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Messages - Yan

Pages: [1] 2
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Ville-Etat de Nexus / Re : Une proie, peu commune [ Yan ]
« le: dimanche 16 septembre 2012, 22:49:25 »
Les choses étaient trop confuses pour que Yan y comprenne quoi que ce soit. L'ESPer semblait être devenue totalement dingue, se lamentant sur tout et rien, lançant des sermons insensés, sans cesser de pleurer. Mais la terranide y prit à peine garde, sentant un objet froid entrer dans son fondement. Il était trop tard pour serrer à nouveau les jambes. Elle avait du mal à interpréter la signification de cet événement, l'instrument n'était visiblement pas fait pour infliger la douleur, et n'était pas d'abord introduit avec beaucoup de violence. Elle avait l'impression d'avoir envie de se soulager, mais il n'en était rien. Puis l'intruse massa rapidement une partie de son corps qu'elle n'avait que rarement explorée. La chaleur ressentie quelques secondes plus tôt réapparu aussitôt avec une intensité bien supérieure. Yan sans pouvoir s'en empêcher, se cambra, ce qui serra toujours plus les liens de sa poitrine. Une poitrine, maintenue par des pinces, qui continuait elle aussi à subir l'étrange traitement.

Bien sûr, le traitement n'était pas très agréable pour l'adolescente, qui trouva néanmoins intéressante la troublante tiédeur de son entrejambe. Une fiévreuse pression s'accumula peu à peu dans tout son être ; la terranide maudissait son bâillon qui l'empêchait de s'en libérer en criant. Son ventre se soulevait toujours plus, et finalement, après plusieurs minutes de ce traitement, l'étreinte charnelle fut trop forte. Poussant un gémissement étouffé, surprise, la chasseuse sentit un liquide bouillant courir le long de ses cuisses. Les parois de son intimité se contractèrent hasardeusement, alors que son corps brûlait, parcouru d'étincelles de jouissance. L'humaine s'arrêta et vint presque pleurer sur son épaule. L'émotion failli faire rater à Yan cette occasion. Failli seulement.

Combattant son excitation, l'impitoyable guerrière libéra sa main, et, tirant sur quelques cordages, planta en un éclair la seringue dans l'épaule de sa tortionnaire, qui s'effondra aussitôt. La sentant glisser le long de son ventre, elle souffla, soulagée. Se libérer lui prit plus de temps qu'elle ne l'aurait cru, les liens étant solides. Le plus dur fut de libérer, à l'aide de ses griffes, sa mâchoire, dont les dents aiguisées finirent par venir à bout des cordes. D'un mouvement dédaigneux, la vision retrouvée, elle sorti l'objet en plastique de son arrière train, le jetant à terre, et donna un coup de pied rageur à l'ESPer.

Elle constata qu'elle avait un peu de mal à mettre un pied devant l'autre, et devait marcher légèrement en canard sous peine de douleur. Faisant fi de ce détail, elle se demande comment elle allait s'habiller. Elle n'avait pour l'instant pas d'autres tenues que celle déchirée un peu plus tôt. Elle haussa les épaules, et déshabilla l'intruse, toujours inconsciente. Il n'était pas certain qu'elle survive à une telle dose, songea-t-elle en enfilant la combinaison rouge et les dessous blancs, laissant la jeune humaine totalement nue.

Prise d'un doute, la terranide prit le pouls de sa victime. Elle était morte. Yan soupira ; elle n'était pas contente d'elle-même, mais n'avait rien de concret à se reprocher. L'aventure, au final, ne lui avait rien coûté. Elle lui avait même appris ce dont la substance était capable. Elle avait plus fiable en stock. Sans oublier que l'intruse était plutôt appétissante. Sa viande serait meilleure un peu faisandée. La chasseuse ne mit pas longtemps à se saisir d'un hachoir, et entreprendre son travail de découpe, avec un air neutre, tête, bras, jambes.

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Ville-Etat de Nexus / Re : Intrusion ! [Yan]
« le: jeudi 13 septembre 2012, 20:05:22 »
« La cohabitation d'un homme et d'une femme dans un espace clos relève du miracle. »
-Alice Ferney

Une des journées les plus étranges de sa vie, certainement. Yan s'était débrouillée elle-même pour presque tout depuis qu'elle était en âge de garder des objets en main. Mais pendant cette quinzaine d'heures, le chèvre-pied, tout en faisant preuve d'une certaine discrétion, qu'à défaut d'apprécier, elle ne commenta pas, se comportait à peu près comme un valet. Même sa mère ne s'était pas occupée d'elle ainsi depuis plus de dix ans, et lui s’exécutait avec une douceur infiniment plus grande. Au-delà du dégoût qu'elle ressentait pour cet assistanat, elle devait avouer que sous un certain angle, l'expérience avait quelque chose d’intéressant. Elle n'oubliait cependant pas la guerrière qu'elle était, et que c'était elle qui payait sa dette, pas l'inverse, et qu'en conséquent, elle devait faire preuve de la réserve la plus extrême. Bien sûr, elle ne l'aurait jamais avoué à l'intéressé, ni à qui que soit, mais elle reconnaissait que la présence du cornu lui épargnait des moments extrêmement pénibles.

Les mets qu'il avait insisté pour lui cuisiner lui firent l'effet d'un plat particulièrement exotique. S'il lui arrivait de faire bouillir les morceaux les plus abîmés pour les rendre comestibles, l'essentiel de sa consommation se composait de pièces dévorées crues. La texture de la viande, une fois cuisinée, était d'un simplicité extrême à mâcher, ce qui était un avantage, supposa-t-elle, quand on avait une dentition aussi atrophiée que celle des humains et de bon nombre de terranides. Toutefois, il lui semblait perdre une sensation ancestrale, fondamentale, alors que la mastication était réduite à son minimum. De plus, l'adolescente ne trouvait pas l'intérêt de passer autant de temps, et de déployer toute cette technique, pour obtenir en fin de compte le même volume de nourriture. C'était à ses yeux une pure perte d'énergie. Enfin, elle n'avait jamais fait la fine bouche, et si elle fronça le museau pour la forme, elle ne se fit pas prier pour avaler goulûment tout ce que cet Hypocras lui présenta.

Hélas, ce dernier avait beau être d'une certaine utilité, il n'en gardait pas moins un défaut majeur. Sa bavardise le poussait à creuser certains sujets dont Yan n'avait aucune envie de parler ; à remettre en question des habitudes de vie qu'elle était bien décidée à conserver. Souvent, peu rompue aux joutes d'idées, elle n'avait pas suffisamment de matière à opposer aux arguments impitoyables du hardi orateur. Dès qu'elle se sentait en position de faiblesse, elle tentait donc de s'en sortir par une certaine mauvaise foi, ou un refus net de continuer la discussion. Elle était certaine que le chèvre-pied vivait en dehors des réalités, et que son hédonisme forcené était aussi mal adapté au monde réel qu'un terranide désarmé à Nexus. Elle savait qu'il ne comprenait pas, mais était incapable de l'exprimer correctement, et perdre un duel, ne serait-ce que celui des mots, la frustrait grandement. Elle se rendait bien compte qu'insidieusement, l'influence du cornu gagnait du terrain sur sa pensée brute. Elle ne le supportait vraiment, en réalité, que quand il se taisait pour s'emparer de son instrument, et déchaîner un son bien plus vrai. Et beaucoup moins agaçant

