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Le mystère du mage de Locmirail [Les Amazones]

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Lemme

Terranide

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    Description
    1m75, 60kg, une longue queue (60cm) dans le dos, deux longues queues (21 et 19cm) à l'avant et un pistolet arcanique à la ceinture.
    
    Originaire d'un lointain continent polaire et pratiquant d'une magie-science, il se qualifie lui-même « d'ingénieur ».
    
    Parcourt Terra sur son Trotteur, à la recherche de curiosités ésotériques pour le mage de Locmirail.

Le mystère du mage de Locmirail [Les Amazones]

mercredi 08 octobre 2014, 21:53:45

Y aller seul avait été une idée stupide, mais c'était un peu tard pour s'en rendre compte. La curiosité avait eu le dessus et avait pris le dessus sur la raison. Lorsque Sophomyn Gilbroltin lui avait fait part d'une nouvelle anomalie, Lemme n'avait pu que prendre la route.

La plupart des singularités qu'observaient le mage depuis les innombrables détecteurs du sommet de sa tour étaient ponctuelles et de petite envergure. Elles ne possédaient que des dimensions temporelles et spatiales réduites : quelques dizaines de mètres de rayon, pendant quelques minutes, voire quelques secondes. Si brèves souvent qu'il avait fallu, pour les étudier de plus près, être capable de les prévoir. Les deux mages étaient maintenant capables d'anticiper quand et où, plus ils se trouvaient proches dans le temps et l'espace, et plus la prévision s'affinait. Cependant, c'était au prix d'un travail de calcul difficile qui imposait de se reposer sur d'incertains procédés heuristiques, tant les informations manquaient ; pas plus aisé que l'établissement d'un modèle météo.

Celle-ci était différente. La singularité était apparue sans prévenir, dans une zone qui n'aurait, si l'on se reposait sur les calculs, pas dû être affectée par une quelconque perturbation spontanée avant des dizaines d'années, peut-être davantage. La toile de la magie était pourtant bel et bien altérée, et plus incroyable encore, elle le demeurait depuis maintenant plusieurs semaines. En réalité, son étendue et son âge n’étaient même pas connus précisément, les détecteurs du mage de Locmirail n’étant pas prévus pour des phénomènes d’une telle dimension. Si Gilbroltin en avait eu connaissance, c’était seulement parce qu’elle était d’une ampleur si importante qu’elle engendrait de multiples autres perturbations dans sa périphérie.

Enfin, un dernier élément rendait son étude irrésistible pour le chercheur qu’était Lemme : quand les autres singularités se rétractaient inexorablement après avoir atteint en une fraction de temps très courte leur ampleur maximale, celle-ci paraissait continuer à croître à un rythme régulier. Si bien que c’en était presque inquiétant. Ce type de manifestation étant souvent liés à des intrusions sur Terra d’éléments extra-dimensionnels, ce portail là était d’abord assez grand pour qu’une armée, ou même une ville toute entière y pénètre. La perspective d’une invasion venue d’un autre monde n’était pas réjouissante, mais il y avait plus grave. Une extension du phénomène, en effet, pourrait à moyen terme provoquer la fusion des deux réalités, sans certitude de ce qui adviendrait de chacune d’entre-elles. Le risque d’un effondrement planaire, une rupture complète de la trame de la matérialité suivie d’une dispersion de celle-ci dans le multivers n’était pas à exclure.

Y aller seul avait été une idée stupide, mais c'était vraiment trop tard pour s'en rendre compte. Le voyage qui l'avait emmené jusqu'ici ? Lemme n'était pas bien certain de s'en souvenir. Il se souvenait bien d'être arrivé dans un petit village nommé Troussebœufs. Loin de tout, il ressemblait avec ses palissades en bois davantage à une place-forte qu'à un bourg. C'était une question de nécessité, pour les paysans, que de pouvoir se protéger des pillards, en l'absence d'une armée pour les défendre. Le terranide avait dîné là, mais ne se rappelait plus exactement de ce qu'il avait mangé, ni d'ailleurs des gens qu'il avait croisés. Il avait encore de vagues images d'un chemin d'encore quelques kilomètres, et de la découverte de… quelque-chose ? D'un lieu sans doute ? Impossible de savoir lequel.

Au fur et à mesure que les souvenirs devenaient plus récents, ils devenaient paradoxalement plus flous. L'ingénieur n'avait plus aucune idée de ce qu'il avait fait cette dernière heure. Une ombre, une vision fugitive. Lorsqu'il cherchait à se remémorer la journée passée, son esprit en était réduit à fouiller le vide. Vide : les dernières minutes l'étaient absolument, un néant que ne venait perturber  le moindre fragment de conscience. À peine les pensées s'inscrivaient dans le cerveau du jeune homme qu'elles étaient aussitôt oubliées. En ces instants étranges, il n'était plus guidé que par son instinct, un instinct dont il ignorait jusqu'au déclencheur.

