Le Jeu de la Démone. [PV Keleth]

Savitra était dans les rues de la fameuse citée d'Ashnard, cette sombre construction amassant les êtres dotés d'une grande puissance et où le faible était certainement voué à disparaître. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il était dans cette ville. Un nouveau croyant avait fait appel à sa petite personne pour avoir quelques chose qui permet de le protéger de la menace des puissants. Le pauvre mortel n'avait guère à offrir et donc, par soucis d'équité envers ses autres croyant, il ne pouvait offrir une protection divine contre les êtres souhaitant assouvir leurs dominances sur lui. Le deva avait été bien embêté par cet homme, car il ne pouvait trop agir sur son destin, qui était tracé. L'entité divine savait plus que quelconque mortel que le destin ne pouvait être changé et que le fait de vouloir le changer était marqué, la révélation d'un destin funeste poussant à le transformer en destin bienheureux était aussi marqué, les tentatives pour changer ce destin étant la source des conflits entres divinités. Comme unique solution, afin de ne pas avoir une convocation divine après d'une des divinités gérant les morts, il offrit un simple talisman, qui le préserverait du danger pendant un an. Le prix pour cette protection fut l'unique souvenir de sa fille, un objet précieux. Le prix pouvait sembler énorme pour un mortel, mais pour la divinité il s'agissait de l'unique bien assez précieux pour cette année de protection. Le deva usa de son art du langage pour faire comprendre que cela était similaire à invoquer l'esprit de sa fille pour le protéger pendant 360 jours et 6 heures, justifiant de ce fait l'objet comme sacrifice.  

Une fois le bien saisit et la protection offerte, il fit mine de disparaître. En vérité il avait utiliser un sort d'invisibilité pour sortir du bâtiment et s'éloigner dans une ruelle bien sombre, afin de prendre réapparaître, dissipant son aura divine afin de paraître mortel. Il prit le chemin de la place principale. Savitra n'aimait pas cet endroit, on pouvait se faire voler, tuer, mais surtout il y avait régulièrement des exécutions. Il vit, encore une fois des morts, celle sur le point de se faire décapiter par le bourreaux étant une jeune fille, suspectée d'être une espionne. C'était ridicule, cela se voyait sur son visage, la peur d'une mort injuste, la peur d'être prise dans un rouage qui ne pouvait être arrêté. Il ne pouvait pas réagir contre cette mort nécessaire, alimentant les cœurs des autres d'un sentiment d’empathie, de peur, mais aussi de soif de justice. Ainsi fonctionnait les mortels, ils ne peuvent réagir que devant une injustice visible clairement sous leurs yeux. Il ne détournait pas les yeux quand la hache s'abatis sur la nuque de cette frêle mortelle. Il vint à voir une femme être sur les genoux, en pleure. L'elfe savait d'instinct qu'il devait s'agir de la femme de cette pauvre enfant. Il s'approche de cette femme rongée par le chagrin, pleurant et désirant être à la place de sa fille.  

Le deva vint à proposer de donner une sépulture plus décente à sa fille. La mère demandait le prix pour cela et l'elfe fut sans pitié sur les termes du contrat. La mère allait devoir céder la tenue de la défunte, ainsi qu'offrir une pomme rouge dans la tombe de la morte, afin d'avoir les faveurs d'une divinité de la Nature sur l’ascension de l'âme de sa fille. La mère vint à accepter et l'elfe usa de ses pouvoir, afin de récupérer le corps de la morte, l’amenant dans un endroit reculé où la terre était infertile. Usant d'un outil, il vint à creuser la tombe de la fille, la déposant à l’intérieur, posant la pomme rouge sur sa poitrine. Il rebouche le trou et vint serrer ses mains les unes contre les autres, fermant ses yeux, entamant  un chant, sa voix muant en une myriade de  voix féminine.

Le deva s'adressait, par le chant aux divinités de la Nature et de la Mort. Comme il s'agissait d'un processus qui altérait grandement le possible destin d'être déterré par un nécromancien, l'elfe prit le choix de passer par les voie mortelles, faisant par le cession de la pomme et le chant un rituel, certes ancien, mais un rituel, agissant de ce fait en tant que mortel et non en tant qu'être divin. Le rituel purifiait la zone, ainsi que le cadavre, la pomme se mettant à germer. Les racines s'enroulèrent autour du mort, le pommier venant à percer la terre et continuer sa croissance, jusqu'à devenir un magnifique arbre, ayant à ses branches des pomme bien juteuse. Cela était des signes que le rituel avait fonctionné. Le chant dura pas moins de cinq minutes, opérant des temps de silence, comme étant à l'écoute d'une réponse inaudible. L'élocution était parfaite et le sentiment de vouloir purifier l'âme étant aussi puissante.  La dernière étape était de saisir une pomme, la trancher en deux et d'offrir l'une d'elle aux personnes ayant demandé le rituel, à savoir al mère de la défunte. Cette dernière vint à croquer le morceau et sombra en larme, pouvant sentir dans cette pomme la paix de l'âme de sa fille.

