sur son corps, et frôla ses joues, d'abord, puis l'extérieur de ses seins avant de s'arrêter sur son ventre. Il se plaqua un peu plus contre elle et posa ses mains sur la rambarde, emprisonnant l'humaine entre ses bras, et surtout face au vide, avec une simple rambarde comme point d'appui.

- S'il est trop lourd pour toi, tu peux l'enlever...

Hate glissa alors une main sous le manteau et la posa sur les hanches de Lilly, puis sur son ventre. Il sentait déjà sa peau se réchauffer. Hate s'en serait vraiment voulu qu'elle prenne froid maintenant. Il attira ensuite son bras vers lui pour se plaquer tout contre son corps.

- C'est marrant, on se retrouve de nouveau à la tombée de la nuit... Alors dis-moi, tu préfères quoi, boire un coup en l'honneur d'un premier "rencard", ou boire un coup parce que tu m'as lancé un défi ? Sinon, il reste toujours la réponse C...

Il laissa volontairement un blanc et sourit à Lilly qui attendait la fin de sa phrase. Une fin qui n'arriva jamais puisqu'elle pouvait être interprétée comme bon lui semblait. Pour lui, leur première rencontre, il y a un mois, ne pouvait pas vraiment être considérée comme un rencard, alors s'il voulaient faire tinter leurs verres ce soir, c'était une possibilité. Sinon, d'autres bruits étaient tout aussi agréables...

"Elle te ressemble beaucoup cette ville."

La voix chaude de Hate lui donna la réplique. Il se tenait près d'elle, derrière, sur sa droite. Elle avait senti sa présence juste avant et toute forme de revanche s'était évaporée comme si rien ne s'était passé. Elle lui présenta son profil quand il vint se coller à elle et profita de son corps pour se parer de l'agression de la bise nocturne. Elle prit le temps de contempler encore l'activité de la ville en contrebas avant de répondre.

"Tu as raison, j'ai brisé des cœurs dans des situations bien plus compliquées que celle-là ..."

C'était sa manière d'accepter le compliment et de nouveau, elle reporta son regard sur Seikusu. Ce n'est pas le genre de rendez vous provoqué auquel elle se serait attendue mais l'idée lui plaisait. Au dessus d'eux, l'immensité de l'univers voilait le ciel fond étoilé particulièrement visible, et que les lumières de la ville perturbaient à peine.

"Tu..."

"S'il est trop lourd pour toi, tu peux l'enlever..."

Elle arrangea les pans du manteau sur ses épaules et sentit le col du vêtement. L'odeur lui plut et elle sut qu'elle pourrait s'enticher de cet homme. Bien que peu de personnes le sache, l'odorat jouait beaucoup sur le choix d'un partenaire. Inconsciemment, le cerveau décryptait l'odeur corporelle de l'autre et en acceptait les nuances ou alors, brisait les prémices d'un amour qui aurait pu être fantastique. Ce n'était que de la chimie ... Hate venait encore une fois de lui tendre une perche et elle ne put s'empêcher d'être très ... Lilly.

"J'aime avoir un corps pesant sur le dos ... Il ne me dérange pas."

L'homme se fit plus délicatement incisif. Ses gestes auraient pu être interprétés comme possessifs mais il n'en était rien. Protecteur était un terme plus approprié et Lilly se blottit contre lui alors qu'il caressait sa peau et s'aventurait à la découverte de ses atouts. Elle le laissa faire et se pressa même contre lui, ses fesses s'emboitant parfaitement contre l'entrejambe de l'explorateur. Imperceptiblement, elle ondula, comme si elle cherchait à transférer ses ondes à Hate pour qu'il devine ce qui lui traversait l'esprit. Elle était bien, là, comme ça. Elle pourrait passer des heures à écouter sa voix lui conter tout et n'importe quoi.

"Je suis une créature de la nuit. C'est le meilleur moment pour me capturer et me soumettre car face à cette beauté infinie, j'oublie les codes et les restrictions de ma condition d'humaine."

Il attendait une réponse qu'elle mit un moment à rendre, émerveillée qu'elle était devant le foisonnement de néons colorés qui ponctuait la ville toute entière.

"Ne sois pas pressé Hate ... Commençons par ... la réponse C, et après on boira pour fêter ça. Qu'en penses tu?"