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Son instinct lui disait de courir.

Sous ses pieds, il voyait défiler un sol de pierre. S'il levait la tête, il voyait un haut plafond et en était étonné ; et s'il la baissait de nouveau, il était étonné de voir le sol de pierre. Il ne regardait en revanche jamais derrière lui, sans savoir pourquoi, si le danger résidait dans le ralentissement engendré ou dans la vision elle-même. Il savait seulement qu'il s'appelait Lemme Ostrovski, qu'il était un terranide, et, par habitude, il savait que ce qui battait contre son flanc droit était son arme. Il savait également qu'elle était inutile, et il savait qu'il fallait courir et ne pas surtout pas se retourner.

Ses poumons commençaient à le brûler. Il n'était pas aussi habitué à la course qu'il aurait dû l'être, sans doute. L'ingénieur se demanda où était son trotteur, comprenant qu'il aurait été plus vite sur son dos, et l'instant d'après, oublia la question et qu'il possédait un trotteur. Pourtant, sans trace de sa réflexion, son esprit tournait rapidement en rond, et l'interrogation ne tarda pas à se reposer, s'effaçant, comme toutes les autres fois, avant qu'il ait pu y apporter une réponse. Il leva la tête, vit cette fois le ciel, et s'en étonna de la même manière, sans plus. Puis il baissa la tête et vit le vide.

Le jeune homme s'en étonna à peine davantage. Une seconde intuition lui disait que s'il continuait, il allait tomber, et qu'il ignorait ce qu'il y avait en bas. Était-ce haut, ou un simple dénivelé de quelques dizaines de centimètres ? Mais même ce sentiment nouveau ne parvint pas à le faire réagir, et alors qu'il peinait à s'inquiéter de son sort, il se jeta du haut du précipice.

Et alors qu'il tombait inexorablement, il ne s'inquiéta pas plus. En effet, jusqu'à l'impact, tout se déroula parfaitement.
« Modifié: mercredi 08 octobre 2014, 22:09:14 par Lemme »

Les Amazones

Légion

Re : Le mystère du mage de Locmirail [Les Amazones]

Réponse 1 jeudi 09 octobre 2014, 03:02:27


Trousseboeufs et son château

Amazones présentes






Trousseboeufs était une ville ancrée dans le passé, lorgnant sur les jours glorieux des siècles passés, quand la ville était encore une place centrale du commerce, et où son puissant fort attirait des cohortes de guerriers, une époque où les mines de Trousseboeufs, qui portait alors un nom plus prestigieux, étaient alimentées par des nains, et où les gisements du fort se vendaient jusqu’à Nexus. La ville était alors puissante, riche, abritant suffisamment d’or pour former une armée régulière qui la protégeait des intempéries de la région, que ce soit les attaques de dragons, les pillards, les voisins lorgnant sur les richesses de ce fort trônant en maître au sommet de sa montagne. On disait que Trousseboeufs était jadis une cité naine fortifiée, s’enfonçant dans les profondeurs de la montagne, et le fort avait été progressivement construit autour des mines, avant de s’étendre. Les nains avaient dû recueillir de plus en plus d’immigrés, notamment des humains, mais aussi des Terranides, afin de pouvoir travailler dans les mines. Un beau passé, glorieux, où la ville accueillait des visiteurs fréquents et nombreux.

Un passé révolu. Les Amazones avaient lu cette histoire en remontant l’ancienne route commerciale de ce royaume désolé. Trousseboeufs avait permis de financer toute une vaste région, s’étalant tout autour de la montagne, et cette région était maintenant à l’abandon. Les villes-fantômes se multipliaient, et celles encore en activité n’abritaient plus que des bûcherons, des chasseurs, et des ivrognes. Les trois Amazones remontaient la légende de l’or perdu du Château Interdit. Les récits et les légendes se mélangeaient au silence renfrogné des autochtones, et elles avaient obtenu leurs informations en consultant les archives de l’abbaye de Trousseboeufs, un petit édifice religieux bâti dans la vallée.

C’était un fort très impressionnant, une véritable prouesse architecturale, un château qui semblait flotter dans le ciel, dominant toute la région.

