Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Des vacances, c'est vraiment trop demander ? [Serenos]

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Lied Mueller

Humain(e)

« Tu es sûre que ça va aller, vraiment ? Le docteur Ruand n'a rien trouvé d'anormal cette fois ? Elle t'a donné des cachets au cas où ? Il paraît qu'il y a plein de maladies rares, et tu sais bien qu'ils n'ont pas nos moyens, et si jamais....
- Maman, du calme, bon sang ! »


Installée confortablement sur son siège à l'arrière d'une voiture spécialement dépêchée pour ce long trajet, Lied soupirait devant le visage inquiet de sa mère, qui s'était enfermée dans son bureau malgré le travail et les râles de ses collègues pour passer ce court appel vidéo avec sa petite fille qui partait bien loin de chez elle. Elle n'était pas foncièrement d'accord, mais ne pouvait la forcer à rester, seulement bien lui demander si elle était préparée. Ce qui, soyons honnête, n'était pas le plus utile, puisque la jeune sénatrice ne pouvait pas vraiment faire demi-tour, alors qu'elle était déjà sur le trajet depuis deux longues heures. De toute manière, ce n'était guère son premier voyage, aussi était-elle parfaitement préparée : un gros sac rempli de ses habits et de ses affaires pour travailler, ainsi qu'un second plus petit, contenant des médicaments en passant par un gros oreiller douillet jusqu'à ses cubes en bois adorés. L'âge adulte ne l'empêchait pas de les adorer et ne vouloir s'en séparer, même les quelques semaines qu'allaient constituer ce voyage.


« J'aurais tout de même préféré que tu partes avec Belphégor, tu sais ?
- Et tu sais qu'elle ne pouvait pas venir, elle a du travail avec June, que Violette ne peut pas partir et qu'elle ne partirait pas sans elle. Ca va aller, ne t'inquiètes pas, je suis grande tu sais ? Ce n'est peut-être pas Tekhos, mais ce n'est pas pour autant comme si j'allais dans un désert et qu'on allait m'accueillir en tirant à vue. Allez, va travailler maman, je te rappellerai de toute façon. Tu embrasses mama pour moi ?
- Bien sûr. Prends soin de toi ma puce. »


L'appel se coupa sur le sourire aimant de sa mère, avant que la jeune femme ne range son petit outil dans une poche de son sac. Elle ne faisait pas vraiment la fière en réalité, angoissée à l'idée de quitter son pays, une sécurité à laquelle elle était habituée, toute seule. Elle avait demandé à son amie Sylphe de l'accompagner, mais elle était mobilisée autre part, et avait dû déléguer à une autre de ses camarades, qui conduisait sereinement la sénatrice vers sa destination. Si elle avait rassuré sa mère concernant sa préparation, elle n'était pas réellement sûre d'avoir tout emporté. Après tout, elle était revenue dans la nuit d'un autre déplacement, et n'avait qu'à peine eu le temps de laver ses affaires, les jeter de nouveau dans son sac, changer deux trois choses avant de repartir après une courte sieste histoire de ne pas avoir la tête d'épuisée typique de la famille Mueller : les cheveux en pagaille, un maquillage naturellement violet sous les yeux, et un esprit en décalage. Au moins avait-elle l'air présentable, dans des habits propres, coiffée, et une bouille à peu près fraîche. Elle aurait voulu crier qu'elle voulait des vacances, le hurler dans l'habitacle, mais cela n'aurait servi à rien, c'était son travail.

Appuyant sa joue contre la vitre, Lied observa les paysages qui défilaient lentement sous ses yeux. C'était tellement différent de Tekhos et ses hauts buildings aseptisés, ou leurs plantes à l'odeur de plastique. Il y avait une certaine pureté dans ce qu'elle observait, dans ces étendues de terre plates, où les plus hauts éléments se trouvaient être quelques bosquets d'arbres verts. Un instant de fatigue la prit alors qu'elle pestait intérieurement sur les raisons de sa venue. Jusqu'à la veille du départ, c'était une autre sénatrice qui avait été désignée pour partir, mais cette dernière avait eu sa fille malade, et avait dû annuler à la dernière minute, ce qui lui retomba dessus, elle, seule sénatrice qui n'avait aucune mission dans les semaines à venir. Elle avait posé des vacances, bon sang ! Ses premières vacances de l'année ! Hé bien non, elle avait dû revoir ses plans. Ses superbes vacances en bord d'eau claire avec sa famille, reportées, et à la place, elle allait devoir se contenter d'un pays... dont elle ne savait rien. Elle n'avait été prévenue qu'au dernier moment, et n'avait pas eu un seul instant pour se documenter. L'histoire de ce pays, ses coutumes, son climat, elle n'en avait aucune idée. Le peu qu'elle savait, c'était sa mère, Luxienne, qui le lui avait appris deçà quelques minutes, après s'être cloîtrée pour faire une rapide recherche pour elle. Et cela se résumait à bien peu de choses. Sa secrétaire l'avait appelée, paniquée, alors qu'elle rentrait d'une négociation difficile qui l'avait épuisée, et elle n'avait pas manqué hurler avant de se rabattre sur sa conductrice pour qu'elle fasse bouger son appareil plus vite. Tout le trajet, elle l'avait passé à demander que l'on change ce qui était prévenu initialement pour sa collègue : pas d'hélicoptère, elle craignait que ça fasse un peu trop, vu là où elle se rendait, et préférait pouvoir observer les environs, même si cela prenait plus de temps. Il avait aussi ainsi fallu lui trouver une nouvelle conductrice, ce qui n'avait pas été une mince affaire. Elle n'avait aucune idée de ce qui avait été fait auprès de son hôte. Les avait-on averti que c'était une autre sénatrice qu'ils rencontreraient ? Qu'elle viendrait plus tard que ce qui avait été convenu ? Est-ce qu'au moins quoi que ce soit avait été prévu et convenu, ou allait-elle débarquer sans invitation ? Ce ne serait pas la première fois, et ça avait eu tendance à mal se passer. Un vague souvenir d'un accueil aussi glacial que la cellule qui avait été sa chambre pendant une journée, le temps que le Sénat Tekhan hurle, furieux du traitement accordé à leur plus jeune sénatrice, un affront heureusement bien vite effacé, du moins assez vite pour qu'il ne remonte pas aux oreilles de ses mères.

Le véhicule passa à une vitesse un peu trop importante sur une roche, ce qui réveilla immédiatement Lied dans un sursaut, la faisant s'accrocher à ce qu'elle pouvait en grommelant. Peut-être que pour une fois, elle aurait dû mettre ses principes de côté et choisir un confort certain, ou voire même envoyer paître ses collègues et rester chez elle en attendant ses si précieuses vacances. Ou demander un report, juste de deux jours, le temps de se reposer et se préparer à ce qu'elle pouvait rencontrer, ou même encore organiser un peu mieux son voyage. Prendre le temps d'avertir que ce serait elle qui se présenterait, tel jour, telle heure, à tel endroit, de telle façon. Au lieu de quoi, elle n'en savait trop rien, voyant juste, au loin, ce qui ressemblait aux premières habitations, ce que confirma la soldate qui conduisait, en lui annonçant qu'elles approchaient de la frontière. A partir de là, c'était le flou absolu. Aucune des deux ne savait ce qui allait se passer. Elles ne savaient pas ce qui avait été prévu à la base pour la collègue de Lied, il n'y avait eu aucune consigne là-dessus, mais par bon sens, elle supposait que c'était ici qu'elle allait devoir renvoyer sa petite garde personnelle et poursuivre toute seule, ou au mieux, accompagnée par les locaux. De toute façon, le véhicule se stoppa, et Lied en descendit quand on leur demanda d'attendre ici, sortant de son sac un petit paquet de biscuits pour grignoter, le temps d'attendre.... attendre. Attendre elle ne savait trop quoi, à vrai dire, elle n'avait pas écouté.

Serenos I Aeslingr

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Re : Des vacances, c'est vraiment trop demander ? [Serenos]

Réponse 1 lundi 22 juin 2020, 06:02:58

"Comment ça, un changement de dernière minute?"
"Sire, veuillez accepter toutes mes excuses, mais la sénatrice que vous deviez rencontrer a eu un petit souci. Sa fille est tombée malade, voyez-vous, donc elle a forcé un congé pour s'occuper d'elle."
"Un congé?"

Puisque le concept même de congé n'existait pas dans les Trois Royaumes, le terme 'prendre congé' n'était pas utilisé en termes de vacances maladies. Et surtout qu'on ne pouvait le prendre sans l'autorisation de celui qui détenait l'autorité. Selon son interlocutrice du moment, l'ambassadrice habituelle qui faisait le pont entre le continent d'Ayshanra et la société Tekhanne avait été forcée de prendre sa retraite, un autre terme avec lequel il n'était pas complètement familier, pour des raisons de santé mentale. Pour la remplacer, on avait dépêché une sénatrice pour faire le travail et s'assurer du bon fonctionnement des tractations commerciales entre les deux grandes nations le temps qu'une nouvelle ambassadrice ne soit choisie, un processus qui pourrait prendre des mois, voire même des années.

L'ambassadrice Coriandre avait fait sa place dans la Cour depuis le début de son mandat, au point que le Roi avait même forcé le Sénat à renouveler celui-ci tant et aussi longtemps que la demoiselle était capable de remplir ses fonctions. Non contente d'être drastiquement efficace à son travail, elle avait une attitude franche et une complète inaptitude à mentir, et s'était même avéré être une femme que même le Roi pouvait respecter franchement, au point qu'elle était même invitée à participer quelques fois aux parties de reguliem du Roi, un jeu sur table similaire aux échecs qui simulait un véritable champ de bataille. Elle s'était même mariée sur le territoire de Meisa, avec une jeune Soeur de Guerre qui lui avait été assignée pour l'éduquer sur les coutumes locales, mais la pauvre demoiselle souffrait d'une maladie du sang (autrement dit génétique) et avait stoïquement refusé d'être traitée par magie.

Les changement de dernière minute ne plaisaient pas au Roi, pas du tout même. Il s'était préparé à accueillir une sénatrice dont il connaissait déjà la réputation, mais en raison des protocoles de sécurité de Tekhos, ils ne pouvaient pas divulguer le nom de celle qui était en route pour la protéger d'éventuels tentatives d'enlèvement. Tout ce qu'il savait, c'est qu'elle était jeune.

Le Roi leva la main et mit fin à la communication entre lui-même et la dame. Les tekhannes avaient dû adapter leur technologie pour qu'elles puissent interagir avec le Roi de Meisa via sa magie, ou du moins c'était ce qu'elles croyaient; le jeune prince Aldericht s'était lui-même rendu sur place pour traficoter un stratagème. Au final, la 'machine' dont ils se servaient était simplement un miroir de communication, et lorsqu'elles touchaient aux touches, la connexion se faisait toute seule. Soit les tekhannes s'étaient rendue compte de la supercherie, soit elles n'en avaient cure et qu'elles les laissaient croire qu'ils les avaient bernées parce que c'était juste plus façile comme ça.

