Olympe / Re : Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves (Aurora mon amour)
« le: mercredi 21 septembre 2016, 22:30:18 »Quand bien même Aurora savait comment fonctionnait le monde des rêves, elle ne pouvait s'empêcher d'admirer avec quelle aisance ce rêveur-là agissait sur son environnement. Rares étaient les dormeurs à avoir conscience de l'emprise qu'ils avaient sur le monde onirique ; et même parmi ceux qui savaient qu'ils pouvaient changer les choses, personne ne le faisait avec autant d'aisance que lui. Aussi, malgré sa surprise, et son cri terriblement inopportun dans ce songe si calme, la jeune femme ne put s'empêcher de suivre ce poignet qui se leva, et son regard rencontra une lumière vive qui tombait sur elle, et seulement sur elle. Elle plissa les yeux, éblouie... Peut-être était-elle aussi à la recherche de la chaleur de l'astre, comme dans le monde réel. Il ne fallait cependant pas exagérer, l'illusion ne pouvait être si parfaite. Alors les fentes de ses yeux se fermèrent, et telle un modèle pour un peintre germanique, Aurora se figea dans cette position.
Elle perçut, faiblement, un mouvement. Ce n'était peut-être que son imagination, mais avec le silence qui régnait ici, le moindre froissement de tissu était perceptible. Lentement, très lentement, ses yeux se rouvrirent sur le ciel, et les nuages se dispersèrent. Elle sourit légèrement, et son visage se tourna vers Onéiros. Son regard énigmatique fut souligné d'un haussement d'épaules à peine perceptible. Ainsi, elle ne confirmait ni ne niait qu'elle n'était pas qu'une rêveuse. Ah ! Comme elle aurait aimé n'être qu'une de ces voyageuses éphémères, comme tout le monde ici ! Le regret d'être endormie depuis si longtemps passa rapidement dans ses yeux, avant qu'elle ne se rapproche d'Onéiros. Sa démarche était sûre, bien que prudente. Son pied nu dépassait à peine de sa longue robe blanche, immaculée. Et tout en approchant, elle commença à parler, et sa voix était comme une douce mélodie.
"Il m'est arrivé, il y a peu de temps, de parler avec quelqu'un qui explique les rêves aux gens. Il me racontait qu'il nous était impossible de rêver d'une personne que nous n'avions jamais vue dans la réalité. Tous ceux que vous croisez ici, vous les avez probablement croisés en étant réveillé."
Depuis cette conversation, Aurora s'était d'ailleurs permis l'espoir qu'on ne l'avait pas oublié et que, peut-être, on continuait de chercher son corps. Qu'on cherchait encore à la réveiller. Comme elle espérait fort que chaque personne dont elle traversait les songes était un rêveur qui avait au moins vu un portrait d'elle !
Aurora s'arrêta. Elle était à quelques pas du Dieu, et à cette distance, hors de portée et pourtant si proche, elle pouvait le voir - mais pas le toucher. Peut-être craignait-elle de le voir se dissiper au moindre contact. En tout cas, il était sublime. On dirait un de ces Dieux grecs... Sa tête se pencha un peu sur le côté, et un sourire à peine perceptible fit frémir ses lèvres rosées.
"Vous par contre, je sais que je ne vous ai jamais vu. Et que vous n'êtes pas un rêveur ordinaire. Personne n'agit sur son environnement onirique comme vous le faites."
Le voile de sa robe frémit à peine lorsque Aurora bougea pour s'asseoir. Un siège apparut derrière elle, aussi blanc que sa tenue. Elle se tenait droite, les mains croisées sur ses cuisses. Et si mille questions lui brûlaient les lèvres, elle préféra attendre. Attendre qu'il lui dise qui il était.