« Quoi de plus surprenant ? avait commenté Sélène avec son scepticisme habituel en voyant ce fort arrogant et prétentieux. Les sédentaires sont majoritairement un peuple où le sexe masculin prédomine, et leur incapacité à porter la vie amène les mâles à compenser cette frustration par de grands bâtiments qui ne servent à rien. »

Ce qui s’était passé à Trousseboeufs était obscur. On disait que les nains avaient creusé trop profondément, libérant d’anciens maléfices, mais, dans les auberges, d’autres individus, une fois la langue déliée à l’aide de l’alcool et d’un décolleté facile à regarder, se lançaient dans des explications compliquées sur un une malédiction lancée par l’un des membres de la Cour du château, à cause d’une histoire d’inceste, ou de jalousie... Ce qui était sûr, selon ces sources, c’est que c’était une histoire de cul qui était à l’origine de ça. Le Château Interdit avait été fermé, condamné, car il était envahi de monstres... Les troupes locales avaient tenté d’en venir à bout, mais elles avaient échoué, et, après leur échec, les habitants avaient décidé de verrouiller l’accès au Château. Ils avaient mis des primes pour attirer des guildes dans un premier temps, mais, là encore, les aventuriers ayant tenté de s’aventurer dans le fort n’en étaient jamais ressortis, et, peu à peu, la ville était tombée dans l’oubli, finissant par s’appeler Trousseboeufs, et l’histoire de ce fort maudit était devenu une légende.

Qu’est-ce que trois Amazones faisaient donc ici ? La réponse était assez simple. Ce qui se trouvait dans le Château Interdit était revenu à la vie, comme s’il était sorti d’un long sommeil. Les prêtresses d’un temple d’Artémis l’avaient senti, et l’avaient transmis au peuple de la Déesse, les redoutables Amazones. Une puissance infernale, maléfique, dangereuse, et hostile à la Déesse-mère. Andromaque avait mandé trois de ses Amazones pour s’y rendre, et elles étaient parties, menées par Sélène, la puissante fille d’Andromaque, considérée comme l’Amazone la plus redoutable de la Horde... Après Tallia. Elwen, en raison de sa nature angélique hybride, était prédestinée pour une mission qui impliquerait de la magie. Quant à Acté, si elle avait l’habitude d’agir en solitaire, elle savait aussi qu’elle faisait partie d’une grande famille, et les ordres d’Andromaque n’étaient pas sujets à discussion pour elle. Quelle que soit la force résidant à Trousseboeufs, les Amazones en viendraient à bout.

Elles étaient arrivées il y a quelques jours, prenant une chambre commune à l’auberge. Elwen, comme à son habitude, préférait dormir dehors, en profitant pour méditer. Elles avaient rapidement appris que les villageois avaient ouvert leurs portes à un mage-Terranide il y a quelques temps, et qu’ils s’attendaient à recevoir d’autres fous.

« Je sens clairement une force sombre à l’intérieur, leur avait dit Elwen la veille du retour de l’infortuné mage. Elle est opaque, sombre, et floue... Je n’arrive pas à la définir avec précision. »

Une force suffisamment sombre pour préoccuper la Déesse-mère était toujours un sacré défi pour les Amazones. Andromaque avait par conséquent sagement choisi d’envoyer plusieurs des plus puissantes guerrières de la Horde, tout en leur expliquant que la Horde se rapprocherait de Trousseboeufs, afin de leur fournir un quelconque soutien logistique si jamais les choses venaient à se compliquer.

Quand Lemme tomba du fort, il s’écrasa sur le toit d’une masure, la paille du toit amortissant sa chute, et les Amazones se rendirent rapidement au temple, quand elles apprirent la nouvelle. Les moines de Trousseboeufs se chargeaient des soins médicaux, mais ils n’étaient pas très bons... L’Ordre Immaculé n’envoyait pas vraiment de bons éléments dans cette ville reculée, et Elwen se chargea donc de le soigner.

« Il a de multiples blessures, mais... Je pense réussir à le soigner. »

C’était un Terranide au visage doux, et les villageois étaient incapables de dire précisément d’où il venait. Ils étaient surtout surpris de constater qu’il avait réussi à sortir du fort. Elwen mit plus d’une journée à le soigner, alternant entre des phases d’opération, soutenues par des guérisseurs, et des phases de repos.

Lorsque le jeune Terranide se réveillerait, Elwen serait là, veillant sur lui. Contrairement à ce que ses ailes noires pouvaient laisser présager, elle était une Ange hybride extrêmement généreuse, probablement l’une des Amazones les plus douces qui soit au sein de la Horde. Elle était l’une des rares qui répugnaient à donner la mort, estimant que la vie était un cadeau sacré qui devait être protégé à tout prix, même à l’encontre des êtres les plus vils qui soit. Ce genre de raisonnements amenait fréquemment Sélène ou Acté à soupirer en levant les yeux au ciel, mais elles savaient que la générosité de son âme influait sur sa capacité à faire de la magie blanche, la rendant très douée. De plus, ce mystérieux mage blessé avait peut-être d’importantes informations à leur donner sur ce fort, et sur les menaces pesant à l’intérieur.

