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« le: vendredi 18 mai 2012, 04:02:33 »
Eva était définitivement un peu bête, parfois, mais ce retard mental est justifié par sa grande longévité comparativement à celle des humains. Plus lente que ses camarades humains, elle a beaucoup de mal à s'intégrer, mais le pire était les pulsions violentes qu'elle subissait et qui la poussaient à réagir très fortement aux moqueries et autres méchancetés. La Démone ne comptait plus le nombre de fois où elle avait dû se pointer à l'école pour aller s'excuser devant un professeur et une famille furieuse après que la petite fille ait tenté de faire la peau à un enfant un peu trop sûr de lui, et elle ne comptait également plus le nombre de fois où un représentant du département de la protection de la jeunesse avait tenté de lui ravir son enfant pour la mettre aux soins d'une famille supposément plus compétente. Pour vous résumer la conclusion de ces discussions; à chaque fois qu'un d'entre eux vient la voir, un représentant remet une étrange lettre de démission et disparait dans la nature.
Après avoir lavé les petites mains de son enfant avec un linge propre, elle lui donna de la nourriture coupée en petits carrés. L'enfant se désintéressa totalement des légumes pour s'empiffrer de la viande bien saignante qu'on avait préparé pour elle. Étant une jeune semi-démone, son régime était essentiellement carnivore, mais comme c'était plutôt étrange de laisser une enfant manger de la viande encore rouge, elle devait la faire cuire juste assez pour qu'elle semble cuite sur le dessus, mais encore molle et juteuse à l'intérieur.
Les sens de la démone la ramenèrent alors vers son invitée et elle remarqua son air déstabilisé. Elle laissa sa fille manger en paix et posa son regard sur celui d'Hitomi, perçant jusqu'à son âme pour comprendre finalement que la démonstration de ses dons télépathiques l'avaient effrayée. Elle poussa un soupir et glissa une main dans ses cheveux.
-Je ne lis pas les pensées, précisa-t-elle pour essayer de rassurer la locataire. L'esprit humain n'est pas un livre ouvert que je peux feuilleter à mon loisir. Je suis simplement capable de ressentir les émotions. Si vous voulez un exemple de ma situation... imaginez que vous ouvriez les yeux à nu dans une piscine pour essayer de discerner un objet qui est au fond de l'eau. Grâce à sa forme générale, vous parvenez à deviner à peu près ce que cela est, mais la certitude, c'est un autre domaine.
La jeune femme regarda l'enseignante dans les yeux et lui prit une main entre les siennes, plus petites.
-Ne vous inquiétez pas. Votre vie privée vous appartient, et je sais quel effet cela fait d'être à nue à l'esprit des autres. Je n'ai pas l'intention de vous pourrir la vie. Vous pouvez me faire confiance. Mais si vous avez de la peine ou si vous avez mal, pardonnez-moi, mais je serai la première à le savoir et à tenter de vous aider.
C'était dans sa nouvelle nature. Ayant fréquenté plusieurs milliers de personnes pendant sa vie, elle avait développé ce comportement de confidente et d'amie du monde entier. Elle n'avait plus les vices d'autrefois, et même si certains côtés de son ancien elle-même lui manquait, comme les orgies et les gang bang, ou même les repas gargantuesques dans un temple de la Gourmandise, elle n'avait aucun regret à être qui elle était aujourd'hui.
Elle fit alors venir une des serveuses et lui demanda de lui apporter une de ses recettes secrètes. Bientôt, un morceau de filet-mignon, des légumes cuits à la vapeur et une petite bol de riz était déposée devant Hitomi et la jeune femme étira un grand sourire.
-Mangez. C'est moi-même qui ait préparé les épices, mais personne n'y a jamais goûté. Mais... juste pour vous rassurer...
Elle se pencha et découpa une tranche du filet mignon et le mangea pour l'assurer qu'elle n'avait pas empoisonné le repas et fit un clin d'oeil à la jeune femme. Non, tout ce qu'elle avait fait, c'était mélanger une petite drogue particulière qui avait le don de relaxer les esprits et calmer les maux du coeur. Parfois, certains y trouvaient un certain calme, d'autres cherchaient à combler le vide dans les étreintes de la passion, mais cela dépendait de chaque individu.