Elle qui n’avait pas l’habitude des rituels de reproductions, ou qu’importe comment les gens considéraient les accouplements, elle était servie. Immergée directement dans le grand bain, sans brassards pour se retenir si elle coulait. Le meilleur moyen d’apprendre, sûrement. L’on dit bien que c’est en forgeant que l’on devient forgeron, après tout. Ce serait donc en se soumettant aux exigences charnelles du démon que Charis deviendrait femme. Et contre toute attente, une partie d’elle-même appréciait cela. Une partie de son être, de son essence pourtant divine, attendait avec impatience la suite des événements, frissonnant à l’entente de ses paroles crues. Une partie, aussi, trouvait cela indigne d’une déesse de s’abaisser de la sorte, à copuler avec un démon, si puissant soit-il. Mais cette partie se faisait littéralement noyer sous les sensations inconnues qui envahissaient le corps de la déesse.
Un tressaillement agita ses muscles quand les grandes mains du Lord se posèrent sur sa cuisse. Puis ce fut un frémissement qui prit le relais, alors que les lèvres charnues du mâle se posaient à leur tour sur sa peau nue. Appuyée sur les coudes, la déesse observait, ressentait et se prenait même à désirer plus, plus vite. Mais il prenait son temps, remontant doucement vers l’antre qui s’humidifiait un peu plus à chaque baiser, à chaque coup de langue. Et la chaleur montait, irradiant le corps de la guerrière depuis un point situé au creux de ses reins. Ses joues rosissaient, délicatement, à mesure qu’il se rapprochait du point sensible. Une douce langueur la poussa à laisser glisser ses coudes, à s’adosser complètement sur la surface plane du bureau, tandis que ses yeux brillaient étrangement, s’adaptant à ces nouvelles sensations. Il prenait son temps, faisant languir la beauté enflammée, comme pour la préparer à la suite des événements. Pour la préparer à devenir une femme, à apprécier les choses de la chair.
Quand il darda enfin un premier coup de langue sur son intimité offerte, Charis ne put retenir un gémissement sourd. Un fourmillement, presque électrique, remontait son corps, trouvant sa source à l’endroit exacte où le démon avait apposé sa première caresse intime. Si jusqu’ici, sa respiration s’était faite un peu plus précipitée, un peu plus lourde, les choses s’accéléraient. Chaque coup de langue, chaque souffle, chaque baiser provoquait chez elle un maelstrom d’émotions inédites. Elle s’était faite plaisir seule, quelques fois, pour essayer. Mais jamais les sensations n’avaient été si puissantes. C’était une pâle copie de ce qu’elle avait déjà ressenti. A peine une lointaine cousine des tourments qui l’agitaient à présent. Elle découvrait le plaisir, mais aussi l’impatience et l’envie. Et sa perle, gonflée et rouge, semblait n’attendre que le bon vouloir du mâle. Pourtant, chaque fois qu’il la frôlait sans vraiment la happer, la frustration naissait et enflait. Cette petite perle, très peu exploitée, semblait prendre tout à coup une importance énorme. Elle devenait plus sensible encore que tout ce qu’aurait pu imaginer la déesse, plus réceptive à la moindre caresse qu’elle ne l’avait jamais été.
Sous le joug de cette émotion intense, la guerrière contractait parfois ses muscles, cherchant à resserrer ses cuisses autour de l’homme pour l’inciter à y aller franchement. Mais des mains puissantes maintenaient ces dernières, et la rousse ne pouvait qu’onduler son corps, impuissante et vulnérable. Plus que moite, Charis n’était pas loin d’être trempée à présent, à mesure que son premier amant lui faisait découvrir les affres du désir, de la sensualité. Elle se prenait à rêver qu’il cesse sa torture pour lui prendre -enfin- sa virginité. Qu’il arrête ses coups de langues pour venir la perforer profondément de cette lance de chair épaisse à laquelle elle avait goûté peu auparavant.
