Liste des Amazones présentes :
Les Badlands n’étaient pas un endroit où on pouvait faire du tourisme impunément. Cette longue région désertique s’étalant sur des centaines de kilomètres séparait Tekhos d’Ashnard, et l’une de ses pointes, la plus sauvage, remontait vers la Fourmilière. Jadis, il y avait eu ici une grande zone industrielle, avec plusieurs villes, puisant les ressources de riches gisements miniers. Malheureusement, un beau jour, un gros astéroïde avait cru bon de se poser ici, et des ribambelles de monstres avaient envahi la région. Cet endroit avait été le premier lieu concret de la guerre entre Formiens et Tekhanes, et ces dernières, prises au dépourvu, avaient repoussé la menace à l’aide d’une arme nucléaire, qui avait sinistré une bonne partie de la zone, contraignant cependant les Formiens à se replier. Depuis lors, la région était abandonnée, et, si les pics de radioactivité étaient retombés depuis tant d’années, il y avait encore des zones rouges.
Cet endroit était apprécié des ferrailleurs, des aventuriers, ainsi que des guildes, car on y trouvait des fortunes, que ce soit dans les mines, ou dans les villes abandonnées. En revanche, on y trouvait aussi pas mal de monstres particulièrement dangereux, ce qui en faisait une région dangereuse... D’autant plus que l’autorité légale n’existait pas vraiment, ici. C’était une véritable zone de non-droit, que les Tekhanes essayaient progressivement de récupérer, tout en essayant de s’en servir pour repousser les Formiens, ouvrir un second front afin de leur permettre de pénétrer dans la Fourmilière. La construction de Fort Virginia s’inscrivait dans ce sens, et cette construction n’était évidemment pas facile. Outre les raiders et les monstres, les Tekhanes devaient affronter une autre menace, sensiblement plus difficile : le Red Sun.
Le Red Sun était une organisation criminelle bien implantée dans l’État tekhan, en particulier dans cette région, où ils attaquaient les ferrailleurs, les aventuriers, et les expéditions des guildes. Pour rejoindre Fort Virginia, il fallait obligatoirement passer par la ville la plus proche, une bourgade mal famée, Zupeccha. Or, le Red Sun avait une solide influence à Zupeccha, agissant comme une espèce de mafia. En somme, quand un convoi militaire était passé par là, les fonctionnaires s’étaient empressés de prévenir le Red Sun, qui voyait d’un mauvais œil le retour de l’autorité légale dans cette région. Le Red Sun recevait beaucoup d’argent de cette région, et ne voulait pas qu’un concurrent s’installe. S’ils n’avaient pas réussi à empêcher les premiers convois de passer, le Red Sun entendait bien les laisser mourir dans ce désert austère et sinistre.
Une force de frappe avait rapidement été mise sur place. Outre les pillards traditionnels, des fous furieux décérébrés, le Red Sun avait aussi envoyé des
mercenaires d’élite, ainsi que les services d’un homme mystérieux, qui ne s’était pas lié aux autres, et restait dans son coin, sans daigner se rapprocher d’eux.
«
Les petits oiseaux arrivent... Il est temps d’aller à la récolte. »
Les mercenaires et les pillards se mirent en place, déferlant sur les Tekhanes. Elles n’avaient aucune chance. Il ne s’agissait pas d’un assaut stupide mené par ces sauvages qu’étaient les raiders, mais d’un assaut bien préparé, avec une artillerie, et de nombreux hommes, des professionnels. Ce fut un massacre.
*
* *
«
C’est ta trop forte confiance en toi qui te fait défaut, Karla » martelait Sélène à l’attention de la poupée Amazone.
Ce surnom était vraiment trompeur, mais Karla avait un visage angélique. Une beauté douce et pure qui dissimulait, sous son corps, une véritable hyène. Karla était l’une des Amazones les plus dangereuses qui soit, bénie par la Déesse, au vu de sa naissance très particulière. Durant toute son enfance, ainsi que son adolescence, elle s’était montrée une Amazone redoutable, extrêmement talentueuse. Elle avait commis son premier meurtre à l’âge de 12 ans, sans manifester la moindre hésitation. Elle avait planté son poignard dans le cœur d’un esclavagiste que les Amazones avaient capturé. Il avait craché du sang sur son visage, mais elle n’avait pas failli.
