Suzumebachi "Suzu" Kaminari - Humaine - Hétérosexuelle - La trentaine - Tekhos
Ses oreilles sont légèrement pointues. Elle les dissimule sous une longue chevelure d'ébène et les orne que très rarement de petites puces d'oreilles. Pour ce qui est du reste du corps, Suzu laisse entrevoir un corps parfaitement sec et musclé. Sa poitrine est remontée, attrayante et ses épaules se sont développées sans pour autant lui offrir une carrure masculine. Son corps est tracé, marqué, tout en finesse d'un amour certain et indéniable pour le combat.
Ses bras sont également musclés ce qui s'avère utile tant sur le plan militaire que dans la vie civile. Aucune cicatrice ne vient marquer sa peau d’albâtre et ses mains ont de longs doigts de pianiste, lui permettant de rattraper les balles perdues entre deux sièges d'UCTT. Suzu prend soin d'elle et témoigne d'une hygiène irréprochable. Bien que les combats soient prenants, elle laisse entrevoir des ongles coupés courts, toujours propres et de son passage se dégage toujours une odeur de linge frais, propre.
La musculature de Suzu peut se résumer notamment par son entraînement intensif. Pilote d'exception, elle a été amenée très tôt à fréquenter un monde fait d'hommes et à donc du redoubler d'efforts aussi bien sur le plan du psyché que du physique pour se surpasser et dépasser bon grand nombre de ses pairs.
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Suzumebachi est une personne franche, honnête. Elle ne sait pas mentir et sert son groupe comme on le lui a appris dès son plus jeune âge. Elle distingue très bien les relations cordiales qu'elle entretient au travail et celles de sa vie privée puisque elle n'en a pas. Peinant à lier contact avec autrui, Suzu est une grande solitaire. Elle ne cherche pas à se faire bien voir par ses pairs et recherche constamment l'excellence.
Nombre de gens pourraient interpréter les faits, gestes et paroles de la pilote comme le témoignage d'une agressivité profonde hors ce n'est pas le cas. Suzu recherche l'excellence et n'a pas de temps à perdre, elle est donc directe dans ses propos et ne passe pas par quatre chemins pour expliquer, exposer ou imposer une vérité qui peut parfois être déplaisante. Elle est spontanée et n'aime pas enjoliver les choses pour leur donner un parfum plaisant. La réalité est ce qu'elle est et Suzu n'aime pas cacher celle-ci. Très terre à terre, elle croit que en ce qu'elle voit.
Calme en apparence, Suzu est en réalité une grande nerveuse. Néanmoins elle a appris à masquer ses émotions et à ne pas faiblir devant les autres. Femme dans un monde d'homme elle témoigne d'aucune faiblesse. Seuls les profonds débordements de joie pourraient lui arracher autre chose qu'un léger sourire. Seuls les profonds débordements de tristesse, à l'inverse, pourraient lui arracher autre chose qu'une larmichette sur le coin de l'oeil.
Fidèle, Suzu compte néanmoins ses amis sur les doigts d'une main amputée perdant son seul et unique ami lors de leur ultime altercation. Elle lui voue une rancœur et haine sévère bien que ce sentiment tend à s'atténuer avec le temps. Suzumebachi est une jeune femme seule. Elle n'a jamais connu l'amour bien qu'elle pense l'avoir effleuré avec du recul en repensant à sa relation avec Stardust.
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Le souffle court, l'excitation à son summum, la transpiration dégoulinant le long de son front et entre ses phalanges, elle laisse échapper un "putain" alors que les commandes lui échappent entre ses doigts. Où est-elle ? Que se passe t-il ? La notion du temps s'efface, lui échappe alors qu'à la dérive, elle ferme fermement les yeux. Tout tremble autour d'elle, tout tressaute. Son coeur se noue, son estomac se soulève alors qu'elle se laisse flotter dans cette réalité devenue si tangible. Malgré le casque, son crâne s'écrase sur le plafond du cockpit. Sa bouche fermée avec fermeté jusque alors s'entre-ouvre tout juste pour laisser filtrer un cri d'effroi. Un unique alors que le noir vient l'envelopper, effaçant tout semblant de mémoire.