Enfin, le Roi savait que son invitée n'allait pas tarder à atteindre la frontière du duché d'Empheis, qui était le seul duché qui acceptait la présence de technologie non militarisé, et qui avait collaboré avec les Tekhannes pour y faire construire une route spécialement pour leurs charrettes mécaniques. Il ne se souvenait plus du nom officiel de cette abomination, mais ce n'était pas comme si cela lui était particulièrement important. Entre-temps, il s'assura que les quartiers de l'ambassadrice temporaire était conforme aux critères qui accompagnaient sa position, ainsi que le comité d'accueil, qui comptait également Aldericht, le seul prince à avoir visité Tekhos et avoir été présent à une réunion du Sénat.

***

"Et voilà, miss Mueller, c'est ici que nous devons arrêter la voiture."

Le chauffeur, bien que nouveau lui-même, avait été informé du protocole de Meisa, une société qui n'appréciait pas nécessairement les machines, donc il savait qu'il n'était pas avisé de poursuivre son chemin.

Autour de la jeune sénatrice, il n'y avait absolument rien, que des plaines et des pâturages à perte de vue, avec les bonnes odeurs, ou mauvaises odeurs dépendant du nez, de la campagne. La route s'arrêtait dans un espèce de rond-point qui permettait simplement à la voiture de faire demi-tour, puisque le reste du chemin était une route pavée de pierre qui ne permettrait assurément pas à la voiture de s'y déplacer aisément. Le soleil était d'une chaleur oppressante, donc le chauffeur, à titre d'avertissement, lui conseilla de rester bien hydratée, d'éviter les vêtements foncés au possible, de mettre de la crème solaire tous les trois heures pour éviter les coups de soleil, de porter un chapeau et de favoriser les endroits ombreux.

Le chauffeur en profita également pour sortir les valises de la jeune femme du coffre de la voiture, et les déposa sur ce qui semblait être une espèce de trottoir improvisé, qui n'était pas sans rappeler un arrêt de bus, puis il attendit avec la jeune femme que l'escorte se présente. Comme ils étaient un peu en avance, l'homme buvait beaucoup d'eau, presque par peur de l'insolation. Ces foutus pays sous-développés n'avaient même pas la décence de préparer un abri pour leurs estimés visiteurs. Vraiment, il se demandait pourquoi Tekhos ne les annexait pas tous. Bien que le chauffeur ne soit pas de Tekhos, mais d'une colonie annexée à Tekhos, il croyait fermement que la technologique Tekhane était la voie de l'avenir.

Après une bonne quinzaine de minutes, le sol se mit à trembler et un vortex de lumière se matérialisa devant eux avant de s'estomper et de laisser voir un homme de grande taille, une épée à la taille, et derrière lui se tenait une grande citadelle de pierre et de fer.

"Est-ce la sénatrice?"
"O... oui."

L'homme la regarda fixement pendant une bonne dizaine de secondes, en silence. Le chauffeur se sentit immédiatement nerveux. Et si ces barbares n'étaient pas satisfaits? Ils étaient tout à fait capable de les attaquer! Et il n'avait même pas un pistolet pour se défendre. Peut-être qu'il se contenterait d'embarquer la sénatrice? Oh, oui, assurément, il ne s'embarrasserait pas d'un simple serviteur dans son genre!

L'étranger s'approcha alors, accompagné d'un groupe d'hommes et de quelques femmes, passant le seuil du vortex qui les séparait d'eux. Un homme se détacha du groupe et approcha la jeune femme, avant de lui tendre la main, avec un sourire poli. Ses yeux étaient couvert d'un tissu laissant comprendre que cet homme était dans l'incapacité de voir son interlocutrice. Il s'adressa à elle dans sa langue maternelle, le Tekhan, avec un très fort accent, mais avec une élocution parfaite, voire forcée pour s'assurer de ne pas être mal compris.

"Sénatrice Mueller, n'est-ce pas? Je suis le prince Aldericht de Meisa. Nous nous sommes rencontré brièvement lors du Congrès de la Fédération de Coopération des Nations de Terra."

La Fédération de Coopération des Nations de Terra, plus communément appelée FCNT chez les Tekhannes, était un groupe qui unifiait Terra toute entière contre les menaces externes et interdimensionnelles, sans discrimination pour la réputation et la moralité des nations membres. Sans réellement parler d'alliance, puisque ce n'était pas le but de cette organisation, il s'agissait simplement de mettre en commun les efforts des multiples états de la planète contre les Formiens, par exemple, et les Gémini, ces êtres qui provenaient de la planète jumelle de Terra, appelée la Terre, ainsi que d'autres menaces. La FCNT agissait aussi à titre d'intermédiaire lorsque des contrées qui se faisaient la guerre cherchaient la négociation par un tierce parti, et fin négociateur, le Prince Aldericht était régulièrement invité à participer aux débats et à mettre son talent pour la diplomatie à la disposition de la communauté mondiale.

"Permettez-moi de vous présenter le Roi des Trois Royaumes, Serenos I de la maison du Sombrechant, votre hôte."

Le grand homme continuait de la regarder fixement pendant quelques secondes avant de se tourner vers son fils et de lui dire quelque chose dans cette langue qu'elle ne comprenait peut-être pas. Aldericht le regarda alors qu'il se faisait adresser la parole, puis prit un moment avant de la regarder de nouveau.

"Mon père vous souhaite la bienvenue, mais il s'étonne que vous soyez si jeune."

En fait, si l'homme lui avait effectivement souhaité la bienvenue, un auditeur averti et fluent dans leur langue étrange mais mélodieuse comprendrait qu'il croyait en fait qu'elle était peut-être trop inexpérimentée pour remplacer sa prédécesseure. Mais comme ce n'était pas une façon de s'adresser à une étrangère et que le Roi était surtout simplement très direct, Aldericht s'était simplement empressé d'adoucir sa réplique.

"Vous avez fait bon voyage?"

Lied Mueller

Humain(e)

Re : Des vacances, c'est vraiment trop demander ? [Serenos]

Réponse 2 mardi 23 juin 2020, 01:21:04

La chaleur ambiante accompagnée par l'odeur fleurie et fraîche avait de quoi détendre toute âme y faisant face, apaiser les plus farouches esprits et permettre ainsi d'en profiter autant que possible. La sénatrice n'y échappait pas, ses paupières papillonnant alors qu'elle observait avec le tout de son attention fatiguée ces campagnes étonnantes. Ici, pas d'engin métalliques pour faire les cultures, pas de plantes poussant à la verticale en série, pas d'automatisation, et surtout de la terre, de la terre à perte de vue, et plein de petites mains enfoncées dedans pour faire les récoltes. C'était un spectacle passionnant et intriguant qu'elle avait là sous les yeux alors qu'elle s'était assise au rebord de la route, le visage dans ses mains en coupe, la mine pensive. Son accompagnateur lui faisait penser à ses mères, toujours à lui dire de privilégier telle ou telle chose pour son bien, protéger son petit être si fragile et vulnérable. Quand allait-on enfin la prendre un peu au sérieux quant à sa capacité de prendre soin d'elle elle-même ?

La soudaine apparition d'un vortex la prit de surprise, bien qu'elle n'en laissa rien percevoir ; c'était le minimum de tenue à avoir dans cette situation, devant l'homme à côté d'elle, et surtout, la troupe qui sortit de l'éclat lumineux. Sur l'instant, elle se sentit bien petite, même alors qu'elle s'était relevée plutôt rapidement, devant ces hautes statures, ces airs étrangers qui l'intimidaient quelque peu. C'était toujours ainsi, lorsqu'elle se retrouvait face à de nouvelles personnes, et elle tâchait de le dissimuler comme elle le pouvait. Néanmoins, une figure singulière s'approcha et lui tendit une main qu'elle prit délicatement, ne parvenant à complètement dissimuler le léger soulagement d'avoir affaire à une personne qui ne lui était pas totalement inconnue. C'était certes minime, mais somme toute appréciable.


« En effet votre Altesse. Je suis navrée de l'imprévu qu'est l'absence de ma collègue. »


C'était, à ses yeux, la moindre des choses de s'excuser, même si ce n'était pas de son ressort. Elle n'avait vu le prince que de loin durant le congrès, sollicitée de part et d'autre par plusieurs personnes, notamment de la présidente du Sénat, mais celui-ci avait su se faire remarquer par ses interventions judicieuses. Au contraire de Lied qui avait tendance à se faire remarquer pour d'autres raisons, qui apparaissaient bien souvent aussi dans ses déplacements et qu'elle s'attendait toujours à devoir confronter. Elle salua le roi comme il se devait, habituée à tous ces protocoles de salutations, du moins jusqu'à ce que le prince ne fasse mention de son âge. La sénatrice avait quelques bases dans cette langue étrangère qu'elle avait trouvée étonnante lors de ses quelques cours d'initiation deçà quelques années, qui lui permettaient de comprendre des phrases simples composées de mots simples, telles que celles de bienvenue, mais même sans comprendre ce que le roi Serenos venait de prononcer, elle avait assez de lucidité pour comprendre l'allusion, peu importe la langue qui était employée à cette intention. Ses fins sourcils roses de froncèrent, accompagnés par une petite moue quelque peu vexée, avant que Lied ne se reprenne, croisant ses bras sous sa poitrine.


« En effet, je suis la plus jeune sénatrice qu'ait jamais vu Tekhos, je suis en fonction depuis trois ans, et ai déjà fait bien plus que mes collègues deux fois plus âgées. Il me semble donc que mon expérience n'est en rien entachée par mes 26 ans, bien que je puisse vous accorder qu'il est légitime d'en douter. »


Si elle s'était d'abord montrée vexée, elle parut ensuite bien plus posée, plus affligée qu'agacée. Ce n'était pas la première fois qu'elle avait à justifier de son statut, tout comme elle était consciente que ce ne serait sans doute pas la dernière. Cela lui permettait de relativiser rapidement, d'autant qu'elle ne le prenait pas vraiment mal, à l'inverse de quand on l'accusait d'avoir eu son poste soit en raison de son physique, soit par sa famille. Ses bras retombèrent le long de son corps alors qu'elle reprenait.


« Le voyage en lui-même fut plaisant, un plaisir pour les yeux, merci de vous en inquiéter. J'aurais malgré tout préféré en profiter davantage, je ne vais pas vous cacher que je suis épuisée. Je ne m'attendais pas à enchaîner deux longs déplacements. »


Pour une première rencontre, ce n'était peut-être pas le mieux d'entamer avec un échanges assez incisif, mais la jeune femme comptait sur cette preuve de franchise pour laisser voir qu'elle était pas du genre à se laisser marcher dessus et courber l'échine. Elle était sénatrice, une position de force, et comptait bien montrer qu'aussi jeune soit-elle, elle méritait amplement cette place. Devant un roi comme n'importe qui. Lied détourna ainsi les yeux du prince pour observer un peu son hôte, qui, elle l'avait bien remarqué, ne cessait de la fixer, à un point où elle en était à se demander si elle avait bavé sur son haut, ou s'il lui restait des miettes des biscuits qu'elle avait dévorés sur les seins, quoi qui puisse justifier autant d'insistance. Ses coudières n'avaient pas bougé d'un pouce, de la même manière que ses bretelles, ses cheveux n'avaient pas décidé de partir en festival, tout était donc à ses yeux normal, en dehors du fait qu'elle tranchait littéralement à côté de ses hôtes. Il était aussi évident qu'en comparaison du roi, elle était jeune. Il ne faisait pas vieux pour autant, mais le poids des responsabilités se lisait sur son visage, au même titre que sur sa stature. Lied ne savait que trop en penser, aussi se contenta-t-elle de ne juste pas trop penser, suivant simplement quand il fut temps de quitter les lieux. Fatiguée ou non, elle avait du travail à faire, et ne comptait en aucun cas y déroger.

