Les forces obscures se trouvaient loin désormais. Quoique loin était finalement inexacte, il était sûrement bien plus juste de dire qu'ils étaient hors de leur portée, et réciproquement, que ces derniers ne pouvaient eux-même leur porter atteinte désormais, grognant au bord de la grande grotte travaillée des prêtresses d'écailles. Ils étaient passés si près de la victoire qu'il était certain qu'ils ne s'arrêteraient pas là, leurs grognements, leurs hurlements, leurs injonctions impies, prononcés dans des langages qui ne peuvent être retranscrits par l'alphabet de l'humain, étant tout autant de promesse de parvenir à déloger les deux fuyards de leur forteresse de fer, perchée au dssus du vide, et désormais barricadées de manière à ce que nul ne puisse forcer la porte. Elynie les entends, et crains ces vociférations, son essence ressent la haine du chaos, son désir de l'éliminer de l'existence, de quérir son âme pour la donner en pâture aux chaotiques divinités, et les malédictions de leurs langues sont encore suffisamment puissantes pour réveiller la douleur de sa plaie, pour raviver sa souffrance, et teindre la victoire d'un filtre de désespoir. La sombre langue de ces êtres est gavée de magie, et elle y est si sensible, sans parler du marquage produit par la blessure, elle ne peux tout simplement pas lutter, et elle n'a plus les force de se dresser pour résister. Elle reste au sol, épuisée, et essaye simplement d'oublier la présence de ces êtres, d'omettre leurs infâmes propos, avant de finalement ouïr des termes plus doux, plus attentionnés, les termes du voyageurs, qu'elle avait presque oublié dans ce tumulte de grondements gutturaux lui parvenant au travers des meurtrières :
« Je suis du genre prudent... Mais après l'effort, le réconfort. Tu as fais trop d'efforts. Repose toi... »
Elle ne savait pas si elle en avait trop fait, mais elle avait surtout essayée de survivre, comme elle le pouvait, de sa place de faible jeune femme. Ses origines pouvaient être tout à fait divine, cela n'empêchait en rien que son enveloppe charnelle ne possédait pas la moindre puissance, et qu si elle était dans la capacité de faire usage des miracles des dragons argentés, ce n'était pas pour autant qu'elle était en capacité d'en faire usage sans la présence de son frère, qui lui possédait tout les dons de sa race. Finalement, elle n'était rien de plus qu'une humaine plus sensible que les autres à l'inflexion magique produite par les membres draconiques aux écailles miroitantes, et pour ces raisons, elle n'avait pas put faire autre chose que fuir pour vivre. Comble de cela, elle n'aurait d'ailleurs sûrement jamais put s'en sortir seule sans la présence providentiel du pélerin en cette soirée, car il avait été le seule, en cette soirée, à prouver plus d'une fois ses capacités physiques, et ce de manière suffisamment remarquable pour forcer le respect. Quand il vient la quérir entre ses bras, quand elle se sentit soudain soulever de terre, avec un couinement faible dut à la blessure lézardant sa peau pâle et fragile, ce fut avec une certaine honte qu'elle estima qu'elle ne devrait plus se laisser aller à tant de gentillesse de la part de son invité. Il en avait tant et tant fait, il avait braver tant de danger, et pourtant il était encore là, debout, vif, agile et fort, alors qu'elle n'avait même pas la fierté suffisante pour se tenir droite sur ses jambes. En ce moment, et même si l'homme ne serait sûrement pas de cet avis, elle se sentait au-dessous de tout, et la brume de son esprit ne l'aidait pas à se trouver la moindre excuse pour sa faiblesse.
