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« le: samedi 05 octobre 2013, 09:56:23 »
Pourquoi n'avait-elle toujours pas commencer à abattre son bras ? C'était pourtant pas compliqué ? Un mouvement vertical vers le bas, et la tête du forgeron trouverai les feuilles et les vers comme dernière sépulture. Elle irait rejoindre celle de Robespierre, et tout les autres guillotinés, sans même s'en rendre compte. Alors, pourquoi ? Pourquoi Mia tenait-elle toujours son arme en hauteur, tremblante, sans amorcer l'ombre d'un mouvement ? Était-ce à cause de son sourire, de ses beaux yeux ? Décidément, Mia était une inconsciente doublée d'une sensible inutile. Cet homme voulait la tuer, lui voler ses secrets, et l'elfe n'arrivait même pas à se décider à le tuer. Son honneur n'aurait pas été mis en cause, elle aurait pu continuer à vivre honorablement dans la foret. Mais non. Non, pourquoi faire simple, quand on peut faire copulé compliqué, hein ? Non, aucune idée. La simplicité, c'est trop simple. Ca amène pas de problèmes, pourquoi ça serait intéressant ? Aucune idée. Bref.
Mia sentit le sang lui monter aux pommettes, quand Amser la regarda dans les yeux. Maintenant qu'elle comprenait d'où venait cette lueur dangereuse dans les yeux du forgeron, la peur de l'elfe se décuplait lentement, se multipliant à la folie. Elle fronça les sourcils, tentant de ne pas l'écouter. Ne pas entendre sa voix, ne pas la sentir s'infiltrer dans son corps, calme, à peine sensible à l'épée qui pouvait couper sa tête d'un moment à l'autre. Mia mordait sa lèvre inférieure. Elle ne savait plus si c'était l'appréhension, la peur, la rage contre elle-même. Pourquoi ne le faisait-elle pas ? Pourquoi ce jeune homme était-il toujours vivant ? En gros, pourquoi ne contrôlait-elle pas le combat ? La voilà, la vrai question qui torturait l'elfe. Comment le forgeron était-il arrivé à tout contrôler, en étant le plus calme ? Sans doute parce que justement, il ne se laissait pas aller aux sentiments extrême, comme Mia le faisait trop rapidement. Son regard vogua de nouveau sur les tentacules. Brr...Elle n'arrivait pas à distinguer le nombre, mais il y en avait déjà trop à son gout.
-« - Nous avons tous nos blessures secrètes, n'est-ce pas ? »
Mia faillit hocher la tête pour lui répondre. Mais en fait, elle ne sentait plus si concernée. Si son il et son oreille manquants étaient secrets, le forgeron avait quand même de sacré problème de vue. Elle était toujours bêtement devant lui, à hésiter, à réfléchir, à tenter un mouvement vertical, à penser à une autre solution, à attendre que quelque chose se passe. Elle n'était pas si chiante, en fin de compte. Elle venait se donner au loup sans même qu'il ai à la chercher. Elle venait se jeter dans sa gueule, sans même qu'il ai à la blesser auparavant. Que c'était sympathique de sa part, non ? Très gentil, je trouve. Totalement con, ça c'est sûr. Mais carrément gentil. Le forgeron gribouillait toujours des choses sur la terre. Gribouillait des choses ? Des....Choses ?
Quand il avança le pied, Mia comprit. Elle comprit que maintenant, le train était passé, elle ne pourrait plus le rattraper. Sans doute sa seule chance de tuer Amser, et elle venait de la laisser s'échapper. Elle comprit surtout que pour elle, ça allait barder. Elle recula, comme l'avait prédit le forgeron. Sans doute pas assez loin, sans doute pas assez vite. Mais totalement embourbée dans la peur, frissonnante de peur, rouge de peur. L'insouciance de son caractère allait lui faire bien comprendre qu'il faut être bête pour être sensible à un chasseur de Runes. Et surtout un chasseur de cet acabit. Les Rune, les runes...Comment avait-elle pu être aussi bête ? Alors qu'elle reculait, que le forgeron avançait, la terreur qui la faisait trembler de tous ses membres, comme une enfant qui n'a jamais combattu, cette terreur là, la fit trébucher. Vous me direz bien que ce n'est pas catastrophique, qu'elle peut se relever, et se barrer en courant le plus vite possible. Oui, bien sûr, c'est une solution. Solution tellement plausible qu'elle n'effleura pas l'elfe. Putain, mais pourquoi je suis la narratrice d'une idiote pareille ?! On peut pas être aussi con, quand même ?! 'Est pas possible ?! Le forgeron avait posé la bonne question. Il ne pouvait pas la rater. Là. Elle avait joué avec le feu et le feu allait le lui rendre.