L'elfe vint à donner un conseil, tout les ans venir à cet arbre et manger un morceau d'une pomme. Cela n'avait pas de réel effet, cela permettrait juste à cette mortelle de mieux vivre sans sa fille.  Il prit le chemin vers un autre endroit de la cité, étant un peu épuisé par ce rituel, ce n'était pas un petit sortilège et il ne savait pas encore le dégagement de magie, par ce sort, avait attiré une personne assez dangereuse.

La démone n'avait pas grand chose à faire ces derniers temps. Pas de démon à punir, pas de missions diplomatiques à mener, pas d'échanges douteux et maladroits à avoir avec le membre d'une quelconque famille démoniaque de haut rang, autant de choses aussi pénibles que vitales dans le fond, car tirant normalement la femme hors de l'ennui croissant que lui offrait son grand âge. Finalement, les enfers paraissaient bien petit une fois que l'on en avait arpenté les moindres recoins, qu'on avait put l'observer sous tout les angles, et pour le coup, rien n'avait en lui suffisamment d'intérêt pour que l'Exécutrice puisse y trouver la moindre forme de surprise, ou de particularité, qui aurait eut le don de lui offrir une simple occupation pour tromper sa morosité croissante. Non, plus les secondes passaient, et moins la démone se trouvait capable d'attendre au creux des enfers que qui que ce soit lui offre la moindre petite action à accomplir, à tel point qu'elle avait plus souvent tendance à se cloîtrer dans ses appartements que d'aller voir sa sœur, ou d'entraîner les quelques apprenties qu'elle avait prise sous son aile au fur et à mesure des époques, trouvant cela bien futile. Puis un beau matin elle craqua...

Soit, si elle n'avait rien à faire, autant qu'elle quitte les lieux pour se trouver un domaine un peu plus prompt à lui offrir ce qu'elle demandait tant, à savoir un minimum de distraction, et c'est ainsi que prenant ses affaires, et se couvrant des habituelles friches lui permettant de dissimuler un maximum de ses atours, elle entama d'ouvrir le portail qui la mènerait dans son lieu d'observation terrane favori : Ashnard. Quelques secondes suffirent d'ailleurs, et autant de pas, pour qu'elle se retrouve de l'autre coté de l'ouverture spatiale qu'elle avait produite, se retrouvant dans la vieille et étrange boutique d'artefact qui lui servait de liens entre les deux plans, y sentant déjà le fumet particulier de la ville impériale, non sans parler de l'odeur de renfermée qui se superposait à celle-ci, lui laissant comprendre qu'elle devrait venir faire semblant d'être une honnête marchande un peu plus souvent, si elle voulait maintenir le lieu en état du moins. Bon, la question restait de savoir si elle comptait rester ici à se tourner les pouces, afin d'attendre tranquillement que l'attraction passe la porte de son boui-boui de sa propre volonté, ou si elle se décidait à sortir afin de découvrir un minimum les horizons, et qui sait, peut-être croiser le chemin de quelques personnes des plus intéressantes, et avec laquelle elle saurait se divertir.

C'est plongée dans cette intense réflexion, ne sachant quoi choisir étant donné son degré de motivation, mais aussi malheureusement l'incroyable importance avec laquelle son ennui était en train d'influencer sa volonté, que la réponse apparut d'elle même pour l'informer de la marche à suivre, l'obligeant à relever le nez pour observer la fenêtre teintée de la boutique. Oh non ce n'était pas le manque de luminosité provoqué par ces vitres pourpres qui venait de la déranger, mais plutôt le fait qu'elle venait de sentir la structure magique environnante en plein trouble, la nature magique du lieu se tarissait d'un coup sous l'effet d'un sortilège d'une puissance particulièrement élevée. Était-ce donc possible qu'il y ai actuellement, entre ces murs, un être capable d'user assez habilement d'un tel pouvoir sans risquer de déchirer la matrice mystique ? Cela lui paraissait bien étonnant, mais pour autant la simple idée de trouver ici un être capable de manipuler aussi bien les arts aetheryques, à un degré sûrement équivalents à Ruthgal, sa sœur, était une chose qui méritait clairement qu'elle y jette un coup d'oeil. C'est donc avec le sourire aux lèvres qu'elle ouvrit la porte de sa boutique, et la referma aussi sec une fois sortie, pressant le pas en direction de la zone d’émission du rituel.

