Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Messages - Archie

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Ville-Etat de Nexus / Re : Le coup de filet [VV]
« le: lundi 25 février 2013, 20:12:30 »
D'accord, sa situation n'est pas idéale, mais elle n'est pas, et de loin, la pire dont elle aurait pu souffrir. Au moins, sa semi-nudité est cachée, et l'étreinte sur son corps est tout-à-fait supportable : elle n'est même pas tenue en laisse. J'aurais aussi pu juste lui attacher les mains dans le dos et les chevilles ensemble, avec une corde qui lui aurait écorché la peau, avant de la traîner dans les ruelles, son absence de vêtement exposée aux yeux de tous. J'aurais pu. J'aurais du, peut-être, sans doute.

Encore une fois, j'anticipe son mouvement moins d'une seconde avant qu'elle l’exécute. Presque aussitôt, je sens ses pieds percuter avec force mon dos, et j'ai à peine le temps d'adoucir un peu ma trajectoire, alors que je fonce droit vers une porte fermée. Je m'étale sur le sol, face contre terre. Sous le choc, mes dents supérieures entaillent violemment ma langue, et un goût de sang se répand dans ma bouche. Des étoiles envahissent ma vision. J'essaie de suite de me relever, craignant qu'elle se jette sur moi. J'esquisse une grimace de douleur lorsque je me rend compte que j'ai du mal à me redresser, ma colonne vertébrale m'élançant à chaque tentative. Je suis plié en deux, et je dois reprendre mon souffle avant d'endurer la souffrance d'une remise sur mes pieds. Je me frotte le dos avec appréhension. Je ne crois pas avoir grand-chose, mais certains mouvements risquent de m'être pénibles dans les prochaines heures. Je pense cependant avoir assez de volonté pour surmonter cette difficulté.

Alors que je me redresse, je la vois, qui tente de se défaire du rideau : malgré mes efforts, elle a réussi à dissimuler une dague je ne sais trop où. Je tente d'arrêter sa main avant qu'elle se libère complètement. Je constate que ma télékinésie est extrêmement faible. J'arrive à la dévier un instant, mais de n'arrive pas à la bloquer. Je fronce les sourcils, et fait comme si de rien n'était. Je touche l'arrière de mon cou. Le choc a peut-être endommagé une liaison cybernétique particulière, ou plus probablement, l'a coupé. Je me sens toujours aussi intelligent, alors l'implant n'a pas pu être totalement détruit : j'ai déjà eu à vivre des situations où il n'agissait plus, et cette retombée dans l'autisme était autrement plus désagréable. Je m'inquiète un peu, sans plus. J'ai déjà reçu des coups plus violents, et aucun ne m'a jamais réduit définitivement. Toujours est-il qu'elle a peut-être sentie que mon pouvoir à décliné. Je suis sans défense, modérément en danger. Je sais que si elle m'inflige des blessures trop graves, j'entrerais en crise, et ce serait elle qui se mettrait à sérieusement risquer quelque-chose ; ça ne m'arrange pas non plus. Je dois simplement gagner du temps, pendant que je retrouve mes facultés. C'est la meilleure chose à faire.

-Ça ne sert à rien de courir, je te rattraperais toujours facilement. Je lis dans tes pensées, tu ne peux pas m'échapper... Je feins l'indifférence, alors que je continue à me frotter la nuque.

Si elle me lance sa dague, je suis assez confiant : je m'y attends, et elle est suffisamment légère pour que je puisse quand même l'écarter de sa trajectoire. Je cherche à sonder son esprit, et j'y parviens sans trop de mal. J'essaie, dans ses pensées immédiates, de trouver un quelconque sujet pour la troubler, tout en restant hors de portée. Je relève par hasard un forte rancœur envers sa mère, je ne sais pas exactement à quoi cela fait référence, mais cela fait mon affaire.

-Alors, ta mère était voleuse aussi, ou c'était juste une personne pas très fréquentable ? Comment on devient la légendaire double V, au juste ?

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Ville-Etat de Nexus / Re : Le coup de filet [VV]
« le: lundi 25 février 2013, 16:16:39 »
Elle m'insulte. Je ne suis pas très sensible aux insultes en règle générale. Les autres élèves m'insultaient souvent, quand j'étais au lycée : parce que je suis trop petit, trop faible, trop intello, trop bizarre, parce que j'ai plusieurs classes d'avance. Mais s'ils ne me faisaient rien, c'était parce que j'étais persuadé d'être tout simplement plus intelligents qu'eux, et qu'ils reportaient leur médiocrité sur moi. Ici, même en usant de mauvaise fois, je ne peux pas trop appliquer ce principe. Elle a raison, je suis un être relativement pervers. Pas plus pervers que la moyenne, je crois, mais ça n'était pas une excuse en soit. Je ne m'énerve pas, j'ai déjà assez dévié du code moral que j'avais imaginé comme ça. Je ferais un bien piètre héros, alors autant que je sois un chasseur de primes correct. D'un autre côté, quand je l'aurais délivré au poste de garde, cela n'aura plus vraiment d'importance : elle verra bien pire.

-Tu es en colère, je constate, d'une voix redevenue froide. Je ne peux pas permettre ça à quelqu'un qui veut me tuer. Trop risqué. Désolé.

C'est vrai, si je lui ai enlevé ses habits, j'essaie de le croire, c'est avant tout parce que je craignais qu'elle y cache des armes. Quand je ne la maîtriserais plus télékinétiquement, je devrais être sûr qu'elle ne puisse me nuire. C'est une voleuse entraînée, et elle a sûrement eu l'occasion de se battre, ce n'est pas mon cas. Ses réflexes et sa vitesse constituent pour moi un danger certain. Je trouve sans mal une solution au problème. À l'aide de mon pouvoir, j'arrache un rideau bordeaux tendu dans l'espace qui mène au balcon. Je le fais léviter jusqu'à elle, puis je positionne les bras de VV en croix sur sa poitrine et finalement, enroule le lourd tissu autour de son corps, seule sa tête et ses pieds dépassent. Je prends ensuite la ceinture rouge, puis l'utilise pour fermer bien solidement le paquet. Enfin, je la remets à l'endroit, et je lâche l'emprise. Elle retombe sur le sol, mais sa capacité de mouvement n'est pas meilleure : elle devrait être obligé pour avancer de faire seulement de minuscules pas. J'hésite à faire une laisse, mais je renonce. Elle n'a aucune chance de s'enfuir, de toute façon, pas besoin de l'humilier plus.

-Voilà, je ne te tiens pas, mais je peux le faire, alors évite d'essayer de t'enfuir. Je te rattraperai facilement, de toute façon.

Je prends sur mes épaules le reste de ses habits, je ne suis pas très musclé, mais la charge n'est pas excessive. Enfin, je lui fais signe de me suivre. J'ai enregistré tous les chemins qui menaient au poste de garde, et je connais précisément celui que je vais emprunter, à la fois court et pas trop fréquenté. Il ne faudrait pas que quelqu'un se mette en tête de me voler ma prise.

-Alors, ils vendent les criminels comme esclaves, à Nexus ? Ils sont plus utiles comme ça qu'en prison, je suppose... Je ne sais pas trop quoi en penser, ça n'existe pas de là où je viens. Mais si tu as nuis à la société, c'est assez juste que tu te rachètes... Non ?

J'espère que lui parler va la calmer un peu : pour catalyser le processus, je tente de diminuer son agressivité au moyen de quelques suggestions psychiques.