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A son réveil, le jour suivant, la chasseuse trouva Hypocras non loin d'elle. Le soleil, d'autant qu'elle pouvait en juger, de son canapé, était déjà assez haut dans le ciel. La fatigue de sa blessure, sans doute, l'avait fait dormir plus longtemps qu'elle en avait l'habitude. A moins que ce ne soit la perspective de l'ennui à venir, bloquée dans un nombre limité de position, qui la dissuadait d'ouvrir l’œil. Désappointée par sa propre paresse, elle n'avait pas tardé à tenter de s'extraire de son matelas. La vive douleur de sa jambe, lorsqu'elle essaya de la poser sur le sol, lui indiqua malheureusement très vite qu'elle n'était pas prête à supporter son poids. Pestant et ne voyant, en pur caprice, rien qui puisse la distraire si elle restait là, allongée, elle insista lourdement pour que le chèvre-pied lui trouve une béquille quelconque pour se déplacer. D'abord réticent à la voir se lever, le thérapeute malin n'accepta qu'à la condition de pouvoir à nouveau s'occuper de ses plaies. De mauvaise grâce, la terranide se laissa apporter des étoffes de cotons, plus fines que la toile brune, et une bouteille d'hydroxibenzène pour nettoyer les zones qui cicatrisaient lentement. Elle ne permit pas néanmoins qu'il touche à nouveau son corps, et se chargea elle-même du plus gros du travail.

L'adolescente avait alors tout le loisir de claudiquer... sans trouver, au final, plus d'intérêt dans les autres pièces de la maison. En sortir en était exclue, car une fois dehors, elle se serait retrouvée en un clin d’œil sur l'étal d'un marchand d'esclaves avide. Ne supportant pas l'inactivité, elle trépignait. Ne pas bouger allait la ramollir, elle en était persuadée. La rééducation de sa jambe serait suffisamment handicapante pour qu'elle ne soit pas affligée en plus d'une faiblesse généralisée. Vagabondant, Yan trouva sur une étagère d'imposants ouvrages recouverts de petits dessins noirs dont elle ignorait la signification. Étant parfaitement illettrée, comme la majeure partie de la ville, elle n'y avait jamais fait attention auparavant, et leur trouvait là un usage inespéré. En deux volumes sur chacun de ses avants-bras, elle pouvait ainsi simuler un exercice physique, qui a défaut d'être réellement utiles, l'occupait sans la blesser. Au bout d'une heure d'exercices soutenus, les muscles de ses membres supérieurs brûlants, elle commença à s'essayer à faire des abdominaux. Malgré les tiraillements qu'elle provoquait à sa blessure au thorax et la contre-indication vigilante du caprin, elle persista jusqu'à se trouver étendue sur le sol, en sueur, incapable de la moindre flexion supplémentaire. Le bandage de sa poitrine avait pris une teinte rosée, mais la plaie ne se rouvrit pas.

Plus tard dans la journée, Hypocras prit une décision qui la soulagea : il souhaitait s'en aller visiter la ville, avec la promesse cependant d'être revenu avant le couché du soleil. Au moment où il allait prendre le départ, enfilant une nouvelle chemise, ses bottes et son chapeau, la terranide eut un instant d'hésitation. Puis, elle ne sut trop pourquoi, elle attrapa un revolver qui traînait et le lui lança.

-Tu sais tirer ? Elle en doutait. Si quelqu'un te fait chier, tu le pointes avec le bout le plus fin et t’appuie sur la gâchette. Ça devrait faire l'affaire.

Si son profil n'était pas très recherché par les esclavagistes, il était déjà trop âgé, et s'il cachait avec son accoutrement sa nature animale, personne, à Nexus, n'était à l'abri d'une agression. Et elle voyait mal comment, sans arme, le bonhomme s'en sortirait. Sa dette consistait à le supporter pendant qu'elle se rétablissait, et pour qu'elle puisse le supporter, encore fallait-il qu'il soit toujours en vie. Que le chèvre-pied accepte ou non l'arme, elle aurait au moins l'esprit tranquille. Elle ne se sentirait pas obligée de parcourir le quartier en boitant pour retrouver son cadavre.

-Si tu meurs, je ne te dois plus rien, ajouta-t-elle, froide.

Toujours aussi ennuyée, mais trop épuisée pour reprendre un exercice physique, Yan clopina, sans autre but que de se convaincre qu'elle était capable de se déplacer seule, et de se débrouiller sans aide. Par hasard, elle tomba sur plusieurs bouteilles de bourbon, qui lui avaient étrangement échappées jusqu'ici. Pour passer le temps et faire tomber son stress, elle décida d'en ouvrir une. L'adolescente, emportée par l'ivresse, se laissa aller à la boisson, qui calmait ses douleurs et son angoisse. Quand le cornu revint de son excursion urbaine, à la tombée de la nuit, elle avait déjà vidé les trois-quart du litre, et ne paraissait pas vouloir s'arrêter là. Elle paraissait considérablement éméchée, mais, comparé à la quantité de liqueur qu'elle avait ingurgitée, et prenant en compte sa faible carrure, son organisme s'en tirait admirablement. La terranide n'avait en réalité jamais eu l'occasion de s'alcooliser autant, et il n'était pas dit qu'elle sache éviter un coma éthylique. Néanmoins, elle accueillit Hypocras avec une animosité moindre, laissant même échapper quelques mots d'une ivrognerie presque cordiale.

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Ville-Etat de Nexus / Re : Une proie, peu commune [ Yan ]
« le: mardi 11 septembre 2012, 03:41:11 »
Décidément, cette drogue avait sur l'ESPer l'effet le plus imprévisible qui soit. Après être passée de la furieuse à la tortionnaire étrange, elle entrait à présent dans une phase sanglotante et dépressive. Sans rien pouvoir dire ni faire, Yan assistait impuissante mais intéressée, presque curieuse, à l'évolution de la situation, toujours envahie par une chaleur dont elle ne pouvait déterminer l'origine. L'humaine pleura quelque chose dont la terranide ne comprit pas davantage le sens, surtout qu'elle avait le souffle coupé par un élément, sans doute la pression d'un pied.

Respirant difficilement, elle profita de la brève interruption de l'étreinte pour reprendre une grande bouffée d'air. Elle était en train de penser à l'intérêt stratégique de l'étouffement dans le domaine de la torture quand quelque chose, encore une fois, vint émoustiller la pointe de ses seins. Elle laissa échapper un jappement de surprise, qui se mua très vite en cri étouffé de douleur. La garce avait refermée des pinces sur les petites protubérances roses, qui perdirent la fermeté qu'elles avaient acquises quelques secondes auparavant. La sensation étrange, elle aussi, s'était éteinte ; il n'y avait plus que la souffrance. Un mal vif qui empêcha temporairement Yan de suriner la jeune humaine, dont elle sentait pourtant bien la position. Dans l'idéal, elle aurait du se trouver un peu plus prêt.

La fauve s'apprêtait à libérer sa main pour lui injecter une dose supplémentaire par surprise, mais elle fut une nouvelle fois interrompue par un nouvel élément, encore inattendu. Avec une sauvagerie extraordinaire, l'ESPer commença à la stranguler et à la frapper en de multiples endroits. Pour sûr, ce n'était pas des blessures bien graves, qui démontrait une inexpérience totale du supplice, et la terranide s'en remettrait facilement. Elle gigotait comme elle pouvait pour limiter l'impact des coups, faisant se comprimer un peu plus sa poitrine, d'une rougeur qui se voyait même sous la fourrure blanche, tant les sévices qu'elle avait subies, cordes, frappes, pinces serrant encore, étaient importants. Le bâillon la faisait abondamment saliver, sans qu'elle puisse déglutir, et un filet de bave finit par couleur lentement le long de sa gueule. Les multiples petits mouvements qu'elle était contrainte de faire prenaient toute son attention, devant les effectuer à l'aveuglette. Ainsi, ses jambes, faute d'avoir été impliquées jusqu'ici, se desserrèrent un peu sans qu'elle y fasse attention.