Il fallait juste attendre qu’il émerge.
DC d’Alice Korvander.

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Lemme

Terranide

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Re : Le mystère du mage de Locmirail [Les Amazones]

Réponse 2 jeudi 09 octobre 2014, 16:31:20

Le coma ne fut pas un état réellement désagréable pour le terranide ; en vérité, il n'était rien du tout, juste de l'inconscience. Même l'impact ne fut pas douloureux tant il fut bref et l'esprit de Lemme incapable de ressentir de vraie peur. Il n'en garderait de toute façon aucun souvenir, aussi était-ce un peu comme s'il n'avait pas souffert une seule seconde. Le réveil, en revanche, fut une autre affaire. Le passage d'un tranquille monde du vide à l'agité réalité se déroula difficilement.

La douleur était partout dans son corps, si bien qu'à peine fut-il revenu à lui qu'il en vint à formuler intérieurement le souhait de se rendormir. Mais dès lors qu'une impulsion dans son cerveau l'avait ranimé une fraction de seconde, l'état dans lequel il se trouvait l'empêchait de retrouver le sommeil, le condamnant à endurer son pénible statut de blessé. Seulement semi-conscient, l'ingénieur tenta sans ménagement pour lui-même de se tourner sur le côté, dans l'espoir de trouver une position plus agréable.

Un vif élancement dans son thorax l'en dissuada, et il retomba sur le dos avec un gémissement. La manœuvre eut au moins le mérite de le réveiller complètement. Lemme retrouva progressivement le plein usage de ses sens. Son toucher lui indiqua qu'il reposait à l'horizontale sur une surface relativement molle, probablement une paillasse. Par-dessus lui devait également reposer une couverture. Il avait la bouche extrêmement sèche et  la langue empreinte du goût métallique du sang, assez diffus.

Enfin, après un effort qui se lisait sur son visage crispé, le jeune terranide ouvrit ses grands yeux verts. Autour de lui, les reliques et symboles sur les murs lui donnèrent une indication presque certaine sur le lieu où il se trouvait : un temple. Lorsqu'il fut en état de raisonner, malgré sa désorientation, son esprit vif ne tarda pas à comprendre la situation, et sa présence dans cet endroit lui parut logique. Il était courant de se faire soigner dans les lieux de culte, dans cette partie de Terra, au contraire de sa région d'origine qui avait une tradition médicinale plus laïque.

Balayant la pièce, son regard qui ne voyait encore que flou ne tarda pas à tomber sur un visage qui lui sembla d'abord bienveillant. C'était celui d'une jeune femme aux cheveux sombres décorés de perles blanches. Quand il remarqua les ailes noires, une seconde plus tard, Lemme perdit un peu de sa sérénité. Toutefois, il ne se risqua à aucun geste et n'afficha aucun signe de panique. Dans ses prunelles maintenant fixées sur la figure de la guérisseuse qui le veillait se lisaient simplement la désorientation. Si elle avait voulu me faire du mal, ce serait déjà fait, songea-t-il.

Après un instant d'hésitation, il tenta de prononcer quelques mots, mais ceux-ci restèrent bloqués dans sa gorge. Le terranide toussa, et articula finalement d'une voix rauque :

« …Merci… je… suppose… »

Sa mémoire ne lui fournissait malheureusement pas beaucoup d'indice concernant sa situation précise. Il ne savait même pas exactement de la dernière chose qu'il pouvait se remémorer. Faire un point sur son passé lui demanderait encore un peu de travail. Il ne lui restait comme unique solution que d'interroger directement la seule personne à disposition. Le mouvement de sa cage thoracique lorsqu'il parlait était déplaisant, et sa gorge le brûlait.

« Je m'appelle… Lemme. Puis-je savoir à qui ai-je le plaisir et… où je me trouve ? »

Il referma les yeux, ceux-ci étant rapidement devenus vitreux. Ses paupières firent couler le surplus de liquide lacrymal sur ses joues. Il se sentait un peu chaud, probablement avait-il un peu de fièvre. L'ingénieur n'était pas non-plus certain de bien ressentir chaque partie de son corps. Toutes celles qui ne le faisaient pas souffrir lui paraissaient en fait suspectes. Mais le plus handicapant était sa soif, qu'il percevait à présent dans toute son urgence.

« Est-ce que je peux… je peux vous demander à boire ? » fit-il, en entrouvrant de nouveau les yeux.