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Ville-Etat de Nexus / Re : Le coup de filet [VV]
« le: lundi 25 février 2013, 13:57:21 »
Je peste : elle doit tellement bien connaître les moindres artifices qu'elle cache dans sa tunique qu'elle n'y songe même pas en me parlant. À moins qu'elle n'en ait tout simplement pas, évidemment, mais dans ce cas, j'avais espéré que la réponse lui traverse également l'esprit. Je suis donc dans la seule situation qui me rend encore incertain de sa dangerosité réelle. Lui laisser les mains libres est déjà un risque, j'ai constaté qu'elle était assez vive pour me surprendre, même lorsque je lisais ses pensées. Il lui faudrait beaucoup de chance, et une bonne dose d'inattention de ma part, mais un couteau, ou quelque-chose d'aussi rapide pourrait m'atteindre sans que j'ai le temps de réagir.

Quoi qu'il en soit, elle est totalement à ma merci, et je dois avouer que c'est un sentiment assez grisant. Je comprends tout à fait le plaisir sadique que ressentent les geôliers en enfermant leur victime. Ce n'est pas digne du justicier que je suis, et je tente de résister aux pulsions malsaines qui m’assaillent. Je continue à scruter machinalement le fil de ses pensées, et je sens la peur, bien cachée. Je m'y attarde, pour en connaître sa nature. Les sévices qui l'attendent si elle est prise, au moins, j'ai ma réponse. C'est vrai que l'esclavagisme, ce fléau disparu de la Terre, existe à Nexus, et que le commerce d'êtres humains semble assez foisonnant. Est-ce si horrible ? Je n'en sais rien, les grecs, les romains, malgré leur grande sagesse, en usaient sans scrupule. Je me suis toujours senti plus près de la République de Planton que de Politique d'Aristoste : la servitude ne m'a jamais parue très souhaitable. Cependant, je dois avouer que j'ai sans doute beaucoup été influencé par les lumières un peu aveuglantes de l'éthique moderne. Peut-être, après tout, n'est-ce pas si mal.

Elle songe aussi assez nettement à ce que les gardes font subir aux prisonnières. Je ne doute pas une seconde qu'un soldat la trouve à son goût. Je déglutis. L'idée à beau ne pas venir directement de moi, cette perspective engendre dans mon esprit un tourbillon de pensées concupiscentes. Toute la rationalité du monde, toute la puissance de calcul de mon cerveau n'est pas grand-chose face aux plus bas instincts de ma partie humaine. D'autant que j'ai beau jouer l'indifférent, je ne suis en réalité pas très difficile à appâter, sans doute un effet secondaire de mon jeune âge. Tant d'images de nature douteuse s’exhument, s'offrant à moi avec la précision que seule une mémoire absolue permet. J'ai toujours éviter ce genre de chose, quand bien même, avec un peu d'aide de ma télépathie et le nombre de filles faciles à Seikusu, j'aurais pu mille fois m'y prêter. Mais je n'ai jamais été aussi proche de pouvoir imposer une volonté aussi primaire à quelqu'un. Qui m'en tiendra rigueur ? C'est une criminelle, et il n'y a personne pour nous observer. Je mon pantalon se serrer. Je repousse tant bien que mal ses pulsions.

Celles-ci ne sont hélas pas totalement sans effet sur ma logique. Je considère la logique comme quelque-chose de sûr, mais je ne suis pas assez stupide pour ne pas savoir que même elle, dans une certaine mesure, est subjective. Une part de moi-même me pousse savamment au constat suivant : je ne peux pas prendre le risque qu'elle cache encore des armes. Je me rends compte que mon raisonnement est largement influencé, et pourtant, il me paraît tout-à-fait justifier. Je n'ai pas envie de perdre la vie pour une petite négligence. Des questions stupides et hors propos me passent par la tête sans que je puisse rien y faire, sa pilosité corporelle est-elle grise, comme ses cheveux ? ; sa peau sous sa tunique est-elle plus claire ?

-Très bien, puisque tu ne veux pas répondre... je réplique, d'une voix un peu rauque.

Je prends un air concentré, et je paralyse ses bras à la verticale, tendus. Ses bottes sont délacées, et tombent à côté d'elles. Puis je tente de faire descendre sa tunique par télékinésie. Je n'y parviens pas de suite, mais je ne suis pas disposé à perdre mon temps : je m'y reprends une deuxième fois, tirant assez violemment pour finalement la faire glisser sur le sol. Il ne me faut qu'une toute petite impulsion pour défaire ce qui retient encore sa poitrine. C'est une position qui la met assez en valeur, je crois. J'inscris à jamais cette envoutante étendue de peau nue dans ma mémoire. La vue de cette zone normalement cachée aux regards me donne l'irrésistible envie d'aller plus loin. Son short remonte le long de ses jambes, puis je le dépose lui aussi non loin. Je me mords la lèvre inférieure, songeur, mon regard reflétant, et c'est chose rare, un certain désir. Je n'ai jamais vue de femme nue de mes propres yeux, la perspective m'excite assez. Elle a les jambes serrées, si je les desserrai un peu pour mieux pouvoir observer... si elle n'a pas d'armes... Je commence à ôter son dernier habit. Mon cœur bat la chamade. Je me sens coupable, des sueurs froides coulent dans mon dos, laissant un sillage glacial. Alors que je n'en suis pas encore aux genoux, je renonce, et laisse retomber l'étoffe à sa place. Je baisse les yeux, honteux.

-Je... euh... suis désolé. Je soupire, avec un léger regret. La suite du programme est la suivante. Je ne vais pas pouvoir te transporter comme ça, alors je vais t'attacher. Et ensuite, je t’emmène au poste de garde. 3000 pièces, c'est plus que ce que gagne un paysan en un an de travail, je le crains... Tu aurais peut-être du songer à te livrer toi-même...

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Ville-Etat de Nexus / Re : Le coup de filet [VV]
« le: lundi 25 février 2013, 03:51:22 »
Ça faisait longtemps que je n'avais pas été autant pris par quelque-chose ! Si je remonte dans ma mémoire, je dirais au moins depuis la dernière conférence de mécanique quantique à laquelle j'ai assisté. Cette exploitation de l'effet tunnel avait vraiment été passionnante : il existe, dans ce modèle physique, une chance, assez infime, qu'une particule puisse franchir une barrière de potentiel sans pour autant disposer de l'énergie nécessaire. Dans l'absolu, on pourrait même conjecturer qu'il existe une très petite probabilité qu'un humain traverse spontanément un mur, pour faire simple. Mais je crains que ça n'est pas beaucoup à voir avec la situation.

Bon, sans trop faiblir, je continue à la suivre. Elle me lance un tabouret, par une méthode assez habile. Cela ne représente pour moi aucun danger, même s'il avait été lancé dans mon dos. Je n'en fais pas beaucoup de cas : je l'intercepte au vol, et je prends même la peine de le faire atterrir sur ses pieds. Je la sens qui panique. L'appréhension commence à la gagner, elle se rend compte qu'elle ne va sans doute pas réussir à me distancer. Elle va finir par faire une erreur, et je me mets à espérer qu'elle ne va pas trop se blesser. De fait, je gagne encore du terrain, sans vraiment me presser. J'essaie de repousser un peu l'échéance, le moment où je la stopperai totalement. Je pense qu'en l'état, que je suis en mesure de stopper sa course, mais je n'en fais rien. La voir courir, l'observer perdre peu à peu ses forces est un spectacle presque aussi intéressant que d'assister à sa voltige. Il y a quelque-chose de fascinant là-dedans, enfin, je ne suis pas sûr que ce soit très sain.