C'était merveilleux. Merveilleux, merveilleux, tout simplement merveilleux, elle n'avait jamais crut qu'elle aurait accès à une telle source de distraction aussi rapidement, encore moins que qui que ce soit saura lui montrer qu'il était présent de manière aussi notable et claire, à tel point qu'elle se sentait presque capable de sentir où il se trouvait ! Un tel sort obligeait le lanceur à rester marquer de nombreuses, très nombreuses minutes après son utilisation, et cela suffisait largement à la démone, malgré ses faibles connaissances en matières de sorts offensifs ou bénéfiques, pour se diriger droit vers sa cible sans se perdre le moindre instant, filant entre les passants avant que sa proie ne vienne à disparaître soudainement par quelques insupportables procédés. C'est au détour d'une ruelle qu'elle le remarqua, frêle, un peu petit, mignon comme tout, apparemment miné par l'utilisation du sortilège de plus tôt, un jeune homme d'une élégance ravissante au yeux de la démone, et dont la gentillesse semblait coller au visage. Rien qu'à le voir, les mauvaises idées lui filèrent en tête, non sans parler de son envie d'en savoir plus sur ce jeune elfe aux traits presque efféminés, mais au moins était-elle sure d'une chose... Ce jeune homme, elle allait le garder pour elle et elle seule dans les heures qui allaient suivre.

Et elle savait exactement comment elle allait faire. Le filant pendant quelques instants, elle attendit prudemment que celui-ci s'écarte de lui-même des quelques badauds qui pouvaient se trouver dans les rues annexes d'Ashnard, pour enfin s'engouffrer juste derrière lui alors qu'il tournait dans une rue vide, pour ensuite l'observer de dos, un large sourire aux lèvres. Puis ce furent quelques mots, siffler tout bas, qui scellèrent le destin du jeune homme, qui ne mit guère de temps avant de chuter à son prochain pas dans un large portail, ouvert juste en dessous de lui, l'amenant dans un domaine où la démone avait tout contrôle.

 -  A tout de suiiiiite...

Le jeune elfe pourra se sentir chuter pendant un court instant, avant de finalement toucher tout doucement un sol fait de pierres bien coupés, et de sables pour combler les trous. Il se trouvait dans une grande ville aux teinte sombres, un peu triste, et pouvait remarquer l'absence totale de bruits ou d'activités dans les environs, choses proprement inconcevable dans une ville de cette taille, les maison s'étendant à perte de vue, certaines plus loin semblant même tenir bien plus du manoir que de la simple maisonnée de paysan. De plus, quasiment aucune odeur n'était perceptible, à part peut-être un léger, très léger fumet, celui d'un café noir, intense, au coin d'une rue adjacente. Et d'ailleurs, depuis cette position, une voix se fit entendre, une voix assurée, féminine à souhait, avec des intonations un peu mielleuse, un peu provocante, mais surtout pleine de malice. De loin, difficile de voir qui était la femme qui était dés lors en train de s'exprimer, mais malgré tout, le jeune homme n'aura sûrement aucun mal à reconnaître la même voix que celle qui s'était exprimée quelques secondes auparavant, alors qu'il était en train de lentement tomber de le vide surnaturel qui était apparut sous lui :

 -  Bonjour jeune homme... Viens, approches toi, n'ai pas peur tu ne risques rien. Prends une chaise, et viens donc me dire ton nom...

Le deva prit un chemin qui n'était pas trop bondé, sentant son énergie magique continuer à se diffuser, aussi puissant pouvait-il être, quand il prenait l'identité de l'elfe, il jouait le rôle à son apogée, incluant de ce fait que ce rituel avait tendance à faire don d'un peu de sa magie à dame Nature, réduisant à néant toute dissimulation magique ne dépassant pas le grade divin. Ainsi sa nature divine était toujours protéger, mais sa puissance importante était à la vue de tout magicien pouvant sentir le potentiel des autres. Il put sentir l'animosité de certaines créature, désirant certainement lui faire les poches, bien que l'on pouvait voir sur son corps aucune poche, sa tenue démontrait qu'il n'avait pas une seule bourse à voler, portant sur lui les seuls bijoux, pouvant servir de monnaie d'échange. Il était assez exotique dans cette foule sombre, emplit de personnes ayant sacrifié la beauté du corps contre la recherche de puissance. Aussi dut-il prendre des voie plus vide, évitant soigneusement les ruelles empestant l'embuscade, il ne devait pas trop puiser dans sa magie, le temps que les effets du rituels disparaissent, dans le cas contraire, le sortilège consommerait davantage d'énergie, du fait des parasites magiques du rituel. Il pourrait aisément se débarrasser de ses parasites, mais encore une fois, il devait n'être qu'un simple elfe, rien de plus.