Lilly s'était calée un peu plus contre lui et faisait onduler ses fesses contre son entrejambe. Les signaux étaient pourtant clairs. Ils l'étaient depuis le début. Hate lui-même dégageait, par son attitude et sa façon de s'exprimer, tous les codes qui criaient qu'il avait envie d'elle. Plus que tout.
Pas envie d'une pipe dans une ruelle sombre, ni qu'il la doigte incognito sur une piste de danse, ni même qu'il la prenne rapidement entre deux Voyages sur Terre... Non... Il la voulait elle, toute entière, l'odeur de sa peau transpirante, son sourire, ses longs soupirs d'extase... son visage d'ange, et ses yeux plongés dans les siens qui le suppliaient de la libérer d'un plaisir qui la consumait toute entière.

- Ce... ce que j'en pense... ?

La voix de la barmaid le sorti de son absence. Il était toujours derrière elle, ses deux bras fermement appuyés contre la rambarde et qui permettaient à Lilly d'être parfaitement maintenue contre son torse. C'était pour lui une manière de la protéger du froid... probablement...

- Et bien, je pense que...

Allait-il encore devoir semer la confusion avec des phrases à double-sens, des allusions et des sens cachés ? Il hésita un instant, mais Lilly sentit soudainement la main de Hate glisser sur son ventre et le bouton de son jeans qui sauta. Amano pivota son visage sur le côté pour venir caler sa bouche dans son cou, son nez perdu dans ses cheveux. Il inspira lentement, en même temps que son autre main vint se poser sur les fesses de l'américaine, qui sentit un par un ses doigts se resserrer pour mieux imaginer sa peau et sa chair.
Ses yeux étaient fermés et il se risqua à les rouvrir pour regarder de nouveau le visage de la barmaid dans ce décor irréel. Belle comme une ville au crépuscule... C'était exactement ça.
Plusieurs centaines de mètres sous leurs pieds, les embouteillages de fin de soirée persistaient, les klaxons étaient à peine audible, les passants à peine perceptibles, grouillant comme les fourmis traversant la fourmilière.
Il embrassa son cou, doucement d'abord, puis fut plus insistant. Si Lilly levait la tête vers le ciel en signe d'un plaisir intense, il pourrait ouvrir plus grand sa bouche pour mieux la goûter, dévorer sa peau et sentir la chaleur de son corps.

D'une main, Hate releva légèrement le manteau et l'américaine sentit à nouveau le sexe du Voyageur se poser contre ses fesses, mais cette fois, il était plus dur, et beaucoup plus chaud... Elle pourrait sûrement en déduire qu'il avait sorti son membre à l'air libre, simplement à travers la tirette baissée de son pantalon.
Hate poussa plus fort son bassin contre les fesses de la barmaid et son sexe se durcit encore.

Sa main droite vint alors glisser son pouce sur le côté du jeans moulant et tira le vêtement vers le bas, de quelques centimètres seulement. Si Lilly avait un sous-vêtement, son pouce l'avait emmené avec lui également. Sous les yeux du Voyageur, le manteau cachait ce qu'il ne pouvait voir, mais son membre tendu devinait les fesses fermes et rebondies qui l'enserraient.
D'un simple geste, il se recula pour faire pencher son sexe vers avant et le glissa entre les cuisses serrées de l'américaine. Plaqué contre son dos, de là où il se trouvait il ne pouvait voir que son visage et le haut de sa poitrine.

Seikusu s'agitait toujours. Devant eux, à l'horizon, le soleil allait bientôt disparaître.
La ville s'endormait, pendant que d'autres s'éveillaient dans la pénombre.
Une créature de la nuit...

Les actes valent souvent mieux que les mots. La démonstration de Hate fut claire quand à ses intentions immédiates. On aurait pu croire qu'il la pelotait mais il n'en était rien. Il l'explorait, s'imprégnant de son être. Elle le sentait vibrer, inhaler son odeur et s'imbiber de sa présence. Autour d'eux, plus rien d'autre n'existait que l'attirance qu'ils s'imposaient. Lilly aimait ce moment. Elle dont le tempérament était habituellement fougueux, elle se plaisait à patienter en attendant l'inévitable. Cette fois, il ne s'agirait pas de cachotteries rapides d'étudiants dans l'obscurité protectrice du recoin d'un bar. Non, cette fois-ci, ils allaient baiser et ce foutu immeuble, dont Hate semblait vouloir lui faire mesurer toute la hauteur, tremblerait sur ses fondations. Elle fondit quand il fit sauter le bouton de son jean, faillit mourir quand il s'attaqua à la peau fine de son cou, et se mordit les lèvres à les marquer quand enfin, il colla son sexe contre la peau nue de ses fesses.