Nous parcourons encore la large pièce pendant un moment : elle prend tous les risques, n'hésitant pas à se suspendre à des lustres pour tenter de me fuir. Une partie de moi me dit que la laisser s'épuiser, la pousser dans ses derniers retranchements serait objectivement intéressant. Cependant, quand je sens que dans son esprit la douleur émerge, je choisis de couper court à la course-poursuite. D'autant que moi-même, je commence à fatiguer. Les plaques de métal qui parcourent ma colonne vertébrale sont brûlantes, ma tête me fait un peu mal, mon cœur frappe violemment ma poitrine sous l'effort continu. J'ai rarement autant poussé mes capacités à bout : j'ai un peu peur que cela m'entraîne vers une crise. Mes implants ne sont pas toujours très stables lorsqu'ils sont utilisés trop intensivement, et j'en perds parfois le contrôle (encore que parfois, cela survient sans raison immédiatement identifiable).

Je l'arrête donc lorsqu'elle s'élance de nouveau sur un balcon. Je l'enveloppe totalement dans un champ télékinésique, puis je la rapproche aussitôt de moi. Un colosse aurait eu toutes les peines du monde à résister à mon pouvoir, alors elle n'avait pas de grande chance de m'échapper. Surtout que la force n'offre aucune réelle prise physique : le cerveau a généralement l'impression que l'air devient partout  et soudainement solide. Le phénomène, pour ceux qui n'étaient pas habitués, était assez étrange, tous les muscles ou presque étant paralysés. Je la laisse dans une position un peu absurde. Elle flotte à presque un mètre du sol. Quant à moi, je me pose sans heurt.

-Vincente Valentyne, connue sous le surnom de Double V. Coupable de plusieurs vols à la tir, cambriolages, coups et blessures sur des gardes en exercice. Recherchée pour 3500 pièces d'or. Une jolie somme, qu'est-ce que tu en dis ?

Elle ne répond pas, je suis un peu perplexe : l'avis disait pourtant qu'elle était assez irritante, je m'étais donc attendu à une réplique cinglante. Puis, je constate que son visage rougit assez vite. Je penche la tête sur le côté, et sonde ses pensées.

-Ah, désolé. Un oubli...

Je desserre l'étreinte au niveau de sa cage thoracique et de sa gorge, la laissant de nouveau respirer. Je n'ai pas très envie de rapporter un cadavre à la garde, principalement parce qu'il n'est pas précisé si la cible doit être rapportée morte, vive, ou si cela n'a pas d'importance. Je préfère ne pas prendre de risque.

-C'était bien, cette poursuite. Tu es la personne la plus agile que j'ai jamais rencontrée. Je plains les pauvres gardes qui ont du essayer de te suivre, quelques fois. Désolé, je sais, ce n'est pas très juste de te faire prendre comme ça. Mais ça serait plus injuste si tu ne t'étais pas faite prendre tout court, pas vrai ? La loi, c'est un peu la justice.

La maintenir comme ça me demande beaucoup d'énergie : je cherche la manière optimale de la tenir en place. Finalement, je relâche en grande partie ma télékinésie, ne gardant qu'une contrainte au niveau des chevilles, que je garde collées entre-elles. Pour que la manœuvre soit efficace, je la retourne, tête en bas. Cela ne doit pas être très agréable pour elle, mais c'est le moins fatigant et le plus sûr pour moi. Les pans de son long manteau blanc, sa capuche, ses cheveux courts et gris, pendent. C'est assez amusant, mais je ne souris pas. Comme elle a les mains libres, je juge plus prudent de lui enlever toute réserve de projectiles éventuelle. Me tenant toujours à deux bons mètres d'elle, je dénoue alors sans la toucher sa ceinture, probablement encore pleine de divers fumigènes ou objets pointus et tranchant. J'amène l'étoffe rouge jusqu'à moi, et l'enroule autour de mon épaule. Après une hésitation, je fais de même avec le manteau, qui prend la voie des airs et termine en tas derrière moi.

-Tu caches quelque-chose de potentiellement létal, dans tes bottes, ailleurs ?

Encore une fois, la question n'a qu'un but : amener le sujet dans ses pensées immédiates. Je la regarde. Sans tout son attirail, elle est beaucoup moins impressionnante. Elle fait à peine plus vieille que moi. Quelle est la loi exacte dans cette ville de Nexus ? Dans beaucoup de pays, elle n'aurait jamais été condamné aussi durement, mais je doute qu'ici, les législations soient aussi conciliantes. Allait-on lui couper la main, ou juste la jeter en prison ? Je me souviens que l'affiche parlait d'un ''visage relativement standard''... Je le trouve plutôt beau, je crois. Ses yeux verts sont presque aussi captivants que les cabrioles que quelques minutes plus tôt, elle exécutait encore. Je ne me suis jamais trop posé de questions sur ce que je considérais comme mes canons de beauté : ce n'est pas le sujet que je parcours avec le plus de facilité, tant il est subjectif. Néanmoins je pense qu'ils ne s'éloigneraient pas beaucoup de la silhouette suspendue que j'ai devant moi. Je l'observe, la détaille, sans chercher à cacher mon regard.

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Ville-Etat de Nexus / Re : Le coup de filet [VV]
« le: lundi 25 février 2013, 01:50:32 »
-La première proposition était la bonne, je fais, toujours sans sentiment particulier.

Extérieurement, je dois être la froideur même, mais intérieurement, je bouillonne. Je n'ai jamais fais ça avant, traquer les criminels, c'est une activité vraiment nouvelle, et, je dois dire, assez excitante. Pour une première fois, je trouve que je ne m'en sors pas trop mal : j'aurais pu courser une personne innocente, mais sa réaction exclue tout de suite cette possibilité. Les probabilités qu'elle soit bien l'individu connue sous le nom de double V viennent de grimper de presque 15%, ce qui ne laisse plus beaucoup de place au hasard. Et même dans le cas où elle m'aurait trompé, elle a nécessairement quelque-chose à se reprocher. On ne court pas sur les toits quand on est un honnête citoyen, enfin, les situations qui en pousseraient un à le faire sont suffisamment rares pour que je puisse raisonnablement l'estimer.

Je sais ce qu'elle va faire avant même qu'elle commence à déplacer sa main vers sa ceinture. Ce qui ne me laisse quand même pas beaucoup de temps pour réagir. Elle pense vite. Pas aussi vite que moi, évidemment, elle reste humaine -ou quelque-chose de proche-, mais pour une humaine, elle est plutôt vive. Je n'ai pas vraiment eu le temps d'analyser ce que contient son projectile -elle ne l'a pas pensé suffisamment clairement-, mais il est possible qu'il soit fortement destructif, dans la limite, évidemment, qu'elle le lance relativement proche de sa propre position. La prudence, dans ce genre de situation, ne me semble toutefois pas superflue. Je m'élève dans les airs et tend devant moi un petit champ de force destiné à dévier les éventuels débris.

Il s'agit finalement d'un simple fumigène. La gène qu'il provoque chez-moi est assez mineure. Je n'ai pas grand mal à écarter le brouillard pourtant épais qui se dresse devant moi, surtout que j'en suis déjà en parti extrait de part ma position dominante. La diversion me fait quand même perdre quelques secondes. J'aurais sans doute pu l'immobiliser avant, empêché sa main d'atteindre la grenade, ou même simplement écarter la grenade en dehors de sa portée. Je me projette en avant, à ses trousses. Tout en la poursuivant, je cherche pourquoi je ne l'ai pas fais.