Il se sentait observé, mais ne fit rien, conserver son mana, faire comme si de rien n'était. C'est alors qu'une magie se dessina sous ses pieds, il ne fit rien pour lutter, se doutant qu'il devait s'agir d'une sortilège de capture. Cela n'était guère rare dans un lieu aussi sordide qu'Ashnard, tout était source de pouvoir, que cela soit des connaissances, le sang ou même la possibilité d'engendrer une progéniture plus puissante. Du fait de sa puissance magique Savitra savait qu'il ne risquait pas grand chose, là où les « faibles » étaient tué sans pitié. Il s'avérait que le sortilège était un portail vers un autre endroit.

Ambiance

L'elfe vint à parler l'elfique pour lancer un sort de détection, mais constatait quelque chose qu'il n'aimait pas. Ce monde n'était pas relier à Terra, tout en y ayant quelque racine. Vishnu lui avait parlé une fois de ce qu'il nomme le « monde imaginaire », une endroit qui n'a pas de réalité propre, tout en ayant une, une création des mortels à la fois surprenante et effrayante, là où les esprit divins pouvaient se trouver en difficulté, car obéissant à des lois soumis par le créateur. Savitra prit le temps d'observer le monde, alors qu'une forte odeur vint à titiller ses narines, ne connaissant rien au café noir, il ne pouvait définir l'odeur, si ce n'est qu'elle était très perceptible. Il n'était pas à l'aise avec ce monde si fade en couleur et en saveur, un monde morbide où l'on ne pouvait que supposer l'esprit de son créateur. C'est alors qu''il vit une femme. Enfin c'était une créature ayant une apparence de femme. Elle demandait d'approcher, de s'installer et de ses présenter.

Avec un premier pas hésitant, il se dirigeait vers cette femme. Il avait assez de magie en lui pour lancer quelques sorts puissant, au cas où elle viendrait à vouloir manger le petit bout d'elfe.  Il s'approche au final et prend une chaise, s'installant confortablement avant de regarder cette femme, répondant d'une voix androgyne et douce.

- Bonjour. Il est assez difficile de croire une femme qui vous emprisonne dans un drôle d'endroit et qui ne prend pas la peine de se présenter soi-même. Je me nomme Luna, fils de l'elfe pourpre Herba Victus ... et vous êtes ?

Le deva continuait d'être un simple elfe, mieux valait éviter de trop s'exposer dans ce monde où il n'avait aucune connaissance des lois qui le régissent.

La démone aimait la mise en scène, elle aimait pouvoir paraître étrange, inquiétante envers ceux qu'elle venait faire tomber dans ses filets, et c'est bien pour cela qu'une fois dans cette dimension, elle n'avait pas tarder à trouver le meilleur moyen de surprendre le si charmant jeune homme, histoire de marquer déjà quelques points sur le tableau de la domination psychologique. Ainsi, elle s'était installée à l'avant d'une auberge vide, s'était placée dos à lui de manière à ce qu'il puisse la remarquer au premier coup d'oeil, sans pour autant avoir un aperçu de son apparence physique, et surtout avait fait quelque rajouts tout simple, notamment cette tasse de café noir dont elle avait répandue l'arôme dans les airs, afin que le fumet vienne taquiner le nez de l'elfe pris au piège. Tout cela simplement pour … l'impressionner ? Peut-être, la démone voulait absolument attirer son attention maintenant qu'elle était certaine de l'avoir amener entre ses griffes, et cela l'obligeait à y mettre un peu du sien, non sans parler du fait qu'elle avait un incommensurable besoin de s'occuper, et que pour une fois, depuis plusieurs semaines, elle avait enfin envie de s'amuser.