Sélène, Karla, et Pirène, étaient à quelques jours de cheval de la Horde. Le déplacement de cette dernière l’avait amené à longer une zone dangereuse, et Andromaque avait décidé d’envoyer des éclaireurs pour voir si la trajectoire était sûre, afin de pouvoir traverser rapidement ce désert. Compte tenu de la région, la Reine avait décidé d’y envoyer sa fille, la deuxième guerrière des Amazones, ainsi que deux autres Amazones compétentes, Karla et Pirène. La première était née dans un champ de bataille, et sa naissance était tout simplement miraculeuse, puisque sa mère avait été tuée par une flèche ennemie en la mettant au monde. La Chamane qui l’avait mise au monde avait eu les doigts remplis du sang de sa mère, en train de faire une hémorragie. Karla avait survécu, et était née rouge de sang, des pieds à la tête. Pour les Amazones, c’était la proximité de la mère avec un temple sacré qui avait permis à Karla de bénéficier de la protection de la Déesse. Pirène, quant à elle, n’était pas née au sein de la Horde, mais avait prouvé son appartenance à cette dernière en tuant ses parents. Son père était un salopard aigri qui la battait continuellement, et sa mère ne l’avait jamais aimé, étant jalouse de la beauté de sa fille. Elle n’avait eu aucune hésitation à leur trancher la gorge.
C’était donc un trio de choc qui se trouvait là, bivouaquant en paix. Cependant, Karla et Sélène ne tenaient pas en place, et avaient choisi de s’entraîner. Il était de notoriété courante au sein de la Horde que Tallia était la plus puissante des Amazones, la seule qui ait jamais réussi à dompter Sélène, et Karla faisait partie de ces Amazones qui avaient également envie de soumettre la Princesse. Et, face à Karla, il fallait savoir se battre. Karla était une vraie tigresse, mais qui avait une manière de se battre très particulière. Elle se mouvait de manière gracieuse, presque comme si elle dansait, et c’était tout à fait ça. Née sur un champ de bataille, baignant dans le sang de s amère, tuée au combat, Karla était prédestinée à se battre.
Les deux femmes s’étaient battues, et Sélène avait réussi à désarmer Karla. Pirène, de son côté, consultait la carte qu’elles étaient train d’annoter. La Horde comprenait des milliers de femmes. C’était un peuple à part entière. Déplacer la Horde était donc particulièrement difficile, et il fallait tenir compte de nombreux critères : le temps qu’une telle population mettait à se déplacer, le terrain, etc... La Horde comprenait des femmes endurantes et sportives, mais il y avait aussi des caravanes de provisions, de matériaux, ainsi que des enfants, de jeunes bébés qu’il fallait porter, et allaiter.
C’est dans cette circonstance, alors que Pirène lisait tranquillement sa carte, que les Amazones entendirent les coups de feu et les explosions.
«
On dirait qu’il y en a qui sont en train de s’éclater... nota Sélène.
-
Alors, qu’est-ce qu’on attend ? demanda Karla.
J’en ai marre de tuer des vers de sable et des tigres stupides et gros. »
En soi, cette histoire ne concernait pas la Horde, mais il y aurait peut-être des items intéressants à récupérer. Et puis, les Amazones avaient besoin d’exercice.
«
Allons-y » décida Sélène, qui avait, dans cette histoire, le dernier mot.
Les Amazones s’équipèrent, et descendirent de leur corniche, avançant rapidement, suivant les traces de fumée et les epxlosions. Elles étaient rapides et souples, et rejoignirent ainsi rapidement la zone de combat...
... Pour voir qu’il y avait une quinzaine d’hommes, au moins, qui entouraient une femme, avec de nombreux cadavres... D’énormes tours de fer, ces machines de combat que les Tekhanes utilisaient, avaient été détruites. Les Tekhanes étaient de bonnes guerrières, mais, du point de vue des Amazones, elles se reposaient trop sur leur équipement très avancé. Les Amazone snotèrent également, dans un coin, la présence d’un homme encapuchonné, qui restait bras croisés.
«
Je reconnais ces écussons sur leurs armures, signala Pirène.
Ce sont des pillards. »
Il n’y avait visiblement plus qu’une seule survivante dans tout ce convoi, qui était encerclée par les tueurs, brandissant ses poings.
«
Elle est brave », signala Sélène.
Sa résistance semblait amuser les hommes autour d’elle, dont les gestes obscènes avaient toujours eu le don d’irriter profondément les Amazones. En temps normal, elles n’aimaient pas beaucoup les hommes, mais, dans cette situation-là, en plus... Sélène dégaina son épée.
«
Allons-y. »
Karla sourit, heureuse, et les trois Amazones dévalèrent la pente depuis le promontoire où elles se trouvaient, et attaquèrent rapidement, lames dégainées. Elles profitèrent de l’effet de surprise pour fondre sur leurs ennemis. La lame de Sélène fila vers un ennemi, qui se retourna. Elle vit son sourire goguenard s’effacer pour laisser place, dans les yeux, à un éclair de terreur, alors que l’épée de Sélène venait lui arracher la gorge, manquant presque le décapiter.
«
Bats-toi, femme, ordonna Sélène d’un ton impérieux,
à moins que tu ne sois une fillette... »