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Ville-Etat de Nexus / Re : Intrusion ! [Yan]
« le: mardi 11 septembre 2012, 00:53:04 »
Le chèvre-pied avait cessé de jouer et posé son instrument. Dommage, songea l'adolescente, qui préférait amplement le son neutre, voire féminin, de la flûte de pan, à sa voix virile. Cependant, la déception repassa le flambeau à l'étonnement. Encore une idée saugrenue du loufoque personnage. La suggestion qu'il lui faisait était plus étrange encore que le refus de ce qui lui était initialement proposé. Il souhaitait utiliser sa dette pour rester à ses côtés ? Que voulait-il vraiment, un toit ? Il était vrai que malgré le désordre ambiant, la maison qu'occupait la jeune terranide isolait bien du froid et de l'humidité, tout en procurant, par ses entrées fermées et les pièges qu'elle avait posés, une sécurité relative. Pour autant, s'il avait un peu l'accoutrement d'un vagabond, sa tenue, qu'il avait à présent ôtée, n'était pas suffisamment négligée pour faire de lui un sans-abri crédible. De ce qu'il lui avait avoué, il n'appréciait pas davantage la seule nourriture qu'elle consommait. Alors quoi ? Son ventre se laissa aller à un gargouillis supplémentaire.

Pour elle, le tribut n'avait aucune valeur. Il ne s'agissait pas d'un fait d'arme, d'une demande de protection ou même de rémunération ; rien qui ne puisse s'acheter. L'étranger lui demandait juste de faire une entorse dans ses principes de vie, pour le tolérer au près d'elle pendant un temps qui pouvait s'avérer long. Mais si elle-même considérait qu'accepter sa présence était un insigne honneur, elle ne comprenait pas comment lui en avait conscience. Elle savait que la culture de Nexus était très différente de la sienne, et que la plupart des femmes se laissaient approcher sans mal. Surtout quand l'individu lui procurait un service supplémentaire, comme des soins. De quelle tradition alors, possiblement proche de la sienne, pouvait bien être issu le bonhomme ? Dans le doute, elle décida de donner une réponse positive. Si elle pouvait s'en tirer comme ça, alors les choses ne lui paraissaient pas si terribles.

-Mouais, fit-elle en croisant les bras, prenant un air profondément renfrogné, boudeur.

L’expulsion de sa couette de fortune avait mis en évidence sa blessure à la jambe, que malgré la douleur qu'elle lui envoyait régulièrement, au rythme des battements de son cœur, Yan avait presque oubliée. Pendant que l'hybride-bouc parlait, s'exclamait, s'enflammait, elle ne trouva rien de plus digne que de la fixer, comme s'il s'agissait d'un tableau particulièrement préoccupant. Elle se demandait combien de temps allait durer son rétablissement ; sachant que pour elle, dans cette situation, ce mot signifiait simplement être capable de courir sans souffrir le martyr. Il était clair que face à l'inépuisable bagout de son sauveur, toute son acrimonie, son cynisme et sa sécheresse ne lui donneraient pas la victoire. La plupart des gens à qui elles s'adressaient ainsi prenaient la mouche, mais chez lui, au contraire, cela semblait stimuler encore son envie de parler. La terranide se mordit la lèvre inférieure. Le supporter toute une semaine, tout compte fait, n'était pas une chose si inconséquente. L'exploit valait bien une vie, et même deux. Elle saisit immédiatement la bouteille offerte, en dédommagement.

-Et puisque t'es là pour longtemps, va me chercher un morceau, ronchonna-t-elle en pointant du doigt son garde-manger adjacent. Une manière presque subtile de lui faire comprendre qu'elle n'était pas capable de se lever.

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Ville-Etat de Nexus / Re : Intrusion ! [Yan]
« le: lundi 10 septembre 2012, 02:13:03 »
Le regard de Yan se fit de suite plus sévère, dès lors qu'elle comprit la cause du trouble dans le récital du musicien. Elle détestait qu'on se moque d'elle, et si elle n'avait pas conscience de sa blessure, elle aurait bondi vers le pistolet le plus proche et aurait constellé la carcasse de l'hilare d'une dizaine de trous. Mais son piètre état n'expliquait pas tout. Elle était un peu exsangue, avait de la fièvre, une jambe en moins et une poitrine qui la faisait souffrir au moindre mouvement, bref, rien de taille à l'empêcher de réduire au silence un impudent désarmé. Si elle n'essayait plus de se battre contre le mâle, c'était qu'elle considérait qu'il était trop tard pour ça. Elle n'avait pas réussi à le repousser, à l'empêcher de lui venir en aide, de lui sauver la vie. Cela l’écœurait, elle qui n'avait d'habitude aucun scrupule à mentir, à voler et à tuer, et qui n'en dormait pas plus mal. Il en était autre chose lorsqu'il s'agissait de sa propre existence ; ce qui lui restait d'honneur l'empêchait de passer outre.

Effort qu'elle n'avait pas fait depuis longtemps, la terranide refoula sa colère, se contentant de faire claquer sa mâchoire nerveusement. Elle ne pensait alors plus qu'à une chose, faire disparaître la dette qu'elle venait de contracter. Elle avait sincèrement pensé, lorsqu'elle avait proposé de servir d'assassin, recevoir une réponse favorable. De l'expérience qu'elle avait, tout le monde, même les gens de bien, avait quelqu'un qu'il détestait, qu'il jalousait, qu'il avait rêvé de voir mort. Que sa suggestion provoque le rire la surprenait presque autant que la situation provoquait son courroux. La tirade de son sauveur eut à côté un effet moindre, et ne suscita que de l’incompréhension. L'adolescente ignorait pourquoi le bonhomme avait des préoccupations aussi futiles, et sentait bien qu'ils n'étaient pas du même monde. Elle ne pensait pas une seconde être capable de saisir ses motivations, et resta donc concentrée sur son objectif.

Le fracas d'une arme expédiée avec violence la força toutefois à relever la tête vers le mâle. C'est alors, et seulement alors, qu'elle se rendit compte de sa véritable nature. Deux cornes recourbées ornait son crâne généreusement chevelu, alors que des pattes caprines terminaient ses jambes. Évidemment, Yan, en manque de référence, pensa immédiatement à une espèce caprine de terranide. Elle n'en n'avait jamais rencontré jusqu'ici, et y était pour tout dire plutôt indifférente. En un sens, elle préférait cela à la présence d'un véritable humain : les hybrides étrangers à son espèce n'avaient absolument aucune valeur spirituelle à ses yeux. Ils n'étaient rien de plus que des animaux sans importance, presque des objets, aussi naturels que le vent et l'eau... et elle n'avait pas pour coutume de haïr les éléments aussi neutres.

L'adolescente passa sur l'affront que représentait le dommage à une arme fonctionnelle, une des siennes qui plus est, qui dans de nombreux autres cas, aurait eu une issue punitive et violente. Puis elle répondit sans honte, avec une insolence certaine, à la question du chèvre-pied.

