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« le: jeudi 13 octobre 2022, 20:51:49 »
- Tu sais que tu en as envie, susurra-t-elle à l'oreille de la jeune guerrière alors que son second la dévorait du regard. Et tu sais qu'il te veut aussi, alors, bois ta dernière gorgée et en selle, ma belle.
Écouter les voix dans sa tête n'était peut-être pas toujours une bonne idée, mais lorsque cette voix était celle d'Aphrodite, que vous le vouliez ou non, vous alliez agir en fonction de vos désirs refoulés. Siene n'était pas du genre à abuser de sa position au sein de l'armée Meisaenne simplement pour prendre son pied, mais lorsqu'elle regardait ce joli garçon de Promélé, elle n'avait qu'une envie, c'était de le gober tout entier. C'est donc d'une traite, se leva puis se dirigea d'un pas décidé vers l'objet de son désir. Le jeune homme remarqua visiblement qu'elle s'approchait à grand pas, et s'apprêta à la saluer quand il vit ses sourcils froncés et son visage déterminé. Il jeta un coup d'oeil nerveux derrière lui, comme s'il s'attendait à ce que quelqu'un d'autre soit dans la tente, mais lorsqu'il comprit qu'il était la cible de ce regard, il était trop tard pour se faire violence, parce que sa supérieur l'agrippa par les cheveux et plaqua sur ses lèvres un baiser fougueux.
Aphrodite profita de l'instant pour se glisser derrière Promélé et entreprit de le guider. Malgré sa confusion, sa surprise et sa panique, il sentit ses mains laisser tomber sa coupe et son fromage au sol; une vint se placer au creux des reins de la jeune femme, l'autre se glissa sous l'épaule de la jeune femme, l'entoura et la serra contre lui, alors qu'il luttait pour garder l'équilibre. Après quelques baisers, il tenta de la raisonner, de lui dire qu'elle avait peut-être trop bu, mais Siene ne se dégonfla pas pour autant. Elle le poussa dans sa tente et referma les rideaux derrière elle. Elle retira alors sa veste de maille ainsi que son justaucorps noir, dévoilant une poitrine nue à la vue du jeune homme, qui comprit dès cet instant qu'il avait un choix à faire; refuser ses propres désirs et ceux Siene par égard pour la hiérarchie militaire, ou alors succomber à sa passion. Un choix difficile, mais qui fut jeté aux orties lorsqu'elle s'approcha rapidement de lui et qu'elle le plaqua dans son lit de plumes. Elle grimpa sur lui, prenant ses mains dans les siennes alors qu'elle l'embrassait de nouveau, encore et encore, réduisant à néant tous ses scrupules.
Voyant que son travail était accompli, la Déesse de l'Amour se félicita elle-même, comme toujours, de sa redoutable efficacité. Elle piétina soigneusement l'herbe autour de la tente pour s'assurer que personne ne vienne les déranger, et elle aperçut Dionysos du coin de l'oeil, ou du moins un de ses avatars, et s'approcha de lui.
- Tu veux me faire une faveur, chéri ?
- Pour vous, Aphrodite? Vous n'avez qu'à demander.
- J'ai un couple important en train de faire plus ample connaissance dans la tente, et je voudrais m'assurer qu'ils ne soient pas dérangés.
- Cela ne devrait pas poser trop de problème; la plupart des soldats en permission sont à moitié ivre et les autres sont à leur poste de garde, mais je veillerai à ce qu'aucun ivrogne ne les perturbe.
- Parfait.
Elle se pencha sur le jeune Dieu du Vin et posa sur sa joue un baiser.
Dionysos sentit son désir monter en flèche au simple contact de la déesse, et s'il n'était pas maître de se contrôler lorsque ses sens étaient enivrés, il lui aurait peut-être sauté dessus à son tour. Visiblement, Aphrodite pariait là-dessus, puisqu'elle limitait au maximum son contact avec les autres divinités.
- Je regagne l'Olympe. Une bonne soirée à toi.
- Bonne soirée, Aphrodite.
Immédiatement après sa réponse, la déesse se dématérialisa sous ses yeux.
Elle se rematérialisa sur l'Olympe immédiatement, accueillie de suite par ses dames de compagnie, qui s'empressèrent de lui enlever ses vêtements et dénouer ses cheveux, avant de l'emmener vers le bain chaud où elle pourrait profiter du coucher du soleil et de la naissance de la nuit.
Elle savait que bientôt, Phobos irait voir Arès, son père, pour lui dire que l'ennemi de son parti pris passait une excellente soirée et que la commandante qui aurait dû être prise d'angoisse et de terreur à l'idée de se retrouver de nouveau devant un ennemi allait se réveiller le lendemain vidée de son anxiété. Elle n'avait pas pour habitude de ruiner les efforts d'Arès, mais c'était maintenant la seule manière qu'elle avait de lui faire part de son mécontentement. Voilà maintenant plusieurs siècles que cet idiot l'ignorait sciemment, et même si elle savait que leur rupture n'avait pas été facile, pour elle comme pour lui, elle trouvait qu'il avait un sacré culot de l'ignorer, surtout alors qu'ils avaient passé une grande partie de ce qui pouvait être qualifiée de "divine jeunesse" à se courir après comme des adolescents.
Maintenant, c'était moins pour le faire culpabiliser que simplement pour l'emmerder. Comme il n'y avait que la guerre qui l'intéressait, et qu'il n'attendait que de voir les conflits armés sur le continent d'Ayshanra se déclencher, elle utilisait son don et ses prérogatives divines pour nuire à ses projets de déclencher de nouvelles grandes guerres, devant seulement se contenter de petits conflits armés à droite et à gauche.