Il se serait désaltéré du plus immonde des liquides qu'il en aurait tout-de-même trouvé un soulagement.

Les Amazones

Légion

Re : Le mystère du mage de Locmirail [Les Amazones]

Réponse 3 vendredi 10 octobre 2014, 01:56:37

Le jeune Terranide se réveilla pendant la matinée, à une période pendant laquelle Acté et Sélène étaient sorties s’entraîner. Elles le faisaient hors de la ville, dans la forêt, et Elwen, si elle y assistait habituellement, avait préféré rester près de son patient. Elle en avait profité pour discuter avec quelques moines, étant par nature une femme avenante, et toujours prête à partager. Elle avait ainsi pu constater que l’incompétence des moines résultait avant tout d’un manque de préparation, de moyens, et d’entraînement. Ils n’avaient pas vraiment de pouvoirs magiques, contrairement à Elwen, et étaient impressionnés de voir une Ange avec des plumes noires. Calmement, Elwen leur expliqua qu’elle avait hérité ses plumes de sa mère, de son enfance difficile. Sa mère était morte en la mettant au monde, après avoir été abusée par un humain cruel qui l’avait capturé, et l’avait torturé. Sa mère avait été une Ange trop faible pour se libérer, et les Amazones l’avaient secouru. Le sang de sa mère s’était répandu sur son corps, et, en conséquence, ses ailes étaient noircies, comme si elles étaient imprégnées de la tristesse de sa mère... Et c’était typiquement ça, car, si Elwen pouvait sourire, elle montrait rarement les dents, et ses yeux étaient figés par une perpétuelle mélancolie.

Quand son patient se réveilla, Elwen était seule, méditant, les yeux clos. Elle sentit une perturbation autour d’elle, une ondulation magique, qui lui annonça que son patient avait repris ses esprits, et elle rouvrit les yeux. Elle se redressa lentement, et, sans rien dire, lui laissa le temps de reprendre ses esprits.

« Tu te trouves dans le temple de Trousseboeufs, Lemme, et je m’appelle Elwen. »

Avec ses ailes, il était assez difficile de se méprendre sur ce qu’elle était, et, si Lemme avait des capacités magiques, il pourrait peut-être aussi percevoir son aura angélique. Avant de pouvoir lui en dire plus, le Terranide demanda à boire, et elle acquiesça. Elwen s’écarta de lui, ses ailes remuant dans son dos, et s’empara d’une cruche d’eau à proximité, puis l’approcha, un verre dans l’autre main. Ouais... Un Ange en train de vous apporter de l’eau, ça ne se voyait pas tous les jours.

« Tiens... »

Il était logique qu’il ait soif, car il était resté évanoui. Tandis qu’il reprenait des forces, Elwen lui expliqua qu’elle était une Amazone, et qu’elle était venue ici avec deux guerrières, Acté et la Princesse Sélène, afin d’enquêter sur des perturbations que des prêtresses avaient ressenti au sein de ce château. D’étranges anomalies magiques qui avaient suffisamment troubler ces dernières pour qu’elles demandent aux légendaires guerrières de la Déesse de s’y rendre séance tenante. Elles avaient ensuite appris qu’un Terranide avait réussi à entrer dans le château, et, quand il en était sorti, Elwen s’était précipitée pour le soigner.

« En un sens, tu as eu beaucoup de chance, car la chute que tu as fait aurait pu te tuer. Si je n’avais pas été là avec ma magie blanche... Enfin, ce n’est pas la peine d’y penser, tu es sain et sauf, et c’est l’essentiel. »

Son ton était calme, apaisé, sa voix réconfortante, mais ses yeux, eux, étaient toujours d’une profondeur insondable, ne souriant pas... Pour autant qu’on puisse trouver des yeux souriants, cela va de soi. Elwen s’écarta un peu de lui, veillant à ne pas l’étouffer. Il fallait avant tout lui laisser le temps de respirer, de reprendre ses forces, afin de pouvoir affronter au mieux les évènements à venir.

« Oh, et tu peux me tutoyer, Lemme... Normalement, tu devrais rester encore au lit, mais quelque chose me dit que tu es quelqu’un de résistant... Et, de toute manière, quand Sélène reviendra, elle voudra sûrement t’interroger pour savoir ce qui s’est passé dans ce château. »

Ceux qui disaient que les Amazones étaient des bourrines sans cervelles fonçant dans le tas en hurlant comme des démentes se trompaient lourdement sur leur compte. Au contraire, elles étaient très réfléchies, très prudentes, et plutôt du genre à avoir le plus d’informations possibles sur un environnement avant de s’y jeter. C’est pour ça que la Horde avait toujours des éclaireurs et envoyait continuellement des groupes d’Amazones, afin de choisir le chemin le plus sûr à prendre pour les déplacements de la Horde. Tout le reste n’était que l’esbroufe et de la persuasion pour impressionner et intimider les esprits faibles.