-Nan. Je mange que ceux que j'arrive pas à vendre. Ou ceux qui me font chier. Parfois ceux qui sont gras, aussi.

Elle lorgna le cornu avec un air carnivore. Il n'était pas bien grand et imposant, mais sa semi-nudité laissait voir qu'il n'était pas si mal enrobé. Pour sûr, malgré son âge avancé (la viande avait tendance à devenir plus élastique à mesure que le garde-manger vieillissait, et les jeunes enfants avaient une saveur inégalable) il ferait un morceau de choix. Profitant qu'on pense enfin à lui, son estomac émit une protestation sonore. Yan ne s'était pas sustentée depuis presque une journée, et les efforts qu'elle avaient fournis ses dernières heures avaient eu raison de ses rares réserves adipeuses. Elle ignora l’évènement et prit un ton cassant.

-D'accord chevrette, j'ai compris, t'es une jolie colombe bien pure. Mais moi j'ai une dette envers toi, et aucune envie de me trimbaler avec longtemps. Alors fais fonctionner ton cerveau de pécore et dis moi ce que tu veux.

Remarquant la nature de sa couverture, et l'associant aussitôt à un habit qu'aurait pu porter son sauveur, la terranide la jeta sur le côté avec brutalité. Inutile de s'associer encore plus à lui, c'était assez !

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Ville-Etat de Nexus / Re : Intrusion ! [Yan]
« le: dimanche 09 septembre 2012, 23:55:51 »
Bien étrange fut le réveil de l'adolescente. Moins pénible qu'elle n'avait eu le temps de l'imaginer. Avant même d'ouvrir les yeux, ses oreilles s'étaient remises à capter les sons environnants, sans que son cerveau ne soit tout à fait capable de les recevoir. Elle fut plongée, pendant une durée qu'elle ne pouvait estimer, dans un état intermédiaire, où les éléments réels se mélangeaient sans rigueur au bouillonnement de son inconscient. Les grandes plaines de son enfance, tantôt nues, tantôt recouvertes par des herbes sèches et blondes, lui revinrent, balayées par les vents d'une musique aérienne. Sa terre natale, les arbres torturés aux feuilles trop rares, le visage de sa mère ne formèrent plus que le tout d'un tableau vaporeux. Elle ne parvenait pas à en distinguer les contours, n'en voyait que les lumières et les ombres projetées par le soleil de plomb. Rien qui ne l'inquiétait ; comme si elle avait toujours parcouru ce monde de brume chaude.

Délicatement, le paysage s'assombrit, alors que le son ambiant augmentait d'intensité. Les hallucinations hypnagogiques perdaient en en couleur ce qu'elle gagnaient en volume. Une bourrasque vint caresser le front de la terranide, soufflant ses cheveux défaits. Sa génitrice, revenue d'outre-tombe, vint lui glisser un conseil délicat à l'oreille, mais ne parvint pas à être entendue de sa fille. La guerrière se volatilisa alors brusquement, vexée. Elle fut très vite remplacée par le tableau d'un homme grossier, beuglant de sa voix porcine des insultes qui apparurent à Yan les pires qui soient, sans qu'elle ne comprenne leur sens pour autant. Accablée, elle ferma les yeux pour ne plus les entendre.

Tout devint noir, et la douce musique reprit son cours. Le terrifiant faquin avait disparu. L'adolescente tenta alors de dissiper l'obscurité. Mais ses paupières refusaient de libérer son regard, les cils, tels des crochets, agrippés à son visage. Elle se débâtie, attrapant la peau et la tirant vers le haut. Elle sortit ses griffes, et commença à gratter frénétiquement la membrane, faisant s'ajouter au plan noir des stries rouges. Dans un effort final, elle parvint, enfin, à dégager ses globes occulaires.

Un grand vertige la prit lorsque Yan reconnu le plafond de sa planque : d'un doré sale auquel pendait un chandelier dont elle ne s'était jamais servie. Heureusement, elle n'était pas en position de tomber, quoiqu'elle en eut un instant l'impression. Son équilibre se rétabli lentement, alors qu'elle reprenait ses repères, orientation horizontale, donc. Quand bien même la lumière la brûlait, elle n'osa pas cligner des yeux, de peur de devoir se confronter une nouvelle fois à son propre corps, l'un des pires ennemis qu'elle pouvait avoir la malchance de rencontrer. Puis ce fut la mémoire qui refit surface, ses souvenirs les plus récents succédant, à reculons, à ceux plus anciens. La chasseuse grimaça quand elle aperçut que son sauveur était toujours là. Elle ne surprit que la silhouette, et s'en détourna aussitôt, ne voulant surtout pas croisé son regard.

-'foiré, dégorgea-t-elle, la bouche pâteuse.

L'art était assez exceptionnel dans la culture Msalj'Qwlatta, mais la pratique, plutôt primitive, des instruments à vent, s'était répandu assez vite parmi les guerrières. La légende voulait qu'elle leur avait été apprise par un mâle capturé pour servir de reproducteur. Les femmes avaient alors été si charmées que celui-ci avait été libéré plutôt que dévoré vif. Cependant, la musique de la tribu n'avait rien à voir en subtilité avec la mélodie joyeuse de l'homme maintenant au chevet de Yan. Cette dernière soupira, étrangement pensive, emportée par une mélopée lui faisant l'effet d'un morceau de virtuose.

Se hissant sur le rebord du sofa derrière elle, elle adopta une position légèrement relevée, entre l'assis et l'allongé, découvrant sa poitrine blessée. Pendant ce déplacement, sa jambe et son thorax, qu'elles avaient senties engourdies, l’élancèrent vivement. Elle avait néanmoins reprit des forces, et, s'y attendant, parvint sans mal à cacher sa douleur. Elle soupira, le regard dans vide et le ton las, mais sûr :

-Quand je serai capable de marcher, j'irai buter quelqu'un pour toi. Ça te va ?

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Ville-Etat de Nexus / Re : Une proie, peu commune [ Yan ]
« le: dimanche 09 septembre 2012, 03:45:48 »
Dans l'incertitude de l'aveuglement, la jeune terranide ne pouvait pas anticiper ce que préparait l'humaine. Elle attendit quelques secondes, avant de sentir une pression sur sa poitrine. Elle prédisait l'utilisation d'une lame fine pour tracer des sillons le long des seins ; elle-même aurait pu commencer une séance de torture ainsi. Mais ce qui la touchait ne lui entailla pas la peau, et elle identifia à sa grande surprise la chose comme étant une main. Quel genre de supplice étrange lui préparait l'ESPer ? Les doigts de cette dernière continuèrent leur travail, empoignant ses deux petites collines de chair. Lorsque sa tortionnaire eut l'idée saugrenue de la pincer, Yan afficha une expression troublée, qu'elle ne comprit pas, suivie d'un petit gémissement incontrôlé. Pour l'instant, sa proie ne s'était pas approchée suffisamment pour qu'elle puisse la piquer sans risque.

