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Crossfire [Feat Soeur Mary]

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Sonya Dimitrovna

Humain(e)

Crossfire [Feat Soeur Mary]

mercredi 04 novembre 2020, 21:34:47

3h du matin, et je me réveillais pour la deuxième fois depuis le début de la nuit. Depuis que j'avais intégré l'armée, je dormais par intermittence, à savoir une période de deux heures sur trois. Et même lorsque j'étais chez moi, donc non-opérationnelle, je dormais de la sorte. Je n'avais jamais pu reprendre un rythme de sommeil normal, et à vrai dire, si j'essayais de changer de rythme de sommeil, c'était tout bonnement peine perdue pour moi. Je m'étais habituée à tout cela, et cela me convenait parfaitement. J'attrapais mon paquet de cigarettes, et sortis de la grande tente dans laquelle je campais avec mon unité. Bien évidemment, il faisait encore nuit, et le soleil se lèverait dans à peu près trois heures. Ce qui nous laissait le temps de nous préparer pour partir à l'assaut. Une fois ma cigarette terminée, je réveillais tout le monde avant de manger. Partir le ventre vide ne m'attirerait que des problèmes. Ils firent exactement la même chose que moi, et il ne nous fallut pas beaucoup de temps pour nous préparer. J'étais déjà en tenue, donc il ne me fallait que mon gilet pare-balles, mes chargeurs, et charger mon fusil. Depuis quelques années, j'avais troqué mon ancien fidèle SVD pour un SVL chambré en .338. Il ne m'avait jamais déçu, et m'avait sauvé la vie plus d'une fois.

A quatre heures moins le quart, tout le monde était prêt. Je comptais sur la nuit pour son effet de surprise, une attaque vers quatre heures et quart du matin allait déstabiliser notre cible. L'attaquer en plein jour serait d'emblée plus difficile. Notre cible était un campement jihadiste en plein désert. Selon les derniers renseignements, ils étaient un peu plus d'une cinquantaine. Pour une grosse trentaine de soldats d'élite, ils ne représentaient pas une véritable menace, mais il fallait éradiquer leur présence, et mettre toutes les chances de notre côté pour subir le moins de pertes possibles. Il y avait environ une demi-heure de marche pour nous rendre à leur campement, ce qui me laissait amplement le temps de me ruiner les poumons. Je fumais comme un pompier, mais cela m'aidait surtout à rester éveillée la nuit, surtout lorsque je dormais environ 3 à 4h par nuit uniquement. Une demi-heure plus tard, nous arrivions sur place, avec le plus de discrétion possible. Je donnais par conséquent mes instructions, créant des petits groupes mobiles de 4 à 5 personnes. Quant à moi, je restais avec les 2 autres meilleurs tireurs d'élite de mon unité, pour investir une dune de sable à une toute petite distance de l'entrée sud du campement.

Ils n'attendaient plus que mon signal, c'est à dire le premier coup de feu de ma part. Je m'allongeais, et plongeais mon regard dans ma lunette à vision nocturne, attendant patiemment qu'un adversaire commence sa ronde pour venir se loger en plein milieu de ma ligne de mire. Prenant une grande inspiration, je pressais la détente, la déflagration sonnant donc le départ de notre assaut, et la balle vint se loger entre ses deux yeux, le tuant sur le coup. La réaction ne se fit pas attendre, car seulement quelques secondes plus tard, je reconnus les déflagrations caractéristiques de nos armes, mais aussi celles des ennemis. Actionnant ma manoeuvre verticale, j'engageais une nouvelle balle, pour abattre un jihadiste se jetant hors de sa tente. Je comptais bien évidemment sur l'efficacité de mes hommes pour que cette attaque soit la plus rapide possible. Mais de ce que je pouvais voir à travers ma lunette de visée, ils s'en sortaient très bien. De mon côté, j'en abattais successivement deux autres, en prenant mon temps. L'attaque se déroulait très bien, comme je l'avais prévu. J'avais avec moi des soldats parmi les plus efficaces de toute la Russie, et de ce fait, je devais tout faire pour qu'ils rentrent tous sain et sauf. Une seule perte était dramatique à mes yeux. Mais tout se déroulait très bien pour le moment, sans ombres au tableau.
« Modifié: mardi 30 mars 2021, 22:25:00 par Le Grand Jeu »

Sonya Dimitrovna

Humain(e)

Re : Crossfire [Feat Soeur Mary]