Des armes très fortes dans ce monde.
DC d’Alice Korvander.

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Lemme

Terranide

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Re : Le mystère du mage de Locmirail [Les Amazones]

Réponse 4 dimanche 12 octobre 2014, 04:05:35

La gorge moins sèche, il était plus facile pour Lemme de réfléchir et de s’exprimer. Si la nature angélique de d’Elwen était relativement évidente, rapport à ses ailes, l’ingénieur était dans l’incapacité de percevoir la magie d’une manière naturelle et était pour cela dépendant d’instruments. En effet, au contraire de la plupart des sorciers du continent, au contraire de Gilbrotin et, selon toute vraisemblance, au contraire de sa sauveuse, il ne possédait aucun don, aucun sens particulier. S’il avait un talent inné, il s’exprimait uniquement dans une capacité à résoudre des équations, à assimiler un grand nombre de connaissances et à comprendre des fonctionnements complexes. C’était d’ailleurs le cas de la grande majorité de ses collègues de l’académie royale, ceux nés avec une perception surnaturelle étant en général orientés vers d’autres carrières. Sergueï, l’homme dont il avait été amoureux, était une exception notable, et c’est ce qui le rendait si spécial et performant.

« Troussebœufs, le nom ne m’est pas inconnu… mais je crois que je suis incapable de le replacer, c’est troublant. »

Alors qu’il commençait, tant bien que mal, à s’habituer à ses séquelles physiques, le terranide prenait à peine conscience de ses troubles mémoriels. Ceux-ci ne l’effrayèrent pas moins. Lemme tenait à son esprit encore plus qu’à son corps, pour peut qu’il ait pu faire une distinction nette entre les deux. Qu’on parvienne ainsi à jouer avec ses souvenirs, avec l’intégrité de son cerveau, qu’il aurait préféré penser inaltérable, le rendait un peu nerveux. Je n’aime pas ça, mais je ne peux pas en tenir rigueur à Elwen. Je n’ai rien qui m’indique qu’elle ait quelque-chose à voir avec ça, au contraire.

« Alors je te remercie pour tes soins… J’ignore de quelles blessures je souffrais, mais je suppose que si j’ai frôlé la mort, alors je ne m’en tire pas si mal en me réveillant dans cet état. »

L’état en question n’avait rien de plaisant, mais il n’était après tout pas dramatique. L’ingénieur n’avait perdu aucun de ses sens et, a priori, aucun de ses membres. Au moins il était sûr d’avoir ses deux mains encore utilisables. Il se hissa un peu sur son lit, faisant glisser la couverture jusqu’à son ventre et découvrant son torse et ses bras. Il leva ces derniers devant lui et tenta de faire jouer ses doigts. Lemme était presque fasciné par leur raideur, la contraction de chaque muscle comme après trop d’efforts et la légère douleur semblable à une brûlure que chaque mouvement de phalange provoquait. Toutefois, ils étaient parfaitement fonctionnels.

« Toi et les amazones… je n’ai pas de richesses conséquentes à vous offrir, et je crains de ne même pas pouvoir vous fournir d’information sur le château dont tu m’as parlé. Ce qui me sert de cerveau ne fonctionne pas comme il le devrait. Ça ne se voit peut-être pas, mais je crois qu’il est dans un état pire que mon enveloppe. Je pense que quelque-chose le trouble. Mais j’ai une dette envers vous, et au pire… »

Tout en parlant, le jeune terranide testait les différents muscles de son corps. Un côté était plus douloureux que l’autre, et il supposait que c’était sur celui-là qu’il était tombé. Passant sa paume sur ses côtes, il constata qu’aucune n’était rompue. La guérison miraculeuse était sûrement une conséquence de la magie de l’ange. J’ai eu une chance incroyable. Combien d’êtres comme celui-ci parcourent ces terres ? Il ne comprit qu’à cet instant qu’il était peut-être face à une créature très importante, et malgré la familiarité qu’elle lui avait autorisé, sentit croître une certaine pression.

« ...vous pourrez toujours me réduire en esclavage. Je m’étonne que les gens de la ville n’y aient pas songé. Ce sont bien des humains ? » dit-il avec une certaine dérision, non sans offrir à Elwen un sourire dénué d’animosité.