En revanche, Lied ne s'attendait pas à revoir de plus près cette sorte de porte de lumière. Cela ressemblait assez aux portails que la machine fabriquée par sa mère faisait, mais en tellement plus grand, plus stable, et comme... électrifiant, qu'elle en fut particulièrement surprise, levant le nez pour regarder. C'était la première fois qu'elle voyait ce genre de choses, bien qu'elle ait lu à ce propos dans des livres, ou entendu parlé, jamais elle n'y avait eu affaire directement. Si elle n'avait pas su cela peu avisé, elle aurait tendu la main pour toucher, mais la demoiselle garda ses mains bien en place, avec comme seule idée en tête de suivre gentiment, du moins, jusqu'à découvrir un nouvel endroit. La chaleur n'en démordait pas, et sa tenue était loin d'être adaptée, mais elle n'en avait que faire, gardant la tête levée pour observer ce qui se trouvait offert à ses yeux. Elle était bien loin de Tekhos, transportée dans un ailleurs extraordinaire, et ses yeux bleus étaient ceux d'une enfant qui découvre le monde. C'était en effet le cas. Pourtant, elle redescendit de son petit nuage pour finalement demander avec exactitude ce qu'on attendait d'elle, puisqu'elle n'avait pas été mise au courant, seulement dans les grandes lignes durant son trajet, ce qui était bien maigre en plus de la mettre dans la délicate position où elle ne savait guère ce pour quoi elle était présente, position qui la mettait mal à l'aise. Il était dur d'affirmer une position quand on ne sait guère ce que l'on a à faire, tout au plus qu'il s'agissait de maintenir les peu de liens entre les deux nations. Mais si Lied manquait de connaissances sur les terres dont elle foulait le sol, elle n'en était pas moins pleine de volonté, et ajouta qu'elle souhaitait, si possible, que quelqu'un l'aide à remédier à ces lacunes. D'autres auraient eu bien d'autres requêtes, surtout lorsqu'ils pouvaient avoir aussi chaud, faim et sommeil que Lied, même si elle se questionnait sur les douces sucreries que pouvait abriter ce royaume. Laquelle tomberait la première sous ses dents ?

Serenos I Aeslingr

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Re : Des vacances, c'est vraiment trop demander ? [Serenos]

Réponse 3 samedi 27 juin 2020, 18:26:09

"En effet, je suis la plus jeune sénatrice ne qu’ait jamais vu Tekhos, je suis en fonction depuis trois ans, et ai déjà fait bien plus que mes collègues deux fois plus âgées. Il me semble donc que mon expérience n'est en rien entachée par mes 26 ans, bien que je puisse vous accorder qu'il est légitime d'en douter."

Le Roi ne manqua pas de remarquer dans le ton de Lied un agacement qu'elle adressait davantage à lui qu'à son fils. Malgré le fait qu'il s'était limité à la langue Meisaenne, le Roi était parfaitement capable de comprendre la langue commune de Terra. Elle exprima ensuite de sa fatigue dû au voyage, avec une franchise qui ne manqua pas d'impressionner le Roi qui se trouvait devant elle; les nouveaux diplomates avaient davantage tendance à faire des courbettes et des manières pour éviter de le vexer, ce qui les mettaient non seulement en position de faiblesse, mais également leur pays au complet avec eux. Le souverain n'exprima cependant rien de sa surprise ou de sa satisfaction.

Le Prince Aldericht, pour sa part, étira un grand sourire devant les paroles de la jeune sénatrice, comme reflétant les émotions que son père, le Roi, ressentait au fond de lui-même.

"Je crois, Sénatrice Bueller, que vous allez grandement apprécier votre séjour en Meisa."

Il se tourna de nouveau vers les serviteurs qui escortaient le Roi et leur fit signe vers les bagages de la jeune femme. Rapidement et avec discipline, deux hommes et une femme s'empressèrent de s'emparer des biens de la demoiselle et de les soulever sans le moindre effort, mais également avec égard pour la potentielle fragilité du contenu. Après tout, certains visiteurs ramenaient des babioles fragiles de leur contrée natale, donc ils évitaient de les briser et devoir rembourser les dégâts.

Le comité d'accueil attendit que la Sénatrice prenne place aux côtés du Roi, sous l'encouragement du prince, pour se retourner et marcher dans la direction opposée, laissant derrière eux le chauffeur qui remontait dans la voiture, la faisant passer de l'autre côté du portail magique

Le prince prit de nouveau la parole.

"J'ignore si vous en aviez été informé, mais Meisa n'utilise pas vraiment la technologie tekhane. Cependant, à la suite des réclamations faites par l'ambassadrice, nous avons adapté vos quartiers pour que vous puissiez utiliser l'énergie électrique pour vos objets personnels. Évidemment, je dois vous rappeler que vous ne pouvez pas vendre ou distribuer du matériel tekhan dans les frontières des Trois Royaumes. Niveau communication, madame l'ambassadrice utilisait une soucoupe pour communiquer avec le ciel et sa contrée."

Sommairement, il y avait juste assez de technologie dans ses quartiers pour pouvoir communiquer avec Tekhos. Peut-être quelques prises de courant et une génératrice pour permettre aux invitées tekhanes d'utiliser leurs appareils domestiques, tels que leurs séchoirs, leurs fers, recharger leurs téléphones, ce genre de chose, et une forme d'internet et de connexion télé via la soucoupe et le satellite. Mais assurément, la jeune sénatrice avait été informée des limitations de son affectation, à savoir qu'elle serait ne serait pas forcément autorisée à exploiter la technologie Tekhane pendant son séjour.

Une autre chose que Lied remarqua immédiatement était le changement de fuseau horaire; même si Tekhos n'était pas limité à ses installations terrestres, puisque le pays s'étendait également sur un territoire spatial, la capitale était quand même à l'opposé du continent d'Ayshanra, ce qui voulait dire qu'il y avait au moins huit heures de différence entre les deux contrées. Alors que chez elle, il était probablement déjà très tard, en Meisa, ce n'était que les premières heures de l'après-midi. Alors que la porte spatiale se ferma derrière eux, elle était maintenant capable de voir l'entièreté de la capitale Meisaenne; Eist'Shabal.

En Tekhos, Meisa était une destination touristique parfois un brin difficile à visiter en raison des limitations technologiques très strictes imposées aux visiteuses, mais c'était également le lieu parfait pour celles qui recherchaient un endroit tranquille pour se détendre loin du stress habituel de la grande ville; pas d'appels importuns, pas d'angoisse, et surtout de magnifiques résidences pour visiteur à même les flancs de falaise et faisant face à la grande Baie de Scyron, avec ses grandes plages où nombre de visiteurs se massaient et profitaient de la température fort clémente du Sud d'Ayshanra. Eist'Shabal semblait fort petit comparativement aux énormes citadelles et stations spatiales de Tekhos, mais même comparant à la Cité-État de Nexus, la capitale du Royaume de Meisa était considérée comme énorme.

Le Roi de Meisa, Serenos, se tourna vers la jeune sénatrice, et sembla rester un moment silencieux avant de lever une main et faire apparaître par magie une petite boîte en bois, l'ouvrant doucement avant de sourire à la jeune femme. Dans la boite, il se trouvait une variété de petits gâteaux et pâtisseries typiques du Royaume.

"Il est coutume d'offrir quelque chose aux invités de marque. J'ignorais ce que vous pourriez aimer, donc j'ai préféré prévoir des pâtisseries. Des gâteaux, quelques biscuits salés et des herbes à thé."

Le comportement du Roi semblait immédiatement plus chaleureux une fois qu'il était en terrain connu. Pour des raisons évidentes, il préférait éviter d'avoir l'air trop détendu devant de potentiels espions. Les gens comme des chauffeurs, des employés ou des serviteurs avaient beaucoup de mal à tenir leur langue, et avec les Tekhannes, il était préférable de garder une certaine réserve tant qu'il n'était pas protégé par la magie de Meisa, qui empêchaient les objets tels que les téléphones et le matériel d'enregistrement de capter le Roi. Ces mesures avaient été développés dans le but de garder leurs ennemis dans l'incertitude, et laisser la réputation actuelle du Roi faire leur œuvre.

D'un geste, le Roi l'invita à marcher avec lui, délaissant Aldericht qui salua une dernière fois la sénatrice avant de retourner à ses occupations. Il l'orienta vers les rues de la cité, mais resta sur la grande rue marchande, où elle ne se sentirait pas comme s'il tentait de l'attirer dans un coin sombre pour lui faire les Esprits seuls savaient quoi.

"J'espère que vous saurez me pardonner une introduction glaciale, sénatrice. En dehors de Meisa, j'ai une image que je considère nécessaire, si un peu extravagante, et e. Je suppose que vous avez entendu ma réputation, et les conflits qui se déroulent sur le Continent. Il est important pour moi que je paraisse le plus redoutable possible, et j'espère pouvoir compter sur votre coopération pour conserver les apparences."

Il marqua une pause, se tournant vers un marchant, lui achetant un fruit et récupérant par la même occasion un petit parchemin qu'il glissa dans sa poche intérieure, reprenant sa marche avec la jeune femme.

"Je conçois que vous êtes, comme moi, dans une situation plutôt inconfortable, mademoiselle Bueller. Nous avions tous les deux un plan pour les prochains mois, et certaines choses devront être changées. Je ne doute cependant pas que vous soyez compétente. À votre âge, j'étais déjà sur un champ de bataille et je ne comptais plus le nombre d'amis que j'ai perdu. Votre réputation vous précède, ainsi que vos succès, bien que je me doive, en public, m'abstenir de les reconnaître jusqu'à ce que la Cour soit convaincue de vos talents. Je suis assuré que nous parviendrons ensemble à faire avancer les relations entre nos contrées. Votre prédécesseur, madame Ysna, était une amie et une alliée dont je déplore le départ. Je sais que votre affectation sur Meisa n'est que temporaire, mais j'ai espoir qu'avec le temps, je vous donnerai une raison de rester et continuer à contribuer à la consolidation des efforts à la coopération de nos contrées."

Le Roi s'arrêta avec la jeune femme, et il lui sourit.

"Donc, aujourd'hui, je vous épargne le protocole. Nous reprendrons le travail demain. Profitons plutôt de cette magnifique journée pour faire connaissance et permettez-moi de vous guider dans la cité."