Mués par l'instinct maternel et une touffeur indéfinissable, les tétons roses, jusque là pratiquement invisible dans la fourrure, pointèrent allègrement. Les menues protubérances reçurent un traitement encore plus particuliers, léchés par intermittences. L'intruse essayait-elle d'estimer son goût ? Le corps de l'adolescente commençait très légèrement à tiédir, sans trop qu'elle sache pourquoi. Elle s'apprêtait à sortir une autre réplique cinglante, quand sa bouche fut obstruée par une sorte de boule. D'instinct, elle la mordit, et ses dents imprimèrent de profondes perforations dans l'objet, hélas bien trop volumineux pour qu'elle puisse le découper de cette manière. Maintenue la gueule ouverte, c'était une autre de ses armes qui était neutralisée. Si elle n'avait pas eu sa seringue, encordée comme elle l'était, elle se serait réellement trouvée sans défense.

Les jambes ? Yan se demanda ce que l'ESPer comptait faire à ses jambes. Peut-être avait-elle comme projet de la dévorer ? La terranide aimait aussi commencer par découper les membres inférieurs de ses victimes, pour qu'elles prennent moins de place. Guettant le moindre signe d’incision, elle gardait les jambes serrées et bien contractées, attachée aux tibias, elle n'avait pas vraiment d'autre choix. Attendant patiemment son heure.

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Ville-Etat de Nexus / Re : Intrusion ! [Yan]
« le: dimanche 09 septembre 2012, 03:11:37 »
Les fois où Yan avait vu le torse nu d'un homme étaient assez rares. Elle constata avec une certaine surprise la pilosité anarchique et drue qui parcourait la peau bronzée. Cela n'avait rien de la fourrure qu'elle-même portait, c'était beaucoup plus irrégulier, moins enveloppant, à peine éloignée du schéma de la barbe. Elle fit preuve d'une pudeur surprenante en faisant basculer sa tête du côté opposé à l'étranger. Impossible de savoir si elle cherchait à cacher son propre visage, ou à se détourner d'une vision qu'elle désapprouvait, qui la dérangeait.

-Ta gueule, murmura-t-elle, en guise de réponse au sarcasme, brisant sans ménagement la série en -é.

Car la terranide n'était toujours consentante au fait qu'un mâle lui prodigue un soin quelconque. Tout juste sa faiblesse l'avait-elle calmée. Elle feula de dégoût lorsqu'il passa une main sur ses côtes, se contracta, mais n'eut pas d'autres réactions violentes. Le corps de l'adolescente était bouillant, sa poitrine se soulevait sans constance, avec une amplitude minimale et une grande vitesse, anxieuse et cherchant son souffle. Pour autant, son état semblait peu à peu se stabiliser, alors que l'adrénaline, faute d'action, retombait. Son regard grenat s'obscurcit d'un voile blanc. L'énergie qui la maintenait lucide était en train de se dissiper.

-Je t'interdis de me touch...

Sa réponse, à peine plus sonore qu'un soupir, fut interrompue par la brûlure de l'alcool. La chaleur intolérable fit se soulever son abdomen de dix bons centimètres du sofa, avant de choir lourdement. Malgré ses dents serrées avec hargne, elle ne put étouffer un gémissement déchirant. De nouvelles larmes roulèrent le long de ses joues, heureusement préservées de l'inspection du médecin improvisé.

-Ça arrache, putain.

Son organisme dont les chairs venaient d'être creusées par la liqueur, ne pouvait supporter encore un traumatisme. Ne sentant plus de danger immédiat, il décida d'éteindre la conscience, devenue handicapante. Yan se sentit, sans pouvoir rien y faire, partir.

-Merde, grommela-t-elle avant que ses paupières se ferment.

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Ville-Etat de Nexus / Re : Une proie, peu commune [ Yan ]
« le: dimanche 09 septembre 2012, 00:07:00 »
Si Yan ne prenait pas très au sérieux la menace que constituait pour elle l'ESPer, elle jouait correctement la comédie. Ce n'était pas très difficile pour elle, elle connaissait exactement l'expression que prenaient ses victimes lorsqu'ils se trouvaient dans une situation désespérée. La chasseuse n'était pas qu'une tueuse décérébrée, elle savait aussi user de ruse pour capturer ses proies vivantes. Elle ouvrit de grands-yeux lorsqu'une paire de menottes apparurent dans les mains de l'intruse, et fit s'évanouir les restes de son sourire goguenard. Elle semblait alors un peu effrayée et décontenancée, et si le deuxième adjectif avait des soupçons de vérité, il lui en fallait plus pour lui faire peur.

La terranide se laissa faire ; en apparence. Dans sa précipitation en effet, la jeune humaine ne remarqua pas que celle qu'elle s'imaginait être sa prisonnière avait fait glisser sa main le long de l'anneau de fer, de telle façon que sa fermeture soit incomplète. Elle n'en passa pas moins, l'avant-bras dans la menotte, ce qui donnait l'impression qu'elle était effectivement attachée. Puis l'humaine disparu. Profitant de ce répit, d'un mouvement rapide et discret, Yan passa sa main libre à sa ceinture, y délogea sa petite seringue, et la cacha dans sa paume, avant de reprendre sa position de captive. Elle regarda, perplexe, l'ESPer revenir avec un carton contenant une corde.

-Ça t'amuse d'attacher les gens, garce ?

Sans doute y avait-il d'autres choses dans la caisse, la chasseuse pensait à des instruments de torture. Elle espérait avoir une occasion de piquer l'intruse avant de souffrir trop, où elle devrait prendre le risque de l'effrayer. La terranide ne résista pas non plus à son ligotage. Elle pensaient ses dents et ses griffes capables de les trancher au besoin, et dans le pire des cas, elle pouvait toujours bouger le bras contenant la seringue suffisamment. Même si cela frotterait certainement d'autres parties de son corps La manière d'attacher lui était étrangère, et lui semblait peu efficace. Quel était l'intérêt d'ainsi entourer sa poitrine ? Le bandeau sur les yeux la dérangea davantage, mais elle comptait sur son ouïe et son odorat félin pour localiser la jeune fille au besoin.

Elle ne tiqua pas quand sa tortionnaire défit ses vêtements. Elle n'ignorait pas qu'il fallait voir la peau de sa victime, pour avoir une idée de la position des nerfs, et infliger une souffrance maximale, du moins les bons bourreaux procédaient souvent ainsi. Son anatomie était donc offerte à la vue de l’intruse. Déjà bien découverte auparavant, il n''y avait pas grand-chose à découvrir, surtout que ses jambes étaient fermement serrées l'une contre l'autre. Toujours pouvait-elle observer la petite poitrine blanche de l'adolescente, tendue par le cordage, et que sa fourrure redevenait foncée sous la taille.

-Mystère hein ? Quel scalpel tu vas sortir en premier ?

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Ville-Etat de Nexus / Re : Intrusion ! [Yan]
« le: samedi 08 septembre 2012, 22:28:39 »
Pourquoi avait-elle survécu à ses blessures lorsque que sa mission avait été anticipée ? Pourquoi avait-elle réussi à s'enfuir lorsque ses semblables avait été trahies ? Pourquoi avait-elle été capturée vivante lorsque sa tribu avait été décimée ? Tout aurait été tellement plus simple, si pendant n'importe lequel de ces trois épisodes, elle avait cessé d'être l'exception. Cependant son instinct de survie avait toujours été plus fort. Et c''était par la grâce de cet instinct de survie que Yan se retrouvait dans cette situation pitoyable. Soumise au bon vouloir d'un sinistre parasite. Trop faible pour pouvoir lui opposer une résistance minimale. Trop faible pour mourir dans l'honneur.