Il savait qu’au moindre signe de faiblesse, les humains étaient toujours tentés de fondre sur les terranides pour les soumettre. Évidemment, le fait qu’il n’ait jamais été dressé rendait sa servitude moins précieuse, car beaucoup plus difficile à établir. Il était évident qu'il avait un sentiment d'indépendance beaucoup plus marqué que les serviles. La pratique était heureusement beaucoup moins courante dans les villes éloignées des capitales (il n'avait jamais mis les pieds à Nexus), où l’on avait pas les mêmes besoins de main d’œuvre, et les mêmes capacités de les nourrir.

« Je devrais voir si je suis capable de me lever… »

Lemme, après une hésitation, écarta la couverture et posa un pied sur le sol, du côté opposé à Elwen. Il était nu sous les draps, mais ça n’avait probablement pas d’importance. L’ayant soigné, l’ange avait sans doute eu tout le loisir de le contempler dans son plus simple appareil, et il ne pouvait plus rien lui cacher. Outre son anatomie particulière, il était un terranide assez athlétique, les multiples voyages depuis son départ l’ayant affiné et musclé. Il avait une peau dorée, et à l’exception de sa queue et de ses oreilles, une pilosité brun-roux normale pour un jeune homme. Il montra cependant assez de pudeur pour s’orienter dos à l’amazone.

Ses appuis tremblaient un peu, mais ils parvinrent à supporter son poids. Encore mal assuré, il fléchit les jambes, étouffant un gémissement et dans un bref moment où il sentait qu’il perdait l’équilibre, attrapa le côté du lit pour éviter de chuter.

« Je m’attendais à pire ! Est-ce que les villageois ont trouvé mes affaires ? Il reste quelque-chose qu’ils ne se sont pas appropriés ? Pour leur propre sécurité, je pense qu’il faudrait que je reprenne mon arme avant qu’ils ne parviennent à la faire exploser. »

Il devait transporter un bric-à-bras d’instruments, comme à son habitude : constitués de multiples cadrants, aiguilles et antennes, ils formaient un tas de ferraille et de céramique hétéroclite rangé dans un sac en cuir. Il y avait également son pistolet, bien sûr, un objet que les runes et le métal faisait tout-de-même paraître précieux. Une bourse pleine de pièces et de pierres semi-précieuses atypiques, et ses habits habituels, en cuir, dont des gants qui s’enroulaient sur toute la longueur du bras et des bottes qui montaient également assez haut.

Les Amazones

Légion

Re : Le mystère du mage de Locmirail [Les Amazones]

Réponse 5 lundi 13 octobre 2014, 01:25:49

Elwen le regarda se lever, s’extirpant de son lit. Le Terranide avait effectivement été blessé à la tête en tombant. Elle avait pu le soigner, mais il y avait encore des séquelles. Son cerveau avait été touché. Les lésions ne semblaient pas très graves, surtout si elles se limitaient à une petite amnésie. Certes, la Princesse Sélène serait assez mécontente de savoir que le jeune Terranide ne se souvenait pas du château, et ignorait visiblement tout de Trousseboeufs, mais Elwen, elle, était soulagée de le voir indemne. Il se redressa donc et se mit à marcher. Elle le regarda, non pas pour observer ses parties intimes (chez Elwen, les pulsions sexuelles étaient très faibles), mais pour voir la manière dont sa motricité fonctionnait. Ses jambes remuaient sans problème, et aucun de ses muscles ne semblait conserver trace des coups qu’il avait reçu. Autrement dit, Elwen pouvait être fière de ses talents. Elle avait appris à manier la magie blanche grâce aux Chamanes de la Horde, notamment Mythilène, qui lui avait été très utile. Ses conseils lui avaient permis de maîtriser son potentiel magique.

Lemme était inquiet, désirant récupérer son arme, mais aussi savoir ce qu’il devait aux Amazones. Son amnésie n’était pas totale, et il en avait profité pour brasser quelques clichés et autres stéréotypes à l’égard de son peuple. Tandis qu’il s’habillait, elle répondit à toutes ces questions, lui ayant laissé le temps de se remettre d’aplomb :

« Il ne faut pas croire tout ce qui est dit sur les Amazones ou sur les humains, Lemme. Nous n’avons nullement l’intention de t’asservir. Nous sommes plutôt hostiles à l’esclavage, en réalité. »

