Ne pas bouger. Respirer le moins fort possible. Voici la priorité de la voleuse tapie qui avait choisi de faire profil bas. Chaque partie de son corps était immobile et la voleuse n'observait ce qui se passait que par les espaces qui lui permettaient d'épier sans se faire voir. Madame Caster était vigilante, une qualité tout à son honneur mais qui se révélait ennuyeuse pour quiconque voulait effectuer un cambriolage chez elle. Avec patience, la voleuse déguisée en l'une de ses ancêtres fixait la propriétaire des lieux en restant dissimulée et sans la quitter des yeux. Voir la fermière sur ses gardes n'était pas chose rassurante et les secondes passaient. La blonde semblait avoir quelque chose derrière la tête et faisait passer un temps précieux. Anna sentait s'écouler les secondes, puis les minutes alors que la travailleuse de jour n'avait pas l'air de vouloir abandonner son gardiennage. Et le client qui attendait surement déjà au lieu de rendez-vous.
Merde, elle va surveiller sa ferme pendant combien de temps ? J'ai un client qui attend et elle va tout faire foirer. Je devrais peut-être déjà ouvrir le box des chevaux. Non, c'est trop tôt ! Il ne faut pas se précipiter alors qu'elle regarde partout !
Mais Madame Caster persistait et signait dans sa décision de monter la garde et l'impatience se faisait ressentir chez la voleuse qui envisageait sérieusement de déjà bouger en direction de son objectif premier. Très lentement, elle sortit de sa cachette, tapie, vérifiant qu'il y avait un chemin au milieu des hautes herbes du champ, mais le risque restait trop grand de faire plier des brins et signaler sa position.
Stop ! Si je sors, je suis repérée. Je devrais peut-être revenir en arrière et passer par le champ de blé, c'est plus sûr.
Mais à cet instant. la fermière choisit de tourner les talons. Sans attendre, toujours tapie, Anna se faufila de sa cachette à un point opposé par le chemin contenant le moins d'herbe et étant le mieux caché, un difficile exercice de jugement qui lui permit toutefois d'être hors de vue de la blonde. Furtivement, elle approcha alors du box et doucement, elle fit entrer ses outils dans la serrure du cadenas. Oeuvrant d'une main, elle retint l'anse de cadenas, qui risquait de s'ouvrir en faisant un "clac". Maintenir fermement l'objet permet qu'il s'ouvrît sans bruit. Tournant l'anse, elle ôta de la porte son seul obstacle pour entrer enfin dans le box, lentement, doucement.
Avançant sans lumière, elle remarqua toutefois que le bois utilisé était un bois noble. Noble et peint. La peinture avait été utilisée partout et huilée, un traitement complexe et onéreux pour un endroit pareil. Le plafond était haut et la structure aérée et plus agréable que l'idée que se faisait la brune d'un box pour équidés. Anna avait fait de l'équitation et le confort du foin installé à la ferme Caster n'était de loin pas celui des éleveurs équestres qu'elle avait côtoyés lors de ses cours, oh non ! Un soin était apporté aux bêtes ici, c'était fou. Avançant doucement, Anna regardait les animaux qui semblaient avoir été récemment peignés. La fermière prenait carrément ce temps ? Ouah, les beaux spécimens ! La voleuse en oubliait son contrat, profitant pour admirer les pelages et la santé des bêtes. Mais alors qu'elle arriva au dernier cheval, celui-ci hennit. il hennit, puis un autre le suivit, puis un troisième !
Sursautant, la voleuse regarda l'entrée et constata qu'elle était loin. La fermière pouvait la surprendre par l'extérieur. Sortir semblait trop dangereux. Anna était à côté d'une porte. Pressée, elle ouvrit et découvrit du foin. Des bottes de foin entreposées. Une ici, une autre là-bas, une pile là, une autre pile par ci. Du foin à foison ! Mais ça braillait dans le box, Anna entra dans la salle du foin et ferma la porte derrière elle, mais ne s'y trompa pas, la propriétaire allait la chercher. Elle court se cacher derrière deux bottes superposée et sortit sa matraque. Plus le choix, elle allait devoir assommer madame Caster pour s'en tirer. Sans faire un bruit, prête à contourner les bottes, Anna écouta. Elle allait se fier au son de la paille sous les pieds de l'éleveuse.