Peut-être pour le spectacle impressionnant qu'elle donne. Car si je n'ai moi-même jamais beaucoup apprécié la pratique d'un sport, cela ne m'empêche pas d'être, dans une certaine mesure, sensible aux exploits physiques. Sa façon de virevolter d'un bâtiment à l'autre est stupéfiante, digne des héros les plus agiles des quelques films d'action que j'ai vus. Lorsqu'elle est en l'air, lorsque ses pieds ne touchent plus le sol, avant d’atterrir, de saisir une nouvelle prise, et de se lancer encore, elle paraît voler : bien plus que moi, dont le déplacement est certes efficace et sans risque, mais beaucoup plus lisse. Voilà peut-être d'où vient l'étymologie du mot voleuse.

Je ne la poursuis même plus, je me contente de la suivre, et de l'admirer, comme on admire une artiste de cirque. Hypnotisé par sa danse, j'oublie même un instant que je suis supposé la capturer. Ses mouvements s'enchaînent parfaitement, sans même une rupture lorsqu'elle défonce de ses deux pieds tendus le verre d'une fenêtre. Silencieux, je m'engouffre à mon tour. Les rares passants témoins de l'affaire portent plus volontiers attention aux cabrioles bruyantes de double V qu'à moi, lévitant discret et sans trop d'effort apparent. En réalité, je ne suis pas très habitué à cet exercice, et je sens bien que je ne tiendrais pas éternellement un tel rythme. Une goutte de sueur perle sur mon front. Je pense avoir quand même beaucoup plus de réserve qu'elle, et ce à tout point de vue. Elle a beau être douée, sauter d'un bâtiment à l'autre demande énormément d'énergie.

-Désolé, je reprends son intonation, mais on ne me sème pas facilement !

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Ville-Etat de Nexus / Re : Le coup de filet [VV]
« le: dimanche 24 février 2013, 23:27:24 »
Je suis très satisfait de voir que mon plan fonctionne. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, malgré le fait que je sois télépathe, je ne comprends pas mieux le mode de pensée de la plupart des gens. Au contraire, je pense que si un psychiatre analysait mon psyché, il en déduirait que je suis au bord de l'autisme. J'ai le plus grand mal à me mettre à la place de quelqu'un d'autre, et, à vrai dire, si je n'avais pas cette capacité à aller chercher directement des informations sur l'état d'esprit de mes interlocuteurs, il n'est pas dit que je sois capable d'en déduire leur humeur. Heureusement, cette fois, j'ai visé juste : je la vois, elle s'échappe. Alors qu'elle disparaît à ma vue, son esprit demeure pour moi assez simple à repérer, puisque je suis toujours en connexion avec lui. Je peux suivre sa trace aussi nettement que si elle avait laissé une traînée fluorescente sur le sol. Il faut quand même que je prenne garde, mes capacités ont des limites, notamment de portée. Je ne pourrais continuer à la localiser si elle courait jusqu'à l'autre bout de la ville.

Elle va vite, et je n'ai pas vraiment le choix, il faut que je la poursuive. Faire du sport ne m'a jamais beaucoup amusé, cela m'a toujours paru quelque-chose de primaire, et d'accessible à tous. Faire du sport, cela m'a toujours paru gâcher mes capacités à faire autre chose, aussi. Pourquoi devrais-je faire de la musculation alors que je peux sans mal soulever n'importe quelle haltère sans même me servir de mes mains ? Pourquoi devrais-je courir lorsque je peux évoluer dans les airs plus vite que n'importe quel champion de 100m au sol ? Pour éviter d'attirer l'attention, peut-être. Je sais que beaucoup utilisent ici ce que l'on nomme vulgairement magie, mais vestige de mes habitudes sur Terre, ou je devais au mieux cacher mes capacités, je préfère me faire discret. Alors je cours, et je n'aime pas vraiment ça. Très vite, mes poumons s'enflamment, et je sens mes mollets devenir durs. Je suis parti trop vite, sans échauffement, et sans entraînement. Je pense que demain, j'aurais des courbatures. Tant pis, je m'aide un peu, je renforce mon pas, je réduis les frottements de mes pieds sur le sol. Au final, je cours sur une sorte de coussin d'air de quelques millimètres, qui avance à ma place. Mon esprit est beaucoup plus efficace que mon corps : c'est beaucoup plus agréable.

Enfin, elle s'arrête de bouger, du moins en long et en large. Je lève les yeux, je l'observe monter avec agilité sur une pille de caisse. Un instant, j'envie son adresse. J'aurais bien été incapable d'en faire de même sans télékinésie. Quand bien même mon cerveau aurait analysé chaque prise, calculé chaque trajectoire, je n'aurais sans doute pas eu les capacités physiques pour exécuter exactement ce qu'il m'aurait dicté. Mais encore une fois, un tel talent m'est inutile. Nous sommes dans une petite ruelle, personne ne nous observe vraiment. Sans même me soucier de faire semblant de grimper comme j'avais fais semblant de courir, je m'envole, tout simplement, à la verticale.

J’atterris sur le toit, elle a complètement stoppé sa fuite. Je ne sais pas immédiatement ce qui l'a motivée, alors je cherche dans ses pensées immédiates. Elle cherche à savoir qui est à ses trousses. Je n'en vois pas l'intérêt, mais à présent, elle a sa réponse. J'ignore comment elle va réagir. Je n'ai pas l'air de grand-chose, en réalité, et cela m'importe peu. Je suis moins grande qu'elle, je ne dépasse pas le mètre cinquante, je suis maigre, je fais à peine adolescent. Je porte une tunique simple en toile brune que j'ai acheté en arrivant, pour me fondre plus facilement dans le paysage. J'ai l'air de ne jamais avoir vu le soleil, aussi, étrange dans une contrée ensoleillée comme celle-ci. Vraiment, je ressemblerais à un inoffensif gamin aux yeux un peu trop bleus si je n'avais pas lévité à une dizaine de centimètres de tout appui. Ce dernier élément, évidemment, me trahi un peu. C'est volontaire, j'espère qu'à présent, elle va se soumettre sans faire d'histoires. Je me pose sur le toit, pour économiser mon énergie.

-Vincente Valentyne, connue sous le nom de double V. Veillez confirmer qu'il s'agit bien de votre identité, j'articule sans agressivité, de ma voix assez aiguë.

La question est stupide de prime abord, évidemment. Cependant, quoi qu'elle réponde, je saurais, en scrutant son esprit, si elle ment ou non, et j'en déduirais ainsi qui elle est. Je pourrais aussi l'immobiliser dès maintenant. Je n'en fais rien. Un reliquat de la présomption d'innocence, ou peut-être je trouve cela un peu trop facile. Je n'en sais rien, ma partie humaine est parfois hermétique à la raison.

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Ville-Etat de Nexus / Le coup de filet [VV]
« le: dimanche 24 février 2013, 21:22:38 »
Archie était arrivé la veille, par un portail que son protecteur avait dressé pour lui. La discussion entre-eux avaient été âpre, mais en fin de compte, ils avaient fini par tomber d'accord. Même le jeune garçon ne pouvait rester vigilant 24h sur 24, et ceux qui lui en voulaient, eux, ne lui laissaient pas de répit. Après ce qui s'était passé dans le quartier de la Toussain, ils n'hésiteraient même plus à venir le chercher jusque dans le lycée lui-même. Il n'était plus en sécurité nulle part... nulle part sur Terre. Cela faisait longtemps qu'il connaissait l'existence d'une autre dimension, il l'avait lu dans l'esprit de l'incroyable nombre d'individus étranges qui déambulaient dans Seikusu. Il en avait croisé au moins une centaine, et estimait leur nombre à un bon millier. La décision avait donc été prise : la seule façon qu'il lui restait d'échapper aux chiens fous dépêchés par ses créateurs, c'était de changer de dimension. Rien que ça. Les capacités de son cerveau avaient beau être formidables, il ne trouvait pas dans les sciences modernes d'équation pour expliquer comment cela était possible.