Mia s'était quand même relevée. Faudrait quand même pas atteindre le summum de la débilité. Elle essaya de reculer, mais ses membres ne lui répondaient plus. Décidément. Il fallait toujours que si les problèmes ne venaient pas à elle, elle vienne à eux. La vie serait si simple, sinon. La chaleur du feu rougeoyait dans l'iris gris de l'elfe, les runes s'enflammaient devant elle, qui restait dans cette immobilité béate. C'était la première fois qu'elle voyait ça, effectivement. Et sans doute la dernière. Et comme son premier 'reculage' avait échoué, elle n'essaya même plus de reculer de nouveau. Bien trop simple. De toute manière, puisqu'elle n'avait pas pris les dispositions nécessaires pour échapper au jeune homme, ses poignets furent 'ligotés' par des tentacules brulantes qui s'enroulèrent autour d'eux, grignotant sa peau avec amour, la préparant mentalement à tout ce qui allait suivre. Mia tenta alors de reculer, espérant sans doute que les tentacules frotteraient sa peau et comme l'eau, tomberaient sur le sol en la laissant s'échapper. Premièrement, les tentacules incandescentes ne lui firent pas cette joie et resserrèrent leur étreinte brulante sur ses poignets. Deuxièmement, les tentacules 'normales' (si un tentacule peut-être normal...) d'Amser, se joignirent joyeusement à la partie, l'attrapant solidement aux chevilles. Ca c'était fait, et c'était plus à faire.
Effrayée ? Si seulement elle n'avait été qu'effrayée, et non
-brûlée,
-attachée,
-ligotée,
-morte de peur,
-démunie,
-à sa merci. (vous pouvez toujours barrer la mention inutile, si ça vous amuse. Ou trouver l'intrus.)
Non, non, là, le forgeron avait devant lui une elfe totalement démunie donc, dont l'arme était allée rejoindre tranquillement les feuilles, pour aller faire mumuse aux escargots. Ses poignets douloureux par les brûlures, étaient toujours tenus, mais Mia releva la tête. Très bien, c'était comme ça, elle s'était fait avoir, (je l'avais prédit le message d'avant, en plus) mais ce n'était pas une raison pour perdre espoir. Il aurait encore à bosser s'il voulait avoir l'ombre d'une information. Et faire attention à ne pas la tuer, ça serait dommage. Cette fois, Mia ne comptait plus se laisser prendre comme une enfant totalement naïve. Si pour garder ses secrets elle devait souffrir, elle souffrirait. Et, comme le forgeron allait devoir faire attention à ne pas aller trop loin, elle essayerai de le mener à ses propres limites pour qu'il en finisse avec elle et qu'elle ne doive plus subir. En résumée, même attrapée, elle allait encore bien l'énerver et se mettre encore plus dans la merde. Ses sourcils argentés se froncèrent à nouveau, alors que son regard perçant fixait moqueusement Amser. Enfin, moqueusement. Si on veut. Pas totalement moqueur, quand même. Et il n'y avait sur ses lèvres rose aucune trace de sourire. Plus question de rire. Ca n'aurait pas été de l'agacement en plus pour le forgeron, mais de la bêtise en plus pour l'elfe, que de sourire. Ses longs cheveux argentés étaient un peu brunis par les flammes, tout de même. Elle le défiait du regard. Son visage rougie par la chaleur (et pas que) était moite, mais même dans une telle position, l'elfe le défiait. Maintenant, la bêtise n'était plus de mise, le courage non plus. Il faudrait trouver un moyen de ruser.
-Sur ce coup là, nous n'avons pas jouer le même jeu...Le tien était plus intelligent, Amser.
Sa voix paraissait calme, quoi qu'un peu tremblotante quand elle prononça le prénom du forgeron. Calme, rauque et à peine douloureux, son ton laissait entendre la sollicitude. Autant faire comme lui...Essayer les louanges. Elle pouvait toujours gagner du temps. Parce que maintenant, il faudrait surtout gagner le temps de trouver quelque chose pour mener à bout le forgeron, ou pour s'enfuir. Et la première solution semblait la plus simple, en fin de compte.