Le vil mâle s'était avancé, elle pouvait le sentir, à quelques centimètres d'elle. Raide, son appendice caudale était l'un des derniers qu'elle pouvait encore bouger sans intolérable élancement. Sa queue bougeait nerveusement de droite à gauche. On aurait pu croire qu'elle cherchait à faire barrage entre l'étranger et sa propriétaire. Sans succès, car bientôt, de larges et fortes paluches se saisirent des cuisses et des bras de la jeune terranide. Le contact sur sa peau nue frôlait l'intolérable, et elle tenta de lui envoyer un coup de pied, mais le muscle de sa jambe n'avait toujours pas récupéré. La botte ne brassa l'air que verticalement avec impotence.

-Putain, tu fais chier.

Elle était bien consciente de son état, et sa voix commençait à filtrer la résignation. L'intrus la souleva avec un certain soin, ce qui arracha néanmoins une nouvelle plainte à l'adolescente. Vidée de son énergie, elle se débattit à peine, se contentant, pour faire bonne mesure, de se contorsionner fébrilement dans les mains de l'inconnu. Finalement, il la déposa sur le canapé. Yan agrippa alors brusquement, avec toute la force qu'il lui restait, les épaules de l'homme, se hissant à hauteur de son visage. Elle ouvrit sèchement sa mâchoire garnie de dents effilées, bien décidée à la refermer sur sa gorge.

C'est à ce moment que la mercenaire réalisa qu'elle n'avait pas affaire avec un humain. Elle perdit de précieuses secondes à le dévisager : c'était un homme d'un âge médian, qui lui paraissait par conséquent incroyablement ancien. Malgré sa tenue aux tons simple, il dégageait quelque chose de subtilement bestial, de plutôt sympathique aussi, ce rendit son portrait aussi agréable que pouvait l'être aux yeux de l'adolescente celui d'un mâle. De toute façon, il était maintenant trop tard pour mordre. Elle retroussa les lèvres avec animosité, et lâcha prise.

Étendue sur le dos, elle offrait un piètre spectacle. La blanche fourrure de son sein dénudé était à la fois collante de sang de sang, tâchée d'un liquide plus clair en provenance directe de son estomac, et un peu d'alcool dégoulinait encore. La blessure, qui semblait être l’œuvre d'un boucher hargneux, incisait irrégulièrement la peau juste au-dessus de la pointe de sa poitrine modeste. Ses muscles pectoraux avaient certainement été tranchés de sale manière, mais la plaie n'était pas suffisamment profonde pour avoir atteint des organes vitaux.

-Jte le ferais payer, avisa-t-elle.

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Ville-Etat de Nexus / Re : Une proie, peu commune [ Yan ]
« le: samedi 08 septembre 2012, 19:27:22 »
De la téléportation ? Yan ignorait jusqu'au sens de ce mot. Si la suite de la phrase lui en donna une vague idée, elle ne savait pas vraiment à quoi cela pouvait ressembler. Elle passa sa langue fine sur ses babines, et fut vite éclairée. Stupéfaite, elle constata que sa prisonnière avait soudainement disparue, purement et simplement, ne laissant que des menottes vides qui tombèrent au sol.

-Sorcellerie ! rugit-elle avec autant de colère que de surprise, avant d'être rapidement interrompue.

En effet, aussitôt l'intruse réapparu devant elle, et poussa violemment la terranide effarée. Cette dernière ne pensait pas que la drogue, qui avait en général plutôt un effet relaxant, l'avait rendu soudainement aussi agressive. Peut-être l'humaine avait-elle simulée son état depuis le départ, ou avait été désintoxiquée bien plus tôt qu'elle ne l'aurait crue. Ou tout simplement le MDMA agissait-il différemment sur les humains. Il faudrait sérieusement qu'elle en teste mieux les effets en situations réelles. Une chose était sûre, il n'était pas prêt de remplacer les sédatifs qu'elle utilisait habituellement. La chasseuse se trouvait donc écrasée sans douceur contre le mur, sa queue féline comprimée contre son postérieur, ses bras immobilisés par la prise de la jeune fille.

Cette dernière semblait euphorique, affichant un large sourire qui laissait deviner son état encore totalement défoncée. La substance, Yan s'en doutait, lui faisait largement sous-estimer les risques. Elle était née et avait toujours été élevée pour la guerre. Tuer était la seule chose qu'elle était capable de faire à la perfection, et elle savait mille façons différentes de donner la mort. Le mercenariat avait été son métier depuis qu'elle avait été considérée comme adulte, à dix ans. Le stupéfiant ne permettait pas à son adversaire des mouvements très précis et coordonnés, et si sa posture révélait une certaine habitude des combats, la terranide y trouvait de nombreuses failles. Un de ses terribles coups de pied aurait pu la libérer, à moins qu'elle choisisse d'utiliser l'allonge supplémentaire donnée par sa gueule proéminente pour déchiqueter l'épaule de l'impétueuse. Si elle tentait de la repousser, il y avait même de grandes chances que ses muscles plus développés lui donnent l'avantage.

Toutefois, Yan n'était pas sotte. Elle avait compris que l'ESPer pouvait se téléporter, comme elle le disait, trop vite pour lui laisser une chance de lui injecter de nouveau une dose. Elle disposait à sa ceinture, en plus d'un revolver, d'une seringue pleine de drogue. Hélas, coincée entre les deux belligérantes, elle paraissait inaccessibles aux deux partis. La jeune terranide résolu de mettre sa fureur de côté, et se relâcha un peu, devenant moins intimidante. Si elle comptait capturer la bougresse vivante, il fallait qu'elle lui fasse abandonner sa concentration, qu'elle la trompe sur sa dangerosité. Un travail facilité par le sentiment artificiel de puissance que donnait le MDMA.

-OK, tu me tiens, et maintenant ? lui demanda-t-elle, à peine agressive.

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Ville-Etat de Nexus / Re : Intrusion ! [Yan]
« le: samedi 08 septembre 2012, 18:02:18 »
Progressivement, la gnôle se rependait dans les veines de Yan, affaiblissant ses perceptions et surtout sa détermination. Une sensation de chaleur la pénétra, réduisant la douleur vive de ses blessures ouvertes, tout en la plongeant dans une torpeur malsaine. Physiquement, elle se sentait mieux, mais elle était toujours consciente de son état physique, et l'allégresse qu'elle savait artificielle de l'enivrement eut pour principal effet de l'angoisser plus encore. La combinaison de tous ces éléments, en somme, ne calmait pas de beaucoup son agressivité et sa peur, mais entamait tout de même sa volonté.

Elle entendait maintenant clairement quelqu'un approcher. Les pas de l'individu étaient espacés, dévoilant une démarche presque caprine, et résonnaient surtout sur le plancher avec une netteté qui n'avait rien de naturel. La terranide se mit à espérer qu'il s'agissait du claquement des talons d'une grande dame, mais du vite repousser cette hypothèse absurde. Les rares personnes qui s'offraient le luxe de marcher avec des souliers aussi peu pratiques étaient toutes issues de la haute société de Nexus. Les chances qu'une telle aristocrate se trouve à ce moment seule dans sa maison étaient pratiquement nulles. Elles auraient été pratiquement nulles à n'importe quel moment, d'ailleurs. Elle se trouvait donc dans le flou le plus total. De plus, l'intrus arrivait par la cuisine. La seule explication qui lui vint à l'esprit fut qu'il était déjà présent dans la maison avant elle, ce qui renforça encore sa méfiance.

