--Bibliothèque du lycée Mishima--
Osada Akihito, l’enveloppe que privilégiait le nomade « Ufo » dans ce Seikusu du début du XXIe siècle, se rendait très rarement à la bibliothèque de l’école. Il y avait pas mal de raisons, à commencer par le fait qu’il était juste là par curiosité, à l’origine. Son statut plus qu’ambigu (auditeur libre, surveillant, interne …) ne sautait aux yeux de personne en particulier pour plusieurs raisons : il savait rester discret, et il savait effacer le sujet de l’esprit des gens au besoin. Il était l’infiltrateur parfait ; rien d’étonnant à ce que certaines agences à travers le monde angoissaient à l’idée qu’il puisse agir ainsi.
Heureusement, il n’avait jamais eu la moindre pensée agressive. Il était porté par sa curiosité en toute chose, comme aujourd’hui. Il était à la bibliothèque pour une raison toute simple : tirer au clair l’identité de cette perturbation qui le titillait régulièrement depuis son arrivée. Il savait que la chose n’était pas humaine, et qu’elle se déplaçait, mais il la savait aussi cantonnée au lycée. Les perturbations étaient plus ou moins récurrentes selon les périodes, et souvent assez courte, aussi n’avait-il jamais vraiment eu le temps de se pencher sur le sujet.
Se laissant porter au radar, Akihito déambula entre les rayonnages chargés de livres de la grande salle d’étude, et ses pas le conduisirent jusqu’au plus profond des lieux, là où des ouvrages anciens, obsolètes et ignorés, restaient prendre la poussière en attendant qu’un étudiant daigne les prendre en considération. Personne, ou presque, ne venait jamais ici. C’était un endroit où se réfugiaient ceux qui avaient un besoin urgent de solitude et de tranquillité. Aujourd’hui, Akihito tomba sur une lycéenne solitaire. Il perçut immédiatement son combat intérieur, la manière dont elle se battait contre l’entité parasitaire qui cherchait à la dominer.
L’alien tranquille resta à quelques mètres de la jeune fille, se concentrant pour atteindre le démon qui l’habitait, briser sa volonté, et donner à l’hôte dépassé un peu de répit.