En tout cas toute cette préparation ne manqua pas de faire son petit effet, la démone entendant le jeune homme se redresser mollement pour ensuite commencer à faire quelques pas maladroits en sa direction, comme intrigué mas retenu par une prudence toutes naturelle au vu de ce qu'il était en train de vivre. Pourtant il ne devrait pas être tant en retenue, elle le savait maintenant que le jeune homme était bloqué dans son univers, elle avait la capacité d'acquérir de bien plus nombreuses informations à son sujet, et la puissance qu'il abritait était largement suffisante pour qu'il agisse normalement avec assurance. Pourtant il faisait presque … craintif pour le coup, une chose qui surprenait autant la démone que cela l'intéressait dans le fond, même si elle n'allait pas pour autant lui laisser l'occasion de reprendre le dessus en laissant soudainement ses capacités s'exprimer au grand jour. Le temps qu'il arrive devant la table, et tire une chaise pour pouvoir s'y installer tranquillement, elle avait déjà commencer à tisser en ces lieux une matrice capable de filtrer la puissance du jeune homme, et de réduire ainsi les dons dont il pourrait faire usage. Cela bien sur, dans un simple but de précaution, afin qu'elle reste maîtresse des lieux.

 -  Bonjour. Il est assez difficile de croire une femme qui vous emprisonne dans un drôle d'endroit et qui ne prend pas la peine de se présenter soi-même. Je me nomme Luna, fils de l'elfe pourpre Herba Victus ... et vous êtes ? 

Cela sonnait étrangement faux, mais la démone ne pouvait pas vraiment se permettre de douter des propos du jeune homme, elle avait plutôt tout intérêt de se laisser paraître telle la simple manipulatrice qui souhaitait passer un peu de bon temps en compagnie d'une proie vivement intéressante, et elle comptait bien se tenir à ce rôle. Luna, en voilà d'un bien doux nom en tout cas, extrêmement doux même d'ailleurs pour un jeune homme de son genre, et qu'il le dise avec une telle fierté restait tout aussi douteux que le fait qu'il en soit si fier, alors que beaucoup auraient la langue bien éffilée en terme de moqueries envers un membre masculin portant un patronyme aussi efféminé. Mais encore une fois, cela lui plaisait, elle allait jouer le jeu, suivre ses propos, se laisser porter par cette pure vérité, ou cet évident mensonge, jusqu'à ce qu'il choisisse d'être direct envers elle. En attendant, elle prit plutôt le temps de boire une longue gorgée de café tandis qu'il venait de lui demander de rendre les politesses, et quand elle vint déposer la tasse sans un bruit sur la coupole qui lui était mariée, elle s'exprima de cette même douce voix mielleuse que plus tôt, jouant de douceurs et de charmes, comme une étrange entremetteuse :

 -  Eh bien enchantée Luna, tu peux m'appeler Keleth. Il ne s'agit pas de mon véritable, mais il en ai relativement proche, considères donc cela comme un diminutif. Veux-tu que je t'offres quelque choses ? Je devrais être capable de faire apparaître n'importe quoi en ces lieux, aussi n'hésites pas.

Qu'il soit pour une collation ou non n'était pas vraiment important, car elle ne comptait pas reserrer le piège dans lequel elle l'avait attirée par le biais de quelques substances qu'elle viendrait rajouter au breuvage qu'elle lui proposait. Il s'agissait plutôt de simples politesses, d'une bonne tenue que la démone conservait comme mot d'ordre en tant que descendante d'une des plus importantes famille démoniaque en cet univers, et ainsi, elle ne pouvait user de bien vils stratagèmes avec ce genre de bonnes manières, préférant clairement énoncer ses marchés de vive voix. D'ailleurs, elle était quasiment sur que l'elfe n'allait pas tarder à lui demander les raisons de sa venue en ces lieux, ou plutôt de son transport forcé jusqu'en ce domaine, si bien qu'elle essayait tant bien que mal de trouver un moyen de le lui énoncer ses termes sans le choquer ou le perturber, ce qui serait bien dommage étant donner qu'elle apprécierait bien plus qu'il accepte en toutes connaissances de causes plutôt que pousser par la peur ou l'inquiétude. Mais bon, elle n'était pas des plus diplomates, elle le savait bien, et face au manque claire de délicatesse avec laquelle elle trouvait desmanières de lui expliquer ses buts, elle préféra jouer la carte de la franchise pour finalement reprendre la parole, laissant tourner son index le long des bords de sa tasse à moitié remplie.

 -  Je suppose que tu as quelques questions à propos de cet endroit, de ta présence ici aussi. Vois-tu, cela fait un petit moment que je ne trouvais rien pour dissiper le voile d'ennui qui s'était couché sur ma vie de tout les jours, et finalement, voilà que je te vois te balader au beau milieu d'Ashnard, à la fois si puissant et amoindri, je ne peux pas désavouer le fait que tu m'as fais forte impression. Je voulais échanger avec toi, et peut-être te proposer quelques amusements, somme toute bien innocents... Dis moi Luna, que penses tu de ce monde, qu'en sais-tu aussi. Sois franc, j'apprécie que l'on ne me parles pas à demi-mots.