Le pelage et la queue de l'adolescente se dressèrent aussitôt qu'elle eut entendu la voix masculine. Celle-ci était puissante et profonde, et elle lui évoqua aussitôt un homme grand, puissant, et sans doute assez imposant. Dans l'absolu, ni son ton ni ce qu'elle disait n'était pas particulièrement menaçant, mais sa seule virilité suffisait à la rendre désagréable aux oreilles de la fauve. Elle détestait les mâles de façon viscérale, depuis son enfance, les considérait comme un bétail méprisable dont on se passerait bien du rôle fécondateur. Ces dernières années, ses principes s'étaient assouplis, car elle n'avait pas eu d'autre choix que d'accepter de vivre parmi eux, et même de travailler avec eux. Mais elle n'était certainement pas prête à se laisser dominer par un homme, aussi mal en point fut-elle.

-J'veux pas de ton aide. Dégage ou jte jure que je trouve un moyen de te faire manger, lança-t-elle d'une voix cassante qui avait encore perdue en force et en conviction.

Le dernier mouvement avait été celui de trop. Elle était presque paralysée, inapte à mouvoir ses jambes comme son buste. Elle ne trouvait même pas la force de se retourner pour dévisager l'inconnu. Ou peut-être ne le voulait-elle pas. Yan se prit à espérer qu'il se contente de lui plonger une dague dans le flanc. Elle préférait un tel traitement à l'humiliation, certaine que ce serait mieux comme ça. Il n'aurait ainsi pas l'occasion de contempler avec sadisme sa figure humide, déformée par le douleur et rougie par l'alcool. La jeune terranide fut finalement prise d'un spasme, et commença à toussoter des gouttelettes écarlates, alors que sa plaie était encore davantage tourmentée par les petites convulsions incontrôlées.

-'chier, cracha-t-elle.

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Ville-Etat de Nexus / Re : Une proie, peu commune [ Yan ]
« le: samedi 08 septembre 2012, 03:50:50 »
Paisiblement, Yan regarda sa victime perdre progressivement ses moyens. Ses pitoyables justifications étaient de moins en moins articulées et de plus en plus faibles. La chasseuse n'y prêta guère attention, persuadée qu'il ne s'agissait là que de mensonges éhontés. Elle poussa un simple soupir de soulagement lorsqu'au bout du compte, la jeune fille perdit conscience, et qu'enfin sa litanie s'acheva. Elle n'aurait pas été capable d'en supporter une seconde de plus, et l'aurait certainement assommée elle-même. Cependant, qu'elle s'évanouisse avec trois fléchettes n'était peut-être pas signe d'une très bonne constitution. La terranide n'y connaissait à vrai dire pas grand-chose en médecine, n'avait pas davantage d'expertise en anesthésie, et décida de considérer que c'était la dose normale pour une personne de la corpulence. Mais pour toutes ces raisons, elle n'avait aucune idée de quand se ferait le réveil de sa prisonnière.

Elle attrapa sans manière l'intruse, et la mena vers ce qui lui servait de cuisine. Une pièce à l'hygiène et à l'odeur atroces, où des morceaux de viande sanguinolents, qui rappelaient parfois des parties du corps humain, étaient suspendus à des crochets ou disposés sur des tables. Le sol, à l'origine blanc-cassé, était en de nombreux endroits tâché de sang. La découper puis la manger, voilà quel avait été son premier projet. La cambrioleuse avait néanmoins sauvé sa vie en parlant à la dernière seconde de son pouvoir. Yan avait entendu parler de ces humains, qui sans jamais avoir étudié la sorcellerie, développaient des capacités magiques innées. Voilà qui augmentait sa valeur de façon exponentielle. Par sécurité, elle attacha la future esclave à un barreau métallique, emprisonnant de chaque côté ses deux mains avec des menottes d'acier. Sur la terranide, le produit avait agit plusieurs heures, mais avec un impact plus faible. Celle-ci choisi de croire que la jeune fille ne serait pas en état de tenter quoi que ce soit avant au moins une durée équivalente.

Ce qui lui laissait tout le temps de trouver un acheteur... Elle enfila des habits plus urbains, et s'enfonça dans les bas quartiers. Il y avait bien quelques connaissances à elles qui pourraient se montrer intéressées...

Lorsque Yan revint, un bon moment plus tard, l'intruse ouvrait des yeux vitreux, probablement toujours sous les effets du MDMA. Dans le cas contraire, elle aurait été obligé de lui en injecter à nouveau. La pauvre droguée n'avait devant-elle que la terranide la fixant, un léger sourire aux lèvres, sur fond d'effrayante boucherie.

-Salut princesse, lança la chasseuse avec sarcasme. On a fait des beaux rêves ?

Prenant le risque de toucher l'ESPer, elle appuya la paume de sa main sur son front, pour être certaine qu'elle la regarde en face. Elle prit soudain un air grave et pointa du doigt une jambe humaine dépecée qui pendait derrière elle.

-Tu n'a pas envie de finir comme ce connard, pas vrai ? Alors je dois vérifier plusieurs choses. Deux choses en fait. D'abord -elle referma la main, ses griffes affûtées venant érafler le délicat front de la cambrioleuse- comment t'as passé mes pièges ? T'as parlé de ton pouvoir, avant de te chier dessus ; c'est quoi ?

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Ville-Etat de Nexus / Re : Intrusion ! [Yan]
« le: samedi 08 septembre 2012, 02:02:39 »
La vie de mercenaire, ce n'était pas de tout repos. Un employeur pressé pouvait faire appel à vous à n'importe quel moment de la journée, le moindre échec était durement sanctionné, et on ignorait si l'on allait revenir en un seul morceau d'une traque, d'une escorte. Yan aimait cette manière d'être, n'ayant jamais cessé très longtemps de travailler pour des truands toujours plus marginaux. Elle y était habituée, connaissait les risques, et savait les multiples façons d'éviter la casse. Pourtant, cette fois, elle avait bien failli y passer. Avec plusieurs associés, elle avait participé à l'attaque d'une planque investie de bandits, pour le compte d'un caïd pas plus respectable. Hélas, leur attaque parfaitement planifiée et exécutée avait été anticipée et défaite, sans doute, songea amèrement la terranide, à cause d'un taupe dans leur équipe. Surprise, comme ses camarades, elle avait à peine eu l'occasion de se défendre, avant que deux coups successifs lui déchirent la jambe puis la poitrine. Il s'en était fallu de peu qu'elle ne soit purement et simplement égorgée par la passe de taille. Elle s'était évanouie et avait été laissée pour morte.

Avec horreur, elle s'était réveillée au milieu d'un petit charnier, ensevelie sous le poids de deux dépouilles, deux de ses anciens partenaires. Elle se sentait étrange, frigorifiée, mais ne souffrait pas... Jusqu'à ce qu'elle tente de se dégager. La blessure de son poitrail se réveilla alors, la plaquant au sol. Elle redressa alors difficilement la tête et contempla son corps meurtri. Son haut était maculé de sang et barré d'une plaie béante d'environ quinze centimètres, légèrement courbe. Surmontant le mal, elle tendit ses muscles pour repousser les charognes des hommes de main, parvenant à les faire basculer sur le côté. Descendant de la pile de cadavres, elle fit un deuxième erreur en essayant de se tenir debout, et s'effondra. Elle se releva encore, à la force des bras, et parvint à prendre une posture vaguement quadrupède. Il était tard, trop tard pour que des humains y voient quelque chose dans ce quartier peu éclairé. Heureusement, l'obscurité ne résistait pas aux yeux des terranides, et malgré sa souffrance et sa vision brouillée par des larmes de douleur, elle se retrouva rapidement.

