Se rapprochant de la station, Jessica se posa sur une structure latérale, entourée de colonnes, et s’approcha de portes blindées situées devant elle. Son Anneau avait toujours du mal à scanner les lieux, et elle-même sentait une aura maléfique... Une aura qui émanait, non pas tant de cette station, mais, de manière plus générale, de la planète toute entière. Clignant des yeux, elle regarda donc autour d’elle, puis s’approcha de l’une des portes, et l’ouvrit. Ses pas l’amenèrent dans un couloir métallique sombre, lui évoquant ce très vieux film d’horreur, un classique de John Carpenter, «
The Thing », sur des scientifiques piégés dans une station de recherches au Pôle Nord, et attaqué par un monstre. Le courant était coupé, et elle avait la désagréable impression de pénétrer dans un tombeau. Jessica utilisa son Anneau, et une lueur verte en sortit, faisant office de lampe. Elle pouvait voir des murs, avec un escalier qui descendait, de quelques marches seulement, et les descendit.
«
Hummm... Y a quelqu’un ?! Hey-oh ! »
L’écho de ses pas fut la seule chose à lui répondre, et elle arriva à un embranchement, avec une petite pancarte signalant les toilettes sur sa gauche. Mue par une inspiration subite, Jessica s’en approcha, et ouvrit la porte des toilettes pour femmes... Où elle déglutit en voyant des traînées de sang sur le sol. Une porte d’une cabine avait été défoncée, balancée contre le mur, et on avait arraché les grilles d’un conduit de ventilation situé au fond. Dans la cabine, elle vit de nouvelles quantités de sang, mais aussi des vêtements déchirés, et des traces de griffures sur les murs.
*
Il y a énormément de sang... Et ça file vers le conduit de ventilation. C’est comme si une espèce de monstre avait attaqué une personne située à l’intérieur... Un ours polaire, peut-être ?*
C’est ce dont elle avait envie de se persuader, mais, curieusement, Jessica avait bien le sentiment que la réalité était plus compliquée. La
Green Lantern se rapprocha du conduit, et l’éclaira avec son Anneau. D’épaisses traînées de sang filaient le long du conduit, disparaissant au loin. Elle ressentit alors un frisson de terreur la traverser, et se recula prudemment. Nerveuse, la jeune femme sortit des toilettes, et recommença à marcher, jusqu’à se rapprocher de laboratoires, où elle vit de nouvelles traces de sang, des traînées filant le long du sol, des griffures le long des murs, et, encore une fois, des gaines de ventilation explosées.
Songeuse, Jessica se rappela encore un autre film d’horreur : «
Alien, Le Huitième Passager ». Le premier de la saga, de Ridley Scott, film fondateur de tout un univers, et dans lequel le monstre, le Xénomorphe, se déplaçait à travers les conduits de ventilation. Une idée que Cameron avait repris dans sa suite, «
Aliens, Le Retour ». Jessica se dirigea donc vers le laboratoire, mais constata qu’une épaisse porte coupe-feu s’y était posée.
*
Ils ont scellé l’endroit...*
Jessica se concentra alors, et, depuis son Anneau, elle matérialisa un laser, qui frappa la porte, bien décidée à l’ouvrir... Quand elle entendit des bruits métalliques. Surprise, la femme s’arrêta, et tourna la tête vers la droite.
«
Qui... Y a quelqu’un ?! Je viens vous aider ! »
Rapidement, une voix intérieure la sermonna durement :
*
Tu es dans un endroit hostile, où il y a visiblement eu un bon nombre de morts... Crois-tu qu’il soit si malin de signaler ta présence aux autres ?*
Jessica choisit de s’avancer, entendant les bruits se répéter, et comprit qu’on frottait quelque chose contre les parois métalliques de la station. Ses pas la guidèrent ainsi hors du couloir,
dans un autre couloir semi-circulaire, où des fenêtres fournissaient un éclairage. Des flocons de neige s’amoncelaient contre les vitres crasseuses, et Jessica vit soudain, devant elle, près du pilier central, une silhouette encapuchonnée, tenant dans chaque main d’épais piolets, utilisés pour escalader les parois montagneuses. Il était de flanc face à elle, et ses piolets raclaient contre la paroi.
«
Mon... Monsieur, vous allez bien... ? »
Elle se rapprocha encore, et l’homme tourna soudain la tête. Jessica déglutit alors en voyant
une silhouette affreuse, désincarnée et moribonde, avec des yeux lumineux.
*
Gasp ! Un zombie !!*
Cependant, loin de ressembler aux zombies de Romero, celui-ci poussa un grognement terrible, et s’élança vers elle, tandis que Jessica réalisait, en le voyant filer, qu’il n’avait pas de mâchoire inférieure, simplement une gueule béante d’où pendaient des dents extrêmement pointues et une langue interminable. Brandissant ses piolets, il s’élança à toute allure vers elle, terriblement rapide, et Jessica brandit sa main devant son corps, poing fermé. L’Anneau brilla, et un laser en fusa, frappant le monstre au torse.