Lied Mueller

Humain(e)

Re : Des vacances, c'est vraiment trop demander ? [Serenos]

Réponse 4 samedi 18 juillet 2020, 00:51:55

Beaucoup de politiciens finissaient, tôt ou tard, face à un pot de vin qu'ils avaient du mal à refuser. Un présent surréaliste, une somme importante, une place dans les hautes sphères... Que de choses que Lied avait déjà eu face à elle, mais avait toujours refusé. Des présents de bienvenue, elle en avait eu aussi, mais jamais elle ne s'était retrouvée face à ce qui la mettait dans tous ses états, à un point où elle pouvait presque accepter de faire des concessions qu'elle n'aurait normalement jamais faites. Les yeux pétillants, les lèvres fermement pressées, elle accepta le cadeau du roi, résistant de toutes ses forces à l'envie de se jeter directement sur la boîte pour tout goûter. Heureusement que le souverain des lieux l'invita à marcher, cette action lui permit de vite faire disparaître de sa vue l'objet de son désir immédiat, remercier le prince et lui dire au revoir, avant de suivre dans une grande rue remplie de commerçants. L'enfer de tentation pour la sénatrice, qui ne cessait de tout observer, songeant à la fois à ce qui attendait sagement d'être dévoré par ses soins, et tout ce qui l'appelait à portée de main. Au moins, le roi lui adressa la parole, rompant son fil de pensées alors qu'un sourire se dessinait sur sa figure.


« Nul souci à ce sujet, Sire. L'inverse aurait été plus étrange, vous pensez bien que je dois moi-même conserver une image plus que maîtrisée. Les Tekhanes sont redoutables. »


Même en étant elle-même Tekhane, Lied n'avait jamais vu plus fourbe qu'une femme de Tekhos, plus à même de faire absolument tout pour obtenir une miette de pouvoir ou détruire une autre. Cependant, alors qu'ils reprenaient la marche et lui la discussion, elle ne put retenir un soupir qui se mua en un sourire léger.


« Je serais presque curieuse de savoir ce qui a pu vous parvenir me concernant. Les réputations varient selon ce qui intéresse les dirigeants et politiques. Quant à re-.... Pas de protocole ? Quoi ?! »


La jeune femme fixa son compagnon de chemin avec de grands yeux, peu sûre de ce qu'elle avait entendu. Mais comme il ne cessait de sourire, elle porta une main à sa joue et se mit à rire. C'aurait été un euphémisme de dire que cela la rendait heureuse. Non pas qu'elle détestait son travail, mais elle s'était préparée à être en vacances, y avait renoncé sur le trajet, à en être dépitée. Alors rien qu'une journée, une courte journée, qui ressemblerait un tant soit peu à des vacances, c'était amplement suffisant pour faire rougir légèrement ses joues pendant qu'elle essayait de calmer son rire.
Immédiatement après, elle s'assit à même le sol, se fichant complètement de salir sa belle combinaison blanche, pour reprendre le cadeau de son arrivée, observer rapidement les petits mets pour se saisir d'une sorte de chou qu'elle goba tout entier. Si elle semblait déjà rouge par la chaleur et le rire, ses joues prirent leur plus belle teinte de rouge alors qu'elle ne put retenir un petit gémissement de bonheur pour venir ensuite essuyer un peu de crème sur le coin de sa bouche en se remettant sur ses pieds. Pas de protocole, aucune raison de se maîtriser fermement pour faire bonne figure, surtout qu'elle avait toujours trouvé ça impoli de ne pas goûter un présent devant son émetteur, mais ce n'était pas l'avis de ceux qui décidaient des règles à suivre.


« Deux choses. La première, vous n'auriez pu me faire plus plaisir avec ces petits gâteaux, je crois que rien ne me plaît plus que ce qui est sucré. Les pâtisseries tekhanes sont industrielles et sans saveur, celles-ci... Délicieuses. Et enfin, je serai plus que ravie de découvrir la cité en votre compagnie. »


Le Tekhane se trouvait soudainement bien plus détendue, faisant démonstration de sa bonne humeur éternelle alors qu'elle observait avec plus d'enthousiasme encore les étales. Elle ne connaissait même pas un cinquième de ce qui se trouvait sous ses yeux, tout lui semblait aussi intriguant qu'appétissant. Tekhos pouvait se vanter de sa technologie, de son industrie, mais rien ne pouvait remplacer ce qu'une personne pouvait cuisiner ou les goûts et parfums que donnait une plante bien entretenue en pleine terre. Alors qu'elle faisait quelques pas, jetant un coup d'oeil à tout ce qui s'offrait à sa vue, une pensée ne pouvait pas s'extraire de son esprit, celle qu'elle avait beaucoup à découvrir, et avait ainsi perdu énormément de temps à l'âge des découvertes de la vie. Cette pensée l'amena ainsi à se retourner auprès du roi pour lui poser une question, à mi-chemin entre la simple curiosité et une ouverture amicale de la jeune femme sur sa personne pour établir les prémices de toute relation.


« Je n'ai que bien peu entendu parler de madame Ysna, mais il me semble qu'elle souffrait d'une pathologie. Nous parlions tout à l'heure de rumeurs, dites-moi, Sire, savez-vous ce que sont les enfants-bulle ? »


C'était là une idée quelque peu amusante de remarquer que les Tekhanes envoyées à la cour de Meisa se trouvaient être toutes deux malades et non-guéries par les prodiges de technologie de leur contrée natale, ce qu'elle partagea à Serenos sans pour le moment entrer plus profondément dans les détails. Elle ne savait précisément ce qu'il savait à son sujet, bien qu'il ne pouvait accéder aux nombreux articles numériques la concernant, de son enfance chaotique surmédiatisée à son entrée dans la politique, rien ne l'empêchait de se renseigner, et par précaution, elle préférait ne pas s'épancher, à moins qu'il le lui demande, évidemment. Au moins laissait-elle entendre qu'elle n'était pas le moins du monde réticente à s'ouvrir envers lui, un souverain masculin qu'elle connaissait deçà une poignée de minutes, fait que bien peu de ses congénères auraient fait en plusieurs mois de labeur. C'était aussi naturel chez elle que l'inverse l'était communément pour ses camarades tekhanes, de manière tout à fait surprenante lors de la première rencontre avec la jeune sénatrice, un peu moins lorsque le regard se posait sur son visage joyeux et bienveillant.

Serenos I Aeslingr

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Re : Des vacances, c'est vraiment trop demander ? [Serenos]

Réponse 5 samedi 12 septembre 2020, 22:02:09

Elle sembla être un peu soulagée d'apprendre qu'il n'allait pas lui imposer un protocole en cette journée. Bien que, dans les faits, le protocole était simplement une mesure diplomatique imposée aux dignitaires histoire que le peuple et la cour voit que le souverain est pris sérieusement pas le reste du monde, dans les Trois Royaumes, il perdait un peu de son importance. Le Roi n'imposait le protocole que devant des ennemis potentiels ou des gens qu'il voyait comme des opposants directs, mais ses proches et amis en étaient dispensés et, selon les rumeurs, les jolies dames également.

Dans la culture Meisaenne, le Roi avait droit de prendre une épouse pour donner naissance à ses héritiers légitimes et pouvait sélectionner jusqu’à trois concubines légales, ainsi qu'une compagne. La différence était que seule la Reine possédait le droit légal de donner naissance aux enfants légitimes du Roi, reléguant par défaut tous les enfants nés hors de ce mariage comme des bâtards illégitimes qui n'avaient pas droit à l'héritage paternel. En contrepartie, les concubines bénéficiaient d'une position prévilégiée dans la culture Meisaenne, parce qu'il était dit que si la Reine pouvait être imposée au Roi, ne serait-ce que par mariage arrangé, les concubines étaient sélectionnées, choisies par le Roi lui-même, et donc elles s'attiraient plus aisément les faveurs de la noblesse et des citoyens. La Compagne, finalement, était une position plus ou moins équivalente à celle de Reine, hormis qu'elle ne possédait pas le droit de donner naissance aux enfants légitimes, tout comme les concubines. Cependant, la Compagne est désignée par le Roi comme étant son égale, et de ce fait, elle bénéficiait d'un privilège unique; ses enfants n'étaient pas des bâtards. À la place, ils étaient considérés comme les héritiers de la mère, plutôt que ceux du père, et pouvaient donc bénéficier légalement d'un héritage de tout ce que leur père accordait à leur mère. Cela pouvait être un titre, une terre, des biens, tout ce dont le Roi pouvait bien se départir sans affecter la couronne.

Enfin, cela voulait surtout dire que le Roi, malgré les rumeurs, n'avait plus de reine, n'avait qu'une concubine reconnue et aucune compagne à l'horizon, donc les histoires qui lui prêtaient plusieurs dizaines de bâtards éparpillés sur le continent était assurément des histoires de racontars et de commères. Et qu'il n'était pas simplement gentil parce que les dames lui étaient douces aux yeux; il n'était simplement pas très à cheval sur la politique et le protocole qui entourait sa position de souverain.

-Nous parlions tout à l'heure de rumeurs, dites-moi, Sire, savez-vous ce que sont les enfants-bulle ?
-Je fais de grands efforts pour me garder au courant des choses de l'étranger, incluant Tekhos, mais je crois que le concept d'enfant-bulle m'est inconnu. Je vais supposer qu'il s'agit d'enfants forcés de vivre leur vie dans une bulle protectrice.

Après avoir marché pour quelques minutes, la chaussée fit place à un pont qui aidait les piétons à traverser l'un des nombreux canaux de la contrée. Le pont, fait de pierre, démontrait de lui-même les capacités architecturales et technologiques du royaume; la plupart des ponts, dans les sociétés que les Tekhannes surnommaient en retard technologique, était fait de bois, mais Meisa usait principalement la pierre, la brique et le mortier dans la construction de ses bâtiments. Cela avait beaucoup été encouragé par Serenos après que celui-ci ait fait réalisé à son peuple que le bois, en fait, ça brûle très bien. Surtout du bois mort. Donc, la pierre, c'était mieux, pour éviter que la ville ne flambe. Et comme le Royaume était très riche en carrières de pierre… enfin, voilà.

Serenos s'accouda a la rambarde, et attira l'attention de son invitée sur la vue qui s'offrait à elle; alors que le canal continuait son chemin vers la falaise et se déversait dans un autre, par-delà la falaise, on pouvait voire une grande part de la cité d'Eist'Shabal, et une vue superbe sur le marché. Le soleil brillait de toutes ses forces à l'horizon, et pourtant le climat n'était pas horriblement humide, malgré la présence omniprésente de l'eau dans la cité.

-J'ignore ce qui est arrivé à madame Ysna. Une forme de maladie que même nos moyens ne parvenaient pas à guérir, et pourtant, même sans la technologie, nous pouvons, en théorie, guérir n'importe quelle maladie, pour peu que nous sachions ce que nous cherchons à éliminer. Mais quoi que nous tentions de guérir, son état ne s'était pas amélioré. Ce que je sais, c'est que cette maladie ne venait pas de chez moi.

Il regarda alors la jeune femme.

-Dites-moi, je sais que Tekhos est une société principalement peuplée de femmes. Personnellement, vous pensez pouvoir tenir le coup, ici? Même si notre société est elle-même très matriarcale, il n'en reste qu'il y a des hommes un peu partout. Quoi que… franchement, nous en avons beaucoup moins que de femmes. Ca ne m'étonnerait pas que certains hommes soient forcés, par leurs ententes de fiançailles, de prendre également pour épouses les sœurs de sa promise. C'est un problème.