Et pourtant, il avait traversé cet étrange cercle, et il était arrivé dans une ville, qui, à l'évidence, n'était pas du même monde. Il se serait cru retourné au moyen-âge, aussi bien culturellement qu’architecturalement. La noblesse côtoyait l'esclavagisme, la justice expéditive à base d'avis de recherche, le banditisme à l'ancienne. Si ce n'était que les individus qui y déambulaient n'avaient pour certain pas grand-chose d'humain, hybrides animaux, elfes, et même vampires. Scrupuleux et méthodique, il avait entreprit de parcourir la ville pour s'en constituer une carte mentale : évidemment, la tâche n'était pas possible à faire en un jour. Aussi s'était-il couché et avait reprit le lendemain.

Le petit matin revint, et Archie, après avoir pris un repas de tripes et de pommes de terre qu'il trouva d'une saveur affreuse -mais il n'était pas difficile- sortit de l'auberge dans laquelle il avait loué une chambre. Son protecteur lui avait donné un peu d'argent, cependant, il ne pourrait vivre éternellement à ses crochets. Il devrait trouver un moyen de gagner sa vie par lui-même. Les capacités du jeune garçon étaient nombreuses, et il n'avait que l'embarra du choix. Lorsqu'il était encore sur Terre, il avait pensé à devenir super-héros : quelque-chose qui ne payait pas beaucoup. En revanche, il y avait une activité qui payait beaucoup mieux, et qui n'en était pas si éloigné. Chasseur de primes. De suite, cela remua dans son esprit les souvenirs de vieux westerns en noir et blanc qu'il avait regardé lorsqu'il était encore en laboratoire. C'était décidé, il allait traquer les bandits. Ni une ni deux, il se rendit au poste de garde, et enregistra une à une toutes les avis qu'il trouva exposés. Leurs moindres détails resteraient tous sans exception gravés dans sa mémoire pendant des années.

Puis il entreprit de reprendre où il s'était arrêté la veille. Il était en train de calculer le temps précis que l'entreprise allait lui prendre, quand une petite silhouette attira son attention. Un manteau blanc et une ceinture rouge. Parmi la masse des passants et des individus sur lesquels reposaient des primes, cela n'aurait interpellé personne, pas même un garde. Il aurait fallu un incroyable hasard pour qu'un soldat vienne à se rappeler à ce moment précis que cela était un élément d'un avis de recherche. En revanche, pour Archie, se souvenir de ce détail était plus qu'élémentaire, il aurait fallu un miracle pour qu'il ne s'en souvienne pas très précisément.

Sans précipitation, le jeune garçon jeta un regard à la silhouette, et compara ce qu'il voyait à la description. Une carrure féminine et frêle (encore qu'elle faisait presque dix centimètres de plus que lui) quelques mèches de cheveux gris qu'il apercevait.

-Probabilité de correspondance entre l'individu recherché et l'individu en présence, 85%, énonça-t-il à voix basse pour lui-même.

L'adolescent était encore à une vingtaine de mètres de sa cible, et il commença à s'en rapprocher assez lentement. Il n'était pas très sûr de savoir de quelle façon la capturer. Il aurait sans doute pu le faire d'ici, mais avec toute cette foule, il rencontrerait peut-être des opposants. Tout en continuant à réduire la distance, il se mit progressivement à sonder l'esprit de la fugitive, non pas pour lire dans ses pensées immédiates, les seules auxquelles il aurait accès dans cet état, mais pour être sûr de ne pas la perdre si jamais elle tentait de le semer. Puis il mit son plan à exécution. Il se contenta d'introduire un léger sentiment d'insécurité, l'impression d'être épiée, dans l'esprit de sa cible, et tenta de le renforcer du mieux qu'il pu la paranoïa qui devait déjà exister dans la tête de quelqu'un recherché. Avec un peu de chance, qu'elle se rendre compte ou pas qu'il tentait de l'appréhender, cela la ferait bouger, il l'espérait vers un endroit moins fréquenté.

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Le quartier de la Toussaint / Re : Le Coup de Pistolet [Sentinel]
« le: mardi 20 novembre 2012, 00:37:29 »
Des stries glacées se mirent à descendre le long de la nuque de l'adolescent, entraînant un léger vertige. Il eut brièvement l'impression d'être debout et sur le point de tomber. Heureusement, légèrement paniqué, il reposa les mains sur le sol, et se rappela aussitôt qu'il était déjà assis dans l'herbe. Il se sentait toujours un peu flotter, mais à mesure que la pression retombait, il retrouvait peu à peu une partie de ses capacités cognitives. S'il ne parvenait toujours pas à retrouver les éléments d'une précision extrême de sa mémoire photographique, les grandes lignes lui réapparaissaient assez nettement. Il commençait aussi à se repérer géographiquement.

-Le japonais pas, ma langue maternelle... Moi non plus. Attendez, Ciara. Je dois me concentrer.

Archie leva les yeux, contempla l’immensité du parc, et les baissa bien vite. Il avait toujours été un peu agoraphobe, trop d'informations à analyser d'un coup troublaient parfois sa pensée, et son état n'améliorait pas ce trait. Il s’essuya encore le visage avec le mouchoir qui n'avait plus du tout fière allure, et ferma les paupières. Le jeune garçon prit une grande inspiration, plaça les mains sur ses oreilles, tenta de sa calmer en harmonisant le rythme de sa respiration sur celle de son cœur, qui ralentissait enfin. Il fit la moue lorsque sa langue, faisant le tour de son palet, détecta la douloureuse fracture d'au moins deux dents cassées, résultant sans doute du coup de crosse. Sans vraiment s'en rendre compte, il pensa à haute voix, mécanique.

-Diagnostique : brûlures second degré profonde, 3% de l'épiderme. Nécessite désinfection, risque d'infection à moyen terme. Brûlures second degré superficiels, 12%  de l'épiderme. Bénin. Brûlure premier degré, 62% de l'épiderme. Bénin. Une prémolaire fêlée, deux molaire brisées, saignement buccaux. Bénin. Épistaxis. Bénin. Légère commotion. Bénin. Tension, rythme cardiaque élevé. Psychosomatique. Présence de la molécule FS6. Effets non-identifiés, hypothèse empirique : douleurs insoutenables, trouble des connexions neurales avec les implants cybernétiques, engourdissement des facultés cérébrales, forte réduction du potentiel métacognitif en particulier. Conclusion : pas de séquelle à long-terme, mais auto-défense impossible à assurer, risques d'agressions importants pour une durée indéterminée.

Comme s'il venait de sortir d'un sommeil profond, Archie cligna les yeux contempla à nouveau la jeune femme. Il paraissait relativement calme, rassuré, et si des larmes n'avaient pas continué à perler le long de ses joues, confiant. Ses phrases étaient déjà beaucoup moins hachées que le discours qu'il avait tenu une minute avant.