Réponse 1 jeudi 12 novembre 2020, 17:53:30

Tout se passait très bien, en quelques minutes, les 3/4 du camp avaient été décimés. C'était l'une des raisons pour lesquelles je n'avais jamais voulu changer d'unité. Mes hommes étaient très compétents, consciencieux et rapides lors de l'exécution de leurs tâches. Aussi, entre chaque tir, je vérifiais, à travers ma lunette de visée, que nous ne subissions pas de pertes, ou qu'elles restent minimes. J'avais pour but de tous les ramener vivants, et il serait tout bonnement inadmissible, à mes yeux, de devoir me séparer de l'un d'entre eux. Chaque perte était un véritable échec personnel pour moi, ce qui me poussait d'autant plus à tout faire pour ne pas en perdre un seul. Une balle dans la chambre, je scrutais le camp à la recherche d'un ennemi toujours en vie. Fort heureusement, je pus compter sur mes réflexes pour appuyer rapidement sur la détente et sauver l'un de mes hommes, qui se faisait attaquer par derrière. Dans les rares survivants, il y avait une agitation que je n'arrivais pas à expliquer. Ce n'était pas de la peur, c'était tout autre chose, mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus. Et à vrai dire, je n'avais pas très envie de découvrir la surprise qu'ils pouvaient éventuellement nous réserver, ce qui fit que j'étais d'autant plus sur mes gardes.

Moins de 5 minutes plus tard, il n'y avait plus âme qui vive dans ce camp. Mais je ne comptais pas rentrer à l'intérieur, et je fis rapidement passer l'ordre de quitter ce campement sur le champ. Cependant, je vis quelqu'un qui se mit à courir en dehors du camp, courant droit devant, et je n'eus que le temps de me retourner pour hurler à cette personne de se coucher et de ne plus bouger. Voyant que je n'eus pas le temps de tirer, Vladimir, mon second, tira une balle à proximité de cette personne, ce qui avait pour but de la faire plonger à terre par pur instinct de survie. Je pris 4 de mes hommes avec moi, leur ordonnant de tenir cette personne en joue en permanence et de tirer si le moindre acte de résistance était visible. L'un de mes soldats alluma sa torche et j'eus un mouvement de recul en voyant ce que cette personne portait à la taille. Une ceinture d'explosifs. Tout le monde recula, excepté Dimitri. Il savait ce qu'il avait à faire.

- Dimitri, prends ton temps, et fais attention, s'il te plaît. Mon ton était toujours maternel avec eux, même quand je leur donnais des ordres. Cette personne ne devait pas comprendre ce que je venais de dire, étant donné que personne, en dehors de nous, ne parlait Russe dans cette région. Ceci dit, j'espérais me faire comprendre par cette personne, étant donné que j'étais bilingue. - Bouges, et tu crèves. T'as voulu jouer? Disons que ton petit périple s'arrête ici. Bouges un seul orteil, et personne ici n'hésitera à t'abattre.

Dimitri prenait son temps pour lui enlever cette saloperie de ceinture. Mais je le connaissais, même s'il était très compétent dans ce domaine, il avait toujours la boule au ventre quand il devait faire quelque chose comme ça. Il disait toujours que si l'on n'avait pas mal au ventre devant des explosifs, il fallait très rapidement quitter ce boulot si l'on voulait rester en vie. Concentration maximale de sa part, et il mit quelques minutes à accomplir son travail, au grand soulagement de tout le monde. Je relevais personnellement cette personne, pour lui attacher les mains dans le dos, et le canon de mon fusil en permanence en contact avec son dos. Une fois que tous mes hommes étaient autour de moi, il était temps de retourner au camp. J'allais personnellement interroger cette personne, une femme. Je n'étais pas née de la dernière pluie, ces enfoirés embauchaient régulièrement des villageois ou des villageoises pour jouer les kamikazes, faisant miroiter une forte somme d'argent à leur famille pour qu'ils acceptent de laisser un membre de leur famille partir pour ne plus jamais revenir. Évidemment, cette somme d'argent n'arrivait jamais. Jouer avec la misère sociale, c'était quelque chose qui me faisait gerber, et c'était également une raison supplémentaire pour abattre ces enfoirés. Il y avait une demi-heure de marche au retour, et nous allions prendre tout notre temps.

Une fois de retour au camp, je la jetais sur une chaise, avant de m'asseoir en face d'elle, sur la table. Elle avait l'air totalement perdue, mais il ne fallait pas que j'oublie qu'elle courrait avec une ceinture d'explosifs sur elle. Bien que cet élément devait rester important, c'était une femme, et j'allais être naturellement moins violente avec elle qu'avec un homme. Mais si jamais elle se foutait de moi, elle allait tout de même y passer. Je n'irais pas jusqu'à la tuer, évidemment. Il était hors de question que je tue une femme, sauf si elle représentait un danger vital pour mes hommes. Mais comme elle n'avait aucune arme sur elle, nous n'avions a priori rien à craindre.