Lied Mueller

Humain(e)

Re : Des vacances, c'est vraiment trop demander ? [Serenos]

Réponse 6 jeudi 26 novembre 2020, 10:49:30

Très docilement, la tekhane observait ce qu'on lui présentait, avec une attention toute particulière, qui allait des constructions de pierre aux petites figures humanoïdes qu'elle distinguait, jusqu'en passant par les couleurs de feuilles qui passaient sous son nez. C'était dur de ne pas faire l'enfant et ouvrir grand la bouche pour laisser ses yeux guider sa tête, d'une manière plus qu'innocente. Si ça n'avait tenu qu'à elle, si elle n'avait pas été dépêchée pour une mission diplomatique, elle serait déjà partie dévaler les rues. Ce fut d'ailleurs pour cette même raison que Lied écouta d'une oreille attentive, s'accoudant en prenant son visage en coupe, avant de sourire légèrement, ses yeux bleus se perdant un peu dans le vague. Elle le laissa finir, intégralement, avant de se permettre de répondre, sans bouger d'un pouce.


« Si je ne me sentais pas capable de tenir le coup, je ne serais tout simplement pas venue. Je n'ai pas le moindre problème vis-à-vis de la gente masculine, Sire. Je mène mes projets de lois en leur faveur à Tekhos, et c'est d'ailleurs une sacrée paire de manches. Si j'avais quelque grief à leur encontre, je n'aurais pas l'air bien digne, ne pensez-vous pas ? »


Elle se tourna enfin, et regarda dans les yeux le roi, une espèce de malice curieuse dans le regard alors qu'elle reprenait la parole.


« Drôles d'épousailles. Si ça semble être un problème, et si je puis me permettre, pourquoi ne pas intervenir et tenter de régler cette affaire ? Oh, et vous savez, parfois, une maladie n'est pas forcément une attaque, ça peut être... Quelque chose qui ne fonctionne plus, ou simplement, qui n'existe pas. J'espère que vous dites vrai concernant vos guérisseurs ! »


L'instant d'après, Lied fixait le souverain, et sentit une vague de chaleur lui monter du buste au visage : il tirait une drôle de tête. Elle avait sans aucun doute encore une fois non pas mis les pieds dans le plat, mais sauté à pieds joints dedans. « Pense à nuancer tes propos » qu'on lui disait, ou encore « Essaye de ne pas faire comme ta mère ».

Visiblement, ce n'était encore et toujours pas acquis, peut-être tenait-elle un peu trop de sa mère, justement. Ce n'était pas comme si elle connaissait grand chose aux systèmes de gouvernance par la monarchie, de toute façon ! La lueur de malice se mua en panique générale, déliant la langue de la demoiselle, qui chercha sur le champ un moyen de noyer le poisson dans un flot de paroles, qui ne faisaient, au final, que l'enfoncer davantage, alors que tout ce qu'elle aurait souhaité était simplement que ça se passe bien. Et un peu de repos, aussi.


« Non mais... Mais euh... Ce n'est pas que je doute de leurs compétences, mais si par exemple, je ne sais pas, si je glisse sur une pierre et me cogne, ou me coupe avec votre lame, si un de ces guérisseurs n'est pas là dans les dix minutes, c'est une Lied Mueller rapatriée en urgences, si ce n'est morte dans les minutes qui suivent ! Et euh... S'il y a un problème, il faut le régler, sinon, ça devient une catastrophe ingérable, et non pas que je vous pense incapable, mais il faut agir, et... Oh non j'ai quand même pas dit ça.. ? Il fait un peu chaud non ? »


Dire que la sénatrice avait viré au rouge était un doux euphémisme. Elle avait chaud, et surtout, la gêne combinée à la panique la faisaient surchauffer. Il était bien difficile de faire pire comme première approche diplomatique, ou présentation. Pour autant, ce n'était pas une nouveauté, elle avait toujours agi de la sorte, avait sa petite réputation de franchise sans détour qui prenait au dépourvu, et restait malgré tout dépourvu de bien des codes, plus encore ceux des pays étrangers. La jeune femme prit appui sur la rambarde de pierres, souffla un grand coup, se pinça même les joues, avant de demander toute penaude s'il était possible d'oublier cet instant. Elle n'avait point à dire qu'elle était désolée, cela se lisait sur sa figure, tout comme le fait qu'elle avait déjà été fortement réprimandée pour des faits similaires, voire peut-être pis encore que ce que le souverain avait sous les yeux.
 
L'instant d'après, Lied s'était reprise, retournée de nouveau de sorte à faire face à Serenos, ne gardant ses rougeurs sur son minois que pour prouver son ressenti de la température ambiante et tenter de se montrer assurée. Tout au plus moins gênée.


« Il me semble, et arrêtez-moi si je me trompe, que j'ai été envoyée auprès de vous dans le but d'assurer les divers accords qui relient nos deux états, y compris commerciaux. Et je ne vous le cache pas : je ne sais quasiment rien de Meisa. Quelques on-dits, des méfiances, … Mais du peu que vous m'avez présenté jusqu'ici, je suis plus que curieuse de découvrir. Et si vous le souhaitez, je serai ravie de répondre à quelque question de votre part. Même si elle est personnelle, dans la limite de ce que je me sens capable de révéler. Ce n'est que juste échange. »


Les petits papiers du Sénat ne s'étaient guère attardé sur le cas de Meisa. Recensement d'une demi-dizaine de maladies rares et typiques de la région, non-présentes sur les terres de Tekhos, un court rapport sur la façon de diriger, un vestige de transaction de métaux, la jeune femme avait tout copié et emporté sur papier avec elle, bien qu'elle constatait de l'inutilité de ses plus vieilles consœurs quand il s'agissait de s'intéresser au territoire d'un homme. Comment ne pas s'intéresser à un endroit où les pâtisseries étaient aussi délicieuses ?! Elle se demandait d'ailleurs s'il y aurait, un jour, moyen de faire venir ces délicatesses par delà les frontières, tout autant qu'elle se disait que cela devrait sans doute rester un secret jalousement gardé. Elle allait finir comme sa cousine Belphégor, à faire importer des produits illégalement, si elle continuait à saliver, ce qu'elle ne voulait surtout pas.

Serenos I Aeslingr

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Re : Des vacances, c'est vraiment trop demander ? [Serenos]