Le réveil est difficile. Compliqué. Toujours dans l’habitacle, elle passe machinalement ses mains contre son casque. Elle tente de tirer dessus, de le retirer, en oubliant toute notion de sangles et de protection. Elle s'acharne alors qu'un cri de frustration vient franchir le seuil de ses lèvres. Le sang obstrue sa vision. Ses sens sont en alerte alors que la visière de son casque se marque d'hémoglobine. Elle sanglote de désespoir alors qu'une question martèle son esprit: est-ce la fin ? Fragilisée, paniquée, le pilote n'en impose plus véritablement alors que son regard tente de se porter au delà de la visière marquée.
Elle reprend connaissance de son buste, de ses bras, continuant à tenter vainement d'enlever son casque faisant fit des recommandations apprises. L'instinct est plus fort, la théorie s'efface face à la pratique, face à la réalité. Face à la pratique désastreuse d'un accident si rapidement arrivé elle tente de mouvoir ses jambes, de bouger doucement mais le métal broie ses articulations avec force. Un sifflement s'extirpe de ses poumons alors qu'elle parvient en agrippant son bas, à dégager l'une de ses jambes de sous l'amas de fer. Elle en extirpe la seconde, se tournant d'un quart pour basculer par dessus bord.
Le bout de ses doigts tremblants se porte sur sa visière. De ses épais gants, elle efface grossièrement le sang qui l'a marque et observe les environs: l'inconnu. Chaque soldat se doit d'être préparé, de réagir en conséquence. Des années d'expérience, d'entrainement pour se préparer au pire lorsque tout vrille et que tout semblant de certitude s'efface. Mais face à sa réalité tangible, Suzu ne peut s'empêcher de penser à Iggy. L'esprit embrumé par ce qu'elle pense être un accident, elle se laisse aller aux questions: est-ce que mon camp a gagné ? Est-ce que tout le monde est mort ? Qu'en est-il de Iggy ? Où est-il ? Son visage se tourne lentement vers la gauche puis vers la droite. Impossible d'en savoir plus. Combien de temps s'est-il écoulé ? Le sang sur sa visière était-il si frais ? Était-ce le sien ? Était-elle réellement seule ? Vient-elle de se faire piller l'intégralité de son vaisseau alors que seule la tôle subsiste dans ce grand désert ?
Pour comprendre comment elle en est arrivée à cette situation un petit retour en arrière s'impose.
Haute comme trois pommes elle fait face avec l'insouciance de tout enfant à son reflet. Ses mains boudinées se portent sur le miroir en éclatant de rire. Son regard bleuté, brillant de malice, se porte vers son père alors qu'elle gazouille quelques mots. Bienveillant, il l'a détourne du reflet du miroir alors que ses frères non loin ont entamé un puzzle. Les pièces de ce dernier s'assemblent lentement. Dépendantes les unes des autres, ces pièces forment très rapidement un ensemble très strict; très fermé. Une combinaison unique est possible, il lui est impossible d’emboîter d'autres pièces pour laisser entrevoir un semblant d'avenir autre. Pour elle, impossible d'en sortir car sa destinée est pré-tracée à l'encre rouge et dans son sillage, elle emporte tous les rêves d'une adolescence paisible, loin d'une formation militaire psychorigide.
Ses mains se sont esquintées. Au delà d'une simple chute devant le miroir en tentant de bêtement s'y raccrocher, Suzu a connu le poids des maux, le poids des mots et s'est écorchée les phalanges jusque au sang. Les larmes ont déformé son beau visage et ont purifié son âme, effaçant toutes ses craintes, l'amenant à penser en grandissant qu'elle était intouchable, infaillible. Elle a gagné en confiance au fil du temps et a su offrir une confiance certaine à une seule personne en dehors d'elle même : Iggy. Doutant quotidiennement de cette confiance, elle l'a senti s'effriter en un quart de seconde. Son monde prenait fin, sous ses yeux, son unique amitié se brisait alors que ses yeux se bordaient de franches et sincères larmes. Le soldat faiblissait, fléchissait, interrogeant son unique allié lors de leur ultime mission:
"Iggy."