- Bon, tu vas m'expliquer de quel village tu viens. Qu'est-ce que tu foutais dans ce camp, et qu'est-ce que tu foutais avec une ceinture d'explosifs autour de toi? On t'a demandé explicitement de nous viser? On a promis combien à ta famille pour ça? Depuis quand tu es en contact avec eux?

Sonya Dimitrovna

Humain(e)

Re : Crossfire [Feat Soeur Mary]

Réponse 2 samedi 03 avril 2021, 20:14:30

J'avais très clairement l'impression, en l'écoutant qu'elle me prenait vraiment pour une idiote. Elle s'attendait vraiment à ce que je crois un seul mot de ce qu'elle venait de me dire alors que rien, mais alors absolument rien, ne tenait la route? Il n'y avait strictement aucune logique dans ce qu'elle venait de me raconter, et surtout, vu la configuration des lieux, c'était tout bonnement impossible. Le premier couvent était à plus de 400 kilomètres d'ici, et il était à peine habité, et certainement pas par des religieuses comme celle-ci. Soit elle me faisait tourner en bourrique, et je n'allais pas du tout aimer ça, soit elle voulait me cacher quelque chose, ce que je n'allais pas aimer non plus. Je pourrais éventuellement lui laisser le bénéfice du doute, mais pour cela, il aurait tout de même fallu qu'elle me sorte un discours un tant soi peu plus crédible que celui-ci. Car dans l'état actuel des choses, c'était loin d'être crédible, et cela me donnait surtout l'impression qu'elle était plus suspecte qu'elle ne le prétendait. C'était courant dans cette région, on tombait très souvent sur des villageois qui prétendaient être de simples citoyens n'ayant strictement rien à se reprocher alors qu'ils travaillaient main dans la main avec ces enfoirés. Malheureusement pour eux, quand nous découvrions le pot aux roses, ils subissaient le même sort.

- Donc, tu veux essayer de me faire croire que tu viens d'un couvent. Le premier couvent est à plus de 400 kilomètres d'ici, il y a une dizaine de religieuses à peine, et elles sont toutes originaires d'ici. J'ai horreur qu'on me prenne pour une conne dans l'unique but de protéger des enfoirés qui foutent la merde dans une région entière sous des prétextes religieux absolument bancals. Je te jure que si jamais j'apprends que tu viens d'un village pas loin, et que tu bosses avec eux, tu regretteras sincèrement d'être née. On est ici pour pacifier cette putain de région, pas pour que des villageois nous prennent pour des cons pour arrondir leurs fins de mois.

Je m'allumais une cigarette, et expirais ma première taffe par le nez. Si elle voulait jouer avec moi, alors elle allait perdre. J'étais tellement habituée à ce qu'ils essaient de se foutre de nous que j'avais toujours cette idée en tête que peu importe ce qu'ils disaient, ils mentaient. La seule chose qui semblait crédible dans son discours était sa cécité. Personne n'allait se trimballer un bandeau complet sur les yeux s'il voyait quelque chose. Et surtout, la manière qu'elle avait d'agir montrait que, sur ce terrain-là, elle disait au moins la vérité. - Maintenant, ils recrutent chez les plus faibles. Ça leur suffit pas de faire des attentats suicide en plein camp pour tuer le plus de monde possible, et au passage me brûler la moitié du corps, il faut en plus qu'ils s'attaquent aux plus faibles. Je sais pas ce qui peut vous passer par la tête pour accepter de jouer aux kamikazes pour un mois de salaire pour votre famille... J'expirais toujours ma fumée par le nez. - T'es tombée sur la plus teigneuse, ma petite, je peux y passer la nuit sans aucun souci. Soit tu me dis toute la vérité, soit tu vas le payer. Et n'essaie pas de m'embobiner avec ton histoire de couvent imaginaire, ça ne marche pas avec moi. Ou alors, si c'est aussi vrai que tu le prétends, j'imagine que tu es en capacité de prouver ce que tu avances. Y'a bien un de vos soit disant saints qui ne croyait que ce qu'il voyait, n'est-ce pas? Prouve moi ce que tu avances, et je considérerais que tu dis la vérité. Fous-toi de ma gueule et tu vas prendre cher.

