Le quartier de la Toussaint / Au bord du caniveau (PV Diane)
« le: mercredi 19 janvier 2011, 21:52:40 »Un bruit de cassure éclata dans la pièce. Du vase précieux, il n’en restait que de multiples morceaux épars qui vinrent s’écraser contre le mur. L’une des fleurs répandues à terre s’était brisée en deux sous le tranchant de la lourde machette. La petite Lucie poussa un hurlement de rage avant de laisser l’arme du diable s’abattre sur le tabouret. La pointe e l’objet transperça le meuble, se retrouvant ainsi coincé dans le bois verni. Malgré sa colère inexpliquée, tel un volcan furieux qui vomissait sa lave en fusion, la jeune enfant eu un mal de chien pour dégager sa machette du petit trône. Lorsqu’il y parvint enfin, elle se mit en devoir de démembrer à jamais le tabouret. Elle abattait son arme dessus, frappait de manière désordonnée, faisait craquer ses membres de bois, le réduisait en petit morceaux déformés.
De la même manière, la jeune Lucie entrepris de détruire une foule d’autres objets de son grenier. Son sol était jonché d’un millier de cadavres, allant du livre déchiré à un piano réellement méconnaissable. Lorsque l’enfant eu fini son office, sa lourde machette s’échappa de ses mains pour tomber sur le plancher d’un tintement métallique sonore.
Qu’est-ce que cela pouvait faire du bien… Détruire tout ce qu’elle trouvait dans son grenier était là la meilleure manière que l’enfant avait trouvé pour pouvoir laisser passer sa colère dévastatrice. Lucie essuya son front trempé de sueur d’un revers de la manche de son pyjama, haletante, le souffle court, le cœur battant. Sa colère avait fondu comme neige au soleil. Seul persistait désormais un grand vide dans le creux de son ventre.
Satisfaite, se sentant calmée pour quelques heures, Lucie tourna la talon et ouvrit la porte du grenier d’un grand coup de pied, ce qui lui valu un petit gémissement de douleur. Elle descendit au salon et se rendit de là jusqu’à sa chambre. Lorsqu’elle eu franchit les portes de sa demeure, éternellement vide de vie depuis près de deux ans, Lucie était habillée et lavée, les cheveux encore trempés, formant un masse sombre sur le haut de sa tête.
Au dehors, il faisait froid. Le vent s’était levé, mordant sa chaire encore détrempée par l’eau de la douche. Quelques nuages grisâtres parsemaient la voûte… mais cela ne sentait pas la pluie pour autant. Cela sentait plutôt la moisissure du début de l’Automne, tandis que les arbres commençaient à perdre leur chevelure rousse et jaune.
Marchant le long d’un trottoir vide de vie, n’accordant pas le moindre coup d’œil aux maison qui la jalonnaient. Lucie se massait le poignet car une vie et détestable douleur irradiait son muscle. Elle serrait les dents à s’en casser la mâchoire, furieuse de s’être ainsi fait mal bêtement.
Aujourd’hui, beaucoup étaient partis pour les longs jours ferries qui se succédaient, suite à d’anciennes grèves générales. Il n’y aurait pas de ces saletés de gens qui polluaient la ville et les trottoirs ! Les magasins seraient fermés ! Les écoles aussi ! Il n’y aurait pas de ces crétins de gosses qui riaient et jouaient stupidement, se frappant en rigolant, se donnant des claques, jouant bêtement à chat !
La jeune enfant souffla, le regard rivé sur le caniveau. Le caniveau était salle… Il y avait une canette de boisson gazeuse égarée… Et les mégots avaient éclos comme d’écœurantes fleurs. Les gens ne pouvaient-ils par être plus soigneux ? Qu’est-ce que cela pouvait l’énerver tout ça !
Lucie sentie une ombre passer à côté d’elle. Son sang bouillant palpita à ses tympans.
-Tu as un problème toi ?