La voix surprit Fila, qui sursauta. Mais en se retournant, pour observer la personne qui venait de parler, elle eut un grand sourire.
« Ce n'est rien, vous êtes pardonné. Je suis enchantée de vous rencontrer professeur. Je m'appelle Filomena Blanche. »
Elle écouta soigneusement ses explications sur le Prince exposé ainsi, et un fin sourire flotta sur ses lèvres. Elle sortit alors son carnet, avec un regard interrogateur vers le professeur pour savoir si ça ne le dérangeait pas qu'elle note ce qu'il lui disait, avant de commencer à griffonner. Elle était très intéressée, et très intriguée.
« Je crois toujours à l'impossible, pour ma part. La vie est tout de suite plus amusante. »
Elle avait bien senti que lui n'y croyait pas, même s'il l'aurait voulu. Elle était compatissante malgré tout, et lui offrit un ravissant sourire.
« Merci beaucoup professeur. Bonne soirée à vous. »
Elle le salua d'un petit geste de la main avant de se retourner vers le mystérieux prince sans nom. Elle passa une main sur la vitrine qui les séparaient, et l'observa longuement. Elle voudrait tant connaître sa vie, son caractère, le voir vivant... Bien sûr, ce n'était pas possible. Ce n'était qu'une momie après tout. Mais l'esprit de la rousse fonctionnait à plein régime. Les idées pour son livres se multipliaient à grande vitesse, avant de s'estomper. Peu à peu, comme si elle rentrait en transe, la jeune femme se sentait "immergée" dans l'ambiance de la galerie. Elle ne pensait plus aux visiteurs qui risquaient de passer. Elle se sentait étrangement en affinité avec cette momie vieille de plusieurs millénaire.
Elle était tellement absorbée par sa contemplation, tellement fascinée, qu'elle baissa sa garde. Ce don qu'elle gardait soigneusement caché remua quelque peu en elle. Elle ne frémit même pas, absorbée qu'elle était à imaginer la vie qu'avait pu avoir le monarque, à pourquoi est-ce que, malgré la légende qui vantait son immortalité, il était finalement mort... Et sans qu'elle ne s'en rende compte, sa température corporelle augmenta. Cette boule de chaleur qu'elle avait en permanence dans le thorax se répandit dans tout son corps.
Peu à peu, ses doigts devinrent bouillant, tandis que le reste de son corps restait à température élevée, mais du supportable pour les vêtements. Le temps passait, et la température de sa main augmentait toujours sans qu'elle ne s'en rende bien compte, tout à fait captivée, perdue dans ses pensées. Bientôt, le verre sous ses doigts commença à fondre. mais rendue où elle l'était, bien qu'elle se recula en sursautant, elle se dit que ça valait peut-être le coup de tenter. Imaginer réveiller cette momie...
Pour une fois, elle ne se contrôla pas. Elle reposa alors sa main contre la vitrine présentant des traces de fondue, et ferma les yeux. Plus la température augmentait, plus le verre fondait vite. Elle finit par creuser un trou à travers la vitrine, déclenchant une alarme.
Elle était allée trop loin pour reculer. Elle apposa sa main sur la momie du prince tandis qu'un cercle de flamme entourait sa silhouette, épargnant miraculeusement sa personne. Elle concentra tout son pouvoir dans sa main, et un geyser de flamme en jaillit. Sous la force des flammes qui sortirent de la paume de sa main, elle fut projetée en arrière sans que le jet ne cesse. Elle heurta un sarcophage vide, et s'effondra soudain sur le sol. Son pouvoir faiblit progressivement, et elle ressentit alors toute la fatigue que son utilisation causait.
Ses yeux ne voyaient que des flammes autour d'elle. Elle avait mit le feu à la galerie sans y prendre garde. Ce constat acheva de la sortir de la transe où elle était entrée.
« Mon dieu. Qu'ais-je fait ? »