Cela faisait déjà un moment que Garn était là et gagnait tout ses combats. Pour tenir le public en haleine, les propriétaires de l'arène faisaient en sorte qu'il affronte des ennemis de plus en plus puissants. Le gladiateur avait compris qu'une fois rentré dans ce jeu là il n'y avait qu'une seule issue possible : Aller jusqu'à sa limite, puis tomber sur quelqu'un ou quelque chose de plus fort que lui et mourir. En plus il avait compris qu'on se servait de lui pour se débarrasser des détenus les plus dangereux d'Eternum. La semaine dernière il avait affronté un terranide guépard dont la rapidité l'avait réellement mis en difficulté, un condamné à mort qui deviendrait gladiateur à la place de Garn s'il gagnait. Il l'avait vraiment eut de justesse, profitant d'une erreur de trajectoire du guépard pour lui balancer sa hache en pleine tronche sans qu'il puisse l'esquiver. Il sentait la mort arriver, ce sont des choses qu'on commence à bien connaitre quand on a tué plein de gens dans une arène. S'il ne s'était pas trompé, le combattant d'aujourd'hui viendra d'Eternum et sera plus fort que celui de la semaine dernière.
"GARN !!! C'EST À TON TOUR !"Gueulait le garde pour que je me place dans le sas qui allait s'ouvrir côté arène. À partir du moment où la porte arrière du sas était fermée il n'y avait pas de retour possible, c'était vaincre ou crever et pour la première fois j’appréhendais, c'était peut être ma dernière fois. Puis j'ai entendu les acclamations de la foule qui hurlait mon nom, à ce moment là je me suis dis intérieurement que si j'y passais aujourd'hui je leur offrirai une belle mort à regarder. La lourde grille de l'arène s'est levée tandis que le commentateur excitait la foule.
"Mesdames et Messieurs ! Aujourd'hui notre grand loup préféré ! Garn ! Toujours invaincu avec 103 victoires écrasantes ! Va affronter plus grand que lui ! Originaire des montagnes du royaume terranide ! Condamné à être torturé à mort pour le viol et le meurtre de plus de 700 personnes ! Mesdames et Messieurs voici ... BOB LE MINOTAURE !!!"La grille d'en face s'est levée, puis
un gigantesque homme-taureau de plus de 4 mètres de haut en est sorti. Lorsque je l'ai vu je me suis dis que c'était fini et je pensais plus à une manière cool de mourir qu'à une façon de le vaincre. Cette bestiole était vraiment énorme, je ne savais pas qu'il existait des terranides aussi gros que ça. Comme arme il utilisait un morceau de poteau électrique qu'il avait surement arraché quelque part avant de venir ici. Autant dire que si je me prenais un seul coup de ce truc le mur de l'arène serait retapissé avec mon sang. Puis "Bob" s'est élancé vers moi, il a brandit son poteau et a tenté de me frapper avec. J'ai tout juste eu le temps de me baisser avant de sentir l'énorme bâton de mon adversaire frôler mes oreilles, quelques secondes plus tard et j'étais mort. Sans réfléchir je me suis jeté entre ses pattes avant de lui planter ma hache dans l'arrière de la jambe, le sang de la bête a giclé, son cri a suivi, puis il s'est mis à ruer à ma surprise la plus totale. Je me suis mangé le sabot du minotaure en plein ventre, sans le manche de ma hache devant pour amortir il m'aurait surement broyé les organes. Amorti ou pas, le coup m'a fait voler en arrière comme je n'avais jamais volé auparavant. Je suis retombé plus de 5 mètres plus loin, le souffle coupé par l'impact et le minotaure ne semblait pas vouloir que je le reprenne. À peine relevé j'ai vu le poteau arriver droit sur moi, j'étais obligé d'esquiver pour ne pas me le prendre et il s'est planté dans le sol pile à endroit où j'étais juste avant.
Tout à coup une idée totalement loufoque, mais qui valait le coup d'être tentée, m'est venue à l'esprit. Je me suis mis à tourner autour du minotaure, tenant à me faire face il tournait avec moi. Il y avait deux scénarios possibles, soit il se fatiguait, se mettait à tourner moins vite et me laissait monter sur son dos, soit il tournait jusqu'à être désorienté et je pourrais en profiter. Le 3ème scénario possible était que je me fatigue avant lui, mais je ne préférai pas y penser. J'ai commencé à tourner autour de lui, la jambe que j'avais entaillé devait lui faire très mal, il y avait du sang partout par terre et il ne la bougeait plus. Mais ça ne l'empêchait pas d'essayer de m'attraper avec ses mains. Finalement, étourdi et fatigué il a fini par tomber à genoux, je me suis précipité vers son dos pour le frapper avec ma hache. Ma lame s'est enfoncée dans le haut de son dos, sectionnant sa colonne vertébrale. Le monstre s'est affaissé en beuglant, il ne pouvait plus bouger autre chose que ses bras désormais. Je suis monté sur son dos inerte et j'ai planté ma hache dans son épaule droite, jusqu'à ce que le bras droit soit hors d'usage, puis j'ai fais pareil avec la gauche.
Mon adversaire était maintenant incapable de bouger autre chose que sa grosse tête pendant qu'il se vidait de son sang, la bête hurlait de rage, elle voulait me bouffer. Presque en sécurité j'ai fais un tour de piste en criant :
"J'AI ENTENDU DES CRÉTINS CRIER SON NOM AU DÉBUT !!! J’ESPÈRE QUE L'ARGENT DE VOS PARIS NE VOUS MANQUE PAS TROP !!! AH AH AH !!!"Je disais ça mais moi-même je ne pensais pas réussir à tuer un monstre pareil, un seul coup de sa part aurait pu me tuer. Nul doute que la semaine prochaine j'allai affronter bien pire, il fallait que je m'en aille d'ici. Ma carrière de gladiateur s'est terminée dès l'instant où j'ai vu ce géant faire son entrée dans l'arène. Mais pour l'heure il fallait achever la grosse bestiole. Je me suis dirigé vers lui, il ne bougeait presque plus, se vidant de son sang à une vitesse folle. J'ai levé ma hache et je l'ai abattue sur sa nuque, c'était fini. J'ai refais un tour de piste, bras levés pour recevoir les applaudissements de la foule. Mon corps était en train de me lâcher, son coup de pied avait dû me briser quelques côtes. J'ai tenu bon face au public, il ne devait rien voir de ma douleur, j'avais gagné, je devais agir en vainqueur jusqu'au bout ! Mais sitôt à l'intérieur j'ai jeté ma hache dans ma cellule et je me suis effondré sur mon lit, il fallait que je récupère avant de me barrer d'ici.