Réponse 7 samedi 06 mars 2021, 06:11:39

      - Il me semble, et arrêtez-moi si je me trompe, que j'ai été envoyée auprès de vous dans le but d'assurer les divers accords qui relient nos deux états, y compris commerciaux. Et je ne vous le cache pas : je ne sais quasiment rien de Meisa. Quelques on-dits, des méfiances, … Mais du peu que vous m'avez présenté jusqu'ici, je suis plus que curieuse de découvrir. Et si vous le souhaitez, je serai ravie de répondre à quelque question de votre part. Même si elle est personnelle, dans la limite de ce que je me sens capable de révéler. Ce n'est que juste échange.
      Serenos secoua légèrement la main, comme pour lui faire signe de ne pas trop s’en faire.
      -La relation entre Tekhos et Meisa est une affaire d’équilibre et d’entraide. Comme vous le savez, Tekhos n’est pas qu’une contrée de technologie, c’est également une des premières défenses de notre planète contre les menaces extérieures. Grâce à leur technologie, elles sont plus à même d’identifier les incursions de ces étrangers et d’intervenir, ou du moins de nous prévenir. Nos accords commerciaux ne sont qu’un prétexte pour assurer notre coopération mutuelle. Dans les faits, si Tekhos le voulait vraiment, votre armée pourrait décimer la plupart de nos peuples moins avancés en une grosse matinée, à tout casser, et tenter une domination mondiale. En contrepartie…
Serenos leva un bras devant lui et ses muscles se crispèrent le temps de quelques secondes et, dans sa main, apparut une petite flamme bleutée.
      -La plupart des contrées de Terra, surtout celles qui respectent les accords d’Arcanum, comptent des armées de magiciens, et ils pourraient aisément causer assez de dommages pour qu’en retour, Tekhos ne soit plus à même de protéger leurs territoires contre les invasions venant des astres, et cela résulterait de notre perte à tous. Pour éviter ce scénario, moi-même, les hauts dignitaires des autres contrées et grand nombres des sénatrices et personnes influentes de Tekhos avons convenu à un accord ; Tekhos ne peut étendre ses territoires sur Terra, mais en contrepartie, nous coopérons tous dans la lutte contre de potentielles menaces d’étoiles étrangères, et il est également interdit de provoquer Tekhos par des actes militaires. Enfin, ça, c’est l’histoire courte, et je ne dis pas qu’il n’arrive pas de temps en temps qu’une contrée ou une autre cherche des noises à Tekhos, mais vous savez que ces cas se règlent très vite. Dans les faits, c’est surtout parce que les Tekhannes ont autre chose à faire que la guerre sur Terra et que les autres pays ont d’autres chats à fouetter. Genre assurer leur propre progrès, par exemple.
      Peut-être que Lied s’était déjà poser la question auparavant, du moins avait-elle remarqué le grand écart entre la technologie tekhanne et celle du reste de la planète. C’était comme si dès l’instant qu’on quittait le territoire de Tekhos, on faisait plusieurs millénaires de recul au niveau technologique, et dans les faits, elle n’avait pas complètement tort. Comment cela est arrivé ? Probablement que les Tekhannes elles-mêmes ne s’en souviennent plus et se contentent de croire que leur société avait simplement des êtres naturellement plus intelligents que le reste du monde. Ce qui est à la fois vrai et faux. L’éducation tekhanne est certainement plus poussée que l’éducation Meisaenne, mais pour chaque chose que les Tekhannes connaissaient, il y en avait une autre qu’elles ignoraient sur le monde.
      Certaines tekhannes avaient fait l’expérience d’apporter leur technologie sur les autres territoires de Terra, mais ces tentatives s’étaient, le plus souvent qu’autrement, soldées par des conflits ouverts entre les territoires nouvellement équipés de technologie et ceux qui n’en avaient pas. C’est pour cela que certaines contrées, comme Meisa, avaient refusé l’assistance technologique de Tekhos, insistant qu’il était préférable pour leur nation de se développer à son rythme.
      -En ce qui concerne de vous apprendre un peu plus sur ma nation… eh bien, il y a près d’un demi-siècle, le continent d’Ayshanra -c’est ce continent- était ravagé par ce qu’on appelle la Grande Guerre. L’Empire d’Arathusia avait à sa tête l’Empereur Malek, qui avait en tête d’asseoir de façon complète et permanente sa domination sur le reste du continent. De supplanter des cultures qui existent depuis des siècles pour la rendre uniforme. Un monde sans magie, sans conflit, sans débat et sans identité.
      » Pour la petite histoire, je suis né quelque part dans le nord de Meisa. Ma mère, j’ignore tout. Je sais qu’elle m’a mis au monde, je sais qu’elle m’a abandonné dans les bras de mon père, et c’est tout. Je ne l’ai jamais revue, ni entendu parler, mais on me dit que c’était une brave femme. Pour ce qui est de mon père, le Roi Talion, mon prédécesseur, il ne pouvait pas avoir un fils bâtard et magicien. Il aurait pu avoir un bâtard, mais le côté magie, à l’époque, les nobles et la famille royale n’aimait pas bien ça. Ça faisait… sale. Dépendant d’à qui je demande, on me dit qu’il m’a envoyé en Arathusie pour me protéger, d’autres pour m’exiler. Comme il est mort sans avoir pu se justifier, je lui laisse le bénéfice du doute.
      » Donc, pour reprendre mon histoire, j’ai été élevé en Arathusie par le précédent Empereur, le père de Malek. J’y ai appris l’art de la guerre, l’art de la diplomatie, j’y ai également appris à coudre parce que l’Impératrice avait des passe-temps étranges. L’Impératrice m’appréciait beaucoup, surtout parce qu’elle n’avait eu que des garçons et que les petits Meisaens, physiquement, ils ont l’air d’être de petites filles, donc… je m’égare dans ma narration. Enfin bref. L’Empereur, contrairement à son fils, privilégiait la force et l’endurance, une mentalité très présente dans la société Arathusianne, au point que les gens, même les plus fortunés, vivaient des vies très dures, et encourageaient les jeûnes et les châtiments corporels. Contrairement à Meisa de l’époque, les châtiments corporels n’étaient pas réservés aux pauvres, c’était aussi pour les riches. Si on te prenait à planifier un assassinat politique, on te coupait la main droite, celle qui porte l’épée. Tu recommençais, on te coupait la gauche. Puis un œil. Puis l’autre. Puis la langue. Vous seriez surprise du nombre de manchots aveugles et muets qui pouvaient y avoir dans la société de l’époque. Et étrangement, c’est l’une des traditions qui a été le plus compliqué à changer. Il y dix ans, il y a un noble qui s’est énucléé lui-même puisque personne ne voulait le punir.
      » Donc, on va accélérer un peu l’histoire. Le précédent Empereur décède, Malek monte sur le trône, je fuis l’Arathusie pour éviter d’être emprisonné ou exécuté, je rencontre la Sorcière Melisendre qui m’apprend à devenir un sorcier, je commence une guerre, la guerre s’enflamme dans les dix-sept nations de l’époque, je prend le contrôle d’Antusac, devenant un Tharüm des Terres du Nord, je commence donc à lutter contre l’Arathusie, je perds Antusac mais dans ma retraite, je libère une baronnie de son propriétaire qui a baigné dans la magie noire, je prend le contrôle de la baronnie, je prend le contrôle de ses armées, nous parvenons à repousser les Arathusi avec l’assistance de Galhadein et de ses Chevaliers des Terres Mortes, je me déplace donc vers Ensovin, la demeure ancestrale des grands Seigneurs du Nord, pour y rencontrer le grand Roi Eathrum. Il accepte de participer à l’effort de guerre, mais au moment de prouver sa valeur, le couard nous abandonne. Nos troupes font volte-face pour éviter les armées Arathusiannes, je rattrappe Eathrum et je le tue, avant de promettre le même sort à ceux qui oserait fuir et abandonner leurs frères. Les troupes d’Eathrum se retournent donc et vont affronter les Arathusi, la bataille est gagnée, et ils sont forcés de reculer. Entretemps, j’apprend que Malek a déjà commencé son invasion de Meisa avec le gros de ses forces militaires, donc je m’empresse de demander l’aide des autres Seigneurs du Nord, mais ils refusent, sauf la fille d’Eathrum, Laryë, qui devint mon épouse. Après le départ de Mélisendre, mon mariage, une cérémonie de vingt minutes et à peine le temps de goûter à une spécialité locale, Laryë me nomme Seigneur-Général, alors qu’elle accède au titre de Haute Reine des Seigneurs du Nord. À la tête d’une armée de vingt mille hommes, je marche sur Meisa et nous traversons la campagne au nord du pays, mais pendant notre marche, nous sommes attaqués par des Chevaucheurs de Wyvernes, qui nous harassent pendant notre marche et nous ralentissent avec des assauts répétés. C’est finalement mon ami Yussem qui découvre que les Wyvernes sont vulnérable au froid, donc Melisende et moi faisons s’abattre le premier et seul hiver que Meisa ne connaîtrait jamais sur l’entièreté de la partie nord de la nation.
      » Maintenant que les Wyvernes n’étaient plus un problème en raison du froid, nous avons pu continuer notre marche jusqu’à rejoindre les forces Meisaennes, mais par le temps que nous arrivions, les troupes Arathusi avaient déjà commencé leur retraite et s’étaient replié dans les terres du Nord, et en raison de la tempête de neige que nous avions déclenchée, nous ne pouvions plus retourner dans les Terres du Nord jusqu’à l’été, donc on s’est retrouvé dans un dilemme. Nous avons donc décidé de traverser la Forêt des Oubliés, et en traversant la forêt, on a été attaqué par ses habitants, des bessalims. Heureusement, j’avais avec moi, et j’ai oublié de vous en parler, la petite bessalim Sha’tari, qui appartenait à l’une des tribus de bessalim. Son grand-père la reconnut, et accepta donc de nous garantir notre passage, ce qui nous permit de prendre les Arathusi de court, et donc de commencer la dernière bataille. J’ai personnellement tué Malek et deux de mes frères de berceau, et j’ai déclaré la fin de la Guerre sous menace d’extermination. Nous avons donc gonflé nos rangs avec les troupes Arathusi restantes et avons regagné l’Arathusie pour que j’y sois sacré Empereur. Pendant ce temps, Laryë avait décidé de mettre fin à l’indépendance des nations des Terres du Nord et avait entamé sa propre conquête de son côté.
      » Et nous allons maintenant faire une pause.
      Serenos sourit. Il avait fait le discours tellement de fois qu’il aurait probablement pu continuer, mais il sentait bien qu’avec toute cette information, balancée d’un trait, il s’était au moins assuré que la jeune demoiselle ne lui poserait probablement pas de questions à développement dans l’avenir ; Serenos en avait beaucoup à dire, et il parlait également plutôt vite pour s’assurer que les gens comprennent bien le message ; il y a des choses qu’il vaut mieux raconter le soir autour du feu qu’au milieu de la journée.
   -Nous aurons largement le temps d’apprendre à se connaître, et à vous faire découvrir les beautés de cette nation. Mais pour l’instant, j’aimerais que vous m’accompagniez, que je vous montre quelque chose que vous ne verrez pas en Tekhos.
      Avec un petit geste de la main, Serenos l’invita à le suivre, continuant son chemin à travers la ville. Ils marchèrent encore quelques minutes, papotant de tout et de rien, des nouvelles, jusqu’à ce que finalement, Serenos s’arrête. Il leva alors un doigt. Au début, il n’y avait rien, à l’endroit où il indiquait, puis il prit délicatement la main de Lied dans la sienne, et elle put voir ce qu’il voulait lui montrer ; il y avait une petite chose. A peine plus grande qu’une main, c’était également très difficile de la voir. Affublée d’un mouchoir en guise de manteau et d’un gratte-dos en guise de baton de marche, il y avait une petite créature qui marchait entre les gens. Parfois, elle se faisait bousculer et relevait en babillant ce qui devait être des injures, puis reprenait son chemin. Puis, Serenos pointa en l’air, et Lied put voir quelque chose que peu de gens pouvaient voir ; des milliers de petits esprits flottants et sautillant. Quand ses yeux s’abaissèrent à nouveau, il y avait encore davantage dans les rues et près des échoppes. Certains criaient même des invitations à entrer dans les magasins, et parfois, certains enfants semblaient les entendre et se diriger vers le magasin.
      - Bienvenue dans les contrées barbares, Sénatrice Bueller. Vous êtes officiellement la seconde Tekhane à voir ce que je vois.
      Serenos n'avait montré les esprits qui habitaient le continent à une étrangère qu'une seule fois, et c'était à la prédécesseure de la jeune sénatrice. La visite guidée des quartiers de la ville se fit lentement, mais sûrement, permettant à Lied de se familiariser avec l'environnement. Eist'Shabal était une ville fortifiée au coeur de laquelle se trouvait le Palais impérial, avec un mur qui formait un cercle parfait. La ville en possédait cinq, présentement, et chaque mur avait été bâti en raison de la population grandissante. Loin de la métropole Tekhane avec ses millions d'habitants, la cité comptait tout juste un demi-million de citoyens, ce qui en faisait déjà une énorme population pour la cité d'un pays moins développé.
      Contrairement à ce qu'on aurait pu s'attendre d'un roi, Serenos n'était pas nécessairement pressé. Il expliquait un peu le fonctionnement de la ville et de la société Meisaenne à sa nouvelle invité, et ne semblait même pas se gêner pour lui faire de petites remarques taquines si elle semblait surprise ou étonnée de la grande différence culturelle entre Tekhos et Meisa.
      Après quelques heures, il était temps de retourner au palais, donc le Roi lui fit escorte. Ils revinrent tranquillement sur leurs pas, suivant les grandes routes commercantes plutôt que les petites routes qui les aurait ramené plus vite, et ils se retrouvèrent bientôt sur le Pont des Sacrifiés, un grand pont où les noms de ceux qui avaient mis leur vie au service du royaume était inscrits à même la pierre. C'était un honneur réservé aux hommes et femmes d'exceptions ayant rendu un service exceptionnel en Meisa. Parmi ces noms, il y avait assurément celui d'Ysna, même si elle n'avait pas perdu la vie sur les terres de Meisa. Ce n'était pas un honneur réservé aux citoyens ou aux habitants du pays, c'était une reconnaissance pour quiconque avait, à un moment de leur vie, investit assez de leur personne et apporté un changement nécessaire à sa communauté pour être reconnu. Même certains chevaliers ne voyaient pas leur nom apparaitre sur ce pont.
      En entrant dans le palais, le Roi guida la jeune amie à sa suite jusqu'à l'aile est, aussi connue comme l'aile royale, plutôt qu'à l'aile oest, où les invités de marque étaient normalement logés.
      - J'ai fait venir la couturière de ma défunte épouse ce matin pour vous fournir une garde-robe complète. Elle vous attend dans les quartiers de la Duchesse d'Anfran, qui n'est malheureusement plus en mesure de fréquenter la cour. Elle a accepté de céder sa chambre pour des raisons diplomatiques en repaiement d'une faveur dûe à la précédente ambassadrice.
      Et comme il l'avait dit, si peu avaient-ils franchis le pas de la porte menant aux appartements mentionnés qu'une série de robes et de tenues les accueillirent, occupant une grande part de l'espace habitable, avec une vieille dame placée bien en évidence au milieu du petit salon. Elle exécuta une courbette polie envers le Roi, puis un hochement de la tête vers la Sénatrice, un geste qui démontrait clairement que le protocole pour les dignitaires existait bel et bien mais qu'elle observait une différence d'autorité entre les deux personnages.
      - Ambassadrice, je suis Colene, dit-elle avec un sourire. Vous allez passez l'après-midi avec moi et nous allons vous préparer une tenue convenable pour des réunions avec les haut fonctionnaires et dignitaires du royaume.
      Le Roi regarda la jeune femme un moment puis lui sourit avant de s'excuser.
      - Nous reprendrons la visite plus tard. Après votre séance d'essayage, je vous recommende d'explorer le palais. Toutes les ailes vous sont ouvertes, sauf la Tour. La résidente de cette tour a... disons que je préfère limiter les visites au possible, dû à sa condition.
« Modifié: mercredi 07 juillet 2021, 21:19:27 par Serenos Sombrechant »

Lied Mueller

Humain(e)

Re : Des vacances, c'est vraiment trop demander ? [Serenos]

Réponse 8 vendredi 13 août 2021, 18:23:57

Le spectacle pouvait sembler des plus amusants pour la population de Meisa : leur seigneur se promenait gaiement dans les rues suivi d'un petit poussin rose qui peinait, dans tous les sens du terme, à le suivre. Elle ne parvenait qu'à peine à suivre le rythme imposé par ses jambes, nettement plus habituées à la marche que les siennes, et sans nul doute à bien plus que simplement trotter sur le pavé. De plus, Lied se perdait un peu dans un souvenir, ralentissant inconsciemment le rythme à mesure qu'il lui contait l'histoire. Il lui faisait un peu penser à Luxienne, sa génie de mère qui ne se souciait que bien rarement que son interlocuteur arrivait à suivre son débit de paroles. Oh sa fille avait bien essayé, pour lui faire plaisir ! Mais entre le débit et le contenu, elle ne tenait que bien rarement plus de quatre minutes, ce qui n'était déjà franchement pas mal. Au moins, si l'objectif du souverain était d'éviter toute question ouverte, c'était gagné, la sénatrice avait le souffle coupé ! Si ça n'avait été le cas, peut-être ne se serait-elle pas gêné pour lui dire qu'il y avait d'autres façons de faire, avec un de ses tons les plus agacés qui soient.