Instinctivement, Lilly le logea tout du long dans le creux de ce sillon qu'il avait choisi d'envahir. Elle pressa fort, s'agrippant à la rambarde qui ne demandait qu'à céder. Sa tête s'affaissa, elle haletait. Son esprit s'emballait à l'idée de tout ce qui pourrait se passer dans les secondes suivantes: une sodomie surprise? Un long coït face à cette vue merveilleuse? L'ordre donné de se mettre à genoux face à lui et l'accueillir dans sa bouche? Etant donné l'état dans lequel elle se trouvait, elle était presque prête à tout accepter.

Il bougea derrière elle et s'apprêta à ... Le cœur de Lilly manqua un battement. Ses fesses directement? Non, il passa cet arrêt et s'introduisit entre ses cuisses, pesant délicieusement sur son dos. Le sexe chaud, déjà dur se fraya un passage contre sa peau pour émerger de l'autre côté. Elle l'emprisonna dans ce cocon et expira comme si ce contact la libérait d'une charge émotionnelle trop intense. Ce n'était pas le cas. Lilly ne voulait qu'une chose: qu'il la prenne comme bon lui semble, et que ce début d'aventure se termine dans une extase inoubliable.

L'américaine lâcha la rambarde d'une main pour venir cueillir au creux de sa paume le gland gonflé de son geôlier. Elle le cajola, l'encercla de son pouce et son index pour le masturber en titillant la masse gorgée de sang. Elle voulait qu'il lui murmure des insanités, lui ordonne d'être plus entreprenante. Lilly aimait baiser et ... se faire baiser. Son kif passait par les contacts physiques mais aussi par la domination de l'un sur l'autre. Domination à double sens d'ailleurs car elle avait l'habitude de switcher les rôles sans prévenir.

Lilly se tordit pour observer son amant. Est-ce qu'il avait le même regard flou qu'elle? Est-ce que lui aussi cherchait à contrôler sa respiration pour ne pas s'emballer? Elle aima ce qu'elle vit et se cambra, terminant d'enfoncer ses fesses contre l'abdomen de Hate. Le sexe de l'homme jaillit d'autant plus et elle l'empoigna pour le masturber comme elle l'avait déjà fait avec lui. Elle ne prit plus de gant à y prendre soin. Sa caresse fut sèche, rapide, ambitieuse. Ses doigts s'imprégnaient de ce que Hate libérait comme plaisir et l'odeur musquée des premières secrétions lui monta au nez.

La barmaid avait décidé d'ouvrir les hostilités. Elle tenait son membre dans sa main et tentait de lui donner encore plus de vigueur qu'il n'en avait déjà. Ses pieds à quelques pas du vide, Amano aimait le contact de sa main, son rythme, sa façon de faire...
Mais dans son état d'excitation, les choses pouvaient aller vite, trop vite, alors sans perdre de temps, le Voyageur recula son bassin pour faire revenir son gland entre les cuisses de Lilly, contracta son périnée pour relever son gland contre les lèvres trempées de l'humaine, puis poussa un grand coup vers l'avant, tapant ses abdominaux contre les fesses de la belle.
Son gland s'engouffra sans difficulté entre ses chairs chaudes et disparu jusqu'au fond de son ventre.

Ainsi placé, Hate sentit le vent glisser sur son visage pendant qu'il entamait de long et délicieux va-et-viens. Au fur et à mesure, il appuya à nouveau ses deux mains contre la rambarde pour intensifier ses assauts qui devinrent plus directs et plus agressifs. Il tourna la tête pour attraper l'oreille de Lilly et embrassa son cou, puis prit le lobe de son oreille entre ses lèvres pour le sucer.

