*Kohana, c'est moi, ton maître....délicieuses retrouvailles, n'ece pas? Je voudrais que tu m'aides à remettre un peu d'ordre dans toute cette pagaille. Je me charge d'occuper notre formidable guerrier toqueur de porte, et toi, tu vas aller empêcher ce jeune chien fou de faire plus de mal. Il ne faudrait pas qu'il revienne à la charge pour importuner encore ces fragiles esclaves, n'ece pas? N'ai pas peur, fait face, je vais même te confier un don pour cela....je t'observerais avec plaisir....*
Alors que la voix de son maître résonnait dans sa tête, Kohana se mit à regarder frénétiquement autour d'elle. Mais il n'y avait personne d'assez proche pour lui parler. Pourtant la voix était là, elle était bien réelle, ce n'était pas un songe.
Son cher maître avait besoin d'elle, c'était tout ce qu'elle savait. Où et comment l'avait-il trouvé, peu importait. Elle ne verrait donc pas son instructeur aujourd'hui. Oh ce n'est pas qu'elle le regrettait, mais elle repoussait juste cette idée à plus tard. Belial avait tous les droits sur elle, elle ne s'imaginait même pas discuter l'un de ses ordres. Et puis, après tout, qu'aurait-elle pu faire face à un être dangeureux ? Elle n'aurait pu qu'être comptée parmi la liste des décès !
Mais comment pourrait-elle passer le collier à ce chien fou, comme le lui demandait son maître ? Elle frisonna à la pensée qu'elle finirait certainement en petits morceaux dans ce combat-là aussi. C'est alors qu'elle sentit la chaleur réconfortante de son maître s'emparer d'elle. Un flux délicieux caressait ses organes, se déversant en elle et l'emplissant de force et de courage. Elle ferma les yeux.
Lorsqu'elle les rouvrit, son maître n'était plus là. Il était sortit de sa tête, mais elle savait qu'il n'était pas loin et qu'il la surveillait. Elle se délecta de cette pensée, puis, inspirant fortement, elle s'éloigna de la roulotte et revint vers l'action principale.
Toutes les chaises des premiers rangs étaient renversées. Certaines n'étaient même plus qu'un tas de petits bois sec. Des corps blessés gisaient à terre. Les visages des serviteurs de Don étaient tous d'un blanc pâle cadavérique, leur poitrine se soulevait difficilement, des blessures leur barraient le torse, le sang s'en écoulait et s'étalait sur le sol, commençant à former des flaques de couleur brique.
La scène révulsa la jeune fille. Comment pouvait-on commettre de pareilles atrocités ? Comment pouvait-on détruire la vie de centaines d'innocents ? Cet être n'était vraiment qu'un chien, un chien enragé qui avait perdu la raison. Kohana ne pouvait pas imaginer qu'un être puisse faire un tel massacre de son plein gré et consciemment. Même si les corps à terre étaient encore en vie pour la plupart, ils étaient tellement endommagés qu'ils ne seraient plus jamais les même.
*Ils ne pourront plus jamais s'occuper de jeunes esclaves, ils ne pourront plus jamais les combler... les filles seront laissés à des mendiants et à des êtres sans vergogne à cause d'UN homme fou à lié !*
Kohana sentit son sang bouillonner. La rage montait en elle. Elle sentait la partie démoniaque d'elle même, que Belial venait de lui donner, réagir à la moindre de ses impulsions. Ce flux prenait part d'elle même, il alimentait sa haine et se transformait, prenait forme concrête. Bientôt, la jeune fille sentit les poils de ses bras se hérisser, ses cheveux se dressèrent légèrement sur sa tête, électrisés.
L'adolescente comprit qu'à présent elle pouvait se battre. Elle ne savait pas comment, mais ce flux qu'elle avait en elle l'aiderait. Elle avança lentement, d'un pas sûr et serein, déroulant toute la plante de ses pieds avant de les poser bien à plat sur le sol. Elle leva la tête pour regarder la petite Miwa qui montait maladroitement les marches menant à l'entrepôt, frébrile, avec des gestes saccadés, comme un automate évoluant au ralenti.
Kohana serra les dents. C'était pour éviter que des filles comme Miwa tombent entre de mauvaises mains qu'elle allait faire tout cela. C'était pour que toutes les esclaves puissent connaître son bonheur et le partager avec un maître qu'elles chériraient.
Le bras de la jeune fille se leva. Un doigt accusateur pointa le chien enragé qui n'était autre qu'un terranide ressemblant à un renard. Celui-ci était bien trop occupé à pourfendre des innocents pour prêter attention à une pauvre petite esclave aux cheveux noirs.
Elle avançait, tranquillement, sans dévier de sa trajectoire. Repoussant les bouts de chaises qui lui barraient le passage, enjambant les corps d'hommes qui auraient pu être ses maîtres. Elle ne savait pas ce qui se passerait lorsqu'elle atteindrait le chien, mais elle sentait le courant démoniaque affluer en elle. Il se concentrait de plus en plus dans son bras. Elle sentait comme des mini-décharges électriques dans son avant-bras. Celui-ci commençait à trembler, son index pointé lui faisait mal. Elle sentait que le flux était emprisonné dans son bras et qu'il voulait se répandre.
Alors qu'elle n'était plus qu'à un mètre du chien, elle se fondit en fente, telle une escrimeuse et toucha du bout de l'index la fesse gauche du fou. Alors tout le corps de Kohana se volatilisa, il ne restait plus que son bras, elle ne sentait plus que son bras. C'était comme si elle était devenue inexistante et que sa vie dépendait de son bras. Pendant une fraction de secondes, elle se crut morte, puis une douleur atroce lui déchira le bras et lui arracha un cri.
Une décharge électrique lui parcourait le bras, lui lacérant le bras de milliers de petites piques. Le courant avançait rapidement jusqu'au bout de son doigt. Kohana crut que celui-ci allait éclater sous une telle concentration d'électricité, mais c'était comme s'il n'était plus qu'un transmetteur. Le courant n'était pas arrêté par la peau de la jeune fille, il se déversait dans l'être qu'elle touchait. Appeurée, elle brisa la chaîne et retira son index de l'arrière-train du clébard.
Aussitôt tout s'arrêta. La tête cessa de lui tourner, son bras cessa de la lancer, son doigt redevint lui même ; elle se sentait à nouveau présente dans tout son corps. Le flux était au repos à l'intérieur d'elle même et n'attendait que d'être libéré. Elle recula de quelques pas, abasourdie, et tomba assise sur une chaise, les yeux ronds comme des soucoupes.
-HRP : edit : normalement, ça doit aller maintenant...faut vraiment que j'arrête de lire trop vite ! et que je fasse attention à chaque détails... -