Yan s'était péniblement traînée jusqu'à sa demeure, par chance assez proche. Elle avait déjà dépassé ses limites physiologiques. En outre, l'entaille de sa poitrine, en réponse à un déplacement qui avait tout du rampant, s'était déchirée un peu plus, créant une nouvelle hémorragie. L'adolescente à bout de souffle défit d'une main la ficelle qui piégeait l'entrée de la maison, pénétrant dans le vestibule. Elle progressa par à-coups jusqu'à ce qui avait jadis fait office de salon. Depuis qu'elle avait pris possession des lieux, l'endroit ne ressemblait plus à grand-chose. Des armes et des munitions étaient posées aux endroits les plus improbables, la crasse recouvrait le sol, un fauteuil était renversé, et le canapé était zébré de nombreuses griffures, vestiges d'un caprice. La terranide usa de ses dernières forces pour détacher un des drapés muraux ayant survécu à sa présence hostile et se cala au pied du sofa, incapable de s'y hisser.

Avec une grimace, elle arracha son bustier, avec lequel s'en alla un morceau de peau. Une vague de faiblesse glacée la traversa et elle manqua de s'évanouir de nouveau. Mais sa volonté tenait toujours et elle se contenta de régurgiter une bile acre, ne détournant cependant la tête que trop tard. Cela faisant, elle se rendit compte de la présence d'une bouteille de tord-boyaux à moitié-vide, qu'elle avait consommée la veille. Elle ne se souvenait pas de l'avoir laissée là, sans s'en plaindre. L'attrapant fébrilement, elle la porta à sa bouche, et ne cessa de boire que lorsque le manque d'oxygène fut trop fort. L'alcool endiguerait peu à peu la géhenne, pensa-t-elle avec un certain soulagement. Elle avait commencé à découper, à grand renfort de canine, le rideau dans le but de se constituer un bandage de fortune, lorsqu'un craquement l'interpella. Était-ce sa paranoïa, ou les effets de la boisson qui lui donnaient une impression aussi forte de ne pas être seule ?

-Cassez-vous, j'ai un flingue et je serai ravie de vous coller un trou de balle supplémentaire, hasarda-t-elle.

Elle était accoutumée à l'intimidation, et sa menace aurait été convaincante si sa voix n'avait pas déjà le ton d'une adolescente saoul. Yan regarda autour d'elle. L'arme à feu la plus proche était sur le canapé, à moins d'un demi-mètre. Presque inaccessible pour elle. Mais même mourante, elle n'avait pas l'intention de se laisser faire. Elle se jeta sur le revolver, prenant appui sur sa seule jambe valide. Cette dernière la lâcha à son tour pendant l'action, et la terranide poussa un cri de douleur. Elle se rattrapant au rebord du sofa, dos à cet agresseur fantasmé, sans avoir réussi à atteindre son dernier moyen de défense. Dans sa bouche, le goût du sang remplaça celui de ses tripes et du mauvais alcool.

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Ville-Etat de Nexus / Re : Une proie, peu commune [ Yan ]
« le: samedi 08 septembre 2012, 00:20:33 »
Les armes, Yan adorait les armes. Et il n'y avait pas à sa connaissance d'arme plus performante qu'une arme à feu. Si elle avait pu trouver dans Nexus des instruments de mort qui les surpassaient en efficacité, elle y aurait dilapidé toute ses primes, toute ses paies. Malheureusement, elle n'avait encore jamais rencontré d'engins plus perfectionnés que ceux-là. Elle se contentait donc d'entretenir consciencieusement un pistolet mitrailleur sur lequel était gravé les lettres CMB puis en plus petit l'étrange inscription ''PM Vigneron M2''. Elle en ignorait la signification, pensant qu'il s'agissait sans doute de la signature du forgeron, ou du mage (difficile de savoir si ces merveilles étaient le fruit de l'enclume ou de la sorcellerie), qui l'avait construite.

Mais une voix la troubla dans l'un de ses rares moments de tranquillité. Elle était trop éloignée pour en comprendre les mots, percevant tout de même par la hauteur qu'elle appartenait vraisemblablement à une femme. Si celle-ci parlait, peut-être disposait-elle d'un complice. Sa réaction aurait été autrement plus empreinte de paranoïa si elle avait été issue de la gorge d'un individu du sexe opposé. Elle se contenta donc de saisir le Vigneron qu'elle venait d'astiquer, hésita, attrapa également d'un grand poignard de combat, hésita de nouveau, et posant le poignard, se munie à la place un lanceur de fléchettes. Il y avait peu de chance que l'intruse soit autre chose qu'une voleuse, hors une grande partie des voleuses étaient des terranides. Yan n'allait pas cracher sur l'argent que lui rapporterait sa vente. Si les proies venaient à domicile maintenant, inutile de s'en plaindre.

Furtive, elle se rapprocha sans un bruit de l'origine des paroles. Elle ne mit guère de temps à repérer l'importune. Une jeune fille blonde, pas beaucoup plus vieille qu'elle. La chasseuse pesta en silence. Les humaines ne s'échangeaient que dans les plus bas fonds, et trouver un acheteur était cent fois plus difficile. La plupart des marchands ne se risquaient pas à en faire commerce, celui-ci n'étant pas vraiment toléré en plein jour et pouvant créer un scandale et une vendetta populaire sur un étalage en un rien de temps. La cambrioleuse inspectait soigneusement la demeure, sans doute à la recherche d'objets de valeur à subtiliser. Elle ne trouvera rien par ici, songea Yan. Quelques secondes après que l'intruse eu repris la parole, s'exprimant visiblement toute seule, elle fit feu.

De son pistolet à fléchette, heureusement pour sa cible. Elle préféra forcer un peu la dose, et tira deux fois de plus. Telles des piqûres de guêpe, les pointes pénétrèrent la combinaison rouge puis la peau rose de l'humaine, dans le cou, dans l'épaule et au milieu du dos. Instantanément, elles déversèrent une substance puissante que la terranide avait trouvé parmi les affaires de l'ancien magicien, annotée MDMA. Elle en avait vite compris la dangerosité lorsqu'elle en avait consommé une forte quantité par erreur, et qu'elle avait alors passé les trois heures suivantes à ramper sur le sol, bouillante et pourtant étrangement euphorique.

Ce qu'elle avait envoyé à sa proie devait largement suffire à lui enlever toute possibilité de se défendre efficacement, et même la rendre plus coopérative. Très vite un sentiment de bien-être, de désir devrait l'envahir, l'objectif étant surtout de réduire sa coordination musculaire et sa capacité à réfléchir au minimum. C'était aussi un bon recourt contre les magiciens, qui ne parvenaient plus à déployer la concentration nécessaire à leurs maléfices après une ou deux injections.

-En effet humaine. J'ai quelques talents pour attraper la vermine.

Observant la réaction de son interlocutrice, Yan s'avança prudemment, prête à tirer d'autres fléchettes si la voleuse faisait le moindre geste un peu trop rapide. Elle se tenait droite, le bras gauche, porteur du pistolet neutralisant, tendu, la satisfaction mêlée à la méfiance au visage. N'ayant pas prévu de sortir avant la fin de soirée, et n'ayant pas bougé de la journée, elle ne portait pas de haut, et un sous-vêtement minimal. Malgré sa quasi-nudité, elle gardait une prestance prédatrice, animale.

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