Et pour bien lui faire comprendre que j'étais relativement sérieuse sur ce point, j'allais jouer avec le son, car elle ne pouvait pas voir ce qu'elle faisait. Je me levais pour aller prendre un 500 magnum que j'utilisais de temps en temps, et je faisais en sorte de jouer avec le barillet, et le chien, alors qu'il n'y avait qu'une seule balle à l'intérieur. Bien évidemment, je faisais toujours en sorte de tomber sur un des crans vides du barillet, ce qui laissait échapper un bruit métallique particulièrement reconnaissable, et qui pour toute personne ne connaissant rien aux armes à feu, faisait généralement peur, et qui était une très bonne arme de torture mentale. Il valait mieux que j'agisse sur son mental plutôt que je décide de la tuer au bout de 5 minutes.

Sonya Dimitrovna

Humain(e)

Re : Crossfire [Feat Soeur Mary]

Réponse 3 vendredi 11 juin 2021, 19:05:00

Il était clairement évident que mon petit jeu avait un impact sur elle. Pour la plupart des gens, surtout ceux qui ne connaissaient que peu ou pas du tout les armes à feu, ce bruit métallique s'approchait doucement mais sûrement d'une torture mentale sur le long terme. Et c'était précisément ce que je comptais faire. Plus sa résistance mentale serait faible, plus j'allais avoir de chance d'obtenir les informations que je voulais. Certaines personnes résistaient bien mieux à ce genre de choses, mais il était évident que ce bruit la terrifiait. Moins elle allait résister, plus vite son calvaire mental allait cesser, tout ne dépendait que d'elle au final. Je n'étais pas vraiment convaincue par ce qu'elle me disait, surtout à partir du moment où elle m'indiquait avoir fui son couvent en courant à travers les jardins. Mais est-ce qu'elle était vraiment en train d'essayer de me prendre pour une conne? Des jardins, dans une zone aussi désertique, où les seules plantes qui pouvaient pousser était des graminées, et il fallait parfois parcourir plusieurs kilomètres pour en voir une seule? Plus le temps passait, moins son histoire parvenait à me convaincre, mais même si j'étais une teigne, je n'avais pas envie de la massacrer gratuitement, il me fallait une véritable raison pour cela, et je ne l'avais pas encore sous la main. Et il valait mieux pour elle que je ne trouve pas cette raison. J'appelais un de mes hommes, qui se précipita dans la tente, l'air surpris.

- Anatoli, aurais-tu l'obligeance, je te prie, de me préparer du thé? Je crois que cette histoire est partie pour durer. Fais en aussi pour mademoiselle, au cas-où, si jamais elle décide d'arrêter de nous faire tourner en bourrique et de finalement passer à table.

Je n'étais pas un monstre, cela me répugnait de frapper une femme, mais quand il n'y avait pas d'autres choix, je devais m'y résoudre. Mais pour le moment, j'avais encore le choix, et j'allais tout faire pour éviter ce genre de choses, sauf si elle continuait sur cette voie-là, ce qui allait me forcer à aller à l'encontre de mes propres convictions, ce que je détestais faire. Cependant, j'avais une idée en tête, qui allait peut-être la sauver. Il y avait certaines choses que seules des religieuses étaient capables de faire sans prendre le moindre temps de réflexion ou prendre du temps pour se rappeler quelques choses. Il y avait, chez ces personnes, des habitudes tellement tenaces qu'elles pouvaient agir de manière parfaitement automatique. Et si elle y parvenait, cela allait constituer, à mes yeux, une preuve qu'au moins une partie de son histoire tenait debout. Si elle prenait trop de temps pour faire ce que je lui demandais, c'était tout bonnement une preuve que son histoire était un vaste mensonge dans l'unique but de m'amadouer, ce qui n'allait clairement pas arranger ses affaires, bien au contraire. Anatoli m'apporta deux tasses de thé, et sitôt que je pris une gorgée de thé, elle me tendit son chapelet, afin de me montrer qu'elle me disait la vérité, ce qui allait constituer une occasion parfaite pour qu'elle me prouve que son histoire était vraie. Tirant une grande taffe et expirant ma fumée par le nez, je lui jetais son chapelet dans ses mains avant de ricaner.

- Récite-moi ton chapelet, entièrement.

Si elle commettait la moindre erreur, si elle prenait du temps, cela prouvait qu'elle mentait. Si elle le faisait sans se tromper et sans réfléchir, alors elle me disait la vérité. J'avais une vague connaissance de ce genre de choses, étant donné que ma grand-mère avait été très croyante, et de ce fait, si quelque chose ne correspondait pas avec ce dont je me rappelais, j'allais évidemment avoir encore plus de mal à la croire. Mais au moins, je lui laissais une chance de me montrer qu'elle me disait la vérité.

