C'est dans le silence du vide spatial, quelque part entre des dizaines d'unités astronomique de rien, que notre histoire débute. Dans toutes les directions, des étoiles hors d'atteinte forment un décors fixe. Seule l'une d'entre elle est suffisamment proche pour que sa lumière fasse apparaitre le colosse qui s'avance. Le Sauhyo-sen fait son entrée. D'abord silhouette noire masquant la voie lactée derrière sa forme oblongue, il dévoile peu à peu sa face tribord couleur acier, tandis que sa distance avec l'étoile se réduit. Cette étoile est celle-là même qui éclaire avec constance une moitié de la planète bleue, berceau de l'humanité. A Tokyo, il est 15h37, et les employés du tertiaires répriment leurs soupirs de lassitude.
Dans sa petite cellule de repos capitonnée, Hana lit ; on pourrait considérer qu'elle est allongée au plafond, si les notion de haut et de bas avaient encore du sens. De sa jambe gauche tendue, elle presse le pied contre la paroie opposée et se maintient ainsi stable. Son apparence n'est pas glorieuse : après des semaines d'isolement, elle ne se soucie plus vraiment de son apparence et à peine de son hygiène. Elle est, comme à son habitude depuis plusieurs jours, en slip et en t-shirt. Un bandeau maintient ses cheveux gras en arrière. Mais malgré son apparence négligée, Hana ne se laisse pas aller : elle est bien décidée à faire de ce voyage une opportunité de développement personnel, et la petite pile de livre lus, maintenus au mur par deux bandes de velcro, le prouvent.
Le vaisseau ne passera que quelques heures dans le voisinage du Soleil, et ne s'en approchera pas plus qu'une 40aine d'unités astronomique --approximativement la distance à laquelle se trouve Pluton à son apside. Il arrivera ensuite à la singularité spacio-temporelle qui doit l'emmener à sa véritable destination. Nul ne l'aura remarqué, à moins de réceptionner ses signaux d'identification envoyés dans toutes les directions sur différentes fréquences d'ondes radio.