-Merci, lança-t-il pour la troisième fois. Mais tu sais, Stanislav Siridov ne mentait pas... Je ne suis pas humain. Il ne fait que son travail. Militaire, chasseur, pour le gouvernement, mission non-officielle. Démarché par le projet ARCHIE. Il rattrape les expériences ratées, enfuies. Moi. Je n'ai pas envie d'être enfermé encore... Inintéressant. L'adolescent secoua la tête en réponse à l'affirmation de son interlocutrice. Non. Ça ne m'aurait pas tué. Siridov, tireur d'élite, aurait pu m’abattre, plusieurs fois. Toi aussi peut-être. Pas sûr, je n'avais pas toutes mes capacités d'analyse. Scrupules de sa part ? C'est peu probable, froid, méthodique, efficace : admirable. Trop de risque de me toucher, sans doute. Me tuer, pas leur volonté. J'ai coûté trop cher. Mais ils vont revenir. Pas dans un lieu publique, incident diplomatique à éviter. Problème pour eux, peu probable que je me fasse avoir une seconde fois. Nécessité d'une intervention dans un délais court, avant récupération de mes facultés.

Archie cracha des débris d'émail qui lui grattaient l'intérieur de la bouche. Une lueur apparu soudain dans son regard, passant d'une personnalité à l'autre. La déconnexion partielle entre ses deux cerveaux induisait une schizophrénie légère.

-Alors tu es une héroïne, comme dans les comics, c'est ça, hein ? Super cool ! Je connais par cœur 7852 pages de bandes-dessinées... je crois. Il fronça les sourcils, sans perdre son enthousiasme. Je sais que je ne risque rien avec toi ! Tu vas me protéger alors, hein ? Hey, tu crois que je pourrais être un super-héros, moi aussi ?

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La seule main tendue d'Archie sembla calmer un peu l'adolescente. Il lui adressa un sourire timide, où filtrait encore une certaine inquiétude. Se plongeant avec appréhension dans les méandres de ses pensées, le jeune garçon fut surpris de la place qu'il prenait dans ses pensées à ce moment précis, comme s'il avait été l'unique élément d'ancrage dans un ouragan déchaîné de sensations systématiquement excessives. C'était assez angoissant. Il avait l'impression d'être brusquement devenu le centre d'intérêt des dizaines de personnes à a fois, d'avoir été dénudé au milieu d'une foule captivée. Son anxiété ne s'améliora pas lorsque, remontant le long des cils interminables, il croisa les iris émeraudes de l'étudiante. Les battements de son cœur accélérèrent alors que le regard absinthe s'illuminait brusquement.

Et pourtant, le moment qui suivit fut au contraire un instant de sérénité. Les pensées que captaient l'adolescent devenaient semblables aux autres. Les contours des objets, redéfinis, correspondaient enfin à la réalité physique de ce qui l'entourait. Chaque chose cessait d'être déformé par l'esprit malade de la jeune fille. Archie se trouva presque aussi gêné par ce retour à la lucidité, quand elle le dévisagea : oui, quand il ne défiait pas la tempête, il n'était plus si impressionnant, du haut de son mètre cinquante, de ses trente kilos et de son air d'enfant de douze ans. Malgré la phrase intrigante de son interlocutrice, sur laquelle il se garda de faire le moindre commentaire, il comprit que la crise était terminée. Il poussa un soupir de soulagement, apaisé comme s'il avait éteint une radio qui jouait de la musique trop fort.

-C'est bon, tu es capable de marcher ? demanda-t-il posément. Tu es interne ou tu dois rentrer chez-toi ?

Même si le jeune garçon sentait que le trouble était passé, il continuait à se préoccuper de l'inexplicable émotivité de l'étudiante. Il regarda, soucieux, les larmes s'accumuler puis perler sur ses joues blanches. Difficile de savoir si la chute avait été la cause ou une conséquence de son état de confusion mentale. Dans les deux cas, il ne lui semblait pas prudent de laisser l'adolescente s'en aller seule aussi tôt après une perturbation dont elle ne s'était pas encore remise. C'était encore plus vrai si elle devait s'aventurer en dehors du lycée, où les mauvaises rencontres étaient légion. Archie la laissa presque à contrecœur s'éloigner de lui pour contempler l'extérieur par la fenêtre. Il acquiesça, lui-même s'imposait parfois de perdre son regard au loin, après de longues séances de travail ; un bon moyen de décompresser.

Malheureusement, le paysage n'eut pas l'effet escompté, bien au contraire. Le jeune garçon ne le comprit pas tout de suite, éprouvant au départ un simple malaise, couplé avec un sentiment de fatalité presque morbide. Puis il constata que les pensées de son interlocutrice recommençaient à dériver. Il aurait même plus facilement utiliser les verbes fondre, voire pourrir. Une vague de dégoût le parcourut, vivant en direct la dégradation rapide d'un monde rationnel et fiable en une vociférante purée primaire.

-Yebat', jura-t-il entre ses dents.

Il ne comprenait pas la raison pour laquelle elle avait aussi vite replongé, et commençait à se dire qu'il y avait certainement du vrai dans les rumeurs qui courraient sur elle. Elle était dingue, folle. Il se demanda si ausculter la psyché d'une malade mentale présentait pour lui un danger. Y'avait-il un risque de sa manière pathologique de réfléchir déteignent sur la sienne ? Sa raison lui criait de rebrousser chemin et d'aller chercher l'infirmière, la manière la plus sensée de l'aider. D'un autre côté, il se disait qu'il en connaissait certainement autant, sinon plus, que la soignante, et qu'il avait davantage d'outils qu'elle pour comprendre l'étudiante. Il y avait quand même une amélioration, songea-t-il : si lui pouvait percevoir de nouveau sa folie, elle n'en manifestait pour l'instant plus aucun signe extérieur.

La remarque de l'adolescente, qui aurait paru à la plupart des gens totalement vide de cohérence, toucha évidemment une corde sensible chez le cyborg qu'il était. Avait-elle réussi à déduire son statut de trans-humain d'une quelconque façon, ou s'agissait-il d'une phrase émise au hasard, témoignage d'une impression qui n'avait rien à voir ? Archie penchait naturellement vers la deuxième solution, n'ayant perçu aucune analyse de ce genre dans la marmelade indigeste de ses pensées. Pour autant, la jeune fille était certainement l'esprit le plus difficile à lire qu'il ait jamais rencontré, et il ne pouvait être certain de rien. Un éclair de génie aurait-il sournoisement traversé la marre de boue acide sans qu'il le repère ? Il n'avait de toute façon rien à y perdre, personne n'irait donner du crédit aux dires d'une démentes. Il pouvait être intéressant de lui redonner confiance en elle, lui affirmer qu'elle pouvait être pertinente dans ses propos. Marchant vers elle, il posa sa main sur son épaule, effleurant son cou et ses cheveux pâles. Un geste semblable l'avait déjà calmé une fois, il y avait une chance non-négligeable pour qu'il soit aussi important que les propos qu'il formulait et l'influence télépathique positive qu'il dégageait sciemment.

-C'est vrai, tu as raison, je ne suis pas vraiment normal. Tu penses que c'est grave ? On peut en parler, si tu veux.

La conversation, espérait-il, réveillerait chez-elle les fonctions de son cerveau dédiées au raisonnement, et inhiberaient celles liées aux délires et aux rêves. Il n'y avait rien de tel pour remettre les pieds sur terre qu'une bonne démonstration logique, qu'un bon débat cartésien.