Sonya Dimitrovna

Humain(e)

Re : Crossfire [Feat Soeur Mary]

Réponse 4 jeudi 02 septembre 2021, 18:07:09

En la voyant agir avec son chapelet, une chose était sûre, elle y tenait, à cette bricole. Et pour le coup, je ne voyais aucun simulacre dans son comportement, elle avait vraiment l'air attachée à cet objet, ce que je pouvais comprendre. Je prenais un soin fou de mes objets personnels, même ceux qui semblaient ne pas avoir beaucoup de valeur pour les autres. J'attachais une grande importance sentimentale aux objets que je possédais, sans même vraiment y réfléchir. Je commençais à me dire qu'elle ne mentait peut-être pas au final, mais cela n'expliquait pas du tout ce qu'elle était venue faire ici, au beau milieu du désert, à plusieurs centaines de kilomètres de distance du couvent le plus proche. Il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond, et je n'avais aucune explication à tout cela, hormis le fait qu'elle ai pu soit se faire kidnapper, ce qui arrivait souvent avec ces enfoirés, soit elle était avec eux, et je ne pouvais clairement pas trouver la moindre explication rationnelle à un tel comportement, si elle était bien une religieuse. Si elle était vraiment une religieuse, elle allait pouvoir me réciter son chapelet correctement, sans faire d'erreurs. Et c'était ce qu'elle était en train de faire, même si sa voix n'était clairement pas assurée à cause de la peur qu'elle n'arrivait pas à dissimuler. Dans une telle situation, j'aurais été à sa place, j'aurais agi exactement de la même manière. Mais je faisais mon travail, et il était hors de question que je fasse du sentimentalisme, ce genre de choses étaient clairement dangereuses dans nos situations.

Elle venait de faire ce que j'attendais d'elle, du moins pour donner du crédit à son histoire, même si cela n'expliquait absolument pas ce qu'elle faisait ici. J'expirais ma fumée par le nez, avant d'écraser ma cigarette dans le cendrier qui trônait à côté de moi, restant silencieuse quelques instants, avant de reprendre la parole.

- Ça donne du crédit à ton histoire, même si cela n'explique absolument pas ce que tu fais ici. On va dire que je te crois, sur le fait que tu puisses être une religieuse. Maintenant, je veux que tu m'expliques, en détails, et sans absolument rien n'omettre, ce que tu fais ici. Et j'espère sincèrement pour toi que cela n'a rien à voir avec ces salopards, car même ton statut de religieuse ne te sauvera pas des conséquences si c'est le cas. On a déjà assez de boulot comme ça à purger la région de leur présence, alors si en plus on doit faire la même chose avec les religieux à côté, on ne s'en sortira jamais.

Ceci dit, je lui donnais une tasse de thé, car même si je ne faisais pas dans le sentimentalisme, je restais tout de même humaine, et il y avait certaines choses qui ne se faisaient pas. Cependant, dans ce genre de situations, je ne donnais jamais de manière définitive, le moindre pas de travers, et je reprenais automatiquement ce que j'avais donné. Une sorte de carotte qui marchait très bien, pour la plupart des gens qui passaient entre nos mains. Même si j'avais les plus hautes responsabilités dans ce campement, j'étais l'une des interrogatrices les moins violentes, les autres l'étaient davantage, même si je les surveillais étroitement, histoire qu'ils ne dépassent pas les bornes quand c'était injustifié. Nous n'étions pas des sauvages, et je veillais en permanence à ce qu'ils agissent comme des êtres civilisés. Lorsque ce n'était pas le cas, ils en payaient le prix, mais surtout, je prenais cela comme un échec personnel, car cela voulait tout simplement dire que j'avais mal fait mon travail, ce qui, à mon niveau de responsabilités, était tout bonnement inacceptable. Je me rapprochais un peu d'elle, tout en jouant avec mon zippo, ce qui ne faisait pas le même bruit que mon arme à feu lorsque je jouais avec le chien, ce qui allait lui indiquer que ce n'était pas dangereux.

- Ceci dit, je vais te le dire comme je le pense, mais je doute que tu sois réellement aussi dédiée que cela à ta foi. Le fait que tu connaisses ton chapelet par cœur et que tu y tiennes autant est un fait indéniable, tu as la foi. Mais tu ne vas pas me dire que quelqu'un comme toi n'a strictement jamais rien fait de répréhensible par votre père tout-puissant. Tu ne me feras pas croire ce genre de choses, pas à moi.

C'était de la pure provocation, j'agissais de la sorte pour voir sa réaction, avant tout.


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