Mémoire oubliée (PV Shaka)

Pour une fois, Angie s’était décidée à sortir en journée. Histoire de faire un peu de shopping et de trouver ses futures proies. Elle adorait les bourgeoises BCBG, de parfaites victimes pour une psychopathe de sa trempe. Sauf que ces derniers temps, elle était contrariée. Angie avait beau chercher, elle ne trouvait aucun renseignement la concernant. Elle qui pouvait obtenir des informations sur n’importe qui se révélait incapable d’en dénicher ne serait-ce qu’un seul sur elle.

Depuis quelques minutes, elle suivait une cliente d’une boutique de luxe. Le genre « j’ai de l’argent et tout le monde doit le savoir ». Victime potentielle de sa prochaine virée nocturne. Rien qu’à l’observer, un certain nombre de sévices lui venaient en tête. Sauf qu’aujourd’hui, tout allait de travers.

Le flash fut violent, plus que d’ordinaire. Des images de tortures et de meurtres. Angie avait appris à composer avec mais supportait de moins en moins ces réminiscences de son esprit. Et comme à chaque fois, cette impuissance augmentait la rage de la jeune femme. Elle rattrapa sa proie en quelques minutes et l’attira à l’abri des regards. Elle couinait déjà de terreur… Un coup de pied violent au niveau de la poitrine et sa proie resta au sol.

Angie : Alors ma chérie, tu aimes faire enrager les autres avec ton fric… C’est la dernière fois que tu en profitais…

Victime : Pitié… Ne me faites pas de mal…

Angie : Silence chienne !

Une dague venait d’apparaître dans la main gauche de la jeune tueuse. S’approchant de sa victime, elle lui entailla la joue gauche, se délectant de voir le sang couler.

Angie détestait une chose plus que les autres : être dérangée pendant qu’elle s’amusait. La voix l’avait stoppée en plein élan et la jeune tueuse se retourna, sans pour autant lâcher la pleurnicheuse de service. Un homme lui faisait face, habillé de façon élégante. Plus pour longtemps pensa la jeune femme avant de croiser le regard de l’inconnu. Des yeux bleus croisèrent les siens, la mettant mal à l’aise. L’impression d’être transpercée par ce regard lui fit lâcher sa proie qui ne demanda pas son reste et s’enfuit. La jeune tueuse grogna.

« Soit tu n’as plus envie de vivre… soit tu es complètement stupide… mais dans les deux cas, tu va payer très cher le fait de m’avoir interrompu. »

Que voulez-vous… Mettre une meurtrière en colère n’est jamais une bonne idée. Angie s’approcha de l’inconnu, dague en main, avant de s’arrêter à deux mètres de lui. Ses yeux sombres brillaient de colère et de rage. Elle fixait l’homme, se demandant comment elle allait lui faire payer cette interruption, quand un flash la crucifia sur place. Dieu qu’elle détestait ça. Ce n’était vraiment pas le moment. Toujours la même image, celle d’une petite fille au sourire angélique, quatre ou cinq ans, avec un couteau ensanglanté dans les mains…

Reculant, la jeune femme alla s’appuyer dos à un mur, se laissant glisser sur le sol. A ces visions s’ajoutait maintenant des maux de têtes qui forçaient la jeune femme à rester immobile, souvent pendant de longues minutes, le temps de récupérer. Ce qui ne l’empêcha pas de constater que l’inconnu ne profitait pas de sa faiblesse pour s’enfuir. D’où sortait-il celui-là ? Angie s’adressa à lui difficilement.

« Tire-toi… avant que… je reprenne… mes esprits. »

Parler lui demandait un effort et augmentait son mal de crâne. La jeune femme finit par se recroqueviller sur elle-même, espérant que la douleur ne tarderait pas à partir pour qu’elle puisse aller se mettre à l’abri avant la prochaine crise.

Angie se sentit glisser dans l’inconscience sans pouvoir réagir. Les images se mélangeaient dans sa tête, devenant floues. Seule cette petite fille restait visible. Jamais la jeune tueuse n’avait eu une crise aussi violente jusqu’à maintenant. Son corps était parcouru de spasmes violents. Elle resta dans cet état pendant près de deux heures avant que la crise ne s’estompe lentement.

Revenant doucement à elle, Angie ouvrit les yeux. Ne reconnaissant pas l’endroit où elle se trouvait, elle se redressa brusquement. Mauvaise idée, sa tête se mit à tourner. Elle se trouvait sur un lit, voilà qui était pour le moins curieux. Balayant la pièce du regard, elle aperçut l’homme qui était venu l’interrompre dans la ruelle.

« Tu veux vraiment mourir toi… »

Angie se releva… avant de devoir se rasseoir sur le lit, les forces lui manquant. Grognant de rage, elle se contenta dans l’immédiat de jeter un regard noir à l’inconnu.

« C’est chez toi ici ? »

Passablement énervée, la jeune femme réfléchissait au moyen le plus rapide de se sortir de cette galère. Peu lui importait qui était l’homme mais elle devait se mettre à l’abri avant la prochaine crise. Elle se releva lentement, patientant quelques instants que son équilibre revienne.

« Avant de partir, je vais faire le ménage… »

D’un pas décidé, elle s’avança de son hôte un sourire mauvais aux lèvres.