«
Arrêtez ça !! » glapit-elle.
Le choc frappa le monstre, le soulevant en arrière, et il rebondit sur le sol, tandis que l’Anneau de Jessica le scannait.
«
LE SUJET N’ÉMET AUCUNE ACTIVITÉ CÉRÉBRALE. -
C’est un putain de zombie ! -
SANS ACTIVITÉ CÉRÉBRALE, UN CORPS NE PEUT PAS S’ANIMER, JESSICA. -
Quand on reviendra sur Terre, je te montrerai les films de Romero. Le succès, pour les tuer vraiment, c’est de les décapiter. »
Le monstre se relevait déjà, hurlant encore, et courut à toute allure, mais Jessica tira encore, et un véritable laser frappa le crâne du monstre, l’explosant violemment, répandant tout autour de lui des bouts d’os, des yeux explosés, et des morceaux de cervelle. Cependant, là où Jessica s’attendait à le voir s’écrouler, elle vit le monstre s’élancer encore vers elle.
«
Quoi ?! »
Le piolet la frappa à la poitrine, et Jessica hurla de douleur, partant en retrait, s’appuyant contre le garde-fou du couloir. Son bouclier vert venait de la protéger d’une hémorragie violente, mais le monstre levait déjà son autre piolet. L’Anneau vibra à nouveau, et une violente onde de choc engloba tout le couloir pendant quelques secondes, envoyant le monstre hurler le mur.
*
Pourquoi il est mort ? Merde, mais pourquoi il est pas mort ?!*
La panique commençait à s’installer dans ses yeux, tandis qu’une douleur terrible venait d’émerger dans son torse. Elle avait à peine le temps de comprendre que des bruits se firent entendre depuis le mur.
«
ATTENTION, JE DÉTECTE DES BRUITS EN PROVENANCE DU MUR... »
Elle eut à peine le temps de voir un conduit de ventilation que ce dernier explosa, libérant
un indescriptible monstre, qui planta ses longs doigts griffus dans ses épaules, la faisant hurler de terreur et de douleur. Elle réussit, là encore, àle repousser, et vit le corps rebondir contre le mur, ses griffes proéminentes se plantant dans le métal, une queue se déroulant alors devant ses yeux. Un interminable appendice rouge hérissé de vertèbres, évoquant vaguement une ancienne colonne vertébrale, qui fila vers elle, la frappant de plein fouet.
«
HAAAAAA... !! »
Cette fois, et même malgré le bouclier, Jessica s’envola, et heurta le pilier, puis descendit en contrebas, s’écrasant au rez-de-chaussée, rebondissant contre une mezzanine, pour s’affaler ensuite sur le sol, rampant misérablement, crachant du sang depuis ses lèvres.
«
Aaaaahhh... -
TU AS PLUSIEURS COTES CASSÉES, AINSI QUE QUELQUES VERTÈBRES ENDOMMAGÉES. IL TE FAUT DU REPOS, JESSICA CRUZ. -
Sans... Sans déconner... Merci, Captain Obvious... »
La jeune femme s’agrippa à une rambarde, et tenta de se relever. Sans le bouclier, elle serait déjà morte, mais même le bouclier ne pouvait pas la protéger totalement, surtout pas après une chute d’une vingtaine de mètres.
*
Mais qu’est-ce que c’était que ces horreurs ? C’est à en faire des cauchemars, et... Putain, j’ai mal partout...*
Surtout, elle se demandait pourquoi ce foutu monstre n’était pas mort. Merde, elle lui avait
explosé la tête ! Qu’est-ce que ça pouvait être que ces saloperies ? Elle s’avança dans ce qui semblait au grand hall d’accueil du complexe, voyant de multiples bureaux d’accueil, des mezzanines, des portes ici et là, des écrans de télévision éteints... Jessica s’avança un peu, se tenant d’une main les côtes.
«
JE DÉTECTE DES SIGNES VITAUX PROCHES ! »
Jessica esquissa un léger sourire.
*
Enfin une bonne nouvelle...*
Elle s’avança lentement, boitillant un peu, et rejoignit une porte, qu’elle ouvrit, pour voir, derrière, plusieurs silhouettes... Puis elle cracha encore du sang, et tomba à genoux, manquant de peu de s’évanouir. Juste avant de sombrer dans l’anonymat, elle réussit néanmoins à parler un peu :
«
Je... Appel d’urgence... Green... Green Lantern... »
Puis la douleur la submergea, et elle s’écroula sur le sol.