Complexe d'études secondaires et supérieures / Re : Les liens de la destinée [Pv. Brittany]
« le: dimanche 23 mars 2025, 22:18:13 »"Non, non non, surtout pas! Ce serait bien trop ravissant! Ça, je me le réserve..."
Je ne comprends pas tout, mais… ça a l’air important. Il sourit. Alors je souris aussi.
Il dit quelque chose à propos de mon chemisier.
Je regarde mes mains. Mes doigts bougent tout seuls, très habiles. Je déboutonne doucement. J'enlève mon soutien-gorge, révélant mes seins menus. Je noue juste au-dessus du nombril. Voilà. C’est joli. C’est bien, non ?
Je lève les yeux vers lui. Il a l’air content.
Il parle encore. Ses mots coulent dans ma tête, doux et vagues. Retrousser mes bas… Oui… Mes jambes sont jolies, il a raison. J’aime quand on me dit ça.
Je remonte un peu mes bas. Voilà. Comme ça. Mes cuisses sont toutes lisses.
Il me dit de tourner un peu. Alors je tourne. J’écarte les pans de mon chemisier. Mes seins respirent sous le tissu fin. Ils ont l’air heureux.
"Parfaite!"
Mon cœur bat doucement. Tout va bien.
"J’attends mon bisou…"
Oh, oui ! Un bisou. Je m’approche, toute légère, et je dépose mes lèvres contre les siennes. Il sent bon. Sa langue cherche la mienne. C’est chaud, gluant, mais… agréable. Je n’ai pas besoin de réfléchir. Juste faire ce qu’il aime.
On marche dans les couloirs. Je tiens son bras. Je souris à tout le monde. Ils me regardent. Ils me voient. Ça me fait chaud dans la poitrine.
Il dit que je serais parfaite pour le trottoir. Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais… il a l’air content. Alors ça doit être bien.
Dehors, il respire fort. Il me dit d’attendre. Alors j’attends.
Et puis…
C’est comme si une vitre se brisait.
Brittany cligna des yeux, hébétée. La fraîcheur de la nuit lui mordit soudain la peau. La confusion se dissipa d’un coup, comme un brouillard que l’on chasse d’un revers de main.
Elle baissa les yeux.
Son chemisier entrouvert. Ses seins à peine cachés. Ses bas retroussés sur ses cuisses.
Ses mains se mirent à trembler. Une nausée soudaine lui remonta à la gorge.
"Non…" souffla-t-elle, à peine audible.
Les souvenirs revinrent. La scène, grotesque et humiliante, se rejouait dans sa tête. Son sourire idiot. Son obéissance aveugle. Sa voix douce, vide.
Elle ravala un sanglot, les yeux brûlants.
D’un geste fébrile, elle referma son chemisier, le boutonnant à la hâte, maladroitement. Elle lissa sa jupe, tira sur ses manches, remonta ses bas d’un coup sec.
Elle voulait disparaître, s’effacer, mais elle ne le pouvait pas. Son cœur battait à tout rompre.
Puis, au milieu du chaos intérieur, quelque chose se releva en elle. Une étincelle froide, furieuse.
Pas question. Il n’aurait pas le dernier mot. Pas lui.
Elle prit une profonde inspiration, essuya ses larmes du revers de la manche, sortit son téléphone. Ses doigts tremblaient, mais elle trouva le contact dans son répertoire : Fujita. Le sysadmin du lycée.
"Réponds… réponds…" murmurait-elle entre deux inspirations saccadées.
Au bout de la ligne, une voix distraite répondit.
"Allô ?"
Sa voix se fit tremblante, mais déterminée :
"C’est Brittany Swampton. J’ai besoin que tu effaces quelque chose. Tout de suite. Je… je te paierai ce que tu veux. Je t’en supplie… aide-moi."
Silence.
"Qu’est-ce qui s’est passé ?" demanda-t-il, suspicieux.
"Il y a une vidéo. Dans le bureau du directeur. Je… je n’étais pas moi-même. Tu dois l’effacer. S’il te plaît."
"Ok, je m'en occupe."
Brittany raccrocha. Ses jambes fléchirent, mais elle tint bon. Elle releva la tête et serra les dents. Elle fit le retour à l'arrière de la limousine, le visage fermé, refusant de céder à la panique. Toute la nuit, elle s’obligea à ne pas penser à l’humiliation. À la place, elle se concentra sur une seule idée : Shun allait payer. Lentement, méthodiquement. Elle pensa à ses ressources, à ce qu’elle détenait sur lui. Aux alliances qu’elle pourrait former. Sa haine prit racine et se transforma en projet.
Ce soir, elle avait perdu, mais la guerre était loin d’être finie. En tout cas de son point de vue.
Elle était loin de se douter qu'elle était en route pour une longue succession de batailles perdues d'avance; la vidéo était déjà en sécurité, elle n'avait plus aucun moyen de pression sur Shun, et ce dernier avait été dépouillé du dernier soupçon de remord qu'il aurait pu avoir.