Le surnom avait un goût de fer. L'amertume emplissait sa petite bouche alors qu'elle restait démesurément calme, enchaînant:
"Regarde la variable c63. Ces engins fonctionnent à l’antimatière. Avec un générateur AM de chez Stardust."
Mais sa confiance, son amour pour son ami des beaux jours trahissait sa voix. Le ton, Iggy le reconnaissait entre mille: elle doutait. Doutait de lui, de cette confiance si précieuse qu'elle était parvenue à lui offrir alors qu'elle articulait avec soin pour dénouer sa gorge oppressée par l'émotion:
" Iggy. Pourquoi voulais-tu absolument te rendre sur ce vaisseau. Pourquoi ne voulais-tu pas que je t’accompagne ? Est-ce que tu savais que ton père avait participé à la construction de ces choses ?"
Elle l'avait bombardé, l'avait menacé. Le bougre s'était bien défendu avant de l'abandonner à son triste sort. Elle s'était branchée sur la fréquence de son supérieur, elle avait entre-ouvert la bouche mais aucun fichu son n'en était sorti. Fidèle à ses principes mais encore plus à cette amitié, Suzumebachi avait perdu en un quart de seconde tout ce qui représentait le fil rouge de sa maudite vie. Le commandant n'avait de cesse de la relancer alors avec calme, elle annonça:
"Nous sommes coincés, Stardust et moi même. Nous sommes coincés dans un vaisseau ennemi, de la base que vous avez vu décoller."
Elle déglutit une première fois, sa bouche se faisant atrocement sèche. Ses mains se firent glacées, alors qu'elle fit silence des inscriptions sur la variable, annonçant:
"Stardust est parti, nous ne pouvons plus compter sur ce lâche, Commandant. Quelles sont les consignes désormais ?"
Et elle écouta sagement les instructions pour faire marche arrière. Les larmes de tristesse s'effacèrent, laissant place à des larmes de frustration, de colère. Les semaines puis les mois passèrent. La solitude rongeant son esprit, Suzu décida de s'investir encore plus au service de ses hommes. Elle délaissa toute amitié, tout semblant d'amour pour s'entraîner et détruire celui qui avait fait de sa vie un enfer nouveau. Rancunière au possible, elle trouva sur le champ de bataille un défouloir nouveau. Elle s'abandonna à ses émotions toutes aussi néfastes les unes que les autres, souhaitant qu'une seule et terrible chose: la mort de Stardust. Il avait constitué sans le vouloir une unique raison de la maintenir tristement en vie. Elle redoubla d'ardeur, cherchant une confrontation qui ne tarda pas à arriver. Il s'était connecté sur sa radio et après quelques joutes, ils avaient décidé de foncer l'un vers l'autre, déterminé à en finir pour de bon.
...
Elle se tenait sur l'un des débris de son vaisseau: un morceau de fer, de tôle, qui enchaînait, emprisonnait cruellement ses jambes il y a quelques secondes encore de cela. Il ne restait plus rien autour d'elle si ce n'est ce morceau qui lui avait bloqué tout mouvement. Avec hargne, elle était parvenue à retirer son casque. Le sang s'écoulait d'une de ses tempes, de son nez mais aussi de sa bouche. Suzumebachi enrageait. Elle s'était laissée tomber au sol en hurlant à plein poumons. Le désespoir, la haine, la solitude avaient envahi soudainement son être tout entier. Elle qui s'était contentée durant toute sa misérable existence de paraître femme forte et assumée, s'effondrait, s'abandonnant dans un torrent nouveau d'émotions.
Elle ignorait qu'une mauvaise manœuvre de sa part mais également de la part de son rival avait ouvert un portail. Un portail qui l'avait projeté à travers l'espace, le temps, les dimensions. Sur Terra, sans rien savoir de l'endroit, Suzu errait désormais, traînant l'une de ses jambes derrière elle. Tout ce qu'elle pouvait voir à travers ses yeux larmoyants c'était cette ville au loin. Une ville qu'elle apprendrait à connaître au fil du temps.
Une ville nommée Tekhos.