Dans l'immensité du paysage qui s'offrait devant les deux amants, le souffle de la brise nocturne et le brouhaha lointain des klaxons étaient les seuls bruits qui venaient bercer leurs ébats. Personne ne put voir ni entendre ce que Hate murmura à l'oreille de la barmaid, mais celle-ci sembla apprécier ces paroles au point qu'elle se cambra à fond, se penchant bien plus que nécessaire. Elle se pencha davantage en avant, baissant son buste au point de risquer de les faire basculer vers l'avant, et releva ses fesses au maximum pour les caler contre son ventre.

Hypnotisé par un tel angle de vue, Hate fut pris d'une envie furieuse de la savourer jusqu'au plus profond de son être et la poussa sèchement vers l'avant, contre la rambarde qui trembla dangereusement. L'humaine fut projetée sa tête au dessus du vide, sa poitrine totalement écrasée contre les barres d'acier froides. Le Voyageur agrippa alors ses hanches et la martela de coups de boutoir, longs et puissants. Il savait que Lilly aimait ça, la preuve coulait le long de ses cuisses trempées...
Les sensations étaient divines, l'extase était réelle... si bien qu'après de longues minutes de délices et de plaisirs incontenables, Amano sentit qu'il n’allait pas tarder à serrer ses doigts et ses ongles dans la peau fragile de la belle humaine.

La pénétration qui suivit fut une libération.

"Oh oui vas-y!"

Hate glissa en elle vigoureusement, projetant la jeune femme contre la rambarde. le torse de Lilly passa la sécurité du métal pour se projeter au dessus du vide mais elle ne s'en rendit même pas compte, uniquement concentrée sur l'objet massif qui perçait ses entrailles. L'homme ne lui laissait pas le temps ni les moyens de réagir d'aucune manière que se soit. Jusqu'à présent, il avait joué le jeu du romantisme mais il venait de changer pour une dynamique plus soutenue, plus intense. La main de Lilly glissa une fois sur le métal froid, la tordant encore plus délicieusement. Elle se mordit les lèvres pour ne pas sortir une connerie qui aurait brisé l'ambiance puis fourra sa tête dans le creux de son coude. Son corps encaissait les assauts de Hate et entre ses cuisses, c'était une véritable éruption de plaisir qui dégoulinait jusqu'à ses mollets.

"T'y vas ... fort ..."

Elle haletait, peinant à le retenir... et elle adorait ça. Il ne mettait pas de frein à sa virilité et la baisait virilement, comme chaque homme devrait être capable de le faire d'ailleurs, selon elle. Sa réponse l'emballa, mélange de promesses et de contraintes qui la fit frémir. Hate ne semblait pas vouloir réduire l'intensité de étreinte. Au contraire, il densifia ses pénétrations et Lilly ne put plus retenir ses gémissements. Elle s'abandonna au plaisir et le laissa profiter d'elle encore et encore, la gavant de désir et dissipant sa volonté de résister un peu. Quand elle ouvrit les yeux, rien ne la séparait du vide qui s'étendait loin en dessous d'elle.

"Hey!"

Son cœur manqua un battement et elle eut un réflexe de sauvegarde, se projetant en arrière. La queue de Hate appuya contre le col de l'utérus et elle battit des bras, les yeux écarquillés, à la limite de la folie sexuelle. Elle se tortilla, planta ses ongles dans les avant-bras de son homme et jouit violemment, longuement, se contractant autour de ce corps chaud qui occupait l'espace de son ventre. L'homme ne fut pas long à la suivre et elle reçut comme une récompense ce qu'il lui lâcha sans se retirer.

Ils restèrent emboités encore un long moment après et ce fut Lilly qui rompit le contact en se redressant. La nuit et sa fraicheur les rattrapèrent et elle frissonna une nouvelle fois sous l''effet de la bise nocturne. Elle regarda enfin son délicieux tourmenteur et sourit. Parler n'était pas nécessaire. Ce qui venait de se passer n'était que l'évidente conséquence de leur sulfureuse rencontre. Elle se baissa et remonta le long de ses cuisses trempées sa culotte et son jean. C'est elle encore qui interrompit Hate en saisissant son sexe collant pour le branler contre ses abdominaux alors qu'elle lui roulait un patin indécent. Elle lui murmura juste un:

"J'ai beaucoup aimé."