Finalement, il mit fin à ses supplices. En quelques sortes. Sans se relever pour l’enfourcher et l’enfourner comme ses pensées, fort peu chastes, l’imaginaient, il cessa toutefois sa délicieuse torture pour enfin offrir à son clitoris ces sensations qu’elle ne faisait qu’effleurer. Un halètement échappa à la rousse alors qu’elle arquait le bassin pour profiter plus encore de cette audace qu’elle appréciait. Les paroles tendrement avilissantes de celui qu’elle devait à présent considérer comme son mari, ou quelque chose approchant, aiguisait plus encore cette sensation d’abandon qui s’emparait du corps de la déesse. Les minutes suivantes ne furent guère plus reposantes, alors qu’il approfondissait sa torture, libérant en Charis cette sensuelle femme qui sommeillait. Elle s’offrait volontiers à ses caresses, à présent, bombant le buste pour qu’il puisse mieux apprécier la fermeté de sa poitrine, creusant les reins pour profiter de cette bouche qui ne lui laissait pas de répit.
Les yeux fermés, pour mieux se laisser porter par le désir et le plaisir qui la faisaient chavirer, la déesse répondit instinctivement à ses sollicitations digitales, aspirant sans se faire prier les phalanges qu’il lui présentait. Sa langue n’était pas en reste, non plus, se plaisant à savourer la pulpe des doigts à sa portée, à agacer les contours des ongles comme elle l’avait fait avec le gland sensible peu avant. Elle respirait lourdement, noyée dans ces tendres et électriques attentions, tandis que ses lèvres se resserraient par moment autour des doigts glissés entre ses lèvres, tandis qu’elle s’en occupait comme s’il s’agissait du membre turgescent de Seigneur Démon.
Il se redressa finalement, coupant court, pour un moment, à cette chaleur qui enflait au sein de Charis. Elle releva les yeux, un peu désorientée, les joues rosies et le regard brillant, pour braquer ses prunelles d’argent sur les traits du mâle. Elle se redressa légèrement, à peine chancelante, sur ses coudes. Un frisson d’appréhension lui parcourut la colonne vertébrale. Non pas à cause de ses paroles, qui la firent au contraire frissonner de délice, mais à l’idée de devenir enfin une femme. Pourtant, elle ne montra aucun signe de son trouble. Aucun signe de cette peur soudaine. Un gémissement lui échappa même, quand la grande main du démon gifla tendrement sa joue.
« Oui, souffla-t-elle, perdue entre les sensations qui animaient encore son corps brûlant et la crainte de la suite des événements. Oui… »
Elle humecta rapidement ses lèvres, rougies autant par ses dents qui les mordillaient que par l’action des doigts du mâle qui les avaient investies, et se frotta doucement contre l’épaisseur raidie qui se pressaient contre ses lèvres trempées. Elle se redressa plus encore, s’appuyant sur la paume d’une main tandis que son bras libre venait effleurer la longueur veinée qui allait faire d’elle une vraie femme, dans tous les sens du terme. Ses doigts s’enroulèrent autour et le guidèrent, peu à peu, entre ses chairs étroites et moites. Si au début, elle ne rencontra guère plus de résistance que la naturelle exiguïté de son intimité, que des frémissements semblaient partir de cette zone pour se propager dans tout son corps, elle finit par buter contre cette membrane de chair qui garantissait sa virginité. Assouplie, cependant, par les efforts constants de la belle, par ses muscles travaillés et son entraînement incessant à l’art de combattre, cette virginale barrière céda rapidement, sans vraiment de douleur, tandis que la rousse avançait le bassin d’un coup sec, presque féroce, pour s’empaler sur la masse de chair roide.
Un hoquet de surprise franchit ses lèvres, et se termina en un soupir de plaisir alors que le gland turgescent écartait fermement les parois de son vagin, se frayant une place de choix comme s’il était naturellement à sa place. Des frissons naquirent, un peu partout, sur le corps de la déesse. Cette union charnel, cet emboîtement intime, lui donnait l’impression confuse de se sentir complète, de se sentir elle-même. Elle resta un instant, les paupières mi-closes, à savourer la présence du démon en elle, à profiter de ces élancements de plaisir, de désir, qui parcouraient son corps en partant de son intimité.
Et, alors qu’elle s’apprêtait à bouger, à onduler ses reins en se soulevant légèrement du bureau, les paroles du diable flottèrent dans son esprit. Cillant rapidement, la rousse leva ses prunelles claires vers lui, indécise et perdue au milieu de ces sensations plaisantes.
« Dois-je… Dois-je attendre d’autres mh… D’autres directives ? »
Un soupçon de malice se glissait dans sa voix de velours alors que ses doigts agiles flattaient le bas-ventre d’Helel, courant sur la peau brûlante en remontant vers ses abdominaux.