Peut-être fut-ce la poursuite de la promenade qui fit ralentir les événement. Avant de pouvoir dire quoi que ce soit, Lied fut invitée à observer de minuscules petits êtres dont la simple vision immédiate la fit fondre, la fascinant et provoquant mille questions dans son esprit. Pourquoi personne ne les voyait ? Y avait-il encore une notion de magie quant à la vision de ce petit peuple ? Comment pouvaient-ils être si adorables ?! La seule traduction de cet état chez la demoiselle fut le rose qui colora ses joues et le sourire qui fendit ses lèvres. Seulement, Serenos dénatura quelque peu cet instant, Lied lui renvoyant un regard faussement outré.


« C'est Mueller, Mu-e-ller ! De la même façon que vous dites moelleux, magie, muffin : Mueller. »


La suite fut des plus paisibles. La femme aux cheveux roses portait le regard sur la moindre indication de son guide royal, quitte à manquer trébucher quelques fois sur un obstacle à force d'avoir le nez en l'air. Elle en oubliait la portée politique de sa venue, se sentait enfin.... en vacances ! Il fallait aussi avouer que le souverain l'aidait à aller dans ce sens, à se moquer gentiment de ses réactions et provoquer un nombre de moues et grimaces impressionnant. Ce n'était pas son ami, c'était son hôte, de marque qui plus est, mais quelle importance ce détail avait-il à cet instant ? Le moindre, par rapport au fait qu'elle pouvait croiser un adorable petit garçon en robe au moindre coin de rue ! Un des nombreux détails qui l'émerveillaient, auquel s'ajouteraient nombre d'autres paroles qu'elle buvait. Il fallut pourtant prendre le chemin du retour, tout du moins pour le roi, puisqu'il s'agissait plutôt d'une suite logique pour celle qui l'accompagnait. Lied ne fut pas très bavarde sur la route, il y avait tant d'informations à retenir qu'elle ne trouvait pas l'instant de se perdre en exclamations, à peine de passer ses doigts fins sur les inscriptions du pont, alors que Serenos lui en donnait la signification. Jamais on ne lui avait parlé de ce genre de mémoriaux, n'en avait jamais vu, surtout pas à Tekhos, et ne pouvait ainsi que se perdre à l'observer sous sa paume.

Lied fut des plus heureuses de pouvoir profiter d'un peu de fraîcheur lorsqu'elle découvrir le palais. Les ailes, les quartiers, elle connaissait ses mots et leur sens, mais se trouvait bien incapable de pouvoir dire ce à quoi se rapportait quoi quand elle regardait une porte en passant. Ce ne fut que lorsque Serenos lui réadressa la parole qu'elle se figea un instant, assez mal à l'aise.


« Cela aurait pu attendre, même si j'apprécie votre attention... De même que la duchesse ne me devait rien, même faveur étant. Je ne sais pas trop comment vous remercier... »


Lied comptait, dès son arrivée, faire des emplettes. Outre le fait qu'elle avait l'impression de cuire dans sa jolie combinaison blanche, elle appréciait se fondre un minimum dans la masse, pour ne pas dire qu'elle appréciait fortement de pouvoir, une fois chez elle, contempler au sein de son dressing la multitude d'habits divers et variés qu'elle rapportait de ses pérégrinations. Certains auraient pu en voyant cette vaste pièce allouée à son apparence comme une preuve de sa débauche, ou l'étalage d'un luxe dont elle jouissait depuis sa venue au monde, or, la jolie jeune femme avait simplement un passé auquel elle s'attachait. Cela faisait si longtemps qu'elle ne s'était pas retrouvé ainsi, das une pièce, en présence d'une couturière ! Le seul point qui la fit tiquer fut la remarque du roi. Pourquoi préciser qu'il s'agissait de celle de son épouse décédée ? S'il espérait que cela soit un gage de qualité à ses yeux, elle se disait surtout que c'était le meilleur moyen de faire fuir une dame, pour ne pas dire voir s'il y avait moyen de la remplacer, ce qui rejoignait la première idée ! La sénatrice n'en releva rien, se contentant d'adresser un sourire aimable à la couturière et un bref signe de tête, puis le souverain des lieux qui s'apprêtait à les quitter.


« Merci encore de votre temps ! Je tâcherai de faire attention, même si je vous avoue avoir un sens de l'orientation déplorable. »


Et la porte se referma, laissant les deux dames seules. Sur l'instant, la sénatrice ne sut trop quoi dire ou faire, prise au dépourvu par la situation. Il y avait tant de vêtements autour, tant de couleurs et de détails ! Et surtout : aucune ressemblance avec ses habits tekhans, pas la plus minime. Sans vraiment s'en rendre compte, elle avait déjà la main sur l'un des tissus, qu'elle relâcha aussitôt après s'en être rendue compte.


« Mes excuses, j'aurais dû vous demander avant de toucher. Vous faites un travail splendide ! »


Parfois, les normes lui manquaient un peu pour laisser ressortir un brin de candeur. L'après-midi passa plutôt rapidement en plus d'être fort productif. La fraîche ambassadrice avait eu le don d'un corps aux mesures proches de la perfection, un petit bonheur à vêtir, si ce ne fut la gêne qui para son visage lorsqu'il était mention de se dévêtir, son besoin de cacher certaines choses faisant immédiatement surface. Au fond, Lied n'avait pas honte des quelques marques qui paraient ses coudes et sa gorge, mais elle évitait autant que possible de les exposer. D'une part, car son médecin le lui avait dit, d'une autre, car elle ne voulait plus jamais voir telle pitié dans le regard des autres. Ces regards... Oh elle savait bien qu'elle en verrait d'autres, mais elle avait fait ses armes.

C'est donc vêtue comme une princesse que la demoiselle put sortir gaiement des quartiers qu'on lui avait alloués, tout du moins, elle se trouvait des airs de princesse, avec ses voiles et ses couleurs claires. De même, elle profitait enfin d'un peu de fraîcheur et ne voulait donc profiter que de son temps d'exploration plutôt que déballer ses affaires ou se chercher les premières traces de fatigue. Lied n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle devait absolument voir dans la bâtisse, mais elle savait en revanche une chose : on lui avait interdit l'accès à la Tour, et puisqu'elle ne savait nullement où celle-ci se situait, il fallait qu'elle la trouve afin de ne pas y pénétrer. Et elle se mit en route, non sans avoir au préalable remercié de nouveau la charmante vieille dame, pour son temps, son travail, mais aussi les agréables souvenirs qu'elle lui avait rappelés. Ces instants où, tout juste adolescente, on lui apprenait à s'aimer, à apprécier vouloir montrer sa beauté sans pour autant en abuser, et pouvoir s'exposer à ce monde hostile envers son être. Elle en avait côtoyé, des couturières talentueuses, qui se battaient pour pouvoir couvrir ses épaules ou lui passer une chaussure au pied, mais jamais elle n'avait pris autant de plaisir que ces rares fois où elle pouvait voler un peu de temps à un talent extérieur à Tekhos, plus encore lorsque celui-ci témoignait d'une inventivité sans limite pour accéder à ses requêtes, couvrir quelques parcelles de peau. Au détour d'un couloir, Lied gloussa, se perdant dans une réflexion envers d'un membre de sa famille qui ne jurait que par les tenues ultra sophistiquées tekhanes. Que perdait-elle ! Mais ça lui faisait plus d'habits pour elle, de jolis comme ceux qu'elle traînait dans ce dédale de couloirs.

Elle crut passer un moment devant une porte entrouverte, qui dévoilait une sorte de bibliothèque, mais préféra ne pas y entrer, ni même jeter un coup d’œil, comme par intuition, continuant son bout de chemin sans se soucier ni du temps qui passait, ni de la direction qu'elle prenait. Il fallait simplement profiter ! Profiter, avant qu'au lendemain, son devoir d'ambassadrice ne la rattrape, ce qui la déprimait déjà considérablement. Les déambulations de cette boule de joie aux cheveux roses ne passèrent sans doute pas inaperçues, d'autant plus lorsque cette dernière demandait après le chemin dont elle était en quête, suivant les indications glanées ça et là, jusqu'à, enfin, entendre qu'elle n'en était plus très loin. Aussi fit-elle alors demi-tour, et constata enfin qu'elle était, comme attendu, complètement perdue, mais... n'en tint pas le moins du monde rigueur, reprenant juste son exploration candide. Peut-être retrouverait-elle, par hasard, Serenos ? Ou le prince Aldericht ? Ou un nouveau visage ? Elle n'en avait aucune idée, profitant simplement du temps qu'elle avait, jetant de temps à autre un œil dans un couloir plus décoré que les autres, ou par une fenêtre pour observer le paysage.

La jeune femme finit de cette façon par se retrouver dans ce qui semblait être un jardin, restant juste à l'entrée à regarder les plantes aux couleurs chatoyantes depuis l'ombre de la porte. Elle pouvait sentir les parfums sucrés et floraux, voir un faible vent agiter quelques feuilles, et même si, au fond, elle avait l'envie irrésistible de voir tout ceci de plus près, elle ne le faisait pas. S'il n'y avait pas d'interdiction, c'était qu'elle le pouvait, elle en avait conscience, mais préférait jouer de prudence. Les fleurs n'avaient de toute façon pas réputation à se déraciner pour fuir les sénatrices tekhanes, elle pourrait donc y retourner quand bon lui semblerait ! Qu'aurait-elle dit, en plus, à Colene si par malheur elle tâchait de terre ses nouveaux habits ? La honte assurée ! Alors qu'elle avait été si avenante à son égard... Même si, perdue à regarder une jolie fleur d'un bleu roi, Lied se questionnait encore sur les intentions du seigneur des lieux. Nul n'offrait un tel présent sans rien attendre en retour, même pour une ambassadrice, même pour une remplaçante contre sa volonté, même pour une jeune fille malade. Peut-être aurait-elle dû se méfier davantage ? Son esprit ne lui souffla pas un instant l'idée, plus focalisé sur le fait qu'elle devrait trouver un temps dans la soirée de prévenir de sa bonne arrivée et du bon accueil qu'on lui avait fait.