Toutefois elle sentit qu'il la transportait. Elle voulue dire quelque chose, mais que ce soit par faiblesse, ou par les horribles psalmodies qu'elle seule semblait entendre, elle ne parvenait pas à faire quoi que ce soit d'autre que respirer, et tenter de regarder autour d'elle ce qu'il se déroulait, les ténèbre des lieux l'empêchait bien malgré ses tentatives. Elle était ûre que Grayle lui parlait, de cette voix tendre qu'il adopte bien malgré lui à chaque fos qu'il discute avec la prêtresse, mais elle a beau essayer de comprendre ce qu'il vient d eprononcer, elle ne parvient tout au plus à déchiffrer qu'une ou deux syllabes, rien de suffisant pour comprendre son propos, et encore moins pour lui permettre de répondre de manière logique. Elle souhaiterait lui dire qu'il ne doit plus non plus faire d'effort, qu'ils sont en sécurité, que désormais ni l'un ni l'autre ne sauront souffrir des attaques de leur opposant, et que Kin arrivant, ils n'auront plus qu'à s'échapper, rapidement, une fois que les ennemis auront été défait et mis en fuite par les griffes du drake argenté... Mais elle ne parvient à rien fait d'autre que soupirer, son corps dénué de force l'empêchant d'entrouvrir les lèvres de manières à faire évoluer un simple souffle en paroles. C'est dans cette situation qu'elle se sent lentement poser sur le matelas le plus proche, le lit d'Azelma, qu'elle n'avait jamais eut l'occasion de connaître déjà, étant pour la première fois cette nuit obligée d'user de cette chambre pour se protéger. C'était doux, c'était frais, et étrangement la poussière s'y trouvait absente, chose aussi étonnante qu'anecdotique finalement, vue que l'actuelle prêtresse d'écaille ne pouvait tout simplement y réfléchir, exténuée.
Entre la conscience et l'inconscience, elle ne put réellement réagir aux actions de l'homme. La gêne ou la honte était un peu lointaine, elle n'avait pas l'esprit suffisamment claire pour comprendre ce qu'il se déroulait, et même si l'homme continuait d'échanger, de lui offrir réconfort dans ses termes, et attentions dans ses gestes, elle ne pouvait rien faire d'autre que produire de légers geignements, des petits "Hmms" qui lui permettait de signifier qu'elle avait entendue, même si elle ne comprenait pas la plus petite syllabe. Quand il s'occupa de sa plaie, son corps se tendit bien malgré lui, tout simplement par réaction naturelle à la douleur, et même si pour la première fois elle s'exprima autrement, à savoir au travers d'un hoquet supris, celui-ci n'était guère signe d'un rétablissement quelconque, mais plutôt d'une certaine forme d'inconscient qui parvenait, encore, à la faire agir sans son propre gré. Finalement son être n'était qu'une forme humaine qui agissait par automatisme, mais au moins cela prouvait qu'elle était encore vivante. Sa plaie, baignée dans les onguents de l'homme, cessa de saigner suite aux soins qu'il avait appliqué, mais pour autant, il était important de constater que malgré l'efficacité, et les propriétés mystiques de ses mixtures, la large blessure prenait énormément de temps à se refermer, conservant sa gravité par le biais de quelques pratiques occultes dont la lame fatale avait sûrement fait l'objet. Le plus important restait toutefois qu'elle reprenait lentement des forces, et les quelques douceurs supplémentaires dont lui fit don le voyageur en était aussireponsables. Si peu aurait tant fait sans en profiter un peu, surtout en jugeant de la relative conscience de la jeune femme aux cheveux d'or... Rien que pour cela, Grayle allait sûrement mériter toutes les récompenses.
« Est ce que tu va mieux, Elynie ?
- Hmmnn... ... Grayle ? »
Elle était enfin parvenue à dire quelque chose, ce qui était bon signe pour son rétablissement, mais pour autant, son regard vide et sa respiration bien légère laissait encore présupposé de son apparante faiblesse, et ainsi de son manque de conscience de la situation. Elle ne savait pas encore qu'il était assis à califourchon sur elle, et le manque de réactivité de sa chair ne l'avait pas encore informée du fait qu'elle n'avait plus de tenue au niveau de la partie supérieure de son corps, chose qui en d'autre occasions aurait toute capacité de la mener vers une panique totale, et une tentative désespérée de dissimuler à autrui son être, par totale pudeur. Non pour l'instant, dans le vague et dans l'absence désormais de douleur, tout ce qu'elle chercha à faire, ce fut de se retourner, et si le mouvement ne put être accompli, bienheureusement pour Elynie, grâce à la présence du voyageur sur ses hanches, ce dernier eut pour récompense de ses loyaux services une vision qu'il n'avait sûrement guère espérer, le corps de la prêtresse se cambrant, se tordant de biais, pour finalement... dévoiler la poitrine de la femme à ses yeux. Et vu qu'elle força un instant, il put la contempler de très longues secondes, avant que soncorps et son esprit abandonne, et qu'elle s'échoue à nouveau sur les draps, mollement. Désormais libre de tout danger, désomais soignée mais toujours exténuée, tout son corps se détendit, et son sprit de survie l'abandonna enfin, ne lui laissant qu'un besoin primaire : Dormir, se reposer, et offrir à son corps le temps de se remettre :
« Je... vais dor...mir... »