« J'ai pour principe de toujours mener un contrat jusqu'au bout, même si ça doit durer plus longtemps que prévus. »
Talon avait donc affaire à une contrebandière qui avait des principes. Elle ne fit aucune remarque sarcastique, mais elle se doutait bien que les motivations de Kileya n’étaient pas purement professionnelles. Elle voulait aussi se venger, ce qui était, à vrai dire, tout naturel. Talon connaissait le goût de la vengeance, et ne voyait pas de problème à la satisfaire. Pour vivre dans le présent et se tourner vers le futur, il fallait se débarrasser des démons du passé, les purifier. Les Jedi pensaient qu’on pouvait accepter le passé, qu’on pouvait se détacher de la vengeance, agir comme des robots et des automates désintéressés, comme avait pu le faire Maître Yoda en abandonnant la galaxie pour s’exiler à Dagobah. Talon y voyait là de l’hypocrisie, une sorte de fierté mal placée. La vengeance était quelque chose de fondamentalement instinctif, propre à toutes les espèces intelligentes. Elle répondait à un principe d’autodéfense classique et basique : si on vous attaquait, vous vous défendiez. La vengeance, ce n’était rien de plus que l’affirmation d’un principe de survie élémentaire et fondamental.
La Sith ferma les yeux en se détendant un peu, réfléchissant à ce qu’elle devait faire.
« S’il y a un Sith ici, il faut que je le trouve avant qu’il ne le fasse. Il cherchera probablement à m’enrôler, ou à me tuer... Et je n’ai pas envie d’être à nouveau l’esclave d’un Sith arrogant. »
Dark Talon avait suffisamment servi Dark Krayt comme ça.
« Peu importe les manières dont tu envisages de te venger, joli cœur, il te faut déjà trouver ton Sith... Et, même si tu le trouves, un Sith ne se laisse pas facilement piéger. Les Twi’Leks sont plutôt rares ici, et nous ne sommes pas du genre à nous fondre dans la masse, physiquement parlant. »
Talon allait devoir rompre avec sa tradition d’âme solitaire, pour les biens de la cause. Tuer un Sith ne la dérangeait pas, car ça ferait un rival en moins. Elle se releva lentement.
« Sais-tu à quoi ressemble ta proie ? As-tu des informations sur le vaisseau qu’il utilise ? N’importe quel début de piste ? On peut trouver tout ce qu’on veut dans cette base, à condition de savoir où chercher. Je veux bien t’aider. Disons que c’est une question de solidarité twi’lek. »
De plus, Talon était sûre que Kileya n’avait aucune piste. Si elle la laissait s’aventurer seule sur les traces d’un Sith, elle se ferait tuer avant même de comprendre quoi que ce soit. Il fallait être un Jedi ou un Sith pour traquer un autre Sith. Kileya avait un trop joli petit cul pour que Talon se permette de la voir mourir sans même essayer de l’aider... Mais il ne fallait surtout pas interpréter cela pour de la charité gratuite. Disons que leurs intérêts étaient communs, et que Talon estimait qu’elle obtiendrait plus vite satisfaction en travaillant avec Kileya.
Rien de plus. C’est du moins ce qu’elle se disait.