Serenos I Aeslingr

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Re : Des vacances, c'est vraiment trop demander ? [Serenos]

Réponse 9 jeudi 23 septembre 2021, 23:28:18

    Cette fois, ce fut au tour de la jeune demoiselle de lui faire une petite admonestation. « C'est Mueller, Mu-e-ller ! De la même façon que vous dites moelleux, magie, muffin : Mueller. »
    Mais Serenos ne démordit pas et retourna la chose contre elle.
    « Sénatrice, enfin ! La lettre B n’existe pas dans le langage local, il m’arrive de me tromper. C’est la nation de Meisa tout entière que vous insultez ! »
    Et tac, dans les dents. C’était évidemment parfaitement faux, et la jeune femme ayant vraisemblablement lu des rapports sur la population locale devait savoir que le Roi se payait sa tête. Il ne sembla pas non plus durcir son expression, au contraire, un sourire taquin semblait avoir pris sa place sur les lèvres du Roi ; il ne voulait pas qu’elle le prenne au sérieux, qu’il voulait qu’il soit évident entre eux qu’il s’était trompé, et qu’il reconnaissait cette erreur.
    Lorsqu’il lui parla des quartiers de la duchesse, la jeune femme semblait inconfortable d’apprendre qu’une personne de haut rang lui avait cédé sa place et tenta tant bien que mal de montrer sa gratitude, bien qu’elle ne puisse cacher son malaise. Serenos lui sourit.
    « Il n’y ait aucune raison de vous soucier, Sénatrice. La Duchesse d’Anfran avait tôt fait de se plaindre dès qu’elle mettait les pieds à la cour royale. Elle n’attend plus que son héritier, le jeune Ravereden, prenne sa place en tant que chef de famille pour se retirer dans une partie moins humide du royaume avec ses favoris et dames de compagnies. Et comme Ravereden a convenu d’épouser la fille du Marquis de Serdenoa dès le transfert d’autorité terminé, je ne crois pas qu’il aura besoin de la chambre de sa mère. »
    Pour la plupart des pays étrangers, et généralement une surprise pour les Tekhanes qui apprenaient un peu la culture Meisaenne, surtout celles qui étudiaient l’histoire et la culture étrangère, le fait que le Royaume de Meisa et ses territoires reconnaissent les femmes comme de potentielles héritières pour titres et héritage démontrait un progressisme fascinant, surtout pour une contrée qui ne suivait pas les courants de pensées modernes. En Nexus, le fait qu’une femme soit sur le trône est un sujet d’outrage et de consternation, bien qu’elle soit reconnue comme le souverain légitime par volonté divine. Cela ne voulait pas dire que la vie des femmes était plus facile en Meisa ; le sexisme et la phallocratie ne connait pas de culture, et malheureusement, beaucoup d’hommes préféraient vendre leurs filles en mariage plutôt que de les laisser prendre le pouvoir. Malheureusement, les mariages arrangés existaient, et même si Serenos avait un mépris pour cette pratique, ils étaient pratiqués à la fois par la noblesse pour assurer une transaction harmonieuse, mais également par les gens du peuple, qui y voyaient une opportunité pour leurs familles de survivre. Serenos espérait que les années futures verraient un changement dans la pensée collective, mais cela n’était pas pour la génération actuelle.
    Après s’être excusé, le Roi referma la porte derrière lui, et se dirigea vers son bureau. Il avait encore du travail à faire et malgré sa curiosité pour la jeune femme, ce n’était pas encore le moment de lui faire une interrogation en règle. Comment une femme aussi jeune avait-elle réussi à devenir une sénatrice ? Il y percevait certes une forme de népotisme, mais cela n’était assurément pas la seule raison ; à moins d’être compétente, elle n’aurait pas été envoyée à titre d’ambassadrice chez un partenaire commercial.

    Colene préparait ses outils quand la jeune demoiselle se sentit obligée de présenter des excuses pour avoir touché le tissu d’une robe, non sans surprendre la couturière. « Mes excuses, j'aurais dû vous demander avant de toucher. Vous faites un travail splendide ! » lui avait-elle dit. L’artisane ne put réprimer un petit sourire devant une telle politesse ; en tant que femme du peuple, il était peu commun que les personnages politiques lui démontrent une telle formalité, sans pour autant être discourtois, mais cela n’était pas pour lui déplaire. Elle s’approcha donc de la jeune Lied.
    « Il n’y a pas à pardonner ; ces robes ont été mises à votre disposition pour votre usage personnel. Connaissant notre Roi, il est fort possible que vous repartiez du pays avec votre propre collection. Venez, venez, laissez-moi travailler. »
    Sans plus d’attente, à l’aide d’un ruban à mesurer, la couturière prit la peine de prendre les mesures de la jeune Sénatrice. Elle commença par la taille de ses membres, débutant par les bras pour ensuite s’attaquer à ses jambes. Le ratio la surprit quelque peu ; Normalement, une personne avait toujours de légère différences entre le côté droit et le côté gauche, mais que ce soit au niveau de ses mensurations et de la longueur de ses membres, la jeune femme semblait avoir été sculptée pour éliminer tout ce qui aurait été un trait indésirable.
    Devant le malaise de la jeune demoiselle à se dévêtir devant elle, et remarquant son souci de cacher sa gorge, l’expérience de la couturière lui suffit à éviter de poser des question malvenues et d’ajuster ses calculs en conséquence. Elle prépara donc un foulard pour la jeune femme, ainsi que des colliers ras-le-cou. Avec une délicatesse presque maternelle, elle encouragea la jeune femme à la laisser l’aider à enfiler l’accoutrement. Évidemment, il était inacceptable de pousser la jeune femme à porter des vêtements à la mode Meisaenne ; il était connu des femmes de la haute société que les étrangères ne dévoilaient pas si aisément leur corps à la vue d’étrangers, donc elle lui épargna les robes plus communes chez les jeunes dames de la cour, qui exposaient sans embarras le haut du corps tant qu’elles n’étaient pas mariées ou en couple.
    La robe, finalement, était une simple robe à la royale. La jeune femme avait des préférences claires, donc la couturière lui prépara un vêtement qui correspondait à ses besoins, avec des voiles. Certes, cela lui donnait un air de princesse de conte de fée, mais si elle était honnête avec elle-même, elle ne pouvait nier que si quelqu’un pouvait porter ces vêtements sans que ces vêtements ne semblent jurer avec le reste, c’était bien cette demoiselle. Décidément, les pauvres Meisaennes ne tenaient pas la chandelle aux Tekhanes, et en soit, cela la rendait un peu triste. S’il fallait que les Tekhanes se découvrent une soudaine fascination pour la gent masculine, il ne restait plus qu’à plier bagage pour les Meisaennes et se trouver des maris autre part. Mais les chances que cela ne se produise, fort heureusement, restaient relativement basse ; on dit qu’à l’époque où les hommes dominaient la société de Tekhos était une époque de violence et de guerre interne. C’était encore un peu le cas en Meisa, mais avec un Roi aussi puissant que Serenos à la tête du pays, les petits nobles patriarcaux avaient tôt fait de la fermer.
    Lorsqu’elle fut fin prête, Colene laissa enfin la petite demoiselle tranquille, et l’avisa qu’une nouvelle garde-robe lui sera envoyée, et que comme par l’indication envoyée par la mère de la jeune femme, elle sera également stérilisée par des procédés magiques dont elle n’avait pas le secret avant d’être placées dans une penderie, elle-même enchantée pour empêcher ce que les Tekhanes appelaient microbes et bactéries de les contaminer de nouveau. Pour les Meisaens, cela se récapitulait à créer un champ de protection et utiliser les annotations des Tekhanes pour avoir un résultat plus ou moins proche de ce qu’elles auraient utilisé elles-mêmes.

    Alors que Lied explorait le château, un femme sembla avoir remarqué son absence d’orientation par son vagabondage apparemment sans but. La demoiselle, plaquée d’une cape d’argent et d’une armure couleur de nuit, eut un sourire et se contenta de la suivre discrètement, le son des plaques et de ses bottes couverts par l’agitation générale du palais, avec les serviteurs qui couraient dans tous les sens pour répondre à leur tâche assignée et les discussions des nombreux habitants du palais dans les couloirs. Si Lied s’était rendu compte qu’elle était prise en filature, elle n’en montra rien, continuant d’errer dans les longs couloirs, jusqu’à tomber sur l’un des jardins du palais royal.
    Alors que la jeune femme s’immobilisait devant la sortie du jardin pour contempler sa splendeur, la femme en armure s’adossa contre un mur et la regarda sans un mot, essayant de déchiffrer si la jeune femme était, oui ou non, réellement perdue ou juste en manque de distraction. Lisant l’hésitation sur son visage fin et élégant, elle se décida enfin d’approcher la jeune femme et se posta à ses côtés, se penchant discrètement sur le côté pour lui murmurer.
    Connaissant les rumeurs entourant les sociétés où la magie était présente, elle s’autorisa à l’aborder sur le sujet. « Vous savez, même si la magie est partout, ca ne veut pas dire que les jardins sont remplis de plantes carnivores. Vous pouvez entrer sans risque. » plaisanta-t-elle avec un sourire.
Si Lied se retournait pour voir qui s’addressait à elle, elle trouverait une femme un peu plus grande qu’elle, adornée de longs cheveux noirs attachés en queue de cheval. Si son armure recouvrait une bonne part de son corps, il était clair que c’était fait sur mesure, car elle ne semblait pas lutter contre un inconfort particulier. Ses yeux étaient d’un bleu roi aussi magnifique que la fleur qu’elle regardait, alors que ses lèvres arboraient un cramoisi reluisant. Son nez était fin, dessiné, pointant légèrement vers le haut, lui donnant un air fier, mais ce qui restait le plus remarquable restait sa posture et sa féminité apparente malgré son équipement. À sa hanche, une épée dans son fourreau, celui-ci ornementé de décorations floraux fait de filaments d’argent.
    « Vous devez être la nouvelle Ambassadrice. Je suis Aurore, chevalier de l’Ordre de l’Orchidée, et princesse du Royaume de Meisa. »
    Elle prit délicatement la main de l’ambassadrice et, sans briser le contact visuel, posa un baiser sur ses doigts, avec un sourire charmeur sur ses lèvres rouges.
    « Son Altesse Aldericht pensait que vous auriez peut-être besoin d’être accompagné. Sa Majesté est… un peu absente d’esprit en ce qui concerne les normes sociales modernes, il ne lui est probablement pas venu à l’esprit que vous pourriez vous égarer dans ce grand palais, surtout considérant qu’il a été fait pour que les étrangers s’y perdent, évitant ainsi des tentatives d’assassinat du tout-venant. »


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