Elwen savait que c’était paradoxal, car les Amazones pratiquaient volontiers le rapt et le kidnapping, mais il fallait rentrer dans leur psychologie pour saisir la logique de leurs actions. Elles considéraient que, dans une société masculine, les femmes étaient nécessairement des esclaves, condamnées à être troquées comme des marchandises par leurs parents dans le cadre de mariages sordides. Capturer ces femmes, c’était, pour les Amazones, leur offrir une nouvelle vie. De fait, il était très rare que les ouvrières de la Horde, soit les femmes issues des sociétés sédentarisées, expriment le désir de revenir chez elles. Ceci arrivait parfois, et, quand il était avéré que la femme ne voulait pas rester, la Horde envoyait une escorte la ramener chez elle. Elwen ne niait pas que, pendant longtemps, la Horde avait eu des pratiques assez cruelles, qui avaient durablement marqué l’imaginaire collectif, abandonnant leurs enfants les plus faibles, ou celles refusant de les suivre. C’était sous la direction de la Reine Andromaque que la Horde s’était améliorée, moralisée, afin de respecter plus en accord avec les normes de l’Ordre Immaculé, qui voyait constamment d’un mauvais œil cette vaste troupe hétéroclite ne respectant aucune souveraineté étatique, et ne reconnaissant aucune frontière.

L’Ange se rapprocha un peu de Lemme.

« Tu ne me dois rien, il est de mon devoir moral de soigner ceux qui en ont besoin. Quant à ton arme, comme les armes ne sont pas autorisées dans un édifice religieux, elle a été entreposée dans l’armurerie du village, dans le manoir principal. »

Le seigneur de la ville était le prévôt. Ce choix illustrait le passé de Trousseboeufs, où le prévôt avait toujours eu en charge les gestions de la ville, le seigneur siégeant au château.

« Je vais t’y mener, si tu le souhaites. »

Vu qu’il avait visiblement tout oublié de Trousseboeufs, Lemme n’avait techniquement pas trop le choix, et elle se mit en marche, entreprenant de lui parler de la ville, et, évidemment, du massif château qui se trouvait derrière, si massif qu’il obstruait parfois le soleil quand ce dernier arrivait derrière. La ville semblait minuscule, étroite et rachitique, en comparaison de cette construction. En chemin, l’Amazone croisait quelques individus, des humains lui lançant des regards bougons, ou grognant à l’intention de Lemme.

« Ce château avait été le cœur de l’enrichissement de cette région, et, depuis qu’il est fermé, quand des gens tentent à nouveau d’y entrer, les villageois se rappellent amèrement des contes de leurs parents sur ce qui faisait jadis la fortune de cette région. »

Trousseboeufs était un endroit triste, sale, puant. Des alcooliques gisaient étalés au milieu de la rue, et la fange recouvrait certaines rues, un ensemble de boues et de détritus que les serfs balançaient depuis leurs fenêtres. Il n’y avait qu’un seul ouvrier en charge du traitement des déchets, qui passait de temps en temps avec un chariot métallique et une pelle pour nettoyer les rues. L’homme ne se foulait pas. Toute la ville fonctionnait au ralenti, les volets étaient fermés, et il y avait beaucoup de maisons abandonnées, aux vitres brisées, sinistres. Quand la tempête s’abattait sur la ville, les volets de ces maisons claquaient dangereusement, comme des parodies de films d’horreur tekhans.

Le manoir se trouvait au centre du village, dans une place cylindrique avec une fontaine au centre, où de multiples piécettes gisaient au fond d’une eau plus ou moins propre. Le prévôt, qui s’appelait Thomas, était hors du manoir, une bâtisse avec de la paille sur le toit. Il était assez maigre, et avait des yeux noirs profonds. Elwen n’avait pas spécialement confiance en lui, sans trop pouvoir dire pourquoi... Son air de fouine, sans doute.

« Ah ! s’exclama-t-il en voyant Lemme s’approcher. Revoilà le courageux héros ! »

Le ton était sarcastique, et le prévôt grogna.

« Je n’aurais jamais dû autoriser qu’on rouvre les portes de ce putain de fort. Vous me voulez quoi ? Pas votre flingue, j’espère ?! L’arme est réquisitionnée à titre de paiement pour le toit que vous avez démoli !
 -  Il n’était pas vraiment responsable, vous savez...
 -  J’devrais tous vous foutre dehors ! Des putains de vagabonds ! Vous allez réveiller les monstres qui sommeillent dans ce fort, et je ne veux pas de ça dans MA ville ! C’est déjà assez la merde comme ça sans que je doive affronter des comiques ! »

Bon... Effectivement, Thomas n’était pas enclin à négocier.

Et il était plutôt grossier. Elwen était contente que Sélène ou Acté ne soient pas là, car elles auraient déjà dégainé leurs lames. Ça, elles n’auraient clairement pas supporté qu’un homme, un mâle, leur parle sur ce ton condescendant et injurieux.

Carrément pas.
DC d’Alice Korvander.

Consultez ce topic pour une présentation détaillée de mes personnages.

Pour une demande de RP, je vous encourage, soit à poster sur le topic susmentionné, soit à envoyer un MP sur mon compte principal.


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