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Le quartier de la Toussaint / Re : Le Coup de Pistolet [Sentinel]
« le: mercredi 03 octobre 2012, 09:13:32 »
Une certaine sérénité se dégageait de sa sauveuse, qui faisait preuve à l'égard de l'adolescent d'une douceur presque maternelle, lui proposant même un mochoir. Ce calme relatif, par mimétisme émotionnel, suffi à rassurer Archie, et il parvint à renflouer sa panique. L'adrénaline dans ses veines retombait lentement, le laissant encore un peu stupéfait par la situation. Il remarquait enfin les bruits habituels d'un parc en pleine ville, cette ambiance où ne raisonnait aucun coup de feu. Ses oreilles bourdonnaient un peu, ayant été très proche d'un tireur en action, mais ce n'était étrangement que maintenant qu'il s'en rendait compte. Alors que l'impression d'avoir la moitié du corps dans un four en fonctionnement refusait de se dissiper, il obéit sans faire d'histoire, sans même s'interroger, à l'ordre de la jeune femme. Docile, il entreprit donc de s’asseoir sur l'herbe, grimaçant lorsqu'il dut plier ses genoux endoloris.

-Poverkhnostnyy ozhog, nichego serʹyeznogo, articula-t-il pour lui-même, réussissant à formuler l'ébauche d'un raisonnement cohérent, quoique ce fut en sa langue natale, qui sonnait à coup sûr est-européen... ne laissant pas beaucoup de doute sur l'origine partagée avec l'accent de Siridov.

Bien que l'inconnue blonde ait prit soin de le prévenir, il n'en frémit pas moins au contact du tissu trempé. Son corps se tendit un instant, ses épaules ses contractèrent, puis, finalement, il se détendit complètement. Cela faisait longtemps qu'on ne s'était pas ainsi occupé de lui, et encore plus longtemps encore que l'attention n'avait été prodiguée par une femme. Elles étaient rares parmi les scientifiques, le milieu subissant une écrasante domination masculine, et seuls des scientifiques lui avaient jamais consacré son temps.

Pour sûr, Archie avait connu de meilleurs jours, sa peau était encore frémissante, son crâne et nombre de ses articulations douloureux, mais il n'en appréciait pas moins le traitement. La main de la jeune femme derrière son tee-shirt mouillé, qui parcourait son corps. C'était une sensation agréable, un peu trop peut-être, puisqu'il sentit naître plus bas une chaleur qui n'avait rien à voir avec une quelconque brûlure. Malgré lui, il ne put s'empêcher de noter que sa sauveuse, une fois ainsi accroupie devant lui, lui donnaient toutes les raisons de ne pas détourner le regard de ce qui était à la hauteur de sa tête... L'adolescent croisa nerveusement les jambes, cherchant à trouver une position plus confortable et surtout dans laquelle son trouble serait moins visible. Ses joues avaient rosi, et si ce n'était pas immédiatement visible à cause de leur teinte déjà rougeâtre, elles n'étaient certainement pas la seule partie de son anatomie à avoir reçu un soudain afflux de sang. Tentant de cacher sa gène, l'urgence lui fit retrouver en un instant certaines structures idiomatiques japonaises :

-Merci. Je vais... euh, bien. Quel est ton nom ?

Débiter de telles banalités, qu'on apprenait usuellement dans les tout premiers cours de langue, l'aidaient mine de rien à reprendre possession du dialecte. Cela avait aussi le mérite de lui faire penser à autre chose qu'aux formes prononcées de la jeune femme. Il tenta d'exprimer des notions un peu plus complexes, cherchant ses mots les uns après les autres. Passée la confusion, il réalisait que son vocabulaire japonais était toujours présent, et que le mobiliser ne faisait que lui demander un effort supplémentaire, par rapport à d'habitude.

-Tu es très forte pour les avoir tous tués. Moi aussi, tu sais, je suis capable de ça. Je vole comme toi. Ça va revenir. Bientôt.

Il ignorait totalement quand le produit aller cessé de faire effet, il fallait d'abord que son corps l'évacue de sa circulation. Cela pouvait prendre des heures, mais il préférait être optimiste sur ce point. Il n'était de toute façon pas capable de l'estimer correctement, dans cet état. Le jeune garçon toussa, imbibant le mouchoir déjà souillé de quelques gouttelettes carmins supplémentaires. Avec plus d’appréhension, il prévint tout de même :

-Les soldats aussi, ils vont revenir. Il faudrait mieux que tu partes.

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Le coin du chalant / Archie, sa grosse vertu, et le reste !
« le: samedi 29 septembre 2012, 23:10:01 »
Bonsoir ! Je m'ennuis un peu et j'ai pas mal de temps disponible, alors je cherche un partenaire supplémentaire pour RP.

Difficulté : à priori, Archie ne peut pas accéder à Terra, sauf si vous voulez centrer le RP sur ça (il faudra néanmoins d'abord le rencontrer sur Terre).

Autre : quitte à faire preuve d'un peu d'hypocrisie, je n'aime pas vraiment les scénarios menant uniquement à du hentaï... Il doit bien rester des choses à faire !

Si vous êtes intéressé, avec ou sans idée, ma boîte à MP est ouverte ; on en discutera.

42
Agacé, Archie était extrêmement agacé. Pas envers son interlocuteur, qui aurait été bien pertinent de comprendre du premier coup ce qu'il entendait par ''trucs théoriques''. S'il avait été un peu moins nouveau, évidemment, le problème ne se serait pas posé et il aurait tout de suite compris l'allusion. Non, l'adolescent était énervé contre sa propre imprécision, pour ne pas avoir considéré cet élément avant. Il était presque infaillible en ce qui concernait les chiffres, les sciences dures, hélas, malgré sa télépathie, il avait encore des progrès à faire quant à la communication. Il s'était souvent soupçonné lui-même d'être un peu autiste, ayant des difficultés à se projeter à la place des autres. Beaucoup de grands-esprits mathématiciens présentaient ce genre de troubles. De plus, son cerveau était en partie machine, et les ordinateurs n'étaient pas connus pour leur grande flexibilité de raisonnement.

-Oh, c'est pas vraiment... ce que je voulais dire.

Néanmoins, le jeune garçon serra avec un certain enthousiasme la main de son nouvel ami, et profita de son sourire. Il tenta encore une fois de lui en rendre un, qui fut un peu plus convaincant, plus naturel surtout, que le premier. Il n'avait pas beaucoup de complices, et même si c'était principalement parce qu'il ne cherchait pas à s'en faire, il devait avouer que c'était plutôt stimulant ! Il avait quelques fois depuis qu'il avait quitté le centre ressenti le besoin irrationnel de se confier, peut-être Squall lui en donnerait-il l'occasion. Il y réfléchirait. Archie reprit un ton grave, et se décida à préciser sa pensée.

-Je voulais parler de la façon d'aborder les filles... Il se mordit la lèvre ; il était encore parti pour réécrire une incompréhensible figure de style. Autant aller droit au but. Le sexe. Ça sert à rien de l'éviter, ici t'as presque aucune chance de passer à côté. Même moi je fais fantasmer certaines personnes, alors toi, un grand brun ténébreux et athlétique, avec ce genre de regard... Grand, pour un japonais. Je sais qu'habituellement, on peut le rattacher à l'amour, à l'amitié, mais c'est pas comme ça que ça se passe ici. C'est aussi courant que de respirer.

Il faisait très attention aux mots qu'il employait, et envoyait télépathiquement quelques signaux positifs à l'esprit du surveillant, afin d'être certain qu'il ne se vexe pas. L'adolescent avait un peu l'impression de tricher, mais il n'avait pas envie de fissurer déjà l'amitié naissante.

