L’arrivée de la femme aux cheveux clairs et au visage d’ange ne passa pas inaperçue. Tous les regards se tournèrent, chacun exprimant des tentations différentes. Ce n’était pas la première belle femme que Cahir voyait dans une auberge, et, à chaque fois qu’il s’était rapproché d’une bonne femme, il s’était toujours retrouvé dans des situations compliquées, et potentiellement mortelles. Il laissa donc cette femme passer, et se concentra sur sa boisson, ainsi que sur sa carte. Demain, il avait encore une journée chargée. Il devait traquer des endriagues dans une grande forêt proche. Ces créatures ressemblaient à d’étranges croisements entre des araignées et des lézards. Ils vivaient dans les profondeurs des forêts, et, d’après ses renseignements, s’ils étaient là, c’est parce qu’il y avait, quelque part, une Reine endriague. Ces créatures étaient difficiles à tuer, car elles étaient fortes, et attaquaient toujours en bande. Leur spécialité était de se fondre dans le décor, d’attendre qu’une proie approche, et de débarquer dans toutes les directions. Elles avaient bien failli avoir Cahir. La Reine, elle, restait introuvable. Il avait ratissé une bonne partie de la forêt, et devait maintenant reporter son attention sur les autres zones inexplorées de la forêt.
Cahir soupira lentement, et ferma les yeux, puis bascula sa tête en arrière, et se massa l’arrière du cou.
*Tout ça attendra demain, je tombe de sommeil...*
L’apatride se releva, et s’extirpa de l’auberge, puis rejoignit l’autre aile, et se vautra dans sa chambre, la sienne depuis maintenant plusieurs jours. Cahir avait laissé derrière lui bien des choses, mais même un voyageur errant, sans but et sans attache, finissait justement par en faire. Il retira ses vêtements, et se coucha rapidement dans le lit, après avoir tiré les volets, observant une ultime fois les murs entourant la Citadelle royale, silencieux et pensif. Il espérait sincèrement que sa mission se terminerait avant que les choses ne dégénèrent. Il s’était dit qu’il en finirait avec la Reine endriague, avant de partir. Sa mort lui rapporterait suffisamment d’or pour qu’il reparte... Ailleurs. Quelque part.
Cahir avait abandonné Louane à Nexus, après des évènements complexes et difficiles. Il s’était retrouvé mêlé à la Scoia’tael, cette organisation terroriste non-humaine en guerre contre les royaumes humains, le père de Louane étant proche de ce mouvement. Louane, elle, était une kitsune que Cahir avait pris sous son aile il y a des mois, une femme envers qui l’ancien agent ashnardien n’aurait jamais cru pouvoir s’attacher. Et pourtant, alors qu’il se trouvait là, seul dans cette chambre, à observer le plafond et les poutres apparentes, il repensait à elle, à la belle Louane, à sa motivation, à son énergie, et à son corps chaud et tendre. Ils avaient encore été séparés, et, cette fois-ci, Cahir ignorait s’il pourrait un jour la revoir. Nexus était devenue une ville trop dangereuse pour lui, d’où son choix de prendre un peu de distance, en allant à Bailey.
Il commença à fermer les yeux, soufflant sur les chandelles, et laissa le sommeil venir à lui. Mais, comme tout bon soldat, il dormait d’une seule oreille, et se réveilla en entendant de multiples bruits de pas dans le couloir. L’homme, qui dormait avec une dague sous son oreiller (par mesure de précaution), se saisit de cette dernière. Torse nu, il portait un simple pantalon en laine, et s’approcha de sa porte, pensant à des voleurs. Il entrouvrit cette dernière, et vit ces derniers s’arrêter près d’une porte dans le couloir.
« Je te dis qu’Henry l’a vu ! Elle est super belle, parfaite pour Biglaw !
- Il y a intérêt, il ne supportera pas une autre marchandise avariée...
- Parfaite, je te dis ! Des seins gros comme ça, une hanche de reine, et un cul... Oh putain, mon pote, c’est un cul à t’en donner des sueurs froides !
- J’en jugerais... »
Cahir resta discret. Un serrurier était en train de crocheter la serrure de la porte, et il devina rapidement qu’ils parlaient de la femme aux cheveux argentés. De qui d’autre ? L’apatride était pieds nus, mais n’avait pas le temps d’enfiler tout son barda. La porte venait de s’ouvrir, et l’un des hommes s’avança vers la femme. Il s’avança dans la pièce, et eut rapidement une érection en voyant cette femme. Effectivement, elle était belle... Si belle qu’il s’empressa de s’attaquer à son corps. Malheureusement, elle était aussi belle que furieuse, et il hurla de douleur quand elle planta ses dents dans sa chair. Cahir restait prudemment en retrait, entendant du bruit, puis vit l’un des hommes s’avancer.
« Aide-moi, c’est une vraie furie !
- Arrête de bouger, salope ! »
L’apatride s’avança un peu. Il restait encore deux hommes dans le couloir, dont le serrurier. Il se débrouillait pour faire le moins de bruit possible... Mais son pied heurta une latte en bois, émettant un craquement. L’un des hommes se retourna, et dégaina son arme, une épée courte.
« Tiens, un curieux ! »
Cahir s’élança vers lui à toute allure, surprenant l’homme, et le poussa, le renversant sur le sol. Le serrurier tenta de sortir une hachette de ses vêtements, mais Cahir l’attrapa par les épaules, et l’envoya valser dans l’escalier à côté. Il roula bruyamment sur ce dernier, et heurta violemment le mur. Le guerrier s’approcha ensuite de l’entrée.
« Mais c’est quoi ce bo... ? » s’exclama l’un des homme sen approchant de la porte.
Cahir resta à côté de la porte, et, quand l’homme approcha, il bondit sur lui, et le poussa en arrière, le faisant également tomber. Il se dressa alors face à l’autre homme, à califourchon sur la femme, mais, dans le dos de Cahir, le premier type, celui qui gardait la porte, s’était relevé, et se rua dans son dos. Il le frappa dans le dos, et l’envoya s’étaler sur le sol. L’apatride en lâcha son arme, qui glissa à côté de la femme, et n’eut pas le temps de se retourner qu’un violent coup de pied s’abattit sur son dos, l’envoyant s’aplatir sur le sol.
« C’est qui, ce taré ?
- Encore un qui a voulu jouer au héros... »
Cahir soupira.
Tout ce qu’il avait besoin, c’était d’un moment de diversion pour s’occuper de ses malfrats.
Pendant ce temps, l’homme à califourchon sur la femme l’avait calmé en l’étranglant, et recommença à palper ses seins, une violente érection amenant son sexe à se frotter contre les cuisses de cette femme. Tout à son désir, l’homme manquait clairement de prudence, et la femme n’avait qu’à remuer la main pour sentir la dague de Cahir...