-T'as pas l'air très à l'aise... C'est pas mes affaires, je m'en fous ! Mais si t'assures pas et que ça se sait, ce lycée va devenir un véritable enfer pour toi. Je sais que j'en donne pas l'impression, mais je connais pas mal de choses. Je peux te trouver des filles discrètes aussi, si tu veux de la pratique. Voilà, donc n'hésite pas.

Disant cela, Archie se recula de quelques pas, laissant à Squall le loisir de réfléchir. S'il pouvait aborder le sujet comme il le voulait avec n'importe quel étudiant, c'était bien plus délicat de ne pas brusquer un novice, tout en lui faisant bien comprendre la situation. Il inspecta les pensées de son interlocuteur, curieux de savoir comme ses propos seraient perçus, et prêt à calmer subtilement les signes d'énervement excessif. Il n'avait pas envie de recevoir un coup de poing.

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Prélude / Re : Mon petit Tokito...
« le: jeudi 27 septembre 2012, 14:34:45 »
Physiquement, tu n'es pas loin d'Archie, alors fais comme lui : coupe tes cheveux et prend un air viril ! Et ainsi, tu seras un vrai homme. ;D

Vi, bon, bref, bienvenue.

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Prélude / Re : Dreamland, le pays des Merveilles technologiques...
« le: mercredi 26 septembre 2012, 23:52:43 »
C'est qu'ils vaudraient presque le mien, ces implants ! Bon, d'accord, les miens ne sont que de simples amplificateurs, ils ne partent pas de rien...

En tout cas, chouette fiche, bienvenue !

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Le quartier de la Toussaint / Re : Le Coup de Pistolet [Sentinel]
« le: mercredi 26 septembre 2012, 23:35:11 »
Le FS6 : sans doute la contraction usuelle de la formule d'un composé dont le groupe fonctionnel reposait sur la liaison d'un atome de fluor et d'une structure type hexasulfure, songea Archie. Il avait visiblement pour but de le neutraliser. Si tel était le cas, son effet le plus évident aurait pu être de saturer certaines des synapses artificielles qui assuraient la communication entre son cerveau et ses implants, rendant celle-ci impossible. Ce fut la dernière pensée pertinente du jeune garçon, avant que le composé n'atteigne son efficacité maximale. Avec appréhension, il sentait le liquide brûlant parcourir ses veines, il sentait sa perception décliner, son esprit devenir moins clair. En l'espace de quelques secondes, son QI venait d'être divisé par deux, sa mémoire rendu largement inaccessible, floue. Sa raison si efficace jusqu'alors était réduite à presque rien, et elle se trouvait maintenant incapable d'endiguer la vague d'angoisse qui parcourut l'adolescent.

Crier, il aurait voulu crier, mais il n' y arrivait plus. Sa bouche était pâteuse, sa mâchoire engourdie, ses lèvres collées, et le sac qu'il avait sur la tête n'arrangeait pas son état. Sans même qu'il s'en rendre compte, ses glandes lacrymales déréglées déversèrent un flot de larme le long de ses joues, trempant la toile. Le coup qu'il reçu empira encore la situation. Des étincelles de douleur vive vrillèrent sa vue et obligèrent ses jambes à fléchir. Il s'effondra sur les genoux, heurtant le sol sans douceur. Un mucus blanc, puis un liquide carmin, virent obstruer ses voies nasales. Il ne savait plus comment respirer, sa bouche prit le goût cuivré du sang.

Son analyse de la situation était très sommaire, sinon inexistante. De l'autre côté d'une vitre opaque, il l'avait à peine compris, une femme se battait contre les hommes qui tentaient de le kidnapper. Il saisit quelques mots de la langue avec laquelle il avait grandi. De ce qu'il entendait des interjections confuses des soldats, elle volait et il était inutile d'engager un corps à corps contre-elle. Au final, il n'arrivait pas à s'y intéresser ou à se concentrer sur autre chose que lui-même. Il avait une impression de suffocation, mêlé avec une incompréhensible claustrophobie (lui qui craignait habituellement davantage les espaces ouverts). Il fallait qu'il se relève, qu'il court, qu'il enlève la cagoule qui le maintenait prisonnier, qu'il s’essuie le visage. Mais toute logique, toute coordination, l'avait quitté, ses doigts étaient gauches et mous, et Archie ne parvenait qu'à pousser de faibles gémissements de détresse.

Jusqu'à ce qu'il sente un rayon chaud l'atteindre tout entier. Chaud n'était pas le mot. Il n'était pas vraiment chaud, pas directement : il brûlait, la peau, les habits, sous les habits. Un courant électrique atroce remonta le long de sa colonne vertébrale et atteint une intensité maximum à l'arrière du crâne. La souffrance, cette fois, lui délia la langue, et il poussa une plainte plus sonore, de sa voix encore aiguë. Se recroquevillant sous le choc, il s'apprêtait à tomber de nouveau lorsqu'une poigne ferme le maintint debout... et le souleva même de terre. Ses tympans bourdonnant perçurent quelques mots rassurants. L'étreinte était douce, et quoique la douleur fut toujours présente, elle suffit à la calmer un peu. A le faire patienter jusqu'à ce que ses pieds touchent le sol.

Ce furent des réflexes de survie qui dictèrent les actions qui suivirent. Heureusement, sa sauveuse l'aida à se débarrasser du sac. L'adolescent toussa, cracha pour évacuer l'épaisse glaire carmin qui s'était accumulée dans sa gorge, et put enfin respirer presque correctement. De façon empirique, il se débarrassa aussi vite qu'il le put de son tee-shirt noir, qui, de par sa couleur, avait absorbé une grande partie du rayonnement et attaquait encore sa peau. Le geste révéla sur l'épiderme anormalement blanc de son torse juvénile, normalement couvert de tâches de rousseurs, de grandes marques rouges de brûlure qui suivaient les contours de son vêtement. Son visage, son cou et ses avants-bras, nus lors de l'exposition s'étaient empourprés légèrement moins. Plus toutefois que le reste de son corps qui, ayant été protégé par des habits plus clairs, affichait une teinte moins inquiétante.

C'était bien la première fois qu'Archie retirait son haut en présence de quelqu'un d'autre qu'un des scientifiques du projet l'ayant vu naître. En effet, tourner le dos, comme c'était actuellement le cas -la femme étant passée derrière lui pour défaire le nœud-, aurait aussitôt indiqué sa nature inhumaine. La position permettait d'observer facilement les nombreuses plaquettes de métal grises qui ressortaient de ses vertèbres, de son bassin à sa nuque. Néanmoins, ce n'était pas vraiment ce qui inquiétait l'adolescent, et il était de toute façon trop hagard pour réaliser la chose.

-Je... Archie... merci, balbutia-t-il.

S'il ne constituait pas de phrases, ce n'était pas par gain de temps, mais parce qu'il n'y arrivait pas. Le japonais, cette langue si obscure qu'il avait apprise en une semaine, lui semblait alors presque inconnue. Il ne retrouvait plus les structures grammaticales, et pourtant, étrangement, il avait compris la question de sa sauveuse. Le jeune garçon respirait par petites saccades, paniqué. Il tenta de chasser la morve et les larmes qui miroitaient sur sa face d'un revers de bras, tout en reniflant bruyamment. Il reconstitua ce qui lui restait de la scène, tout était si confus...

-Me ramener... prison.

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